Lovely Little Nest -end

Le premier témoignage vint de Bec - Coup de Foudre le vit distinctement s'immobiliser devant le regard qu'il leur lançait. Bien. À priori, pas un seul n'avait hérité de son émoussement émotionnel. Pas que ce n'eut pas été héréditaire de toute façon, mais...

— « C"est euuh... bredouilla celui qui était brun, c"est un combat ent're d'es chats d'u T'onnerre et d'es chats d'e l'Ombre. P-pat't'e Ard'ent'e et Boule d'e Brais'e s'ont les héros et Pet'it Roux et moi on fait les méchants...
— Hn. »

Ou en d'autres mots ils essayaient de reconstituer les évènements de la guerre. Cette conclusion le fit tiquer, car pas une fois il ne s'était vu enseigner à ces larves l'histoire de l'Assemblée de la Lune Rouge mais soit, autant corriger leurs erreurs.

— « Ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. Étoile Maudite était seul contre les frères Vautour, aucun guerrier du Clan de l'Ombre n'est venu l'aider. Suivant cette logique, toi aussi, tu devrais te battre seul. »

D'un autre côté, pas une fois il ne leur avait enseigné quoi que ce soit. C'est pourquoi son intervention ne fit pas grand chose à Petit Bec qui voulut souligner:

— « Mais en vrai on n'est pas méchant hein ! C"est jus't'e pour c'e combat ! Un filet de bave échappa à la bouche du marmot ce qui fit reculer et la tête, et une patte du bengal, plissant son nez devant aussi peu de tenue. Hein Brais'ou qu'on est gent'il ?
— « Très très gentil même!

Coup de Foudre leva l'autre patte en sursaut car ah oui, c'était vrai, il y en avait quatre. Un troisième se joignit à cette petite marmaille - le quatrième restant à l'écart.

— « On s'en fiche que vous soyez méchants ou pas !

Il semblait piqué au vif d'avoir été dérangé dans son combat. Ou alors piqué au vif tout court, aussi jeunes, sans expérience, qui sait comment fonctionnait leur réactivité... Coup de Foudre baissa le nez et les yeux sur son fils qui se braqua tout colère devant le petit au bec cassé pour le fusiller du regard - et le guerrier se mit à son diapason en lui miroitant son intensité.

— On s’entraîne à se battre ! On veut être les guerriers les plus puissants du Clan du Tonnerre, quand on sera grands ! »

Le Bengal plissa ses paupières pour toiser la Patte de Furie, cherchant à comprendre où était la souche de son émotion. Ils étaient des idiots, des éponges à information sans personnalité aucune et sans ressentiment - qu'est-ce qui leur faisait croire qu'ils avaient seulement une place dans la guerre dans laquelle se livraient en vain leurs Quatre Clans? Mais sa réflexion fut interrompue par Bouboule qui lui marchait sur les pattes en l'électrisant du contact de son frottement, de son ronronnement, suscitant le sien sans même qu'il ne s'en rende compte. Et elle dit- car bien sûr ils étaient dotés de paroles.

— On s'en fout des plus puissants, tant qu'on reçoit le plus de bisous!

Sans... l'encourager, ni la dissuader de ce genre de pensée, il leva sa patte pour la poser sur la tête de la petite et la descendre sur tout son petit rachis, contractant ses pupilles en fente pour s'accrocher au regard de feu de Patte. Il lui renvoya la froideur du sien, pesant le ton:

— À condition de devenir grands.

TAUP AU TOP

A sa grande surprise, Petit bec se rua vers le rouquin qui venait à peine de se réveiller. Les choses s’enchaînaient alors bien trop vite.

« Alors le camp du T'onnerre est at't'aqué par nous, d'eux guerriers de l'Ombre féroc'es et s'ans cœur. On est venu manger t'ous les chat'ons ! » chuchota son frère. Petit Roux avait tout compris, mais malheureusement il était bien moins excité que son frère à jouer un membre du clan de l'Ombre, mais il n'avait pas vraiment le choix. « S'auf que d'eux guerriers du T'onnerre nous ont t'rouvés. Il va falloir les bat't're s'i on veut ret'ourner manger d'es rats chez nous ! Du coup... S'us' au plus grand ! A t'rois on lui s'aute d'es's'us. »

Petit Roux sentait la tension monter chez Petit Bec, celui-ci avait eu pour idée de sauter sur le plus grand qui était bien évidemment Patte Ardente. Mais l'idée de laisser seule Boule de Braise n'était pas une bonne idée, elle n'était peut-être pas la plus grande, mais surement pas la plus bête. Si elle voyait Bec foncer vers Patte Ardente, elle finirait par s'en prendre à Roux pour que ce soit équitable. Elle n'allait pas rester toute seule à admirer le combat entre ses frères. Malheureusement trop calculateur, Petit Roux ne vit pas que son frère était déjà en position, à hurlerle signal comme un diable.

