Apprends-moi à grandir | ft Chant d'Alouette - abandon

Enthousiasme.
Respect.
Trouble.
Tempête.
Colère.
Protection.
Joie.
Fierté.
Calme.

Tout un tas d'émotions s'étaient succédées dans le cœur, la tête, les yeux de la belle jeune fille tigrée, ce matin-là; Nuage du Mimosa était bouleversée par tout ça, tempétueuse, mais finalement, ayant triomphé par rapport à sa timidité, au moins un peu, exquis moment de victoire, ayant pu annoncer son baptême à son ami Nuage du Corbeau, apprenti guérisseur, et renouveler sa promesse, elle était heureuse; cela étant dit, sa visite au royaume des plantes ne fut que bref: elle devait aller retrouver sa mentor... Celle-ci, ayant été retrouver son fils, se tenait un peu à l'écart de tout ce chaos qui avait éclaté, plus tôt; à cette pensée, un air désolé éclot sur le visage de la nouvelle apprentie, mais elle se fit plus sage, posée, quoique réservée, et s'approcha donc, à pas lents, du duo, pour saluer convenablement la guerrière. Au passage, elle inclina la tête vers le fils de celle-ci, puis déclara, d'une voix douce:

« Bonjour, Poils de Suie ! Je venais juste te saluer, Chant d'Alouette... Je n'ai pas eu l'occasion de bien respecter le cérémonial, tout à l'heure, et donc, je suis désolée pour ça, aussi... Voilà. Je voulais m'excuser, et je me demandais, aussi, si tu voulais commencer l'entraînement dès aujourd'hui. Si oui... Me voilà. »

Un timide sourire se dessina sur son petit visage.
Au fond, même si elle n'avait pas envie de se battre,
Elle voulait découvrir le monde, les proies, les plantes;
Elle voulait chasser, patrouiller, s'entraîner, aussi,
Pour pouvoir veiller sur ses camarades, ses proches.
Alors oui, elle voulait, bien sûr, devenir apprentie,
Pour savoir tenir ses promesses, devenir grande, forte.

Son regard d'or
Prunelles soleils
Resterait néanmoins
Doux et gentil
Loyal et souriant
Aimant et patient
Et elle tourna son sourire
Vers le fils de sa mentor
Toujours gentille.

« J'ai hâte d'apprendre ! » ajouta-t-elle, lumineuse.

Elle l'admirait un peu, d'être devenu guerrier contre toutes les épreuves, contre vents et marées; dans les pensées innocentes de Mimosa, peut-être qu'elle aussi pourrait devenir une bonne guerrière, capable de servir son Can, de rendre son père, sa mère, sa fratrie, sa famille et sa mentor fiers d'elle ? Oui, elle espérait un jour, voir leurs yeux briller, et son père la féliciter, en lui donnant ce nouveau nom, quand elle serait grande; elle espérait pouvoir chasser, les proies comme les remèdes, pour nourrir et soigner ses proches, et tenir sa promesse, d'aider l'apprenti guérisseur, de protéger ses parents, ses cousins, ses oncles, tantes, ses frère et sœurs. Mais pour ça, il fallait...

Une aide
Un modèle
Une guide
Enseignante

Il y avait des mots qu'elle ne pouvait pas dire, mais...
En réalité, ce qu'elle aurait voulu avouer, c'était
Une demande précieuse, timide, mais éclatante, sincère.

S'il te plaît, aurait-elle voulu souffler. Apprends moi à grandir.

Parce que ce chemin si loin des plantes,
La petite princesse de soleil, si réservée
N'avait aucune idée de comment l'arpenter,
Et la route lui semblerait longue, si elle devait
La découvrir, l'apprendre, la connaître
Seule.

S'il te plaît, s'il te plaît, éclaire-moi.

La pluie de mauvaise humeur tombée sur le camp s'était dissipée, et Chant d'Alouette se trouvait bien plus détendue. Toujours assise en compagnie de son fils, jeune guerrier au lourd handicap, elle attendait que Nuage du Mimosa, sa toute nouvelle apprentie, ne pointe le bout de son museau. Elle n'avait pas pensé à l'interpeller, encore moins à la poursuivre, une fois la cérémonie terminée et l'apprentie avait plié bagages. Chant d'Alouette se lècha la patte avant de s'étendre au sol, n'écoutant les paroles de sa progéniture que d'une oreille distraite. Il parlait d'une voie basse, lui faisant un récapitulatif des derniers jours tandis qu'elle lui accordait l'un de ses rares sourires bienveilleux.

