All In [Feat. Étoile d'Or] - end

◊ Meneur

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COUP DE FOUDRE et ÉTOILE D'OR}
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La chef lui fonça dessus mais ça va, (il sortit les griffes, s'ancrant dans la terre), il gér[ait].

— Qu’est-ce que tu fais ??! La question était juste. Tu vas tous les deux nous faire tuer ! L'observation aussi.
J’ai neuf vies et je suis rapide, là où tu n’en as qu’une seule !

Mais Coup de Foudre secoua la tête quand même. Il avait un atout qu'elle n'avait pas et lorsqu'elle bondit sur ses pattes il la repoussa de l'arrière en créant une distance entre eux deux d'un chassé de la queue, et il fixa la monstruosité à huit pattes qui s'approchait, se braquant devant, tâchant de se calmer en prenant une grande respirations.

Toutes les situations n'avaient pas besoin d'être réglées avec les coups (son nom, quoi qu'on en dise, avait aussi un autre sens).

Son dos se dressa, sa queue en tandem qu'il fit vibrer et il étira un long miaulement comme il en faisait rarement, attirant les molosses. L'un d'eux s'arrêta, et l'autre ralentit, intrigué par la réaction de son pair. Tout deux braquèrent leurs yeux sur le bengal qui ronronnait, s'approchant deux en transverse en coulant ses pas d'une allonge à son aise, mettant en valeur son meilleur profil et les longues bandes des marbrures à son poil.

— « Messieurs, il leur minauda, inutile de s'affoler autant! Vous m'avez l'air malins, vous ne préfériez pas discuter?
...

2 (et l'autre l'avait rejoint) ...

« M-messieurs? »

1...

...Sans demander son reste Coup de Foudre détala. Il bouscula Étoile d'Or pour la pousser devant:

— « BORDEL MAGNE-TOI !!! »

Correction il gérait plus.

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◊ Meneuse

Têtu et imprudent, le mâle campa sur ses positions. À lui de lui prouver comme il se débrouillait, à présent, mais pour Étoile d’Or, la situation semblait fichue d’avance.

… et la tournure que prenaient les évènements n’allait pas pour la rassurer.

Un long miaulement langoureux s’échappa des babines du chat sombre, digne d’une minette désireuse d’avoir une portée de marmots. Son plan lui échappait encore, ne parvenant pas réellement à comprendre où il voulait en venir, ou du moins… elle refusait de l’envisager.
Les deux molosses étaient à présent à deux pas d’eux, si bien que l’esprit d’Étoile d’Or lui hurlait de s’enfuir, de courir loin, mais pourrait-elle leur échapper ?

« Non mais qu’est-ce que tu f-- »

« Messieurs, » roucoula son comparse d’un jour – ce qui était un comble, pour un chat, de roucouler. « inutile de s'affoler autant! Vous m'avez l'air malins, vous ne préfériez pas discuter? »

La mâchoire d’Étoile d’Or se décrocha alors qu’elle assistait à la situation la plus improbable qui lui ait été donné de voir. Certains combats ne se gagnaient pas à coups de griffes et de crocs, mais plutôt avec des mots bien placés, elle se souvenait de cette phrase que lui répétait, jadis, son père.
… mais de là à tenter de séduire des chiens, créatures stupides au langage sommaire et à l’esprit étriqué ?! N-Non ! Mais à quoi diable pensait-il ?!

« M-Messieurs ? »

Évidemment, loin de se laisser séduire, les chiens s’excitèrent davantage, ravis d’être si proches de leur proies potentielles. Et une proie, Coup de Foudre se souvint soudain qu’il n’avait guère envie d’en être une. Ni une, ni deux, il détala sans demander son reste, bousculant une Étoile d’Or qu’il réveilla de son hallucination.

« BORDEL MAGNE-TOI !!! »

Alors elle n’avait pas rêvé : il avait vraiment merdé… si merdé était un verbe assez fort. Et il osait lui hurler de faire ce qu'il lui avait interdit, deux secondes plus tôt !

Mais elle aurait tout le temps de se poser la question plus tard, si ils parvenaient à s’enfuir. Étoile d’Or, pour l’heure, tourna les talons et se mit à courir, courir plus vite qu’elle ne l’avait jamais fait, dopée par les mâchoires des colosses qui claquèrent à deux centimètres de sa queue.

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CLAP--

Peut-être que s'ils n'étaient pas en train de courir pour sauver leur peau, il lui aurait glissé qu'il était un peu impressionné de voir une nageuse aussi à l'aise sur la terre-ferme. Ça ne la ralentissait pas, ces palmes aux pattes? Il lui jeta un coup d'oeil lorsqu'elle le doubla, propulsée vers l'avant sur d'étroites foulées si rapides qu'elles arrachèrent des lames d'herbe derrière.