«  T'ROIS ! »

N'ayant pas entendu les deux précédents chiffres, Petit Roux était déjà à la traine. Désemparé et encore un peu fatigué, le rouquin ne fit pas attention au combat amical qui se jouait entre Petit Bec et Patte Ardente. C'était trop tard pour suivre le plan de son confrère, et à cet instant, Boule de Braise venait de lui sauter dessus avec fureur.

« VIENS-LÀÀÀÀ! »

Finalement, leur mascarade n'allait pas pouvoir durer bien longtemps. Un bengal, THE bengal, leur père, venait de faire irruption. Petit Roux resta le fixer du regard, les yeux plissés, aucune chaleur ne se dégageait de lui, aucune joie, un sentiment étrange. Les chatons furent très vite séparés en un claquement de patte, était-ce le début des problèmes ?

« .. Dites-moi ce que je regarde » miaula leur père. Et ce fut la panique

« C"est euuh.. c"est un combat ent're d'es chats d'u T'onnerre et d'es chats d'e l'Ombre. P-pat't'e Ard'ent'e et Boule d'e Brais'e s'ont les héros et Pet'it Roux et moi on fait les méchants... »

Petit Roux écoutait à peine son frère, et restait les yeux fixés sur son père. Il ne comprenait pas, il ne savait pas bien qu'est ce qui se dégageait de si fort de ce personnage qui semblait si distant. Ils étaient ses chatons, et pourtant se comportait comme un étranger dur comme de la pierre. Les petits ne faisaient que jouer, et il n'avait fallu que de six mots pour les perturber autant.

« Mais en vrai on n'est pas méchant hein ! C"est jus't'e pour c'e combat ! Hein Brais'ou qu'on est gent'il ? »

« On s'en fiche que vous soyez méchants ou pas ! » s'exclama Patte Ardente. «  On s’entraîne à se battre ! On veut être les guerriers les plus puissants du Clan du Tonnerre, quand on sera grands ! »

Petit Roux n'était pas certain que cette excuse allait suffire à enlever l'air crispé du visage de leur père. Qu'est ce qu'il fallait bien dire ?

« Très très gentil même! » miaula Boule de Braise pour confirmer les paroles de Petit Bec, cette dernière s'empressa de se coller aux pattes de Coup de Foudre. Avaient-ils peur ? « On s'en fout des plus puissants, tant qu'on reçoit le plus de bisous! »

Coup de Foudre posa son énorme patte sur la tête de sa sœur, et le rouquin se rendit, prêt à bondir s'il lui faisait le moindre mal. Il ne semblait pas très attaché à eux, et pourtant..

« À condition de devenir grands. »

Sauf que là, ils n'avaient qu'une lune, alors à quoi rimaient les paroles du bengal ? Pour Petit Roux, c'était l'heure de parler.

« On ne faisait que jouer, on s’entraînait. C'est tout. » miaula le rouquin, dans le plus grand des calmes.

|désolé je voulais TELLEMENT répondre vu que je suis à la ramasse ;o; |

Lovely Little Nest. (1)

Notre père corrigea notre histoire de combat car apparemment ce n'était pas la bonne. Je le regardai .. totalement perdu. Mais... je ne voulais pas me battre tout seul ! Puis le regard condescendant de Patte Ardente me fit renifler, il n'était jamais d'accord avec moi c'était énervant.. Le roux clair précisa qu'on s'en foutait si on était vraiment méchant. Si ! Si c'était important ! Si les gens me pensaient méchant et moche, il me restait quoi, moi ? Heureusement que Boule de Braise était là pour me soutenir. Patte Ardente continua à parler de bataille et de puissants guerriers, et notre sœur contre - argumenta que les bisous étaient mieux. Je papillonnai entre tous les interlocuteurs. Suivre la conversation avec mes 3 frères et soeur, ça allait même si les discussions étaient animées mais là, un cinquième membre s'est ajouté à la conversation et là tout partait en vrille. Petit Roux parlait moins pour le plus grand bonheur de mon attention. Il sauta au contact de la grosse patte sur la tête de notre bengal de sœur, je sursautai également. Tendu sur mes pattes, je regardai tout le monde, alors que le silence s'installait doucement à nouveau. Puis le silence se brisa avec une phrase qui sonna si froid dans mes oreilles.. En tout cas, elle me glaça.

