So is spaghetti till it's wet [PV. Crocs Nacrés & Brise Argentée] - end

L’heure du partage était arrivée, et, avec elle, un soleil radieux aux rayons qui réchauffaient le coeur des félins en dépit de la fraiche brise d’automne. Nuage des Vents releva la tête. Autour d’elle, le Clan était relativement paisible, partageant quelques mots autour d’un lapin chassé la veille ou le matin même pour les plus chanceux ou les palais les plus fins.

Ce n’était pas vraiment son cas. Dans sa tête, de nombreux tourments subsistaient et prenaient, la nuit, la forme de cauchemars plus étranges les uns que les autres.



Cette nuit là, elle s’était retrouvée dans un lieu sans étoiles ni herbe, ni arbres. Ni rien. Le néant le plus simple et le plus total. Le plus étrange avait été ses pattes. Elles étaient blanches. Comme le reste de son pelage. La robe de Nuage des Vents avait perdu le peu de couleurs qu’elle possédait pour emprunter un blanc immaculé. En avançant, elle avait remarqué que le sol n’était qu’une vaste flaque composé d’un liquide à la texture semblable au sang. Du sang noir sans odeur.

Soudainement, celui-ci avait commencé à imbiber ses pattes, puis sa queue, ses oreilles et à couler de ses yeux pour en colorer les contours. Son reflet dans cette étrange eau visqueuse lui indiquait qu’elle avait fini par reprendre ses couleurs.

Mais ça ne s’arrêtait pas là. Le noir continuait de monter, ignorant ses cris angoissés, pour recouvrir tout son corps et ne laisser plus que le bout de ses pattes, son museau et son poitrail blancs. Seuls ses yeux disparates lui permettaient de se différencier de sa soeur, Nuage de Foehn.

Seuls ses yeux disparates lui permettaient de se différencier du serpent, Cobra Royal.

Nuage des Vents recula, choquée. Mais son propre reflet la rattrapa. Où plutôt, le chat qui s’y était introduit. Cobra Royal lui même s’en extirpa, le sourire malveillant, et l’attira avec ses griffes plantées dans ses épaules à l’intérieur de la flaque noire.

Les hurlements de Nuage des Vents se perdirent dans le néant.



Elle se réveilla en sursaut, le pelage trempé de sueur. Dans la tanière des apprentis, tout le monde dormait à poings fermés. Il devait être aux alentours de minuit. Nuage des Vents se leva, encore tremblante et confuse, allant se réfugier aux côtés rassurants de Nuage Lunaire. Depuis leur lune passées en solitaire dans la pouponnière, c’est une habitude qu’elle avait pris.

Et c’est là qu’elle réalisa quelque chose d’étrange.
Et c’est là qu’elle ne trouva plus le sommeil.



Il fallait, pour mieux comprendre, remonter quelques jours auparavant. Nuage des Vents venait tout juste d’être nommée apprentie, et dans la tanière, Nuage d’Eau, une apprentie-sentinelle, se plaignait du comportement de Nuage de Frelon - une camarade - qui avait récemment changé. Elle ne restait plus avec elle, préférant la compagnie d’un mâle avec qui elle n’avait pourtant jamais eu de liens particuliers par rapport à l’amitié sans faille qu’elle possédait avec Nuage d’Eau. En questionnant les anciens, ils lui avaient répondu que Nuage de Frelon était sans doute amoureuse de ce garçon nommé Nuage de Lièvre. Et quand elle avait demandé ce que ça faisait d’être amoureux, ils lui avaient décrit les symptômes comme s’il s’agissait d’une maladie.



Le soucis, c’est que Nuage des Vents ressentait pour Nuage Lunaire tout ce que Nuage de Frelon ressentait pour Nuage de Lièvre.

Elle observa ses soeurs, se demandant si elles se sentaient comme Nuage d’Eau. Les avaient-elles mis à l’écart sans le vouloir?



Avec du recul, ça ne collait pas. Nuage Lunaire était une femelle - il n’y avait aucun doute là dessus - et elle n’avait, ô grand jamais, vu de femelle amoureuse d’une femelle et faire des enfants à une femelle. C’était donc à priori impossible.

Tracassée, elle s’était dit que Brise Argentée pourrait peut-être la conseiller et lui parler de sa propre experience d’adolescente. Mais depuis l’accident, elle n’avait pas vraiment osé l’approcher et lui parler.



Nuage des Vents était donc plantée là, dans un coin du camp assez discret, observant ce qui se déroulait autour d’elle. Comment aborder sa mère, Brise Argentée, pour la première fois depuis l’accident?

Et soudain, elle eut une idée. Elle accourut vers son père, un peu maladroitement, manquant de trébucher plusieurs fois dans l’herbe, avant de l’atteindre.



- Papa-Crocs-Nacrés, avait-elle demandé, tu… tu voudrais bien venir avec moi, manger un morceau avec… maman?



Et c’est comme ça qu’elle s’était retrouvée, logée dans cette antre aux senteurs de plante qu’elle ne parvenait toujours pas à aimer, à partager un lapin avec son père et sa mère.

Nuage des Vents avait été particulièrement tendue en arrivant, effrayée à l’idée que Brise Argentée ne réagisse mal. À priori, tout allait bien. Pour l’instant.



- B- Bonjour maman je… je t’apporte un- un lapin. C’est pas moi qui l’a chassé mais… il a l’air bon… je n’ai encore jamais réussi à chasser…



Elle s’installa à côté d’eux, pas trop proche tout de même, esquivant la fameuse question « tu vas bien? ». Elle n’avait pas envie de connaitre la réponse.

Dans sa tête, tout se mélangeait. Par quoi commencer? C’était la première fois, depuis plusieurs jours, qu’elle renouait avec sa mère, blessée par sa faute.

Pourvu qu’elle ne me demande pas pourquoi j’ai fugué, supplia-t-elle intérieurement. Depuis son retour, elle avait été assaillie par cette question à laquelle elle n’avait jamais pu se résoudre à répondre.



- Dites, fit-elle en s’adressant à ses deux parents. J’ai- j’ai une question… c’est possible de… hum, vous savez… de - d’aimer une… une fille?

Rester là, sans rien faire, toute la journée c’était épuisant. J’étais agacée de ne pas pouvoir courir dehors, embêter les guerriers… etc. Enfin faire ce que je faisais d’habitude quoi. L’agacement n’était pas vraiment la seule chose que je ressentais. Loin de mes filles, j’étais stressée, angoissée à l’idée qui leur arrive un truc. Je ne pouvais pas les avoir sous les yeux, je ne savais pas ce qu’elles pouvaient faire. Surtout que maintenant elles étaient apprenties toutes les trois, c’était une raison de plus de m’inquiéter énormément. Je croyais d’ailleurs que j’étais devenue bien plus irritable, ou plus sarcastique. Rien que l’autre jour, de ses yeux de chiens battu, d’un regard qui me ferait gerber tant l’inquiétude et la tristesse que je lisais sur son visage était forte. Pour moi ce n’était que du mensonge. C’est vrai ? Depuis quand mon père jouerait son rôle ? Il était donc arrivé dans la tanière, presque sur la pointe des pattes, une certaine honte sur sa face de rat.

« Bonjour ma petite Argentée », m’avait-il dit d’une si petite voix que je l’entendais à peine. De ma délicatesse habituelle, je lui avais sifflé ces doux mots : « Oh bonjour, cher père indigne et stupide. Pourquoi tu ne fais pas comme d’habitude ? Ignore-moi, c’est plus simple que de regarder ton joli minois faussement triste et inquiet qui me donne personnellement envie de vomir. Bye bye, et dis bonjour à la route de ma part. ! ». J’en avais même profité pour lui faire un petit signe avec ma patte avant. Cruelle, méchante, mais tout cela d’une voix si mielleuse que c’était comme si je lui souhaitais le meilleur dans sa vie alors que je voulais juste le voir disparaitre en réalité. Il ne se faisait d’ailleurs pas prier. Il avait quitté la tanière, sans dire un mot de plus, la tête et la queue basse. Je me demandais quand même si je n’étais pas trop méchante… Puis je me rappelais de sa non présence dans ma vie, finalement, je lui demandais juste de ne pas chambouler ses habitudes, pauvre papi qu’il était.

Enfin, aujourd’hui était un autre jour, mais pourtant identique aux autres. Défilé de boulet avec une épine dans la patte criant « oh la la je vais mourir », tout ça devant moi, qui avait faillit servir de repas à un monstre. Puis face à mon regard de ‘’continue à te plaindre pour un rien et je te fais ravaler ta face’’, bizarrement ils se taisaient. Quel pouvoir j’avais sur mes bons camarades ! Trêve de sarcasme, j’attendais des nouvelles de mes filles, elles venaient me voir régulièrement, sauf Nuage des Vents. Je pense qu’elle se sentait simplement comme moi au même moment, lorsque moi aussi j’avais provoqué l’accident de ma mère, sauf qu’elle n’avait pas survécu. Enfin. J’attendais la visite de mes enfants, qui allait calmer mon inquiétude.