L'urgence de la situation ne l'avait pas vraiment frappé car il se disait que si elle tombait, lui aurait toujours les arbres pour se sauver, mais... Le but de cette expérience n'était-elle pas de montrer à une semblable (qui avait protégé l'un des leurs) que lui aussi était doté de bonnes intentions? Il ignorait dans quels genre de bains de sang ils baignaient, au Tonnerre, mais en "aval" de la Rivière, ici, ils n'étaient plus "Coup de Foudre" et "Étoile d'Or". Ils n'étaient plus que deux chats à la merci des crocs de la nature - car même la carte des Étoiles dans le Ciel était différente, comme si la Toison Argentée ne comportait pas les mêmes chats.

Un son attira son attention - pas celui des halètements, pas celui des grondements ou d'un aboiement qu'un chien lança, excité par la proximité du gibier (et ici, le gibier, c'était eux) mais un son mat comme si quelque chose venait de tomber, tout près, et Coup de Foudre se hâta de descendre la pente d'herbe vers ce bruit en claquant sa queue en changeant le cap. À nouveau il fronça dans Étoile d'Or - du front contre son flanc, pour la pousser dans la direction d'une ombre qui les surplombait autant en largeur qu'en hauteur. Il ne savait pas trop - il voyait la lune se refléter sur la face de l'infrastructure et découper les arrêtes des lattes et des planches mais la forme ne ressemblait à rien de ce qu'il connaissait, trop droite, trop haute, trop -

« À mon signal, saute ! »

Si les lattes à la cîme semblaient droites, plus on descendait son corps plus elles semblaient ployer et les rayons de la lune montante lui firent discerner nombre de petits interstices, à son pied, de petits trous où de petits chats comme eux pourraient aisément s'infiltrer -

« Maintenant ! »

Et puis tout le reste se passa en l'espace de quelques battements - s'ajoutèrent des grains de sable sous leurs coussinets, Étoile d'or envoya un nuage derrière elle dans sa foulée, Coup de Foudre la doubla et la vit disparaître dans les ténèbres complètes et eut tôt fait de la rejoindre - ou plutôt, il eut tôt fait de sauter trop tôt, son ventre se heurta à la face plate d'un rondin, « UGHF » ses postérieurs grattèrent les lattes et après avoir sentit une haleine lui frôler la queue, une douleur vivre lui prit dans la nuque et il disparut dans les ténèbres, roulé-boulant avec l'amusement et la peur, des poils lisses et hérrissés, ainsi que de longues tiges d'herbe si sèches qu'elles lui collaient aux moustaches.

Quelques aboiement étouffés. Un grondement - de frustration sans doute - puis d'effroyables grincements lui vrillèrent les oreilles et il eut l'impression que l'air se déplaçait autour d'eux, car non seulement les lattes pourries qui s'affaissaient ouvraient des tonnes de courants, l'acharnement des chiens contre la structure faisait aussi, et pas imperceptiblement du tout, osciller le squelette de l'infrastructure. Un museau apparut par le trou où ils étaient rentrés, mais l'étroitesse ne lui permit que de retrousser ses babines et leur faire voir l'émail de ses crocs avant de devoir s'extirper, aidé de son partenaire. Ils en entendit un ronfler.

La queue contre les jarrets, les yeux ronds (plus ronds que d'habitude) Coup de Foudre compta les secondes - ils n'étaient pas partis - on les entendait renifler, dehors, on les entendait piétiner, se séparer et contourner l'infrastructure. Il tourna la tête et vit la lune se refléter dans les yeux de la cheffe de la rivière à une distance de moustache de lui, réalisant qu'ils étaient empilés l'un sur l'autre, dans un tas d'herbe, de feuilles et de paille, et bien qu'ils avaient finis de courir, ils n'en avaient pas finis de courir après leur souffle.

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◊ Meneuse

Flèches dans la plaine, les deux fourrures sombres filaient pour sauver leur vie. Plus rien ne comptait d’autre, désormais, qu’échapper aux deux molosses qui les poursuivaient. Et ce même si cela semblaient peine perdue, que ce n’était qu’une question de minutes avant que leurs foulées, plus longues, plus puissantes, portées par leurs pattes longues et musculeuses, ne réduise la maigre distance qui les séparaient encore des deux félins qui fuyait.

Chaque foulée était un pas vers la survie, un mince espoir qu’Étoile d’Or verrait de nouveau le soleil se lever. Elle fonçait, filait ventre à terre, ses pattes touchant à peine le sol. L’adrénaline s’était emparée de tout son être : si bien que désormais plus rien ne détournait son esprit de l’idée de fuir, cette même idée qui guidait ses faits et gestes inconsciemment.
Fini les clans, fini les étoiles, fini la guerre au Tonnerre et ce qui les avaient amenés ici, lui et son comparse fugitif. Seuls parvenaient à ses oreilles les halètements et aboiements surexcités des molosses qui les talonnaient, lui faisant l’effet systématique d’un coup de cravache qui cinglait sa croupe.

Coup de tête dans le flanc, c’est ce qui la réveilla de sa course d’automate, bien qu’elle changea machinalement de cap. Pas le temps de réfléchir de toute façon : réfléchir c’était ralentir son esprit déjà trop occupé à commander à ses membres. Réfléchir c’était la mort. Les chiens ne réfléchissent pas, eux.
Et pourtant, c’est la réflexion qui sauva les deux félins.

