Hululons, soyons chouettes (avec Brise Argentée) -end

Je cherchais à m’endormir. La journée à été longue, et malgré ma présence non stop à la pouponnière, elle fut aussi des plus fatigante. S’occuper de sept chatons n’était pas de tout repos. Je ne voulais pas vraiment de ceux de Tâche d’If mais est-ce que j’avais vraiment le choix ? Elle n’a pas voulu entendre ce que je voulais lui dire, et elle a abandonné ses petits. Alors je ne pouvais pas les laisser mourir de faim, et sans défense. Je n’avais qu’une peur maintenant, c’était que mes petites pensent que je les laisse encore une fois. Elles gardent des séquelles de mon absence et j’espère de tout cœur qu’elles ne pensent pas que je les laisse au profit d’autres chatons.

La nuit tombait, alors les chatons dormaient et s’était parfait. Une forme passa cependant à l’entrée de la pouponnière. Il lâcha un « bonne nuit » et je reconnu cette voix. C’était Crocs Nacrés. Mon cœur se serra un instant pensant au mal que je lui ai fais. J’ai été cruelle.

« Bonsoir Crocs Nacrés… »

Et ce dernier réagit presque aussitôt, presque surpris de m’entendre. Et il s’éloigna. C’est tout ? Il avait juste dit que je ne dormais pas et qu’il ne fallait pas faire de bruit. Et il s’en allait. Je chuchotai à mes filles et aux adoptés que je revenais, que je ne serais pas longue. Je me levai en douceur pour rejoindre le guerrier. Ne sachant pas par où commencer je décidai d’être directe.

« Ecoute Nacrés… Je suis désolée tu sais… Enfin pour cette journée là. Je n’ai pas été correcte. »

Le ton sec qu’il employa commençait à m’agacer, je ne supportais pas ça. Mais après tout, je n’étais pas réellement dans une bonne posture. J’étais la fautive, la responsable de son malheur. Alors je prenais sur moi, et utilisait mon talent de comédienne pour garder cet air si peiné. En vérité, je n’étais pas vraiment hypocrite, parce que je me sentais réellement mal par rapport à ce que j’avais fais, mais la colère me montait face au ton qu’il prenait, et surtout avec ce qu’il me disait…

« De toute façon, il fallait que ce soit dit. C'est mieux comme ça. Je me suis quand même bien demandé s'il fallait mieux que les filles me connaissent ou pas. »

Les filles. C’était aussi ses enfants et il avait autant de droit sur elles que moi. Il était leur père. Ça ne comptait définitivement pas pour lui ? Je me demandais si au final il se fichait totalement d’elles, si… elles avaient une importance pour lui. Ces pensées me serraient le cœur. Comment ne pas les aimer ? J’ai fais cette erreur, de les laisser de côtés, loin de moi parce que je n’étais pas un modèle pour elles, mais j’étais revenue, j’étais là et elles savent qu’elles comptent pour moi.

« Au final, Guépard ne m'a pas trop laissé le choix. J'espère qu'il a eu raison. »

J’appréciais décidément de plus en plus ce Tonton Guépard. Présent pour ses nièces, et il avait poussé son frère à aller vers elles. C’était une bonne chose.

« Guépard n’a pas fait d’erreur. Il a eu raison, parce qu’elles ont aussi besoin de toi. »

Je m’asseyais à côtés du guerrier, tout en gardant une certaine distance, et levai les yeux vers le ciel. Il scintillait. Les étoiles brillaient de milles-feux. Ma mère était là-haut. Elle m’observait probablement, voyant ce qu’il m’arrivait. Elle était grand-mère, effectivement. Je me demandais si ça la rendait triste de voir sa petite famille tant éloignée. Mon frère passait voir mes petites régulièrement, il les aimait, ça se voyait. Mon père, je le voyais regarder la pouponnière par moment, mais rien ne passait dans son regard.

« L’absence de mon père, lorsque ma mère est partie, m’a profondément marqué. Même maintenant en fait. La présence des deux parents est toujours importante pour des chatons. Même si les choses n’allait pas pour le mieux entre nous - par ma faute – je crois que c’est capital pour elles d’avoir leur père et leur mère… même séparés. »

Je fixais toujours le ciel, le regard un peu perdu, et surtout triste. Je lui avais avoué quelque chose que j’avais sur le cœur. J’appréciais vraiment Crocs Nacrés, c’était un bon guerrier, un bon camarade, et je l’ai eu parce que j’étais une imbécile.

Spoiler:

Il semblait sceptique ne croyant probablement pas mes paroles. Tout ce que je voulais c’est qu’il n’abandonne pas ses filles. Elles étaient si petites, si précieuses, je ne voulais pas qu’elles souffrent d’un père absent. Déjà que j’étais loin d’être parfaite… Elles avaient besoin de nous plus que jamais. Mon regard revenait sur le camp, paisible, calme, silencieux, le crissement des grillons participait au charme de l’endroit. Je jetai un œil inquiète sur la pouponnière, j’espérais de tout cœur que mes trois petites dormaient, et qu’elles n’étaient pas embêtées par les chatons de Tâche d’If. Je ne voulais que leur bien.

