Une grande aventure ! [Libre] - end

Au cœur de leur camp, de leur tanière, de leur nid de mousse, lovée contre sa maman et ses frère et sœurs mais aussi dans son refuge de rêves colorés aux nuances pastelles et aux douces mélodies, Petit Mimosa, les yeux fermés, savourait ce moment tout simple. Elle ne dormait plus vraiment, mais elle voulait profiter de la chaleur que cette étreinte apportait, de la douceur des fourrures autour d'elle, et de l'amour de sa famille, simplement. Elle était à sa place, là, auprès de Petite Violette, Patte de Lys et de Petit Aulne, auprès de leur maman, Papillon de Lune; elle était bien. Protégée, aimée. Mais son jumeau, apparemment, avait décidé que l'heure de la sieste était finie, rompant le cocon magique et délicat en lui marchant sur une patte tandis qu'il sortait de la pouponnière; la jeune féline, désolée et un peu énervée aussi, rouvrit un œil ambré pour vérifier ce qui se passait autour d'elle: sa vision un peu floue se précisant peu à peu, elle remarqua que contre le flanc de sa maman, il n'y avait plus que Patte de Lys, fourrure blanche, petites taches noires. Ne voulant pas être en reste si son frère et sa sœur s'amusaient, adorant son jumeau, elle se leva alors sans plus tarder, étira son corps fin, ses petites pattes, et mit le nez dehors pour rejoindre celui dont elle était un double féminin. Elle adorait leur ressemblance.

Comme ça, Petit Aulne et moi on est pareils! C'est mon jumeau, pour toujours!

Oh, elle adorait ses deux sœurs, bien sûr! Mais c'était dans son frère qu'elle se retrouvait le plus, et leurs traits, similaires, leurs fourrures, leurs yeux, la rassuraient, parce qu'elle se sentait à sa place, à ses côtés. Un peu comme avec son papa, dont ils avaient la fourrure, ou quand elle se perdait dans les prunelles d'or de sa maman. Elle les aimait, tous. C'était sa famille. Patte de Lys, Petite Violette, Papillon de Lune, Étoile Maudite, Petit Aulne et elle. Même qu'ils étaient une fratrie de plantes. Avec des parents-astres. Et que c'était tout joli. Elle avait la meilleure famille du monde!
S'approchant de sa fratrie - ou du moins, de la part éveillée de sa fratrie - elle ronronna et demanda, presque timidement mais avec toute la joie de vivre d'une petite de cet âge:

« Je peux rester moi aussi ? »

HRP:

C'était l'après-midi, rien de mieux pour faire une sieste qui se transformerait en long repos. C'était l'un des moments de la journée où toute ma famille partageait ma joie de la paresse.. Et pourtant, Petit Aulne, sur qui j'étais bien calée, se mettait à bouger. Je grognais à chacun de ses petits mouvements avant de voir mon oreiller partir. Surprise, je m'étalais au sol. Le voyant trottinait vers l'extérieur, à la poursuite de Petite Violette. Je me grattais la joue, celle qui avait si délicatement rencontré le sol, quand Petit Mimosa se levait à son tour. Mais quel mouche les as piqué ?

Soupirant longuement, je lorgnais ma mère encore endormi avant de taper ma patte sur le sol et de suivre mes sœurs et mon frère qui était déjà sorti. Trottinant au ralenti, je rejoignais le petit groupe qui s'était formé. Baillant à m'en décrocher la mâchoire, je me frottais les yeux avant de leur demander :

"-C'est bien lumineux ici.. Vous voulez pas aller dormir à l'ombre ? C'est bien l'ombre.. C'est reposant, nan ? Aller, venez.. C'est fatiguant d'explorer le camp, vous savez."

M'étirant longuement, je regardais les trois membres de ma famille, mais aucun de sembler réagir. Me dites pas que je vais devoir les suivre dans cette aventure ? Ils seraient bien capable de se mettre dans de beaux draps..

