Se relever pour un après [ft Aube puis Houx] -abandon

Il courrait. Loin de tout ça, loin de cette vérité terrifiante. Loin de sa famille sur laquelle il avait gueulé, renvoyé sa propre culpabilité sur eux. Loin de ce corps déformé. Loin de ce qu'il restait de sa benjamine. Loin,loin..
Courir.
Fuir.
Car c'est sa faute.
Je suis désolé.
Même pas vu qu'elle allait mal.
Je suis désolé.
Il respirait difficilement, entre les hoquets de ses sanglots et sa course folle. Il n'était pas allé bien loin, il avait juste longé le camp, et se trouvait à présent de l'autre côté de l'entrée, respectant inconsciemment l'ordre que lui avait donné Etoile Maudite auparavant. Difficile que ce la était arrivé la même journée, il lui semblait que c'était il y a une éternité. Une époque où tout allait bien, que sa sœur et son frère était là, auprès de lui. Comme si la mort de Nerveuse, en plus de planter des griffes jusqu'à son cœur, avait crée un bond dans le temps. Les larmes striaient son visage et il s'arrêta enfin. Il voulu à nouveau crié sauf qu'il n'y avait plus personne pour déverser sa rage. Alors il le fit. Seul. De désespoir. Ça n'avait aucun sens, aucun mot ne se déversa de cette gueule pleine de bave, qui collait à sa fourrure. C'était juste animal, un besoin purement et simplement primaire. Il hurlait, s'arrêtait, reprenait son souffle, et recommençait insensément, tentant vainement de sortir cette boule enfoncée dans sa gorge. Ses griffes se plantaient dans le sol qu'il labourait sans aucune raison. Rien de ce qu'il faisait n'en avait une. Purement instinctif. Il avait mal, si mal. Jamais il n'avait ressenti une si vive et durable souffrance. Un éclair foudroyant, mais permanent. Il finit par griffer un tronc qui n'avait rien demandé, hurlant toujours plus fort. Est-ce que son corps pourrait avoir aussi mal? Il ne le pensait pas. Les larmes qui affluaient se calmèrent. Il reprenait difficilement de l'air, tentant de retrouver une respiration normale. Mais celle-ci était entrecoupée de hoquets. Les pattes toujours contre le tronc, il y posa sa tête, poussa un dernier râle avant de sangloter doucement. De résignation et d'épuisement. Il n'avait pas supporté un tel déversement de rage.
Il voulait que ça s'arrête, qu'elle revienne. Que tout soit comme avant. Il mourrait si elle pouvait revivre. Qu'il se réveille , que tout ceci ne soit qu'un cauchemar.
Pitié.

HRP:

Nuage du Léopard sentit quelque chose s’enroulait autour de sa queue. En jetant un petit coup d’œil, il reconnut Nuage de l’Aube, qui restait là sans le regarder, une présence silencieuse. Mais ce petit geste suffisait amplement au tacheté pour la considérer comme un soutien. Il resta là, silencieux, sans bouger, écoutant simplement le bruit de leurs respirations et ceux de la forêt. Il ne connaissait pas tant que ça la femelle, mais avait déjà partagé un moment avec elle. Elle lui avait fait découvrir les fourmis, ces créatures si petites mais qui arrivaient à porter des charges bien plus lourdes qu’elles. Sur le moment, il les enviait et adorerait être aussi fort. Maintenant, il n’en voyait plus l’intérêt. A quoi cela servait s’il n’était même pas capable de protéger ses proches ? Mais, après tout, il n’avait encore rien appris. Etre fort était utile, mais être attentif était nécessaire, et ça, il aurait pu l’être dès le début.

Il n’ignorait pas que Nuage Nerveux et Nuage de l’Aube avait déjà fait connaissance, pendant que lui et Gelé jouaient à la bagarre. Lors de l’une des nombreuses fois où il l’avait laissé sur la touche…

« Le pire, c’est que j’ai rien vu. »

En hurlant, pleurant, griffant, il avait commencé à évacuer. Mais il n’avait pas encore mis des mots sur ce qu’il ressentait. Sur cette foutu culpabilité. Il regardait droit devant lui comme s’il ne s’adressait pas à l’apprentie à ses côtés. Il avait juste besoin de tout lâcher, d’une manière plus calme, plus posé. Et en ce moment, la femelle semblait être la parfaite confidente.

« Je suis pas mieux qu’elle en fait. »

Elle, c’était sa mère. Leur mère. Sur laquelle il avait hurlé, craché toute sa haine. Toute son enfance, il en avait eu rien à faire, de ce manque d’attention, de cette éducation austère. Mais maintenant, il en prenait pleinement conscience tout en étant aveugle à la tristesse qu’éprouvait Chant des Coquelicots. Il ne voyait que sa détresse, sa culpabilité et le minois de sa sœur avant que celui-ci soit ravagé.

«Je dois être le pire frère du monde. »

Un simple constat.

« HRP »: