LP - Assemblée & Bataille | Lune Rouge - end

NOTE: POUR LES ABSENTS, AFIN QU'ILS N'AIENT PAS À LIRE TROIS LONGUES PAGES DE RPS, UN RÉSUMÉ GLOBAL DE CE QUI S'EST DÉROULÉ À L'ASSEMBLÉE DEPUIS LE DÉBUT EST DISPONIBLE EN FIN DE PAGE TROIS

La pleine lune se faisait puissante dans le ciel, si lumineuse qu’elle en cachait leurs ancêtres. Étoile de Pierre cracha. À l’époque, cet « astre » géant n’était qu’un indicateur pour les évènements majeurs comme les assemblées. Aujourd’hui, elle rappelait aux chats de Cerfblanc une funeste vérité: leur forêt était envahie par des hérétiques, prêts à tout pour les supprimer, eux et leurs étoiles, et imposer leur pouvoir.
L’idée de revoir Étoile de Suie lui donnait la nausée. Les chatons volés leur avaient été rendus depuis, mais l’une de ses filles était morte sur leur territoire. Depuis qu’il avait récupéré son petit corps rigidifié par la mort, le meneur n’avait qu’une seule pensée en tête: il lui ferait payer, trêve ou non, peu importe les moyens.

Le pelage bleu lustré d’Étoile de Pierre cachait un état plus déplorable; des blessures et une certaine maigreur qu’il n’était encore parvenu à effacer. Mais qu’importe. L’essentiel lors des assemblées, c’était le paraitre. Paraitre fort, puissant, insoumis. C’est tout ce dont ils avaient besoin. Et comme son prédécesseur, Étoile du Corbeau, il n’hésiterait pas à mentir pour cela.
Lapis Lazuli aurait avorté cette idée avant même qu’elle ne lui vienne. Mais Lapis Lazuli était mort. Étoile de Pierre avait changé, forgé par les pertes, la douleur et la colère. La notion d’honneur lui était désormais toute différente. Ses craintes s’étaient réalisées malgré lui: le pouvoir avait eu raison de ce qu’il était.

Pressant le pas, accompagné par Douce Orchidée, Nuage des Ruisseaux, ses guerriers et apprentis, ils ne tardèrent pas à arriver à proximité quatre chênes.
Sautant pour accéder à sa branche, il fut prit d’une idée délicieuse. Étoile de Suie, encore blessée à la patte suite au coup de crocs qu’il lui avait infligé, tombant avant même d’avoir pu atteindre sa place sur le chêne.

Le Clan de la Rivière était vraisemblablement le premier arrivé. Silencieux, le meneur parcourra les siens du regard. Il leur avait ordonné de manger avant leur départ. Les tensions étaient à leur comble ce soir, et il voulait que les siens se tiennent prêts si le Clan du Tonnerre venait à faire des siennes. Ils avaient insulté les Étoiles de nombreuses fois en créant leurs alliances et savait l’ambition folle de la vieille cheffe à toute épreuve. Elle serait capable, si l’idée venait à la traversée, d’attaquer ses rivaux.
Il était hors de question de perdre une nouvelle fois contre eux.

Nerveux, il s’étira de tout son long et se lécha la patte d’un air indifférent en attendant les autres, soucieux à l’idée que sa nervosité soit découverte.

Spoiler:

Cette fois-ci, elle devait avoir lieu. Se fondant dans l’Ombre des buissons, des arbres, formée par la lumineuse Lune, mes guerriers et moi nous dirigeons vers les Quatre Chênes. Brillante, inquiétante, pâle, presque lugubre, elle n’annonçait rien de bon, même si elle prônait fièrement dans le ciel nocturne. Je me demande si nos ancêtres nous en voudraient, si nous brisons la trêve sacré pour faire fuir… La Lune. J’espérais sincèrement qu’ils ne se présentent pas cette nuit, nous devions mettre les choses au clair avec les autres clans, savoir ce qu’il se passe chez l’un et chez l’autre. Si le Tonnerre est toujours un traitre. Une déclaration de guerre lors d’une assemblée est-elle considérée comme un affront ? Une chose est sûre, cette nuit sera tendue et pleine de surprises, pas forcément bonnes.