« B- Bonjour maman je… je t’apporte un- un lapin. C’est pas moi qui l’a chassé mais… il a l’air bon… je n’ai encore jamais réussi à chasser… »

Cette voix. Je tournais la tête vers elle, un grand sourire sincère sur le visage. Mon émotion actuelle me rendait totalement différente de d’habitude. J’étais maintenant plus douce, plus gentille, je devais avoir ce qui s’appelait, le comportement d’une mère. J’essayais de tendre le cou pour lui donner une léchouille sur la tête, ronronnant doucement, mais elle s’était installée loin de moi, à mon plus grand désarroi.

« Oh je suis sûr que pour cet hiver, pas de souci, elle saura s'y prendre. »

C’était Crocs Nacrés, son père. Je me demandais ce qu’il faisait ici, mais ce n’était pas important. Evidement qu’elle allait s’en sortir après ma petite chérie.

« Je n’en doute pas un seul instant. »

Je montrais vraiment la confiance que j’avais en mes petites, elles devaient savoir qu’elles auraient, quoi qu’il arrive, mon plus grand soutien. Cependant, Nuage des Vents semblait comme… Gênée. Quelque chose la tracassait ?

« Dites. J’ai- j’ai une question… c’est possible de… hum, vous savez… de - d’aimer une… une fille ? »

Je ne voyais pas trop où elle voulait en venir. Mais j’allais lui donner la réponse qui me semblait le plus juste. C’était possible d’aimer une fille, seulement entre une mère et son enfant, sinon c’est… Bizarre. Je veux dire, c’est si rare que ça ne peut être qu’une maladie ! Et comme toute maladie ce n’est pas bon signe. Crocs Nacrés lui demandait si elle pensait qu’on ne l’aimait pas. Je ne relevais pas plus que ça et décidait de lui mettre en tête que seul l’amour entre une mère et sa fille était possible.

« Je dirais que oui, mais seulement entre une mère et sa fille. Tu vois ce que je veux dire ? Moi par exemple, je vous aime énormément, et s’il vous arrivait quelque chose je serais bien malheureuse. C’est ça dont tu voulais nous parler ? »

Nuage des Vents baissa la tête. Je ne semblais pas avoir répondu à sa question. Je crois comprendre ce qu’elle voulait dire, et je m’en inquiétais d’avance. Je ne sais pas comment elle avait attrapé cette maladie mais… Il fallait qu’elle guérisse. Je n’avais pas besoin d’en entendre plus, à sa manière d’agir j’avais compris. En vérité, je ne comprenais pas vraiment comment fonctionnait cette maladie. Elle était étrange. Mais en tout cas, ses symptômes n’était vraiment pas logique, aimer une fille, ce n’était pas… Naturel ? Je soupirais, comment dire à ma petite chérie qu’elle était simplement malade…

« N- non… ahah… C’est… en fait c’est pour - hum - une amie… elle m’a… elle m’a dit qu’elle était… amoureuse d’une fille comme - comme toi et pa- non, mauvais exemple… comme… »

Effectivement mauvais exemple. Il n’y avait qu’une certaine attirance mais pas d’amour. Est-ce qu’un jour je serais capable d’aimer quelqu’un de cette manière ? J’en doute ! Les mâles j’en fais mon repas ! Nuage des Vents semblait de plus en plus gênée.

« Comme… Tonton-Puissant Guépard et son ancienne apprentie…? Non, je ne sais pas… enfin je n’ai pas d’idée mais… amoureux quoi, comme un couple de chats normaux… mais avec deux filles… »

Une amie hein ? Tout me semblait assez clair que c’était elle qui ‘’aimait’’ une fille. Je n’étais pas en colère contre elle, loin de la, ce n’était pas de sa faute si elle était tombée malade. Enfin, j’étais prête à lui expliquer, quand son père étala sa science infuse.

« Tu veux dire qu'elle aimerait faire des chatons avec une copine ?, puis en me regardant, Tu penses que c'est possible, ça ? »

En fait c’était de l’humour un peu maladroit. Je levais les yeux au ciel, qui était en fait le plafond de la tanière hein, en soupirant, et en faisant signe de non avec la tête.

« Les apprentis disent souvent des bêtises, mais t'inquiète pas, on dort toujours mieux à plusieurs ! Et tu risques pas de faire des chatons avec Nuage Lunaire ou avec tes sœurs, ma chérie ! »

Bien tenté, mais il n’avait pas compris. Il fallait que je prenne les choses en patte.