« À mon signal, saute ! »

La masse noire qui se dressait devant eux ne lui disait rien qui vaille, mais les limiers qui la harcelaient non plus. À choisir, elle préférait laisser son destin entre les griffes de Coup de Foudre qu’entre celles de deux prédateurs qui n’hésiteraient pas à réduire toutes ses vies en charpie.

« Maintenant ! »

Une fraction de seconde plus tard et ses muscles se bandaient, donnant l’impulsion nécessaire pour que ses pattes quittent le sol et qu’elle décolle, son corps se faufilant dans une mince interstice entre deux planches pourries qui formaient autrefois une bâtisse correcte.
Bruit sourd derrière elle, alors qu’elle était désormais dans un espace clôt bourré de mille nouvelles odeurs. Pressée par l’urgence de la situation, elle se retourna illico, se jetant sur l’ouverture dans laquelle elle s’était engouffrée un instant plus tôt pour refermer ses crocs sur la nuque du chat sombre, le tirant violemment vers elle pour le hisser dans leur abri d’infortune.
Et nez à nez avec une gueule fétide et humide, éclaboussante de bave, qui tentait de se frayer un passage dans le bois pourri, Étoile d’Or recula précipitamment, terrifiée, jusqu’à ce que son dos se heurte à une masse poussiéreuse, dont les brins se faufilèrent dans sa fourrure pour piquer sa peau. Paille.

Elle n’aurait pu dire combien de temps ils restèrent là, tremblant, essoufflés, à l’écoute des mouvements de leurs bourreaux et de leur prison branlante qui menaçait de s’écrouler à tout moment.
Au dehors, les limiers s’agitaient, frustrés de ne parvenir, eux aussi, à franchir la bâtisse. À l’intérieur, en revanche, un silence de mort régnaient, et seul le bruit de deux cœurs battant trop fort indiquait âme qui vive.

Et soudain, sans se départir de sa fourrure dressée, les veines de la femelle rousse s’embrasèrent et comme piquée au vif, elle se redressa brusquement, sa patte antérieure quittant le sol pour prendre de l’élan, poignards sortis au bout des coussinets.

« MAIS QU’EST-CE QUI T’A PRIS, IMBÉCILE ? »

Elle cracha, pupille dilatées, postillonnant de haine pour décharger son stress, sa colère et la peur bleue qui électrifiait son pelage. Mais aussi soudainement qu’elles étaient sorties, ses griffes rentrèrent dans leur fourreaux alors que sa patte, prête à frapper, retombait inerte au sol, dévoilant une Étoile d’Or qui se laissa choir dans la poussière, vidée et désespérée par les évènements.

Ô combien aurait-elle donné pour rejoindre son petit nid douillet, dans l’antre de sa souche.

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◊ Meneur

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Un battement

Deux battements

Trois battements - les scratch et les sniffs des chiens se distançaient et contournaient la barraque, et Coup de Foudre, Coup de Foudre sentit une vague de soulagement lui prendre depuis la pointe des coussinets jusqu'à la face, repliant les coudes pour s'accroupir quelques instants. De rares instants de calme, aussitôt interrompus par une patte sertie de griffes devant sa face.

« W-whoa!--
— « MAIS QU’EST-CE QUI T’A PRIS, IMBÉCILE ?

— MAIS-- il se recula la tête, et la vague de soulagement se transforma en tumulte bouillant: OH ÇA VA, HEIN, COMMENT J'ÉTAIS CENSÉ SAVOIR QUE ÇA MARCHERAIT PAS?? »

Les oreilles dans le cran, le bengal vit se flouer la patte et les griffes pour voir, derrière, tout l'effroi qui habitait les yeux de la chatte aux poils longs. Elle avait peur, et il comprenait, et elle comprenait aussi qu'il n'avait pas exactement planifié qu'ils se retrouvent coincés ici à la merci d'une pile en bois mort et de deux faucheurs à l'extérieur. Et qui sait si Étoile d'Or n'avait pas vu son propre reflet dans les noires pupilles du bengal. Qui sait si, l'espace d'un instant, elle ne s'était pas trouvée sotte de vouloir déverser toute sa frustration sur ce qui se trouvait à être son seul allié dans la situation. « Ça marche avec les renards et les corbeaux, je croyais que-- » Il se justifiait, mais lui-même n'écoutait plus ce qu'il disait « je m'étais dit que, vu leur ressemblance--, »

Qui sait si la folie de toute cette nuit ne venait pas de la frapper - car elle, elle ne frappa pas, elle rentra les griffes et sa patte chut au sol sans le son, suivi par tout le reste en se laissant tomber sur le flanc. Et Coup de Foudre regarda son flanc monter et descendre et descendre et monter et secoua la tête.