Depuis notre bataille contre les Lunar, nous nous étions remis, ou du moins, nous étions sur la bonne voie. Mes blessures n’étaient plus douloureuses, bien qu’elles tiraient légèrement, à cause de la cicatrisation, et c’était la même chose pour mes camarades, du moins de j’espérais. Sans encombre, nous traversons le tunnel sous le chemin du tonnerre, s’était un moyen sécurisé de se rendre aux assemblées. En sortant de ce dernier, le lieu de rendez-vous n’était plus très loin. Je fis signe aux miens d’accélérer le pas mais en silence. Êtres silencieux et discret que nous sommes, nous arrivons juste aux couverts des buissons qui entouraient la clairière. La queue haute et droite, je leur dis de s’arrêter le temps que j’observe les environs. Le clan de la Rivière était déjà présent, l’endroit sentait bien le poisson. Mais aucune trace des Lunar Pod. Bonne nouvelle. Petit mouvement vers l’avant, je fais signe à l’Ombre de me suivre et d’entrer. Tels des rôdeurs silencieux, nous faisons notre arrivée auprès du seul clan présent pour le moment. Etoile de Pierre est déjà sur les branches en hauteur, alors je m’en vais le rejoindre pour le saluer. Je hoche la tête vers le meneur et lui dis respectueusement :

« Bonsoir Etoile de Pierre. »

Il y a quelques temps maintenant, nous avions convenu à une alliance suite aux bouleversantes nouvelles que m’avait annoncées le chef. C’est d’ailleurs quelques temps après, lors de ma première assemblée en tant que meneur de l’Ombre que j’ai vérifié ses dires. J’observe l’assemblée, encore incomplète avant de dire, l’air grave :

« J’espère que cette assemblée sera sous le signe de la paix. Je ne tiens pas à ce que nos ancêtres soient en colère. De nouveau. »

Le soir tant attendu arriva enfin. Ces connards de Lunar Pod avaient fini par déserter les Quatre Chênes. De toute manière, cette fois-là, peu importait qu'ils y soient ou non. La fin de ces hérétiques et meurtriers était proche. Nous les aurions chassé. Il n'était plus question de discussion, de mesure, ou de prudence aujourd'hui. Mon intense tristesse suite à la disparition de Nuée d'Alcidés avait laissé place à une rage incommensurable. Je ne saurais tolérer leur présence plus longtemps. Ils avaient détruit ma famille. Non seulement ma famille, mais mon clan tout entier. L'unité à laquelle j'avais aspiré à ma nomination pour le vent était brisée. Partie en fumée.
Tâche d'If semblait tout aussi atteinte que moi. Elle que j'avais choisi pour calmer ma tendance xénophobe se révélait peu à peu tout aussi intransigeante que moi. Nous avions donné nos dernières recommandations... à savoir qu'aujourd'hui il était inutile de cacher notre animosité. Il fallait certes respecter la trêve et donc ne pas engager de combats ni physiques ni verbaux... Mais être froid et distant était tout aussi efficace. Et ce, surtout à l'encontre du clan du tonnerre. Les traîtres. Je les tenais tout aussi responsables de nos morts.

Le chemin se fit en silence. Nos pas résonnaient comme résonnerait le glas annonçant un chemin imminent. Aujourd'hui serait probablement une assemblée historique... Je ne ressentais aucune appréhension ni peur. J'étais juste déterminée, la fourrure hérissée comme en feu. Je devenais la colère-même, sans aucune limite.

Une fois arrivé, je ne lançais pas un regard sur la foule de chat. Je rejoignis les autres chefs sans piper mots. Je ne cachai en rien mes sentiments. Des flammes semblaient sortir de mes prunelles, mes griffes s'étaient plantées au sol, comme des preuves matérielles de ma fureur. Contrairement à eux, le clan du vent n'avait jamais attaqué. J'étais en pleine forme, et non pas en piteuse état comme les deux autres meneurs. J'étais prête à en découdre. Le si faible clan du vent, pas si faible que ça hein... Je restai muette, sans les saluer, en fixant la place vide d'Etoile de Suie. Qu'elle arrive vite, qu'on en finisse.

Assemblée | Lune Rouge.

Cobra Royal avançait d'un pas calme, juste derrière Tâche d'If étonnement, il la délaissa pourtant bien vite lorsque son clan arriva et si sa meneuse et sa lieutenante se montrèrent particulièrement froiude, lui comptait bien usé de sa langue sifflante pour obtenir quelques informations d'importances. Aussi le bicolore ne tarda pas à rivé ses yeux sur quelques ombreux et riviéreux plutôt proche, même si une distance rester palpable. Bien le bonsoir. Il ne comptait pas montrer ce froid que la cheffe voulait que tous affiche, non, mais Cobra Royal savait qu'elle ne le lui reprocherait rien si jamais il parvenait à obtenir des informations. Aussi siffla t'il sur un ton plus bas. Manque encore les traîtres de la forêt eux et ... les illuminés même si eux peuvent parfaitement rester cacher, nous sommes sur ce point, tous d'accord, je suppose. Ronronnement moquer alors qu'il s'asseyait, enroulant sa queue autour de ses pattes, matou sur de lui. Nuée d'Alcidés manquait à l'appel et, fait moins troublant, Cœur Fleuri aussi. Si la première était devenue une traîtresse, le second avait fini par se faire tuer, sa mauvaise humeur ayant sans doute jouer son rôle. rester ce pauvre malheureux Silence pour gérer les remèdes, malgré tout, il sembla au guerrier que les autres clans semblaient bien mal en point en rapport à eux.