HRP:

« Oui bien sûr ! »

La réponse de Petite Violette fit éclore les fleurs du cœur de sa petite sœur, et celle-ci, ses yeux d'ambre pailletés d'or illuminés d'une joie enfantine et infiniment aimante : la petite hypersensible avait toujours peur, au vu de son sérieux complexe d'infériorité, qu'on ne la repousse, mais elle avait, à cet instant, l'impression d'avoir sa place dans sa fratrie, et elle était heureuse, vraiment heureuse, de voir cette escapade complice se muer en petit moment tous ensemble. Avec son jumeau, Petit Aulne, à la fourrure brune striée de sombre exactement comme la sienne, avec sa grande sœur de jais et de neige, et aussi... Une autre voix s'éleva derrière les tous petits, une autre voix innocente, gentille et constamment, légèrement endormie. Petit Mimosa n'eut même pas à se retourner que déjà, une image se dessinait dans son esprit : ça, c'était son autre sœur, Patte de Lys, fourrure blanche, yeux verts et une tache noire sur l'oreille, préférant souvent la chaleur et la douceur de la pouponnière que toutes deux aimaient partager - oui, parce que si la jolie fleur dorée aimait découvrir avec les deux aventuriers, sa nature rêveuse et réservée la poussait à rester parfois blottie dans le nid, dans ce refuge familial qui était son petit monde, doux comme des pétales de rose et lumineux comme les astres. Patte de Lys, qui leur miaula, les yeux encore semi-clos et légèrement bancale sur ses pattes engourdies, d'une petite voix :

« C'est bien lumineux ici.. Vous voulez pas aller dormir à l'ombre ? C'est bien l'ombre.. C'est reposant, nan ? Aller, venez.. C'est fatiguant d'explorer le camp, vous savez. »

En d'autres circonstances, sa sœur, plutôt effacée, lui aurait donné raison, mais pas cette fois; le soleil brillait, oui, mais l'air était doux, jouant dans sa fourrure, frais, et elle était contente, pleine d'énergie et de promesses. Elle voulait explorer, elle voulait délaisser un peu l'ombre et les rêves pour vivre, vivre vraiment, s'amuser, aussi, et puis... Elle était curieuse, très curieuse. Du reste, les autres ne renonceraient pas, ça elle le savait, et son attachement la poussait à choisir de les accompagner. Pas pour délaisser leur Belle au Bois Dormant, non ! Elle allait les accompagner ! Ils étaient un quatuor, après tout... Petit Mimosa eut un pincement au cœur en songeant que, bientôt, ils auraient des mentors différents, et devraient grandir, leurs voies s'écarter, même si elle croyait sincèrement qu'ils sauraient toujours se retrouver. Alors pour l'instant, il fallait en profiter ! Souriante, elle leva son regard doré - le même que Papillon de Lune - vers Petite Violette, hissée sur une racine. Leur mini meneuse d'un jour, apparemment ! Elle lança une réponse, joyeusement, intrépide, puis bondit de son perchoir et se glissa entre les racines du noisetier. Sans une hésitation, se surprenant de cette réaction - décidément, l'amour de ses proches était sa plus grande force -, sa sœur tigrée passa devant les deux autres, dont son frère, et la suivit sous les branchages, leste, agile, vive et si fine qu'elle passa aisément sous le grand arbre. Elle avait une silhouette très menue, et elle adorait ça : ce serait pratique pour un cache-cache après !

« On a pas encore commencé, viens avec nous. Tu verras ça vas être super et tout ! »
« Allons-y! »

Petite Violette, perchée sur son estrade, me faisait un large sourire avant de m'informer que c'était que le commencement. M'encourageant à les suivre en disant que ça aller être super. Je lui répondais par un faible soupir, aussi faible que mes envies de suivre cette escapade. Sans attendre mon approbation ou même les encouragements des deux autres chatons, elle descendait de son perchoir pour s'engouffrer dans les racines du noisetier. Petit Mimosa appuyait ensuite dans le sens de Petite Violette. Ce qui m'étonnait beaucoup.. D'habitude, elle était de mon côté.