A condition d'être grands ? Les paroles de Petit Roux n'étaient que des flottements tant ces mots m’obnubilèrent. Moi, l'enfant qui avait eu la chance de survivre, bah je n'étais pas encore sauvé ? Je tremblai intérieurement, espérant de ne pas trembler extérieurement aussi. Je regardai Coup de Foudre les yeux plus grands que des pommes.

" C-comment ç'a à cond'it'ion d'êt're grands ? "

Le quatrième sortit de son mutisme, visant à se faire boussole morale des trois autres en les défendant:

— On ne faisait que jouer, on s’entraînait. C'est tout. »

Tout ce qu'il réussit à faire fut d'attirer l'attention du bengale sur lui - ses pupilles se détachèrent de Patte pour remonter au Roux, non loin, et le harponner de la même intensité:

— « Il faudrait savoir. Il pencha sa tête, sans ciller. Vous jouiez ou vous vous entraîniez ?

Mais visiblement leur évidente nervosité venait d'ailleurs:

— « C-comment ç'a à cond'it'ion d'êt're grands ? demanda Bec, du mieux qu'il le put, en refermant sa bouche sans que ses dents ne s'emboîtent - et son père serra les siennes inconsciemment.

Patte se rapprocha d'un pas de lui pour l'affronter d'une nouvelle joute du regard, cette fois beaucoup moins assuré que plus tôt. Et sa peur ne passa pas inaperçue sous le froid objectif du bengal qui ouvrit grandes ses oreilles malgré les longs poils qui leur donnait l'impression d'être bouchées.

— « Tu veux dire qu'on pourrait rester petits ?

Cette question lui parut illogique, mais leur laissa le bénéfice du doute à cause de leur âge. Le Bengal rentra le menton dans le cou et s'éclaira d'un sourire gentiment réprobateur.

— « Bonne question, il répondit à Patte, avant de tapoter de la sienne Bouboule dessous puisqu'elle était à sa portée. Et ainsi il put commencer:

— « Sur les trois petits qu'Étoile de Suie a eue avant vous, deux sont morts ; sur les deux petits de Mirage du Désert, une seule vit encore ; mon frère, Petit Tonnerre, est mort, et moi non. Vous comprenez?

Tôt ou tard, vous mourrez. »

Il écarta Boule d'un petit choc de la patte pour la voir rouler par-terre, se suscitant à lui-même un petit gloussement en s'asseyant.

— « Qu'on se mette d'accord, il poursuivit, tant que vous ne deviendrez pas apprentis, je m'attendrai à ce que l'un de vous meure. Que ce soit par empoisonnement, par maladie, par maladresse - si l'un de vous décide d'aller se faire tuer par un renard je ne ferai rien.

Quant à toi... Tu crois que s'entraîner et se battre sont les seules manières de vivre, Patte? Qu'être un "Guerrier" est quelque chose d'honorable? Que tout n'est rien qu'une histoire de "bons" et de "méchants" ?

Sa patte s'abattit violemment sur le chaton à la fourrure tigrée, il sortit les griffes et l'emprisonna dessous et si on put l'imaginer feuler, son expression s'était au contraire durcie et il ne montrait plus les dents que celles d'en dessous en faisant tonner sa menace:

— « Tu  m'insultes  en  répétant  ces  conneries.

La vie est infiniment plus enrichissante que de se limiter à aller se tuer à la Guerre pour des querelles inter-claniques dénuées de sens.

D'une détente de l'avant-main, il propulsa le chaton dans le sable en le relâchant, secouant sa patte en l'air pour se défaire des germes de l'enfant qui avait collés dessus, puis, il la porta à sa bouche pour y passer un ou deux coups de langue. Il le relança d'un coup de menton, le toisant de haut.

— Relève-toi. »

Il fit passer son regard de son aîné à la cadette, au cadet, au benjamin.

— « Vous, tous autant que vous êtes, n'avez aucune valeur à mes yeux et vous n'en n'aurez aucune tant que vous ne deviendrez pas Nuage. Apprenez à vous démarquer, sans quoi je vous confondrai tout le temps.

Bec.

...Surtout le benjamin.