« Ecoute ma chérie, aimer une fille c’est… Comment dire… Pas normal. Attention hein, ce n’est pas de ta faute, et en aucun cas je vais t’écarter de moi non, au contraire, je vais t’aider. Aimer une fille quand on en est une, ou aimer un garçon quand on en est un, c’est être malade. Je ne sais pas trop comment fonctionne cette maladie, mais je suis sûre que ça peut être soigné. Mais je serais là. »

Je la regardais avec tendresse, pour qu’elle comprenne que je l’aimais quand même et que je ne l’abandonnerais pas.

- Tu veux dire qu'elle aimerait faire des chatons avec une copine ?
- QUOI? N-non! Bien sur que non!

Nuage des Vents regarda le sol, totalement déstabilisée. Pourquoi avait-elle commencé cette discussion? C'était pire que tout ce qu'elle avait pu imaginer. Son père ne comprenait rien, sa mère semblait se douter de quelque chose, et elle se sentait plus seule que jamais.

- Tu penses que c'est possible, ça ? pouffa Crocs Nacrés.

Elle rougit, fixant le sol d'un air angoissé. Elle se sentait blessée par la réaction de son père, terriblement idiote. Pourtant, impossible de nier qu'elle ressentait quelque chose. C'était là, il y avait un truc, mais elle ne savait poser aucun mot sur ce fameux truc, et personne n'avait l'air de vouloir la prendre au sérieux. Pendant un long moment, Nuage des Vents se senti toute petite, stupide, et seule.

- Les apprentis disent souvent des bêtises, mais t'inquiète pas, on dort toujours mieux à plusieurs ! Et tu risques pas de faire des chatons avec Nuage Lunaire ou avec tes sœurs, ma chérie !

La femelle aux yeux bicolore ouvrit la gueule dans un sourire forcé et gêné pour essayer de changer la conversation, pour essayer de fuir cette situation qui la perturbait déjà beaucoup trop.
Ah oui, c'est vrai, j'avais prévu un truc avec Nuage d'Alizé! ou encore Oh, je crois que les anciens m'attendent, je dois y aller, désolée. Un petit mensonge, rien de bien méchant, pour essayer de réparer cette horreur qu'elle venait d'engendrer. Ce repas de famille était le pire de toute sa vie.

- Je-
- Ecoute ma chérie, aimer une fille c’est… Comment dire… Pas normal. Attention hein, ce n’est pas de ta faute, et en aucun cas je vais t’écarter de moi non, au contraire, je vais t’aider. Aimer une fille quand on en est une, ou aimer un garçon quand on en est un, c’est être malade. Je ne sais pas trop comment fonctionne cette maladie, mais je suis sûre que ça peut être soigné. Mais je serais là.
- Ah.

Ses oreilles s'étaient baissées à "pas normal", ses sourcils affaissés dans un air triste et déconcerté à "t'écarter de moi" et "être malade" - car l'idée que celle-ci était passée dans la tête de sa mère lui serra le coeur - puis un petit sourire gêné et confus s'ajouta lorsque sa mère prononça "je serais là".
Comment était-elle supposée réagir? Elle ne savait pas pendant de longues secondes, et pour cette raison, un simple "Ah" s'échappa de sa gueule, après ce flot d'informations. Elle ne voulait certainement pas décevoir sa mère, mais...

- Mais je ne me sens pas malade! Je... j'entend juste mal, mais sinon ça va, je vais bien. Je vais mieux. Nuage Silencieux n'a rien trouvé et...

Ça n'avait absolument pas aidé Nuage des Vents, qui se sentait encore plus perdue qu'avant l'intervention de ses parents. À ce moment, elle ne voulait que disparaitre.

- Au final, c'est peut-être rien du tout, tu sais, je ne sais même pas c'est quoi l'amour, j'ai jamais rien ressenti pour un garçon, donc c'est peut-être juste autre chose, que j'arrive pas à nommer, c'est tout.

Ne pas décevoir papa et maman était le mot d'ordre. Jamais.

Elle échappa un petit « Ah ». Mauvais signe ? Elle semblait si distante, j’ai peur de lui avoir dit quelque chose de mal.

« Mais je ne me sens pas malade! Je... j'entend juste mal, mais sinon ça va, je vais bien. Je vais mieux. Nuage Silencieux n'a rien trouvé et... »

Elle ne comprenait pas, ce n’était pas une maladie visible, elle était étrange et encore incomprise. Le mot « pas normal » est probablement très fort, c’est vrai mais en même temps, ce n’est pas logique ? Non ? Pourquoi irions-nous avec des félins du même sexe que nous ? C’est forcément étrange. Ça la tracassait plus qu’autre chose. Je voulais l’accompagner, être là pour elle, pour l’aider, lui faire comprendre que même si elle avait cette petite maladie, qui doit certainement se soigner, n’était pas grand-chose. Ce n’était que temporaire, et en aucun cas je n’avais honte de ma fille. Celui qui toucherait à un seul de ses poils n’aurait même pas le temps de dire ‘’ouf’’.