— ... Ça devait pas se passer comme ça. »

Il se laissa tomber assit, fermant ses yeux, avant de se rendre compte du malaise qui lui étreignait la gorge. Alors, histoire d'en faire fi, il leva sa patte à sa bouche pour se la lécher et entreprendre une toilette rapide - ça lui ferait du bien. Et ça lui permettrait de réfléchir, malgré le son des grognements non-loin.

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◊ Meneuse

Oh oui, comment diable aurait-il pu prévoir que deux chiens ne succomberaient pas à son charme insoutenable ? Après tout, il fallait une intelligence hors norme pour pouvoir deviner ce qui se passe, lorsque deux molosses se trouvent nez à nez avec des chats.

« Ça marche avec les renards et les corbeaux, je croyais que-- je m'étais dit que, vu leur ressemblance--, »

Et plus Coup de Foudre parlait, lui servant des excuses plus minables les unes que les autres, plus il se rendait ridicule. Et alors que la situation aurait pu être cocasse, ses mots étaient loin de faire sourire Étoile d’Or, attisant, au contraire, les braises qui lui brûlaient l’estomac.
Soucieuse de garder un semblant de bonne ambiance dans cet espace clôt qu’elle se retrouvait contrainte et forcée de partager avec son compagnon d’infortune, elle se forçait à instaurer une respiration profonde et intense, malgré l’inconstance de son souffle encore troublé par la course intense qui venait de se dérouler au dehors. Ses émotions ne devaient pas prendre le dessus, pas maintenant. Pas alors que les molosses s’agitaient encore au dehors et que la structure au dessus d’eux grinçait d’une manière plus rassurante.

Mais Coup de Foudre ne faisait aucun effort pour apaiser la situation. Au contraire, un instant elle crut qu’il jetait volontairement de l’huile sur le feu, car il prononça les mots qu’il ne fallait pas prononcer :

« ... Ça devait pas se passer comme ça. »

Elle roula brusquement sur le ventre et ses deux yeux brillants, illuminés par la lueur de la lune qui se reflétait sur son tapetum, lancèrent des éclairs.

« Et tu t’attendais à quoi ? » Siffla-t-elle. « À une grande histoire d’amour passionnelle entre deux chiens et un chat, rencontrés au clair de lune ? C’est quoi la suite ? Vous vous mariez et fondez une grande famille à base de renards, corbeaux et enfants mi-chiots, mi-chatons ? » Sa colère faisait trembler sa voix, à mesure qu’elle raillait. « On appelle ça comment d’ailleurs ? Des chio-tons ? »

Dehors, les reniflements et piaillements des chiens attisaient son agacement. Alors, elle n’allait pas s’arrêter en si bon chemin.
La queue battant l’air, elle gonfla les naseaux et reprit :

« Dis plutôt que tu n’as pas réfléchi aux conséquences. » Son ton était sec et on percevait nettement son irritation, mais au moins ne criait-elle plus. Ses mots n’étaient en réalité pas une agression, elle les pensait réellement. « C’est votre spécialité au Tonnerre, d’agir sans réfléchir. Alors vas-y, explique moi comment ça devait se passer, de tisser une alliance avec des chats sanguinaires. Explique moi comment ça devait se passer, d’attaquer le clan de la Rivière alors que nous étions affaiblis, de kidnapper nos chatons, d’attaquer les clans en pleine assemblée, de s'approcher de la Rivière alors que tu ne sais pas nager, et que ses eaux sont tumultueuses. Explique moi. » Elle souffla, ne parvenant à calmer son ton plein de colère qui était monté crescendo. « Vous vous fichez donc tant de la vie d’autrui ?! »

Sa patte vint s’écraser, rageuse, dans la poussière de la grange, envoyant valser ça et là quelques brins de paille.

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Il avait du dire quelque chose de travers, car tout de suite ensuite Étoile d'Or s'était tournée sur le ventre en le foudroyant du regard, le bouleversant dans sa toilette.

— « ... Et tu t’attendais à quoi ? Elle cingla. À une grande histoire d’amour passionnelle entre deux chiens et un chat, rencontrés au clair de lune ?
— Quoi? Mais il n'eut pas le temps de protester-
— C’est quoi la suite ? Vous vous mariez et fondez une grande famille à base de renards, corbeaux et enfants mi-chiots, mi-chatons ? - Ni d'en placer une - « On appelle ça comment d’ailleurs ?

Des chio-tons ? »

Un silence pesa après quoi, dans lequel Coup de Foudre, agacé, tapa de sa queue les lattes en bois pourri du plancher, car elle venait de l'interrompre dans la fomention d'une solution pour sortir d'ici pour interrompre son train de pensée par de la logistique de chio-tons. Il n'était pas vraiment question de logistique, en ce moment, ni même question de solution car dans les yeux de la chatte il ne vit plus que de la peur: sa queue battit l'air et la poussière, la sienne aussi (par mimétisme), et il fronça juste un peu les sourcils pour prudemment baisser la tête et s'en retourner à se lécher la patte en croyant qu'elle avait fini mais:

— Dis plutôt que tu n’as pas réfléchi aux conséquences.
Je te demande pardon?