La reine dorée faisait confiance à sa nouvelle protégée, ayant croisé son regard sérieux plus tôt, pour revenir assez vite. Elle ne savait pas elle avait bien pu filer, mais il était dans son intérêt qu'une telle situation ne se reproduise pas. Bon, elle laisserait couler pour cette fois-ci, les circonstances étant un peu spéciales.

Quand elle parlait du loup ! Elle vit Nuage du Mimosa sortir de la tanière du guerrisseur, accompagnée d'un plissement de paupières de sa part. Chant d'Alouette se redressa lorsque l'apprentie arriva à leur niveau, accordant à la nouvelle venue une moue sévère contrastant avec la douceur de son regard. Sans une parole, elle invita l'apprentie à s'expliquer, tête penché sur la droite.

- Bonjour, Poils de Suie ! Je venais juste te saluer, Chant d'Alouette... Je n'ai pas eu l'occasion de bien respecter le cérémonial, tout à l'heure, et donc, je suis désolée pour ça, aussi... Voilà. Je voulais m'excuser, et je me demandais, aussi, si tu voulais commencer l'entraînement dès aujourd'hui. Si oui... Me voilà. 
- C'est bon pour cette fois, on y va...

D'un coup de langue sur le sommet du crâne de Poils de Suie, qui protesta légèrement, elle prit congé avant d'entraîner Nuage du Mimosa sur leurs terres. Ce jour était important pour la jeune femelle, il était le premier où elle avait l'occasion de découvrir la beauté de ce territoire qui les nourrissaient. Chant d'Alouette accéléra le rythme, sans pour autant perdre son apprentie, s'éloignant du campement jusqu'en ne puisse plus le soupçonner. Alors seulement, elle s'arrêta.

- Nous ne ferons ni bataille, ni chasse aujourd'hui. Avant de commencer tout cela, il faut comprendre notre territoire. D'un geste de la queue, elle désigna le chemin qu'elles venaient de prendre. Déjà, le campement. Pourquoi, à ton avis, est-il placé là où il est ?

Moue sévère mais regard doux, la belle guerrière au nom d'oiseau qui était devenue la mentor d'une petite fleur d'or paraissait à celle-ci aussi tendre que stricte, et Mimosa songea qu'elle ferait tout pour que la moue se transforme en sourire, parce qu'elle voulait ne plus décevoir son aînée; après tout, se battre, puis filer étudier les plantes, ce n'était peut-être pas le meilleur moyen de commencer la journée. Mais si les deux femelles allaient s'entraîner aujourd'hui, alors peut-être que la brunette pourrait se rattraper ? Son regard d'ambre et de soleil se plongea dans celui, d'un bleu-gris de ciel et de nuages, de l'adulte qui finit par souffler, en guise de pardon:

« C'est bon pour cette fois, on y va... »

Et, après un coup de langue sur le crâne de son fils, elle était partie.
Alors, avec un petit sourire au guerrier, toute gentille, l'enfant la suivit.
Chant d'Alouette accéléra; sa nouvelle apprentie l'imita. Sans une plainte.
Sans un mot. Sa mentor faisait attention à ne pas la perdre, malgré tout.
Et Mimosa, elle, suivait, contente, en observant, découvrant son monde.
Elle aurait bien le temps de faire ses preuves, non ? En tout cas...
Elle l'espérait. Et c'était pour ça, pour aider ses proches, qu'elle ne se plaindrait pas.
Jamais. Elle serait forte et courageuse, pour eux, la sensible petite fille. Elle avait promis.
Parce qu'elle les aimait. Et elle les protégerait. C'était pour ça qu'elle devait apprendre.
Apprendre à aimer. À soigner. À chasser. À protéger. À se battre. Apprendre à grandir.
Chant d'Alouette s'arrêta, enfin, et sa voix s'éleva, au milieu des grands bois.

