Flickering Hopes [Feat. Envol des Fées] - end

— « Sureau! Ça marche aussi! Il n'y avait que les guérisseurs (les ex-guérisseurs, leurs aides, leurs apprentis et les même-pas-guérisseurs) qui pouvaient distinguer la différence entre une baie de genièvre et une baie de sureau. Bon, elle l'avait goûtée aussi - elle se léchait la patte qui l'avait aplatie, éclairée d'un nouveau sourire, qui aida au sien à retrouver ne serait-ce qu'un peu de chaleur à toute cette fièvre du froid.

— J'vais t'sauver mon mignon, t'en fais pas! Allez, avales-en deux trois, ça va t'aider pour tes bouffées d'chaleur! »

Il fronça durement ses sourcils, hocha difficilement sa tête et ouvrit la gueule d'un mouvement de charnière comme un crocodile sur le ventre, gobant une baie - qu'il regretta amèrement. Ça n'avait rien à voir avec les super-croquettes (de chez le Véto) et ses grandes oreilles s'aplatirent de chaque côté de sa tête et il mâcha la gueule ouverte en tentant d'y respirer en même temps d'avaler. En gros, pas un spectacle aussi charmant qu'il l'eut espéré. Mais madame Fée devait savoir ce qu'elle faisait alors il s'étira pour gober l'autre, et au moment où le jus lui explosa en gueule à nouveau la cornish rex revenait à la charge, lui percutant l'épaule de sa patte et d'une mixture dessus qui se colla directement à ses plaies.

— AH--- MRR-- NOM DE --

Ah ça oui pour pénétrer il pénétrait, ce satané remède !

L'élan de douleur le prit au dos qu'il releva, se roulant sur l'autre épaule, fermant les yeux et tordant son visage dans une grimace de douleur encore plus contrite que lorsque la blessure était encore fraîche. Mais ça marchait - du moins il pensait. La baie de sureau était un anti-viral qui empêcherait à sa plaie de s'infecter, mais elles ne disparaîtraient pas aussi efficacement qu'avec le cothivet à l'odeur de lavande. Ou, dans le cas de Rusty, la lavande à l'odeur de cothivet.

Avec autant de rage que de gratitude, étouffé dans le sol car il ne se serait jamais pardonné de casser les oreilles de l'aînée :

« MMMPFGHHH-- MERCI POUR TOUT MADAME FÉE, ET AUSSI, DÉSOLÉ J'VOUS JURE ÇA ROULE !! »

La douleur finit par s'amenuiser et le soulagement apporta avec lui quelques larmes qui lui coulèrent des yeux, sans les sanglots.

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— Allez, fais pas cette gueule, enlèves-moi ces larmes! (S'il levait déjà sa patte pour essuyer son faciès,) t'as enfin l'allure d'un guerrier, ça compense un peu pour ton manque de couilles! (Il la rabaissa d'un éclair pour dévisager la vieille ainsi que son sens de l'humour)

— MA DA ME FÉE! » Il la gronda, agitant sa queue et tentant de se relever mais aïe- impossible, pas dans cet état.

Il étouffa le son de sa vexation en marmottant, peu amène. « Qu'est-ce que vous avez tous avec mes--, enfin!... » Si la décision de son humain avait été de lui enlever alors elle était juste! Ça coulait de sens! ... Mais ça signifiait aussi qu'il était "juste" de son humain de partir en voiture sans ne jamais revenir et il écarta aussitôt la pensée - physiquement, d'un mouvement de la patte, et il l'enterra dessous en se hissant dessus pour se rouler sur le ventre et se nouer en petite miche de chat qui sentait le jus de sureau - de la gueule jusqu'à la poitrine. Il espérait que le jus puisse s'infiltrer jusqu'à son coeur, aussi, mais il ignorait si les bienfaits de ces fruits s'étendaient jusqu'ici...

— « Alors, t'as enquiquiné qui pour te ramasser ça? Une jolie femelle, c'est ça?
Sa queue fouetta de nouveau le sol et la neige et alla taper sur les jarrets de la Madame Fée à côté pour la disputer.
— Tache d'If, huff. Lieutenante du Clan du Vent, il consentit à répondre, un peu automate, car devant les yeux de ses pensées il voyait la silhouette tricolore de la chatte qu'il avait voulu aider. Elle n'était pas si grande - mais elle le surplombait depuis le haut de sa congère, après qu'il l'ait déboulée jusqu'en bas.