Coup de Foudre sentit l'appréhension le gagner. Là, devant lui, elle n'était pas seulement en proie à sa peur, il pulsait aussi une frustration dans ses veines qui s'était enracinée comme des griffes dans le coeur de la jeune cheffe de la Rivière. Ses émotions refoulées sortaient enfin de terre en révélant au bengal toutes les torsions dans ses branches où se nouaient ses préjugés:

— « C’est votre spécialité au Tonnerre, d’agir sans réfléchir.

Alors vas-y, explique moi comment ça devait se passer, de tisser une alliance avec des chats sanguinaires. Chaque torsion fit plisser juste un peu plus ses paupières à l'Étoile - Explique moi comment ça devait se passer, d’attaquer le clan de la Rivière alors que nous étions affaiblis, - un peu plus gonfler son poil - de kidnapper nos chatons, d’attaquer les clans en pleine assemblée, - hausser son ton - de s'approcher de la Rivière alors que tu ne sais pas nager, - surplomber le bengal - et que ses eaux sont tumultueuses. Explique moi.

À lui il ne restait plus de ses iris qu'une mince anneau d'or autour de ses pupilles dilatées, qui dévisageaient d'en dessous la chatte courroucée, rendue aveugle de colère:

« Vous vous fichez donc tant de la vie d’autrui ?! »

Le coup frappa dans la poussière et si elle ne l'avait pas visé, la paille alla se planter dans son oeil qu'il cilla, détournant prestement sa tête en retenant un grommellement derrière ses babines, derrière ses dents qui s'étaient serrées. Il ronfla du nez - pas pour grogner, juste pour, expier l'excès de poussière qui étaient rentrées dans ses narines, puis lentement lever sa patte, la lécher du bout de la langue, et aller se la passer sur l'oeil d'un mouvement leste pour se débarrasser du reste.

Il papillona des cils, entrouvrit la bouche, sortit les épaules depuis sa position accroupie et écarta la tête pour lourdement la lever, mais sa queue le trahit en allant zigzaguer dans la paille, conduisant le coup:

— « Peut-être que, il applatit sèchement sa patte dans les lattes, certains, se fichent de la vie d'autrui.

Mais qui a ramené les chatons? Hc^kffT_T!!-- bordel--

Une seconde pour prendre son souffle, deux, trois...

...On en parle, du chef avant toi?

Qui a failli casser la tête d'un apprenti comme un oeuf?

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◊ Meneuse

Pourquoi diable faisait-il si sombre dans cette grange, alors que l’électricité avait envahi l’atmosphère ? Peut-être qu’en y prêtant plus d’attention, les deux chats auraient pu entendre des crépitements tant l’ambiance était tendue, mais trop occupés à poser cartes sur table, ils ne s’occupaient guère plus de ce qui les entouraient, pas même de la bâtisse branlante ou de l’air sifflant entre les lattes de leur abri d’infortune.

Ils s’étaient plus habitués au danger qui les guettait qu’à leur présences respectives.

Si elle avait visé la poussière, le coup atteignit indirectement son rival sans qu’elle n’en ai cure. C’était à peine si elle l’avait remarqué, son esprit obstrué par la colère, la peur et la douleur. Ces trois émotions, luttant à armes égales pour s’emparer de son esprit, son corps et ses muscles, avaient fini par fusionner pour n’en former plus qu’une, tant et si bien qu’elle ne parvenait plus à les discerner les unes des autres. Machine infernale, elles électrifiaient ses muscles et son poil. Et sa queue à elle était agitée de soubresauts irréguliers, soulevant la poussière avant de retomber et claquer sur le parquet.

En face d’elle, le même courant semblait courir dans celle de Coup de Foudre.

Ils étaient deux silex dont la friction faisaient jaillir des étincelles.

« Peut-être que certains, se fichent de la vie d'autrui. »

Bruit sourd suivi d’un craquement, et la patte de Coup de Foudre se retrouva emmitouflée dans un nuage de poussière qui s’éleva dans les airs avant de lentement retomber.

« Mais qui a ramené les chatons? Hc^kffT_T!!-- bordel-- »

« Dont un mort ! » Lui rappela-t-elle.

Courte pause pour se remettre de sa quinte de toux, et Coup de Foudre lui cracha, aussi violemment que les postillons qu’il venait d’expulser :

« ...On en parle, du chef avant toi? Qui a failli casser la tête d'un apprenti comme un oeuf? »

Ce fut un coup de sabre qui déchira son cœur en deux, l’étincelle qui alluma le tas de paille sèche qu’était Étoile d’Or. Et là, dans sa tête, se bousculèrent les souvenirs douloureux qu’elle tentait d’ensevelir sous la besogne, se forçant à ne jamais y penser.
Mais cette réalité, elle y était confrontée à chaque fois qu’elle se trouvait nez à nez avec la demi-face arrachée de Pluie Battante, alors qu’il la fixait de son œil unique, toujours optimiste. Elle n’en voulait pas à Étoile de Pierre, elle lui avait toujours trouvé des excuses, rejeté la faute sur les Lunar Pod. Elle s’en voulait à elle, de ne pas avoir été là, de ne pas avoir accompagné son chef en toute circonstance alors qu’elle le savait rongé par la folie. Elle aurait pu l’éviter.