« Nous ne ferons ni bataille, ni chasse aujourd'hui. Avant de commencer tout cela, il faut comprendre notre territoire. » D'un geste de la queue, elle désigna le chemin qu'elles venaient de prendre. « Déjà, le campement. Pourquoi, à ton avis, est-il placé là où il est ? »

De la logique. Mimosa n'était pas sûre d'être courageuse, elle n'était pas sûre d'être forte, ou rapide, non plus, mais si elle avait une certitude, malgré son angoisse, sa timidité et son complexe d'infériorité, c'était qu'elle était loin d'être idiote - et elle adorait son esprit, la petite fille sensible. Les questions, les découvertes, les connaissances, les énigmes, la logique, les réflexions. Elle aimait ça, la brunette. Et que son apprentissage commence par cela lui plaisait - ça la rassurait. Elle réfléchit une fraction de seconde, tentant de visualiser le trajet que les deux ombreuses venaient d'accomplir, et aussi le camp qu'elle avait si souvent vu de l'intérieur. Une réponse lui vint, évidente; rassurée par ce début d'apprentissage, ce fut timide mais plutôt convaincue que la novice tigrée répondit, yeux d'or brillants et petit sourire:

« Parce que c'est plus facile s'il est au cœur de notre territoire, bien caché par tous les sapins. Et il y a la barrière de ronces, pour le défendre ! Comme ça, il est difficile à trouver, et si on le trouve, c'est plus difficile d'y entrer - à moins de savoir où se glisser entre les épines. C'est ça ? »

Aucune vanité, dans cette réponse, dans cette attitude; Mimosa n'était pas exempte de défauts, elle savait même les citer mieux que ses qualités - mais l'orgueil n'en faisait certes pas partie. Elle était simplement soulagée, contente, aussi, et au fond, elle espérait que sa mentor serait fière, juste un peu, de sa petite apprentie. Alors elle attendait, curieuse, aussi, de savoir d'autres choses, patiente mais enthousiaste, à présent: elle avait un monde à découvrir !

Chant d'Alouette vit son apprentie jeter un coup d'œil à la route empruntée, un plie de concentration lui barrant le museau. La question, pas très compliquée, était surtout faite pour amener la jeune femelle à réfléchir et développer ainsi son sens tactique. Et comme on ne savait jamais quels événements étaient amenés à se produire, il valait mieux expliquer dès-à-présent les choix faits par leurs ancêtres, afin que les générations futures n'aillent pas à leur encontre. L'histoire était très importante, puisqu'on apprenait toujours de ses erreurs, ou ici, de celles de ses ancêtres.

- Parce que c'est plus facile s'il est au cœur de notre territoire, bien caché par tous les sapins. Et il y a la barrière de ronces, pour le défendre ! Comme ça, il est difficile à trouver, et si on le trouve, c'est plus difficile d'y entrer - à moins de savoir où se glisser entre les épines. C'est ça ?, eut tôt fait de répondre Nuage du Mimosa.

La reine d'or hocha doucement la tête, assez satisfaite de la réponse de son apprentie. Évidemment, il y avait des raisons dont elle n'avait même pas pensé, mais au moins elle ne lui avait pas sorti une grosse ânerie. Chant d'Alouette s'assit, invitant la brunette à faire de même. Elle n'était pas de ceux qui aimaient se presser, pensant qu'un simple bourrage de crâne n'était jamais utile. Non, il fallait vraiment que Nuage du Mimosa comprenne.

- Ce n'est pas mal ! Avoir un campement au centre du territoire est en effet très utile. Pour accéder aux territoires de chasse ou faire les patrouilles, nous n'avons pas besoin de tout traverser. Et puis, si il était trop proche des frontières avec les autres clans, nous serions attaqués plus facilement. Si il était trop loin, en revanche, ils ne pourraient pas nous venir en aide.

Elle s'arrêta, autant pour laisser à son apprentie le temps de tout assimiler que pour reprendre son souffle. Chant d'Alouette sentait, surtout par les temps qui couraient et la haine ambiante qui régnait entre les clans, le besoin de spécifier l'intérêt que les autres représentaient, bien que grâce à Étoile Maudite leur rapport aux autres soit encore relativement bon. Les quatre clans devaient demeurer quatre pour que l'équilibre soit conservé.

- Les autres clans ne sont pas qu'une source d'ennuis. Il arrive même qu'un clan vienne en aide aux autres... comme lors de l'assemblée, où Rivière, Vent et Ténèbres se sont alliés.

Elle tourna la tête, son regard errant sur les ronces recouvrant les terres de leur clan. D'un coup de patte, Chant d'Alouette détacha une éclaboussure de boue sur son poitrail clair. Il était temps de passer aux spécificités du territoire, maintenant.

