Répondez-moi ! ☼ Nuage d'Alcidés - end

"Rentrer tôt" n'était pas difficile lorsqu'on sortait si peu. Nuage d'Alcidés ne se sentait plus à l'aise dans les Landes mais non plus dans la Tanière des Guérisseurs, où sa propre sœur l'avait attaqué. Il avait dit un mot de trop et maintenant il ne disait plus rien. Même réveillé, ses sens étaient engourdis par le manque de sommeil et s'il constata du nez que tante Coeur Fleuri était passée par l'herbier ramasser quelques plantes, il ne lui en fit pas la remarque. Il ne se posa aucune question car il était naturel de la voir ramasser des plantes, aussi il ne songea pas à l'importance qu'elles auraient cette nuit.

Il s'était douté cependant que sa demande de "rentrer tôt" n'était pas à prendre à la légère mais il ne savait pas pourquoi, lorsqu'enfin tomba la nuit - très tôt, car en hiver le soleil était plus lourd que jamais - elle révéla enfin ses intentions.

« Nuage d’Alcidés, tu m’accompagneras ce soir à la Pierre de Lune.

Nos Ancêtres t’ont jugé digne de me succéder, un signe avec une nuée de bizarres oiseaux noirs et blancs, des pingouins, m’ont guidée vers cette conclusion. Je te pense prêt depuis quelques jours déjà, je n’attendais plus que leur aval … »

Son coeur s'était mit à battre la chamade autant par l'excitation, que la peur de sortir de la tanière, que de celle d'enfin se débarrasser du Nuage à son nom - il allait enfin devenir un Cri, au même titre qu'Alby? Avoir enfin une voix entendue dans le clan? - mais une vague de confusion le prit car qui lui disait qu'il était vraiment prêt? Les preuves parlaient contre lui, avec son herbier trop pauvre et ses visites dehors qui se raréfiaient et ses crises d'anxiété qui s'empilaient comme de la neige et avec le régime de paires d'Étoile Vaillante serait-il encore considéré comme un apprenti, au vu de sa petite taille?

« Nous partons maintenant. »

Avant même de pouvoir s'en rendre compte ils étaient dehors. Nuage Silencieux devait dormir à cette heure - comme le reste du Clan. Alcidés dut secouer sa tête, les oreilles basses, la berlue de la fatigue dans les yeux. Il suivait sa tante à quelques poils près, collée contre elle afin que sa corpulence ne couvre son rien qu'un petit corps de la morsure du froid de l'hiver.

— « Ne me perds pas et sois bien attentif, lui dit Coeur Fleuri. Tu devras être capable de trouver ton chemin seul, lorsque je ne serai plus là.
Perplexe, Alcidés tendit le cou :
— Lorsque tu ne seras plus là, ma tante ?...

Les Landes de ses pensées se balancèrent au vent qui s'était levé dans lui, cherchant à renifler l'arôme d'une explication. Au lieu de quoi ce sont celles des suppositions qu'il releva. Puis des attentes. Puis des questions, il se demandait sir ces mots n'étaient pas plus importants qu'il en avaient l'air, comme un signe. D'un autre côté, la fatigue pesait ses paupières et Coeur Fleuri poursuivait. Il ne regardait même pas pour où il marchait car la pensée de devoir refaire ce chemin sans bénéficier de la protection de sa tante l'atterait.

Et il n'yavait rien de pire, pour les chats du Vent, d'être bloqués au sol.

Le reste du voyage se passa en silence, et ils rejoignirent ensemble la pierre sacrée où Coeur Fleuri se prononça :

— « Nuage d'Alcidés, souhaites-tu devenir guérisseur et partager les mystères du clan des Étoiles ?

L'apprenti eut une hésitation, s'arrêtant devant la Pierre de Lune qu'il avait l'habitude de voir entourée des autres guérisseurs et ceux qui les accompagnaient. Pas de Soucieux, aujourd'hui. Pas de Ruisseaux non plus. Ni de Sang-chaud du Tonnerre. Il se remémorait leurs noms puisqu'ils seraient bientôt collègues -- et sortit brusquement de ses réflexions pour opiner:

— Oui.

Il cligna des paupières, s'affaissant un peu.