« As-tu la moindre idée... » Sa voix se brisa alors qu’elle fixait ses pattes, ses griffes traçant un sillon dans la poussière. Elle se força à relever le menton pour toiser Coup de Foudre de ses yeux humides de colère, de douleur et de mépris. Le nez plissé, elle reprit : « As-tu la moindre idée de ce qu’à pu endurer Étoile de Pierre ? »

Ses griffes s’enfoncèrent dans le bois plutôt que d’aller chercher la gorge de Coup de Foudre pour le faire taire. Sang chaud, elle montait vite au créneau. Mais jamais, au grand jamais elle ne ferait couler le sang autrement que pour protéger les siens. Seules les Étoiles avaient le droit de retirer des vies.

« Ne compare pas la folie d’Étoile de Pierre à celle de Suie. » Elle ne servant que ses intérêts, elle n’avait, selon la femelle rousse, jamais mérité le nom d’Étoile. « Là où Étoile de Suie a été dévoré par l’ambition et l’égoïsme, Étoile de Pierre s’est fait ronger par la perte et le désespoir. Deux poids, deux mesures. »

Sa cou céda soudain, et son menton vint de nouveau regagner son poitrail, les paupières closes pour éviter à l’humidité perlant aux coin de ses yeux, de s’échapper.
Elle revoyait nettement le corps d’Aigue-Marine, baignant dans le sang qui s’écoulait de son ventre sectionné en deux, et fut soudainement prise de nausées.

« Nuage d'Écailles! va... va chercher Coeur de Neige, dépêche toi! »

Ce jour là, Cœur de Neige était pourtant morte depuis des lunes, et elle-même n’était plus une apprentie. C’est à ce moment là qu’elle avait su qu’il ne serait plus jamais le même, que pour le protéger de l’horreur qu’il venait de subir, son esprit remplaçait les mauvais souvenirs par des anciens, plus doux et moins rudes. La concordance des temps était mauvaise : comment bien agir au présent alors qu’il vivait au passé ?

Crissant contre les lattes, ses griffes creusèrent le bois alors qu’elle serrait les dents à s’en faire mal à la mâchoire. Mais bientôt, sa tête se redressa pour fixer Coup de Foudre, sans toutefois dépasser la hauteur de ses épaules relevées.

« Alors oui, peut-être que, certains, se fichent de la vie d'autrui. » Miaula-t-elle en reprenant volontairement la phrase du mâle sombre.

Dans sa voix ne perlait plus d’animosité, mais juste une lassitude et une fatigue flagrante.

« Néanmoins, tu fais partie de ceux là, Coup de Foudre. Toutes ces années, tu n’as peut-être pas partagé les idées de Suie, mais tu les as cautionnées, et pire tu y as participé. Je t’ai vu ôter la vie d’Étoile Vaillante. » Courte pause durant laquelle elle reprit son souffle, mais elle prit de nouveau la parole avant de lui laisser le temps de répliquer : « Toi, et tous les autres guerriers effectifs durant son règne, avez une dette énorme à rembourser. Cette même dette qu’If – bien que je ne cautionne pas sa façon de faire – est venue chercher aujourd’hui. »

Elle trouva enfin la force de se redresser un peu, réalignant sa colonne vertébrale, alors qu’elle terminait :

« Je ne sais pas si c’est de l’aide que tu cherchais en t’approchant de nos terres, mais qui sème le vent récolte la tempête, et je ne peux rien contre les aléas climatiques. »

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Alors oui, certes, l'un des chatons était mort, mais ceux qui restaient étaient vivants, non? Se leurrait-elle que les chatons étaient tous forts de survivre leur premier hiver sans complications? Des chatons? Ses dents se serrèrent. Peut-être était-ce leur différence d'âge qui provoquaient cette perspective différente - Étoile d'Or était née un peu avant lui et avait connu autre chose que le blizzard qui avait rasé la pouponnière du Clan du Tonnerre. Coup de Foudre faisait dans les chiffres, pas la sentimentalité - mais c'était précisément pourquoi il--!

— « As-tu la moindre idée... se mit à gronder Étoile d'Or d'une voix torve, la tête basse, suivant une violente quinte de toux provoquée par la sécheresse de l'air et les particules de poussière qu'ils n'arrêtaient pas de soulever, à la mesure des battements de leurs queues respectives. Elle releva sa tête, les yeux reluisant autant de lune que de larmes refoulées As-tu la moindre idée de ce qu’à pu endurer Étoile de Pierre ?

Il entendit plus qu'il ne la vit ses griffes s'enfoncer dans les lattes et mutuellement ils s'envoyèrent des éclairs, en [chats] de faïence.