— Je sais déjà qui tu es. Tu te démarques par ton handicap : trouve autre chose. »

TAUP AU TOP

« Il faudrait savoir. » Sa tête se pencha. Petite Roux resta le fixer, sans bouger. Le regard vif. « Vous jouiez ou vous vous entraîniez ? »

Les deux. On peut faire les deux. Le Bengale cherchait-il la petite bête ? Plus le temps passait et plus Petit Roux essayait de comprendre l'intérêt de sa présence. Ça crevait les yeux que leur père ne les appréciait pas tant que ça, aucun amour, aucune marque d'affection, rien, ses yeux ne reflétaient pas la moindre gentillesse à leur égard. Il ne comprenait pas, Petit Roux ne comprenait pas son père. Il était comme une méduse, qui errait dans la mer. Petit Roux avait beau vouloir l'attraper, il savait que s'il le faisait, il allait se faire piquer tôt ou tard.

« C-comment ç'a à cond'it'ion d'êt're grands ? 
- Tu veux dire qu'on pourrait rester petits ? »

Petit Roux sentait la crainte dans la voix de ses frères. Même si Patte Ardente se montrait plus assuré, il ne restait pas moins un chaton en quête de réponse. Ils étaient tous en quête de réponses. Mais pourquoi le bengale avait-il dit ça à la fratrie ? Dans quel intérêt ?

« Bonne question. » miaula leur père. « Sur les trois petits qu'Étoile de Suie a eue avant vous, deux sont morts ; sur les deux petits de Mirage du Désert, une seule vit encore ; mon frère, Petit Tonnerre, est mort, et moi non. Vous comprenez?  Tôt ou tard, vous mourrez. » »

Petit Roux fronça les sourcils, l'air méfiant. Le petit n'appréciait pas du tout la tournure que prenaient les évènements. Que diable les enfants de Suie avaient à faire dans la conversation ? Pourquoi leur dire que tôt ou tard ils allaient mourir, c'était une évidence, non ?

« Qu'on se mette d'accord, tant que vous ne deviendrez pas apprentis, je m'attendrai à ce que l'un de vous meure. Que ce soit par empoisonnement, par maladie, par maladresse - si l'un de vous décide d'aller se faire tuer par un renard je ne ferai rien. » Petit Roux était concentré à l'écoute de ses paroles, jusqu'à ce que son père se tourner vers Patte Ardente. « Quant à toi... Tu crois que s'entraîner et se battre sont les seules manières de vivre, Patte? Qu'être un "Guerrier" est quelque chose d'honorable? Que tout n'est rien qu'une histoire de "bons" et de "méchants" ? »

L'énorme patte de leur père s'abattit sur son frère, les griffes sorties. Petit Roux était même tendu, il fixait la scène de ses yeux plissés, la conversation n'avait plus rien de drôle. C'était trop sérieux pour des chatons. Et ça n'en finissait plus. Coup de Foudre fit valser Patte Ardente dans le sable, ce n'était ni très gentils, ni très méchant, mais Petit Roux était tétanisé. Leur père demanda à Patte Ardente de se relever, puis il finit par annoncer à la fratrie entière que tant qu'ils n'étaient pas devenus apprentis, aucun n'avait de valeur à ses yeux. Une fois le sujet tombé, il passa à Bec. Le plus faible, c'était indéniable, et ce n'était pas une coinscidence si Coup de Foudre s'était retourné vers lui.

«  Je sais déjà qui tu es. Tu te démarques par ton handicap : trouve autre chose. »

Agacé. Petit Roux décocha un regard plein de tendresse à son frère. Qu'est ce qu'il avait fait pour mériter ces propos ? Pas grand chose.

« Toi aussi, Coup de Foudre, tu finiras par mourir. Peut-être même avant nous ? C'est normal de mourir. Pourquoi nous en parler ? » miaula Petit Roux, en continuant de fixer son frère avant de repasser au Bengale qu'il n'avait encore jamais vraiment considéré comme son géniteur. « Ce n'est pas facile de se démarquer. Tu pourrais nous dire comment s'y prendre.»

Tu as l'air de t'y connaître.. être ton fils et celui d'Etoile de Suie nous démarque déjà des autres chatons.