... -- Oui... Oui, je le souhaite, ma Tante. »

Il savait qu'il devait se faire aussi inflexible que l'était Étoile Vaillante, sa mère, mais il fut pris d'un doute en juxtaposant l'image de Coeur Givré lui sautant dessus à celle de sa mère sautant sur sa tante, tout crocs dehors comme une bêtes sauvage. Ils étaient Claniques, Civils, pas de vulgaires solitaires dans direction.

Mais pouvait-on être un noble chat de Clan sans direction?...

« Alors avance. »

Nerveux coup de queue, de sa position assise, il se leva debout, s'avançant d'un pas hésitant vers la pierre, récitant le nom des plantes qu'il connaissait dans un coin de sa tête. Mouron d'oiseaux. Épiaire Laineuse. Lavande. Arnica. Thym.

— « Guerriers du Clan des Étoiles, » Toile d'Araignée, Baie de Genièvre, Baie de Sureau, « je vous présente cet apprenti. Il veut suivre la voie des guérisseurs. Accordez-lui sagesse et clairvoyance afin qu'il comprenne vos choix et soigne son clan selon votre volonté. Nuage d'Alcidés, » Feuille de Souci aussi « couche-toi ici, et presse ton museau contre la pierre »

Feuille de Thym Feuille de Thym Feuille de Thym.

Et la pierre, sur son nez, était si froide, il en eut presque un mouvement de recul, pointant ses moustaches vers l'arrière après avoir hoqueté de surprise. Les Étoiles ne voulaient pas de lui, il n'avait jamais eu de signe bien clair, ses visions étaient floues, il précédait Coeur Fleuri mais son apprentissage n'était peut-être pas terminé! Il devait, il pouvait, il fallait--...

En rentrant dans le rêve ses yeux avaient dus se fermer et il avait été prit d'un mouvement de recul. Ici, il n'y avait pas qu'un plafond d'Étoiles, les lumières tournaient tout autour de lui et dessous dans un kaléidoscope aveuglant qui l'empêchait de vraiment mettre un sens où il se trouvait. La première Étoile qu'il distingua était feu son mentor, Faon Sauvage, qui vint le voir en gambadant et en appuyant son front au sien.

Dans ce geste de familiarité, Nuage d'Alcidés sentit tout ses doutes s'envoler à tire d'ailes de ses épaules comme une nuée d'oiseaux. Il ne reconnaissait pas tout le monde, mais reconnaître Feu leur ancienne cheffe Étoile de Sable pesa un poids sur son coeur - il s'efforça de lui sourire comme pour s'excuser de leur échec, à lui et Coeur Fleuri.

Il détourna les yeux, Museau Blanc, happé par le blizzard avant qu'il n'ait le temps de le prévenir. Et aussi Feuille de Cèdre - mort du mal vert, en même temps qu'Étoile de Sable, et soudain il lui sembla que son anxiété lui était revenue et qu'un profond malaise l'avait pris aux tripes, en revoyant tout ces chats qu'il n'avait pas pu sauver.

Étoile de Sable se prononça.

— « Nuage d'Alcidés, nous devons parler. »
À quoi l'apprenti-guérisseur répondit d'un violent sursaut puisqu'il ne s'attendait pas à ce que le Étoiles soient dotées d'une voix quelconque. Faon Sauvage se moqua de lui.

— « Tu es trop nerveux, Alcy! Détends-toi! »

Mais l'heure n'était pas aux plaisanteries.

Alcidés s'assied pour écouter les sages paroles de Feu son Étoile que son oreille se tordit derrière en voyant soudain la mine à leur face s'assombrir. Il tourna la tête pour voir sa tante Coeur Fleuri s'approcher, le pas hésitant, le sourire cordial mais crispé aux commissures.

— « Bonsoir, Ancêtres. Vous m’avez envoyé un signe pour m’indiquer que Nuage d’Alcidés était prêt à recevoir son nom de guérisseur.

Nuage d'Alcidés eut un rebond de la tête en retrouvant l'ombre de son sourire pour ronronner à sa tante, mais quelque chose de curieux lui tiqua l'oreille. Les Ancêtres en question ne lui avaient pas répondu, ni ne l'avait accueillie, et encore moins souri. Un mouvement nerveux de la queue comme Alcy voulait se lever sur ses pattes mais Étoile de Sable lui fit signe de rester assit. L'apprenti guérisseur obtempéra, se compactant sur lui-même en serrant très fort sa queue contre lui. Au moins il avait eu le temps de sécrire une volte rapide pour ne pas lui tourner le dos.