— « Ne compare pas la folie d’Étoile de Pierre à celle de Suie. Il n'avait rien fait de tel. Là où Étoile de Suie a été dévorée par l’ambition et l’égoïsme, Étoile de Pierre s’est fait ronger par la perte et le désespoir.Elle tentait de cacher ses torts au Géant Bleu en jetant Suie devant lui. Deux poids, deux mesures.
— Et ça justifie ses actes, bien sûr, siffla le Bengal sans ciller, au travers de ses dents serrées, agitant le bout de sa queue comme l'aurait fait un serpent de sa sonnette (une habitude qu'il avait piqué à une ou deux siamoises de son Clan).

Les griffes d'Étoile d'Or s'enfoncèrent davantage dans le plancher mais depuis sa position, et à la lueur d'un faisceau lunaire, elle put se rendre compte que celles du bengal n'étaient même pas sorties de leur fourreau. Que seul son oeil rougeoyait, sortant sa paupière nictitante. Que d'entre les deux c'était elle qui l'attaquait et qui sautait à la gorge des conclusions sans lui laisser le temps de s'expliquer mais qu'envers et contre tout, il comprenait.

Là, tout de suite et maintenant, Coup de Foudre, bien qu'électrifié de frustration par l'émotivité de son antipode, lui laissait tout l'espace qu'il fallait pour lui cracher les pires accusations à la gueule.

Alors oui, peut-être que, certains, se fichent de la vie d'autrui.

Elle consentit à dire, et immédiatement après ce consentement, elle se tempéra. Une profonde vague de lassitude la fit ployer vers l'avant et son ton si coloré s'affadit au fil de ses mots:

— « Néanmoins, tu fais partie de ceux là, Coup de Foudre. Toutes ces années, tu n’as peut-être pas partagé les idées de Suie, mais tu les as cautionnées, et pire tu y as participé. Je t’ai vu ôter la vie d’Étoile Vaillante.

Il avait en effet enlevé une vie à Étoile Vaillante - avec Vipère Audacieuse. Et il ne cilla ni ne tenta de démentir son accusation à la cheffe de la Rivière car ce n'était seulement que sur ce point qu'elle avait raison. Mais pas pour le reste:

— Toi, dit-elle après avoir repris son souffle, et tous les autres guerriers effectifs durant son règne, avez une dette énorme à rembourser. Cette même dette qu’If – bien que je ne cautionne pas sa façon de faire – est venue chercher aujourd’hui.

Il ne dit rien. Il ne dit rien quant à sa corrélation de l'attaque du Vent cette nuit, et il ne dit rien quand elle se redressa, un peu comme si maintenant qu'elle avait réussi à lui cracher ce qui était resté coincé dans sa gorge elle se sentait libérée d'un poids, suffisament pour se sentir supérieure à lui.

— Je ne sais pas si c’est de l’aide que tu cherchais en t’approchant de nos terres, mais qui sème le vent récolte la tempête, et je ne peux rien contre les aléas climatiques.
— « Non.

Sans secouer la tête ou agiter la queue ou se redresser ; en boule de chat, l'oeil tiquant à la paille qui y était entrée, froid et furieux en même temps, mais plus qu'attentif qu'il ne l'avait été dans les branches dans ce c'était lui qui leur avait trouvé un abri:

— Tu es la seule à défendre ton chef en ce moment. Une apprentie l'a contredit durant un rassemblement et a été chassée pour trois jours ; après des complications pendant sa mise à bas elle a banni la guérisseuse. Elle tuait les dissidents, Étoile d'Or, tu ne trouves pas que c'est assez?

Tous que nous sommes? Mm? Tous Clans confondus??

Il détourna sa tête - la douleur lui fit fermer les yeux et rentrer le cou dans le menton, inspirant entre ses dents serrées dont la pression faisait s'affluer le sang dans ses tempes en tambour. Il y avait trop d'émotions là dedans, mais aucune à laquelle il ne pouvait répondre. Il y avait trop de pensées là dedans mais la bouche trop lente pour toutes les verbaliser. Il reprit son souffle à son tour, levant une patte d'un à-coup comme s'il allait l'attaquer mais tout ce qu'il fit fut de poser les coussinets sur l'oeil, et soupirer à l'apaisement de la pression sur sa blessure.

— Tu m'as vu ôter la Vie d'Étoile Vaillante mais moi j'ai tout vu, Étoile d'Or. J'ai vu des apprentis crier à l'aide, j'ai vu les Clans tourner le dos à leurs guérisseurs alors que les Lunar Pods les attaquaient, j'ai vu Suie mourir quatre fois, et j'ai attendu, toute la nuit, bien après la fin des combats, de voir si elle ne se rendrait pas jusqu'à cinq.

Ses oreilles se couchèrent sur sa tête.

— Mais surtout...

J'ai vu une chatte à la robe couleur soir empêcher au Géant Bleu d'attaquer le fils d'Étoile de Suie, et le protéger du massacre.

