S'énerver ? S'écheveler de nerfs - end

- Tu aurais mieux fait de me mordre quand tu pouvais, parce que là, tu es parvenu à me mettre en colère.

Déstabilisé un instant par le coup, l'apprenti secoua un instant sa tête en se maudissant. Il allait devoir mettre plus d'entrain dans ce combat s'il voulait vraiment arriver à quelque chose de potable… Si les cauchemars peuplant son sommeil le quittaient, l'effort dans ce combat-ci aurait été plus significatif ; néanmoins, ses muscles courbaturés ne l'aidaient point à monter dans l'estime du guerrier tigré. Il nota donc, quelque part dans sa tête, l'intention d'aller demander un conseil au guérisseur pour bien se reposer, se trouvant un peu pitoyable en cette journée. Après cette petite intervention de son esprit, il se reconcentra sur Crocs Nacrés et gronda légèrement, n'ayant pas l'intention de laisser encore passer des secondes avant d'attaquer. Il bondit donc vivement vers son mentor, dans l'optique de retomber à ses côtés pour assener une frappe sur ses pattes derrière.

…

Une feuille. Il atterrit bien à côté du faux guerrier ennemi, mais avait oublié une notion importante ; la saison. En effet, les maigres feuilles ne se trouvaient maintenant plus dans les rares arbres, mais bien au sol ! De fait, il glissa donc comme un idiot sur celles-ci, finissant en roulée boulée quelques queues de souris plus loin, le pelage ébouriffé et les quatre pattes en l'air. Il se releva brusquement, un peu gêné, et remarqua du même coup qu'il était rendu dans la frontière des vrais ennemis. Embarrassé, il bondit dans son propre territoire et exposa un pauvre sourire gêné ;

- Euhhh.. J'ai glissé..

triste vie:

Spoiler:

- Ça m'a tout l'air d'être le bon moment pour une petite sieste, t'es fatigué et on s'est bien entraînés.

L'apprenti s'ébroua en hochant la tête, enlevant le reste de saleté qui s'était mélangé à son manteau roux. Comme à leur nouvelle habitude, le plus grand s'étendit près de lui et le jeune le rejoignit, lâchant un doux ronron de satisfaction. Les siestes qu'il partageait avec Crocs Nacrés n'étaient généralement point ponctués de cauchemar, et pouvait-il donc faire des sommeils profonds qui le revigoraient plus que ses vraies nuits.

- Quand tu t'exposes à un ennemi, faut que tu comprennes très vite que tu prends un risque. Et que tu réagisses. On aurait pu profiter de ta chute, par exemple. Y'a des fois où tu dois pas hésiter à fuir si tu te sens en danger.

Il articula un '' c'est compris '' silencieux, celui-ci s'écrasant dans les bourrasques de vents qui se faisaient de plus en plus fortes. Nuage du Vent fit gonfler son pelage pour se réchauffer suite à ces petites attaques de la nature, s'imaginant une dernière fois dans un combat en espérant, d'un côté fantaisiste, que cela n'arriverait jamais. Pourtant, bien sûr qu'il y allait avoir des pertes et des pluies de sangs, des cris déchirants dans la noirceur ! La guerre n'était jamais loin, les conflits ne s'éteignaient que rarement et les ennemis gagnaient souvent ; ce qu'il lui fallait, c'était l'espoir de les vaincre. Peu importe s'il mourrait au combat, lâchant un long râle en guise de sa dernière volonté.. Il fallait arrêter tout ça. Allait-il pouvoir vive enfin, enfin une vie qui allait être digne de ce qu'il pensait ? Il le voulait atrocement. Il en voulait à ces chats.

- Désolé…

Ses deux prunelles pivotèrent avec lenteur vers le tigré, caressant le corps qui tremblait péniblement à ses côtés ; et alors, comme s'ils ne faisaient qu'un chat, comme s'ils se connaissaient depuis le début des temps, il bougea. Il bougea pour s'approcher de l'être qui, dans le fond, n'était qu'une âme perdue parmi tant d'autres, qui n'avait probablement rien quémander des douleurs innommables de sa vie. Puis, comme un frère, comme un fils, il posa délicatement son museau sur la patte de son camarade.. Les deux fourrures se mélangèrent et, de son geste qui se voulait doux, esquissa une réponse dans sa tête, autant pour lui que pour le mâle. Peut-être ne la disait-elle pas de voix vive, mais, par son rapprochement, pardonnait - quelle que soit la raison, la faute au matou.

tout va bien aller

Spoiler:

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Le petit s'éveilla doucement sous le coup de son confrère, et, de ce fait, laissa avec tendresse la lumière récupérer la place que la noirceur d'encre avait volé. Ce vol ingrat se dissipa en rayons clairs qui caressaient ses prunelles, en douces étreintes du vent qui avait peu à peu diminué de sa puissante cadence, en paix. Une nouvelle chaleur couvrit donc les deux corps, comme si les deux âmes se trouvaient dans l'oeil d'une tempête, et que personne ne pouvait les déloger de ce sentiment de quiétude.

- Il va falloir rentrer, maintenant ! Sauf si tu te sens en pleine forme, on pourrait essayer de ramener quelque chose à manger pour Patte Venteuse et les autres.

Un sourire prit vie sur le faciès du doré, se développant au contact des chauds rayons qui balayaient onctueusement la lande. Il se leva doucement, et avec lui élimina le froissement des fourmis créant un chemin dans ses muscles courbaturés. Sa gueule laissa échapper un long bâillement, puis, sans même le savoir, son subconscient se rendit compte d'une chose qui ne le frappa pas tout de suite. Il était bien avec Crocs Nacrés.

- Je suis en pleine forme.

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