— « Elle... elle disait que les croquettes étaient interdites, mais...

Enfin, si madame Fée devait en manger, peut-être que les règles étaient différentes de Clans en Clans. Si le Clan de Madame Fée permettait de manger des croquettes alors peut-être que -- il tua sa pensée dans l’œuf. Il était trop tôt pour penser à ce genre de choses.

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— « Interdites? De quoi interdites?
— E-euh, je croyais--...

Le fait qu'elle ne comprenne pas quelque chose qu'il croyait intrinsèquement clanique le décontenança un peu. Rusty ne savait pas si c'était simplement une affaire du Clan du Vent, ou personnelle à Tache d'If, Lieutenante du Clan du Vent, ou encore si c'était l'esprit de Madame Fée qui confondait quelques règles de Clan ou...

— Ahh bah après les lapins sont toujours un peu coincés, faut pas trop leur en vouloir, un rien les effraient, ces tapettes.

.. Les... Lapins?

--Tapettes?

— Moi j'les ai trouvé bien bonnes, tes croquettes, ça bouche un coin.

Les yeux ronds, l'abyssin regarda sa vieille ami se gratter négligemment le dos et ses gales comme si de rien n'était avant de pépier. Le pépiement d'un rire, tout bas, faible surtout vu le nombre de forces qu'il devait reprendre après aujourd'hui, mais un rire quand même. Les Lapins! Les Écureuils! Madame Fée distinguait-elle les Clans par ce qu'ils mangeaient? Et eux, le Clan du Bourbier, de l'Ombre, qu'étaient-ils? Les... Les,...?

--Minute papillon est-ce qu'elle appelait les domestiques comme lui les Croquettes???

— « Ppffa! Ahaha! ... Il cacha son rire dans son épaule. Madame Fée était vraiment déplorable, mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Merci Madame Fée, je suis content qu'elles aient pu être appréciées. »

Il abaissa ses oreilles pour se faire moins haut, couché sur ses cicatrices imbibées de jus.

— Vous... pensez vraiment que je ferais un bon "guerrier" ?

Il avait comprit, depuis le temps, que "guerrier" était le nom des membres des Clans de chats sauvages. C'était un drôle de nom pour Rusty - car il insinuait que les Clans se faisait la guerre...

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— « Baah, c'est un bon début ces cicatrices-là, mais faudrait vraiment t'apprendre à parer le coup, si tu veux avoir une chance de survivre à notre vie!

Rusty posa tout doucement son menton entre ses pattes, poussant un tout aussi doux soupir, préférant l'immobilité à toutes les manipulations de la Véto-des-chats sur son corps.

— Je suis très agile, vous savez!... Enfin, d'habitude...

Il avait besoin de reprendre des forces, aussi il bâilla un peu et cogna ses dents ensemble en refermant ses mâchoires. Un sourire avait réchauffé sa face dont le menton trempait dans la neige fondante. Un sourire de reconnaissance, car oui sa Gratitude avait eut son coût - et lui avait délivré un coup (et un sacré coup d'ailleurs...) - il lui avait permis de se recueillir chez quelqu'un qui comptait vraiment pour lui. Non pas une chatte qu'il avait mise sur un piédestal simplement car elle avait été gentille une fois - mais une vieille aînée qui tenait à lui et tenait à lui faire éviter les ennuis.

Il aimait beaucoup Madame Fée - il s'en rendait compte maintenant. Elle ne saisissait pas tout, à cause de son Esprit Envolé, mais quelque part dans les brumes de cette vieille carcasse décharnée, se trouvait un cœur juste qui voulait simplement bien faire. Un cœur semblable au sien, qui vivait dans les Clans, comme quoi les Claniques et les Domestiques n'étaient peut-être différents que dans leur vocabulaire... Ses pensées toutefois bifurquèrent comme une girouette au vent - comme celle de la ferme, au delà des Landes du Clan du Vent - car il pensa à son humain le Père et à son retour. Car si il revenait, inutile de caresser l'espoir d'être "un bon guerrier" aux yeux de Madame Fée, pas vrai?

Si il revenait...

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