— « Moi, Cœur Fleuri, guérisseuse du Clan du Vent, j'en appelle à nos ancêtres pour qu'ils se penchent sur cet apprenti. Il s'est entraîné dur afin de comprendre la voie du guérisseur, et avec votre aide, il servira son Clan pour des lunes et des lunes.

Nuage d'Alcidés, promets-tu de respecter la voie du guérisseur et de rester en dehors de rivalités claniques, même au péril de ta vie ?
— --...

Le regard que lui porta sa tante lui glaça le sang et seul le bout de sa queue sursauta, se tenant immobile comme une pierre. Il abaissa un peu sa tête, les yeux ronds creusés par ses cernes, mais grand ouverts et le blanc sorti à cause de la peur et du doute qui l'avait prit au ventre. Au péril de sa vie?...

Il mettait déjà en péril sa vie en se privant de manger à sa faim.

Il connaissait les plantes comme sa patte.

Il était le neveu de la Guérisseuse - qu'est-ce qu'ils voulaient de plus?

— Oui, je le jure.

Il serait bientôt Cri des Alcidés.

Ce silence était intenable, on pouvait le voir frissonner, grelotter de nervosité en attendant la suite. Les Guerrier avaient de la chance, leur Baptême ne se passait pas devant des milliers d'yeux d'Étoiles - juste devant le Clan.

« Alors, par les pouvoirs qui me sont conférés par le Clan des Étoiles, je te donne ton nom de guérisseur : Nuage d'Alcidés, à partir de maintenant, tu t'appelleras Nuée d'Alcidés. »

Nuage-- Nuée? Mais, et son Cri, alors ? Ce nom, Nuée, ne lui évoquait pas sa voix qui se ferait entendre, seulement l'image d'un groupe d'oiseaux qui s'envolaient lorsqu'on s'approchait trop près d'eux. Des oiseaux noirs et blanc qui partaient vers le large, sans direction que celle du Vent.

Nuée d'Alcidés.

Nuée d'Alcidés.

Nuée ressemblait à Nuage, mais ce n'était pas Nuage, ainsi c'était le nom d'un Adulte, Accompli, et Fier, et il était fier malgré tout ses doutes qui lui écrasaient les épaules. Nuée d'Alcidés. Nuée.

« Nos ancêtres rendent honneur à ton courage, qui t'a permis de franchir tous les obstacles mis sur ton chemin, et ta foi, qui te guidera en temps de doutes. »

Alcy se redressa d'un bloc, gonflé d'une fierté nerveuse comme sa queue, se tournant vers les ancêtres pour leur offrir ce sourire rayonnant en attendant d'être scandé mais... Rien ne vint. Dans leur rêve commun, ni lui ni Cœur Fleuri n'eurent droit au son de leur voix - pire, puisqu'en plus du silence leur regard s'appuya sur sa tante qui fut prise d'un malaise.

« Est-ce que ce silence est un signe ? »

Pas de réponse.

Alcy se retourna vers sa tante, mais là où les Étoiles l'accusaient du regard, lui ne lui offrit qu'un petit air inquiet qui lui fit plier chaque oreille vers l'extérieur.

« Je … Je ne comprends pas, elle bafouilla à leur intention, j’ai voué ma vie à interpréter vos signes, à soigner et défendre les miens alors pourquoi … Pourquoi me faites-vous ça ? Qu’est-ce que je dois faire ? Est-ce que j’ai failli ? Est-ce que …

Et à ce moment Alcy se vit en elle - cette anxiété, cette façon de chercher ses mots, cette confusion, sa tante lui semblait se faner d'odeurs différentes et il n'arrivait pas à en sentir l'origine.