Je ronchonnais, jetant un regard à Petit Aulne qui allait pas tarder à me laisser seule dans la clairière mais avant de pouvoir le faire, je prenais les devant. Grognant en avançant avec une démarche peu assurée, je rejoignais mes deux sœurs. Je soupirais en arrivant, baillant un court instant comme si cela était un rappel de ce que j'allais abandonné. Pour accentuer cela, je me retournais et regardais la pouponnière au loin comme ça allait être la dernière fois. Je me retournais à nouveau vers mes deux sœurs en faisant une moue boudeuse avant de répondre, essayant de me rassurer :

"-J'suis bien obligée de toute façon, vous allez encore vous attirer des ennuies.. Et bon.. Ba.. Je serais là quoi. 'Fin, vous m'avez compris. On y va là ? Vous êtes sûres de pas vouloir faire une pause ? C'est pas l'heure de la sieste ? Z'êtes sûres ?"

Aussitôt qu'elle se fut glissée entre les racines de l'arbre qui formaient comme une petite grotte au-dessus d'elle et de sa sœur, partie devant, Petit Mimosa se retrouva plongée dans la pénombre où jouaient, en transparence et en paillettes entre les branches et les feuillages, de petits éclats d'or laissés par le soleil. C'était tout joli. Et puis, elle aimait bien, elle, la pénombre. C'était joli pour une petite étoile aux yeux de jour, prunelles d'ambre doré si limpides, fins joyaux ciselés, illusion du parfait. La jolie féline aimait beaucoup ses yeux. Et puis, sa silhouette fine, aussi - même si c'était pas pratique pour jouer au combat ! C'était peut-être pas pour elle d'être guerrière ? Ou sinon elle serait intelligente, elle courrait vite vite vite et elle battrait les méchants avec son esprit ! Tout en rêvant, elle marchait, et rejoignit bientôt Petite Violette, remarquant avec une pointe de tendresse et d'amusement que celle-ci calmait le mouvement agité - inquiet ? - de sa queue, qui balayait le sol. Sa sœur avait-elle eu peur ? Et ensuite, Patte de Lys de les rejoindre. Ses sœurs d'ombre et de lumière, de diamant et de jais, de neige et d'ébène, aux motifs bien différents, et aux beaux yeux verts... La deuxième, plus paresseuse, était presque toute blanche, bien sûr, ne portant que quelques petites taches sombres, alors que l'autre avait une répartition plus égale, mais aux yeux de Mimosa, ses deux fleurs étaient harmonieuses, et très belles. Elle, Mimosa, elle détonnait un peu. Toute mince, toute agile, toute douce et réservée, avec une fourrure brune tigrée et des yeux d'or. Une version féminine, une version plus menue, de leur frère, Petit Aulne, qui déboulait à cet instant. À eux deux, ils représentaient le croisement opposé des caractéristiques des parents: Lys et Violette avaient les couleurs de Papillon de Lune et les yeux d'Étoile Maudite; Aulne et Mimosa, eux, se partageaient la fourrure de leur père et les prunelles de leur mère. Grand sapin et douce plume. Et puis, Petite Violette, instigatrice de leur sortie, avait proposé un jeu.

« Et si on faisait un cache-cache ? Si vous êtes pour alors je commence à compter ! Pour les règles on n'a pas le droit de se cacher autre part que dans le buisson et l'arbre et pas le droit d'en sortir. Allez ! 1, 2, 3... »

Vive comme le vent, silencieuse comme une ombre, Mimosa s'était enfuie sur la pointe des coussinets et avait bondi pour accrocher ses griffes à l'écorce de l'arbre, grimpant difficilement jusqu'au premier croisement de deux branches et s'y dissimulant, cherchant son souffle, cherchant - aussi - à le retenir. Shhhh. Il ne fallait pas se faire prendre !