Lovely Little Nest. (1)

Face à l'air sombre de notre père, même Patte ardente semblait peu sûr de lui. Et si Patte Ardent ne se la racontait plus.. j'en frissonnai. Boule de Braise osait par contre se frotter contre lui et il posa même son énorme patte sur elle, la caressant. J'avais la gorge serrée, car je voyais bien l'étrange regard du bengal caché derrière ce faux sourire. Plus son sourire s'étira, plus je m'affaissai. Il se lança dans une "explication" de pourquoi ce n'était pas sûr que l'on devienne pas grand. Il expliqua que dans les portées qu'il a .. bien connues j'imagine ?, toutes se soldaient d'un ou plusieurs morts. Donc naturellement, il s'attendait que l'un (ou plus) de nous meurent. Meurent, mort, on me l'avait jamais bien expliqué mais ce concept me retournai l'estomac. Suivant la logique de notre père, si les Etoiles ne m'avait pas donner la chance de me subtiliser à l'eugénisme de ma mère, j'aurais été le mort de la portée... Et ça ne sonnait pas bien du tout, car tous les chats dont Coup de Foudre parlaient n'étaient plus là. Mais pas le temps de m'apitoyer plus sur le sort qui aurait pu m'être réservé, je fis Boule de Braise rouler loin de la patte du charcoal, et les chats ça ne roule pas comme ça. Je ne l'avais pas vue se faire pousser tant la peur m'avait occupée mais le gloussement de l'adulte m'hérissa tous les poils et sans réfléchir, je bondis sur ma soeur, à moitié couché sur elle. A deux on sera plus compliqué à faire rouler. Enfin.. si... j'osais rester à l'approche du grand guerrier... Je serrai plus ma sœur à cette pensée.

Il l'a dit, il l'a dit. Il s'attendait que l'un de nous meurt et surtout si on était en danger, il ne bougerai pas une patte. Pourquoi ? Nous étions ses enfants après tout, chaque parent que je connaissais vivait corps et âme pour leurs protégés ! Renouveau Printanier qui ferait tout pour Nuage de Campagnol, ou Chêne Argenté qui accordait une grande importance à ses petits.. Des larmes naquirent aux creux de mes yeux. Pour nos parents voulaient - ils nous tuer ou nous laisser mourir ? Qu'avions nous fait en deux lunes pour être autant détestés ?? Une patte s'abattit violemment sur Patte Ardente, un cri étranglé s'échappa de ma gorge comme pour l'appeler. Nous n'étions pas proche mais... mais il ne fallait pas le tuer pour autant. Coup de Foudre disait des choses si.. floues ? Ce n'était pas bien d'être un guerrier au final ? Qu'il n'y avait pas de bons et de méchants ? Pourtant, à cet instant là, tout me paraissait très clair. Il était le méchant de notre histoire. Tout allait si bien avant son arrivée ! Il lança Patte Ardente comme il avait repoussé Boule de Braise, disant qu'il y avait mieux à faire que se tuer à la guerre. Partir se tuer ? On partait se protéger non ? Je serrais mes dents qui ne s'emboîtaient pas. Je comprenais pas je comprenais pas je comprenais pas, dégage dégage dégage... Ma vue était brouillée, mes oreilles étaient bouchées, mes muscles étaient bloqués. Disparais disparais disparais disparais-

" Bec. "

Je relevai la tête en tremblant, puis je fus harponné par ce regard. Je devais mordre ma lèvre inférieur pour me retenir de pleurer et garder mes larmes qu'à leur statut de goutte aux coins des yeux.

" Je sais déjà qui tu es. Tu te démarques par ton handicap : trouve autre chose. "

Aucun son de sortait non, j'étais si .. impuissant face à tous ça. Que dire, que faire pour que tout se finisse bien ? Petit Roux me regarda de façon tendre et protectrice et je pris son geste comme une bouée de sauvetage qui me permit de respirer à nouveau, réussissant enfin à lever ma patte pour essuyer les larmes naissantes. Mon jumeau dit qu'il était normal de mourir. Je fis la grimace. Peut - être que c'était normal de mourir mais je ne voulais pas mourir. Puis il ajouta que c'est bien beau de nous demander de nous démarquer mais.. comment ? C'était la question oui. Je restai couché contre Boule de Braise, sa chaleur me dénouait l'estomac. Je murmurai dans mon coin, rassuré par la protection de Petit Roux, la chaleur de Boule de Braise et la force de Patte Ardente (même s'il venait de se prendre un coup, d'ailleurs personne n'était allé voir s'il allait bien alors je m'empressai de le rejoindre pour l'aider s'il me le demandait)..

" On est 4 contre la mort, on devrait s'en sortir. " me rassurais moi même à voix basse, à qui voulait bien l'entendre.