— « M-ma tante--
— « Est-ce que vous me destituez de mes fonctions ? Ça me rend folle, je vous en supplie RÉPONDEZ-MOI ! »

Elle eut un bond vers eux et Alcy sentit un haut le cœur le prendre en se reculant avec les Ancêtres de quelques pas. Et à chaque pas qu'elle semblait faire pour les rejoindre, en réponse, il s'éloignaient. Alcy s'arrêta de se reculer, se retrouvant au centre de la querelle, à juste distance de sa tante et de ses ancêtres, les yeux ronds, zieutant d'un à l'autre sans ne trop comprendre ce qui se passait. Ce n'était pas ainsi que c'était sensé se passer, pas vrai?

Le désespoir prit Cœur Fleuri:

— « Répondez-moi … Répondez-moi, vous me devez bien au moins ça après toutes ces lunes !
Je vous ai donné mon corps, ma fertilité, mes pensées, vous avez ma vie entre vos pattes, et vous … vous vous taisez, vous jouez avec nous, vous jouez avec moi, j'aurais préféré ne jamais être choisie, je vous DÉTESTE- …
— Tante Coeur Fleuri--...?

Elle s'était accroupie, s'était recroquevillée sur elle-même, pesée d'un poids qui lui était inconnu et le regard des ancêtres semblait s'être terni de peine. De déception. Alcy ouvrit sa gueule, sur un souffle, mais il n'arrivait à formuler aucun mot. Comme de la neige sous le vent, sa tante s'évasa en poussière scintillante qui s'épaissit en brouillard. Et le brouillard le rattrappa.

— « Q-qu'est-ce qui se passe? Étoiles?    --Ancêtres? »

Il se tourna d'un bloc pour leur faire face mais ils lui faisait dos maintenant, repartant de leur côté, comme si son temps de rêve avait été écoulé. Avant de partir complètement il entendit la voix d'Étoile de Sable :

Méfie toi du jardin maudit, de ses fleurs aux fruits pourris.
Jusqu'au cœur il va corrompre. À la racine il faut détruire.
Prudence! Ce danger se trouve plus proche que tu ne le penses.

— Non, attendez, pitié...

* * *

Son souffle se coupa dans sa gorge et un violent coup de patte le tira hors du rêve, sentant la morsure du froid le prendre aux côtes. Il plissa une paupière de douleur, constatant qu'il était couché sur le côté, le ventre vers le plafond, le nez sur la pierre mais une patte repliée sous sa tête. Mais...

Et d'un coup de croupe il se roula entièrement sur le ventre pour se secouer, entendant l'écho d'un hoquet s'échapper de sa bouche et se réverbérer dans la grotte où se trouvait la pierre. L'air était lourd par le froid.

— « M-ma tante---...!

Mais lorsqu'il croisa la dureté dans son visage il se tut quitte à se mordiller la langue, en repensant à se la mordre pour de bon pour ne plus jamais avoir à parler.

Et maintenant c'était à Coeur Fleuri de se taire? Nuage d'Alcidés sentit ses oreilles se raidir sur sa tête tellement elles se courbaient vers l'extérieur, et il se rendit compte de l'affolement de son souffle seulement en le voyant : la buée qui s'échappa de sa bouche lui arracha un autre hoquet, il claqua ses dents ensemble et rentra le menton dans le cou pour s'enlever cet air ahuri à baîller aux corneilles. Il fuit même les yeux de Coeur Fleuri - il n'avait pas envie de lui donner l'impression de l'accuser des yeux comme l'avaient faites les Étoiles, dans le rêve...

Mais quelque chose clochait. Et noué en miche, les oreilles à plat le plus possible sur sa tête, en angle, l'expression tracassée en face, Nuage d'Alcidés ne pouvait s'empêcher de penser que c'était de sa faute. Qu'il avait dit un mot de trop, qu'il avait pensé un mot de travers, qu'il--

« Désolée que tu aies vu ça, Nuée d'Alcidés. »

Nuée. Il leva timidement les yeux sur sa tête, ouvrant un peu plus sa posture. C'est vrai, il n'était plus un Nuage d'Alcidés mais une Nuée, un adulte, et les adultes, comme Coeur Fleuri, étaient capables de s'adresser l'un à l'autre dans le calme. Dans le calme, et non pas avec les crocs et les griffes à retourner l'autre sur le dos les oreilles vrillant au feulement--

Nuée d'Alcidés répondit donc à la détresse de Coeur Fleuri, par un sourire empreint de tristesse.