Les voisins de la rivière avait le regard à la fois dure et terne, détonnant mélange qui trahissait autant leur nervosités que leurs fatigues, et il ne pouvait dire mieux de ceux de l'ombre dont les corps porter ça et là trace de cicatrice plus où moins récentes, difficile d'en juger puisque la dernière assemblée remonter à deux pleine lunes plus tôt. Mais si le guerrier n'en dirait mot, ses yeux bleus scrutateur n'en ratait une miette. Oui, l'ambiance était d'or et déjà électrique alors même que le tonnerre brillait encore par son absence et donc, son retard. A supposer que la grosse créature qui leur servait de cheffe parvienne à rouler jusqu'aux quatre chênes. Finalement, pour une fois, Cobra Royal passerait outre son dégoût que lui inspirait les autres, le besoin d'informations étaient trop grand. Car pour gouverner dans l'ombre, ne devraient ils pas connaître tous ses ennemis ? Après tout, garder ses ennemis près de soi étaient parfois un choix judicieux ...

Marchant silencieusement derrière son meneur, sa lieutenante et son guérisseur, Museau Bleu se mêlait au groupe de tête, dans ce flot de fourrures familières qui, quoique présentes autour d’elle, ne parvenaient pas à la calmer. La guerrière à la pelisse beige et grise se parant de bleu sous la froide lumière argentée de la lune qui éclipsait les étoiles frissonnait presque dans le vent, cachant sous une silhouette forte, agile, élancée, les blessures de son âme. Les chatons enlevés par le clan du Tonnerre avaient été rendus, certes, mais Améthyste avait rejoint trop jeune leurs ancêtres, au milieu des étoiles qui s’estompaient dans les ombres en un tableau cruel sur le canevas du ciel, leur rappelant que les illuminés ayant mis à sac leur forêt leur volaient tout ce qu’ils avaient. La vétérane continuait de croire aux Étoiles, mais si la force de sa foi la menait, comme une douce étincelle au creux de son cœur, se mêlant à l’océan d’affection qu’elle avait pour ses proches, elle savait bien que tous vacillaient.

Ils avaient mangé avant de se mettre en route, s’étaient préparés à toutes les éventualités – y compris un combat, malgré la trêve – et si la féline de sable et d’écume au museau paré d’un indigo léger comprenait, elle n’approuvait pas. Elle n’approuvait pas la manière dont tout s’était brisé, et son Clan l’inquiétait : Étoile de Pierre avait changé, Douce Orchidée était encore très jeune lieutenante, et Nuage des Ruisseaux… Oh, leur guérisseur était doué, et c’était un bon élève auprès d’Esprit Soucieux, apprenant tout ce qu’il fallait pour leur sauver la mise ; mais une guerre – car c’était ce qui couvait – les mettrait tous à rude épreuve. Et Museau Bleu ne voulait pas ça. Ils avaient trop de tout jeunes apprentis, trop à perdre, et une guerre fratricide serait douloureuse.

Chassant ces pensées et enfouissant ses inquiétudes au plus profond d’elle-même, la fille de la Rivière calma la cascade de larmes qui menaçait, le torrent d’émotions conflictuelles qui emplissait son âme, et elle inspira profondément avant d’observer son Clan, qui s’éparpilla bientôt, rejoint par le Clan de l’Ombre. Bon. Peut-être serait-il bientôt temps de rejoindre d’autres guerriers parmi leurs alliés… Partout, les pelages et les corps mais aussi les regards étaient marqués par ce qui s’était passé : nouvelles cicatrices, étincelles disparues, fourrures moins brillantes, corps plus maigres, et cette expression de fatigue chez certains. Ambre, saphirs, émeraudes… Tant d’yeux différents. La femelle balaya de ses propres prunelles le Clan du Vent, arrivé également, et finalement, tendue, s’installa non loin des chefs pour attendre les seuls encore absents… Tous n’étaient pas mauvais au Clan du Tonnerre, l’acte de rendre les chatons l’avait prouvé, mais à la seule pensée d’Étoile de Suie, les griffes de la riveuse laissèrent dans la terre meuble une jolie balafre. Une œuvre d’art qui n’aurait été que plus sublime dans la chair et la fourrure de cette meneuse indigne au cœur de renard.