- Regarde autour de toi, maintenant. Le territoire de l'ombre est recouvert de ronces, de buissons, d'arbres bas et de marécages. Nous sommes le seul clan à avoir cette topographie. Des questions, Nuage du Mimosa ?

« Ce n'est pas mal ! Avoir un campement au centre du territoire est en effet très utile. Pour accéder aux territoires de chasse ou faire les patrouilles, nous n'avons pas besoin de tout traverser. Et puis, si il était trop proche des frontières avec les autres clans, nous serions attaqués plus facilement. Si il était trop loin, en revanche, ils ne pourraient pas nous venir en aide. »

Sous les mots de sa mentor, qui approuvait les réflexions de la petite, Nuage du Mimosa laissa, ravie, un tout petit sourire éclore, timide, sur son visage et dans ses grands yeux d'or, avant de s'asseoir sur l'invitation de la guerrière, suspendue aux lèvres de celle-ci, immensément curieuse: il devait y avoir des raisons qu'elle n'avait pas pensé, et ce genre d'apprentissage, la jeune fille l'adorait. Elle voulait tout savoir, tout comprendre, tout découvrir; et que Chant d'Alouette soit une des adultes disposées à bien expliquer les choses en détail lui plaisait, beaucoup. C'était un joli cadeau d'Étoile Maudite à sa petite princesse, que ce binôme-là: sans des réponses et des instants de calme, si on ne lui avait appris qu'à frapper, chasser, patrouiller, sans rien expliquer, la jolie fleur d'or aurait été malheureuse. Là, elle était contente, et déjà, les nouvelles connaissances dansaient, délicates, dans sa tête, tandis qu'elle réfléchissait à ce que la grande féline brun-doré tigré devant elle lui disait.

Moins de chemin pour aller chasser ramener les proies.
Pour les plantes, c'était pareil; au centre du royaume,
Ils pouvaient être plus rapides, en cas de grand besoin.
Le camp se trouvait donc bien placé, à l'abri des attaques
Mais suffisamment près d'une frontière, pour l'aide.

Mimosa ne put s'empêcher de se demander
Où les autres camps pouvaient bien se trouver
Et comment ça se passait, pour l'aide, au fond
Quand est-ce qu'on avait le droit de faire ça ?
Elle était curieuse, mais sans aucune animosité
Se servir de ce renseignement pour la guerre...
Ça l'aurait horrifiée. Sa mentor poursuivait:

« Les autres clans ne sont pas qu'une source d'ennuis.
Il arrive même qu'un clan vienne en aide aux autres...
comme lors de l'assemblée, où Rivière, Vent et Ténèbres se sont alliés. »

Oui, contre les Lunar Pods. Ça, même de la pouponnière, la jolie novice à la pelisse sombre l'avait bien suivi; les histoires cent fois écoutées, de la part de ceux qui voulaient bien en parler, les réflexions le soir, à tenter de comprendre pourquoi les choses s'étaient passées ainsi, les interrogations intenses sur la traîtrise de l'ancienne meneuse du Tonnerre - traîtresse à la forêt, traîtresse aux Étoiles ! -, Étoile de Suie. Contre elle et contre les Enfants de la Lune, les autres Clans s'étaient alliés... Le père de la novice était rentré blessé, et pour la première fois, elle avait vu les grands sapins ployer avant de se redresser, dansant dans la tempête. Et elle avait eu peur, malgré toute sa confiance. Puis la paix était revenue...

« Regarde autour de toi, maintenant. Le territoire de l'ombre est recouvert de ronces, de buissons, d'arbres bas et de marécages. Nous sommes le seul clan à avoir cette topographie. Des questions, Nuage du Mimosa ? »

Le regard de la nouvelle apprentie de Chant d'Alouette balaya d'éclats d'or et de soleil le panorama autour d'elle, gravant cette idée dans sa tête; bien ! Alors ça aussi, ça pouvait être utile, pour se dissimuler, en cas de besoin... Si on se recouvrait de boue, aussi, ça devait camoufler les odeurs ? Et dans le cas des chats tout clairs, comme Nuage de Lys, ça la rendrait moins visible. Intéressant... Rassemblant toutes ces idées nouvelles, mais déjà enthousiaste, la petite soutint donc le regard de sa mentor, pour la première fois, une toute petite seconde, et sourit, en soufflant:

« Ça va, merci Chant d'Alouette. Et puis... Attends, si, j'ai une question.
Ça n'est pas dangereux que les autres Clans sachent où se trouve le camp ?
Et aussi, c'est pratique, le territoire, mais... Il a des dangers ou des désavantages ?
Pour le reste, ça concerne les autres Clans alors je suppose qu'on en parlera plus tard... »

Elle acheva sa phrase puis reprit un silence parfait, autant par attention que par réserve; la timide jeune fille n'avait pas l'habitude de parler ainsi, tellement - elle suivait souvent ses frères et sœurs. Alors elle devait apprendre à grandir et vivre par elle-même, oui... Mais pour l'instant, elle restait une enfant timide. Alors, malgré tous ses efforts, elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un peu peur: et si elle décevait ou énervait sa mentor ? Mais au-delà de l'anxiété, son attitude ne trahissait que deux choses: le respect et la curiosité, mêlés en une intense envie d'apprendre, et accompagnés d'une grande intelligence.

C'est pas si mal d'être guerrière, tant qu'on ne se bat pas...

Elle l'encourageait à réfléchir par elle-même et pour elle-même afin de ne jamais se laisser prendre par de belles paroles creuses. Chant d'Alouette se reconnaissait en son apprentie, plus jeune, et souhaitait que jamais la novice ne vive ce qu'elle-même n'avait pas su esquiver. Se servant de son expérience pour concocter des entraînements, comme elle l'avait fait pour Glace en son temps, la guerrière espérait alors donner toutes les cartes de la vie à Nuage de Mimosa. D'ailleurs, elle était sans nouvelles de son ancien apprenti depuis un bon moment.
Bah, le jeune chat n'avait plus besoin d'elle, maintenant qu'il était guerrier à part entière, et la reine aux poils d'or n'avait jamais été vraiment proche de lui non plus.

- Ça va, merci Chant d'Alouette. Et puis...

La phrase de Nuage de Mimosa reste en suspens, comme si une question lui apparaissait soudainement mais qu'elle hésitait à la lui poser. Chant d'Alouette fit onduler sa queue, dont les reflets dorés s'animèrent.

- Ne te gêne pas, surtout, je suis là pour te répondre. Viens, on avance.
- Attends, si, j'ai une question. Ça n'est pas dangereux que les autres Clans sachent où se trouve le camp ? Et aussi, c'est pratique, le territoire, mais... Il a des dangers ou des désavantages ?

Questions pertinentes de la part de sa novice, une fois encore. Chant d'Alouette hocha la tête, doucement, regard fixé sur le lointain. Elle n'interrompit pas sa marche, ralentissant tout juste afin de se mettre à la même vitesse que la petite qu'elle avait en charge.
Des dangers ? Elles se dirigeaient justement vers le lieu le plus dangereux de tout le territoire de l'ombre ; le charnier. Ce repère de rats était la cause du décès d'un certain nombre d'abrutis s'y aventurant seuls et apportait régulièrement son lot de maladies dévastatrices. Mais pour autant, cela ne signifiait pas que le reste du territoire était sans dangers. Blaireaux, renards et autres clans pouvaient, même si ce n'était pas tellement courant, faire irruption sur leurs terres à tout moment.

- Pour le reste, ça concerne les autres Clans alors je suppose qu'on en parlera plus tard... 

Elle supposait bien, la jeune demoiselle. Après le charnier, la destination était la frontière que leur clan partageait avec celui du vent, ce groupe de chat renfermé sur lui-même, aussi ouvert d'esprit qu'un moineau. À savoir ; pas du tout.

- Bien sûr que c'est dangereux. Tu as déjà entendu parler de l'attaque subie par le clan de la rivière ? Mais les autres clans restent des chats, avec un code de l'honneur, ce qui vaut bien mieux qu'une invasion de bêtes sauvages. Crois-moi.

L'Alouette monta sur un tronc d'arbre mort, en équilibre. Elle dominait son apprentie de plus haut encore et jeta un regard vers l'horizon, où le charnier était visible, bien qu'encore lointain.

- Chaque territoire possède des côtés positifs et négatifs. Viens voir, invita elle son apprentie. Le charnier, que tu vois là-bas, grouille de rats. Interdiction de t'y aventurer seule, c'est bien compris ?