— « ... C'était pas sensé se passer comme ça, pas vrai?
— Ça fait partie de la vie d'adulte ... C'est dangereux de s'attacher et d'espérer le meilleur des gens. Mais je suis sûre que tu ne referas pas mes erreurs. Tu es intelligent.
— Tante Cœur Fleuri?... »

Lorsqu'elle posa sa patte sur sa tête, Nuée d'Alcidés s'immobilisa, sourcillant un peu.

— « Il y a... Un tic de l'oreille. S'il en maintint une raide, il retourna l'autre pour se donner cet air interdit.  ...Je ne savais pas à quoi m'attendre et, pour être honnête, il baissa les yeux,  je ne sais pas quoi en penser. »

L'avertissement de Nuit Hivernale lui revint en tête, envoyant la décharge d'un frisson de malaise dans tout son échine puis au bout de sa queue qui fouetta l'air. L'avertissement se juxtaposa à celui d'Étoile de Sable. Il ne comprenait pas pourquoi - Étoile Maudite ne lui était pas proche

— « Ce n'est pas mon imagination, les Ancêtres, ils se sont tus, non?   Quand tu es arrivée...

En relevant les yeux, il posa la question qui lui brûlait les lèvres.

— C'est parce-que tu m--  nous, caches quelque chose ?... »

À sa question, Alcy n'eut non pas le droit à une réponse mais à un regard qui le foudroya sur place. Les yeux ronds il fléchit ses pattes en gonflant tout les poils de sa queue qui se courba en serpe. Sa tante était méconnaissable.

— « Sortons. »

Le ton avait claqué dans la grotte, l'apprenti hocha la tête d'un mouvement quasi-imperceptible avant de lever son ventre du sol gelé, tourner la tête vers la pierre de lune, le blanc des yeux sorti. Sa tante ne l'attendit pas, prenant déjà le pied vers l'extérieur. Grelottant autant de froid que de nervosité, le petit chat tenta un pas, puis deux, veillant à chasser son malaise d'un geste de sa queue toute gonflée. Le vent soufflait dehors, il l'entendait.

« Qu'est-ce que tu veux vraiment savoir ? »

L'écho de la voix de sa tante se réverbéra sur les parois de l'entrée de la grotte lunaire sur un ton qu'il n'avait jamais entendu de sa part. Alcy se mit à galoper en tâchant de la rattraper, mais sa voix résonnait encore:

«Qui je suis ? »

Quel-- rapport ça avait ? Qui elle était? Il galopait. C'était sa tante!

«Ce que je pense ? »

Sa tante était douce et aimait les plantes. Elle pensait au bien du Clan et entraînait les apprentis à apprendre à se soigner dans la volée lorsqu'ils étaient loin du campement. Sa tante savait pour son anxiété qu'il cherchait à cacher. Sa tante savait pour son insomnie sur laquelle il ne disait rien.

« Est-ce que tu penses seulement être prêt à entendre tout ça ? »

La guêpe de cette accusation le piqua au vif et il vit la silhouette de l'écaille de tortue se dessiner devant lui, lui faisant dos - lui tournant le dos, cap sur une direction que seule elle savait. L'apprenti-guérisseur, la course au cœur, s'arrêta de courir.

— « ...C'est toi, il y a quelques secondes, qui m'a dit être intelligent.    ...Visiblement, (et le fiel de Cœur Fleuri se retourna contre elle, car sans le Clan pour l'entendre parler, Nuée d'Alcidés n'avait plus autant besoin de se surveiller) l'une des choses que tu ne veux pas me dire, c'est que tu penses le contraire... »

— « Tu n'es même pas prêt pour ce que les Etoiles te préparent ... »

Alcy eut un mouvement de recul, dressant sa queue comme un pic bien au-dessus de sa croupe.

« N-non, ça-- »

Ça ce n'était pas vrai, sa tante lui mentait car c'était elle, du même souffle, quelques lunes plus tôt, qui l'avait rassuré quant à ses inquiétudes. Bouché, ses oreilles se pivotèrent de chaque côté de sa tête et il rentra le menton dans le cou pour fixer le sol, les yeux cafardeux, distrait par le cri du vent dehors qui l'empêchait de garder son sang froid.