Cette même chatte, qui a plongé dans l'eau après que la rivière m'ait bondie dessus. »

"[Il] s'attend[ait] à quoi", hein?

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◊ Meneuse

Comme pour appuyer ses dires, le vent souffla entre les lattes, s’insinuant dans les interstices de leur abri branlant, pour venir siffler à leurs oreilles. Comme un fantôme. Comme un serpent qui leur susurrait de laisser éclater leur haine, de céder à la violence. Pourtant, aucun des deux chats ne broncha, et un « Non. » sec, soudain, efficace, claqua dans l’air.
Étoile d’Or le laissa atteindre ses tympans, droite comme un i, et l’accueillit en plissant le nez, prête à encaisser une nouvelle attaque sans se rendre compte que tout deux ne faisaient qu’auto-alimenter leur haine.

« Tu es la seule à défendre ton chef en ce moment. » Dénuée de chaleur, la voix relata les évènements. « Une apprentie l'a contredit durant un rassemblement et a été chassée pour trois jours ; après des complications pendant sa mise à bas elle a banni la guérisseuse. Elle tuait les dissidents, Étoile d'Or, tu ne trouves pas que c'est assez? »

Si ça l’était. Mais ça l’était depuis bien longtemps, depuis avant que Suie ne bannisse les siens et tuent ses dissidents. Ça l’était depuis qu’elle et Étoile du Corbeau étaient montés chefs, et ne décident de se tirer la bourre en envoyant à la mort des innocents.

« Tous que nous sommes? Mm? Tous Clans confondus?? »

Elle ne répondit rien, se contentant de darder sur lui un regard brûlant, babines pincées. Les émotions dominaient la raison, mais au fur et à mesure, cette dernière se rebellait, reprenant de la hauteur. Sa colère était attisée par la douleur, la tristesse et la culpabilité et se délecter de pouvoir enfin s’échapper après avoir été si longtemps brimée et tue, n’ayant pu d’exprimer en obtenant revanche, en annulant des morts injustes, en guérissant des blessures et séquelles indélébiles.

« Tu m'as vu ôter la Vie d'Étoile Vaillante mais moi j'ai tout vu, Étoile d'Or. J'ai vu des apprentis crier à l'aide, j'ai vu les Clans tourner le dos à leurs guérisseurs alors que les Lunar Pods les attaquaient, j'ai vu Suie mourir quatre fois, et j'ai attendu, toute la nuit, bien après la fin des combats, de voir si elle ne se rendrait pas jusqu'à cinq. »

Nuit d’horreur, de malheur, de douleur. Parfois encore, alors qu’elle dormait, l’odeur du sang venait la réveiller, enrobant ses rêves d’une épaisse couleur carmin, gluante et coagulée. Alors le cauchemar qu’elle avait vécu reprenait vie.
Les oreilles de Coup de Foudre s’affaissèrent au même rythme que ses paupières à elle alors que ses yeux se perdaient dans le vague, oubliant un instant l’environnement de la grange pour s’envoler aux quatre chênes, sous une lune rouge. Rouge sang. Rouge mort. Rouge enfer.
Mais si le mâle à la couleur de la nuit avait le don de la replonger dans ces souvenirs douloureux, – mais pas moins criants de vérités – il savait aussi bien l’en tirer.

« Mais surtout...

J'ai vu une chatte à la robe couleur soir empêcher au Géant Bleu d'attaquer le fils d'Étoile de Suie, et le protéger du massacre.

Cette même chatte, qui a plongé dans l'eau après que la rivière m'ait bondie dessus. »

Cette fois, c’est la surprise qui s’empara d’elle et elle redressa la tête, moustaches pointées vers l’avant.

« Pour quoi faire… ? » Souffla-t-elle machinalement. « Pourquoi est-ce que je l’aurais laissé se faire tuer… ? Pourquoi je t’aurais laissé te noyer ? »

Question rhétorique, puisque qu’au fur et à mesure qu’elle énonçait ses interrogations tout haut, les paroles de Coup de Foudre prenaient tout leur sens. Et ce fut à son tour de vouloir se justifier…

« On ne naît pas violent. La violence s’apprend. Elle s’entretient, elle s’attise avec la haine. » Conclut-elle pour expliquer ses actes. « Nuage de Mouche était spectateur d’une doctrine avec laquelle il a grandi. Il n’avait rien connu d’autre. Je devais lui montrer qu’une autre voie existe, car il était victime de la colère de Suie... »

… et faire un pas vers la trêve :

« … tout comme tu as été victime de la mienne. »

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AVATAR & SIGNA (c) NIX (Nuage de Méduse)

LasignaturequeSélétrouvemochemaisquiestpasmoche:

» Papa ou pas ? feat Etoile Maudite - end
» 《 Chef. 》 [feat. Étoile du Serpentaire] - abandon
» Puisque c'est toi le chef. [Feat Etoile Feulante] - end
» Pourquoi s'en faire? [Feat. Étoile de Suie] - end
» Qui se ressemble, s'assemble [Feat Etoile Dansante] - abandon