« Au final, c'est peut-être rien du tout, tu sais, je ne sais même pas c'est quoi l'amour, j'ai jamais rien ressenti pour un garçon, donc c'est peut-être juste autre chose, que j'arrive pas à nommer, c'est tout. »

Juste une affection très forte ? J’étais peut-être partie trop loin en déduction. Au moins elle a eu le courage de nous en parler à tous les deux. Même devant son père un peu benêt.

« Ne te prend pas la tête avec ça, ma puce, et puis de toute façon, tu es toute petite, c'est normal que tu ne comprennes pas grand-chose, ces choses-là viennent toutes seules, avec le temps. Tu m'aurais vu, à ton âge... »

Pour une fois il disait quelque chose de censé ! Il n’était peut-être pas si benêt que ça ? Je hochais la tête, d’accord avec Crocs Nacrés.

« Et surtout n'aie pas peur de faire plein de gros câlins ! Je suis sûr que ça fait au moins vingt lunes que ta mère n'en a pas eu. »


Je dirais moins que ça… Mais cette réflexion je la gardais pour moi-même, il y a des choses qui devaient rester intime tout de même. Enfin je levais les yeux au ciel, vaguement amusée par ce que venait de dire le matou gris. Je prenais une voix douce pour la rassurer avec un léger ronronnement.

« Prend ton temps va, ton père à raison, tu verras bien et ne te prends pas la tête avec ça. »

En bons parents qu'ils étaient, Brise Argentée et Crocs Nacrés essayèrent de la rassurer lorsqu'ils virent une once d'angoisse sur son visage. Ou peut-être était-ce eux-mêmes qu'ils voulaient rassurer avant tout, un peu perdus face à leur nouveau devoir de parent maintenant que leurs trois enfants expérimentaient les fièvres et les joies du monde amoureux pour la première fois.

- Ne te prend pas la tête avec ça, ma puce, et puis de toute façon, tu es toute petite, c'est normal que tu ne comprennes pas grand-chose, ces choses-là viennent toutes seules, avec le temps. Tu m'aurais vu, à ton âge...

Nuage des Vents fronça le museau dans un sourire étrange, perdu entre la gène et l'amusement. Elle ne savait pas vraiment si elle avait envie de le voir à son âge... ne sachant pas à quoi s'attendre... Brise Argentée hocha la tête, afin d'appuyer ses propos.

- Et surtout n'aie pas peur de faire plein de gros câlins ! Je suis sûr que ça fait au moins vingt lunes que ta mère n'en a pas eu.
- Ahah...

Crocs Nacrés pouvait vraiment devenir gênant, de temps en temps. L'apprentie rentra la tête dans les épaules pour se faire plus petite, tournant le regard vers sa mère. Qu'en pensait-elle, de tout ça? Enfin, au delà de la maladie.

- Prend ton temps va, ton père à raison, tu verras bien et ne te prends pas la tête avec ça.

Génial. Elle était bien avancée maintenant.
Nuage des Vents repoussa son morceau de proie vers ses parents, pour les laisser finir le repas. Elle n'avait pas vraiment envie de rester ici plus longtemps.

- Oui vous avez raison je vais... prendre mon temps!

J'aurais aimé le prendre, ce temps, pensa-t-elle alors qu'elle souriait à ses parents tout en s'étirant. Mais j'ai pas décidé moi, d'avoir tout ça.
Nuage des Vents se redressa dans cette grande tanière qu'elle trouvait trop étroite et s'en alla saluer ses parents dans une courte étreinte chaleureuse. Elle ne se sentait toujours pas comprise, et tout ça n'avait pas été d'une grande aide... Après tout, ils avaient peut être raison. Peut-être que c'était une maladie qu'elle avait attrapé quelque part, ce qui expliquerait pourquoi elle se sentait bien seule, à cet instant.

- Je vais devoir y aller, les autres m'attendent, et... hm...

À ce soir? À demain? À la semaine prochaine? Quand? Quand les reverrait-elle, quand irait-elle lui rendre visite à nouveau, dans cette antre qu'elle détestait tant? Ne sachant pas quoi ajouter d'autre, elle se contenta de hausser les épaules pour ponctuer sa phrase maladroitement.

- Bonne journée!

Nuage des Vents détala comme un lapin, avec toujours la même confusion qu'à son arrivée, et peut-être même un peu plus.

[Comme Brise meurt j'ai écourté un peu, comme ça tu peux clore plus rapidement tes RPs Merci à vous deux!]