« J'ai eu très peur après l'Assemblée, quand j'ai dû expliquer pourquoi je ne m'étais pas battu contre Silex. Si jamais il m'arrive quelque chose je te fais confiance pour pas laisser les petites payer aussi... Je veux dire... c'est mieux si je suis tout seul à avoir des ennuis, tu comprends ? »

Oh il pouvait me croire sur parole, celui qui touchait qu’à un poil de mes filles, il me connaitrait tout de suite, et il le paierai très cher. Et pour Crocs Nacrés, je ne pourrais pas le laisser sans personne pour le défendre. J’ai été affreuse avec lui, je devais me racheter. Bien sûr je ne lui dirais pas comme ça.

« Personne ne fera du mal aux filles. Personne. »

J’avais prononcés ces mots avec détermination. Il devait comprendre que je serais là. Et au moins, par là, je me doutais bien qu’il tenait à elle. Du moins, c’était l’impression que ça me donnait. J’espérais de tout cœur qu’il les aimait autant que moi.

« Je ne pourrais pas te laisser dans le pétrin tout seul. T’es un guerrier loyal au clan, et je ne doute pas un seul instant de ta fidélité. La guerre je ne l’ai pas connue, pas encore, et je n’ai pas hâte du jour où ça arrivera. Les choses ne sont jamais simples. Mais que personne ne viennent me dire que tu es un traitre. Je sais que c’est faux. »

Sans forcément de chaleur, ou de sentiment d’amitié, je lui disais ma manière de voir les choses. Mon point de vu. J’étais bien contente de ne pas avoir eu à participer à cette assemblée. Certes, les Lunar Pod n’était plus, et ce grace à tous, Etoile de Suie son règne était terminé, mais j’aurais eu du mal à me battre. Je n’aurais probablement pas réussi.

Spoiler:

L’attache que j’avais au guerrier était particulière. Rien de ce qu’il aurait espéré au début, non, il mérite mon respect et que je sois de son côté parce qu’il est le père de mes filles, enfin de nos filles. Il devait être présent pour elles, et elles avaient le droit d’avoir un père. Et en même temps, je ferais tout pour que ça continue.

« En tout cas tout le monde n'est pas convaincu... Alors vaut mieux pas trop se venter de tout ça. »

Pour seule réponse je lâchais un grognement. Les autres sont des abrutis. Tâche d’If devait surement l’avoir renié. Elle a déjà abandonné ses enfants pour être loyale à son clan, pensant qu’ils comprendraient. On ne fait pas d’enfant quand on est pas capable de les assumer. C’était plus la mère du guerrier que je voulais critiquer. Elle n’a rien à redire alors qu’elle abandonne sa propre famille. Heureusement qu’ils n’étaient pas insupportable, sinon je les aurais bien vite redonné à Tâche d’If en lui disant « tes mômes, tes problèmes ».

« Mon apprenti va pas être le plus chanceux du monde. »

Je le regardais de nouveau. Il allait avoir un apprenti ? J’étais mitigée, dans mon cas, si on m’en attribuait un… Je crois qu’il en aurait vite marre de moi ! Je ne suis pas particulièrement patiente, et en plus j’ai un fort caractère, n’hésitant pas à défier mes supérieurs. Hé non, je ne suis pas un exemple pour la jeunesse, loin de là.

« Tu vas avoir un apprenti ? Tu en es content ? Tu t’en sortira de toute manière. Faut pas écouter les autres, ils sont plus stupide qu’un tas de pierre. »

Spoiler:

« Je m'en sortirai sûrement, oui... »

J’espérais qu’il reste confiant là-dessus. Il était peut-être jeune mais il s’en sortirait. Il n’était pas si stupide quand même ! Il semblait cependant un peu perdu. Etait-ce trop tôt pour lui parler de cette manière ? Je ne m’en rendais pas bien compte, disons que d’habitude, l’autre ne comptait pas vraiment pour moi. Je faisais un minimum d’effort pour essayer de montrer un certain exemple à mes filles. Maintenant, allez savoir si ça fonctionnait. Le silence se faisait. Seule une chouette le brisa par son hululement. Je fixais la déesse de la nuit qui passait au dessus de nos têtes, tout en gardant un œil sur ses gestes. Gracieuse, se fondant dans l’obscurité de la nuit, mais mortelle pour de petits chatons…

« Faut que je dorme. »

Je hochai la tête sans rien ajouter. En même temps, il faisait nuit.

« Et t'as du travail aussi ! »

Cette fois je le regardais fixement. Je crois que je n’ai pas demandé les chatons de sa mère. Je regardais la pouponnière. Mes filles, c’était normal que je sois là, mais alors les autres là, ça me fatiguait plus qu’autre chose de devoir m’en occuper. J’avais dis à Tâche d’If que je ferais le minimum avec eux. Ils ne recevront rien de plus de moi.

« Si seulement ta mère assumait ses gamins. Après ce que je lui ai dis, j’suis pas sûre d’être vraiment dans son cœur. Après tout, je m’en fou un peu. »

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