parting clouds -end

La douleur dans son épaule s'agrandissait progressivement au fil des longues minutes - ou était-ce des secondes ? peut-être même des heures -, déformant le faciès généralement calme du matou en une toile picotée de détresse violente. Et s'il ne pouvait plus jamais marcher comme avant ? Et si, en voulant sortir de cette effroyable forêt géante, il ne trouvait personne pour l'aider et s'échouait comme un vieux navire sur les côtes hérissées de sa mort ? Mort. Mort, mort, mort; un mot qui avait été bien plus présent dans son lexique aujourd'hui que dans toute sa vie. Il souhaitait donc l'éviter pour lui aussi, même en admettant qu'un repos éternel dans une si grande tempête aurait été accueilli à pattes ouvertes, comme une vieille amie avec qui l'on renouait des liens. Si les autres n'avaient pas étés dans sa vie, alors… Peut-être...

— Tu es un Nuage du Vent, ou le Nuage du Vent? hein ?
Tu peux me dire ce qu'il s'est passé?

Ses yeux ambrés croisèrent l'électricité de l'autre, le contact créant des étincelles brûlantes dans l'esprit du plus jeune - tout aussi dévastatrices que la question de ce matou tricolore. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Plantant toujours avec une vivacité déconcertante ses trous d'âmes dans l'autre pair, il fit rejouer la scène dans sa tête dans l'espoir qu'elle parlerait pour lui; les cris des autres s'élevèrent dans le fond de ses iris, les griffes pleines de sangs creusèrent des filons de douleur, l'odeur de la mort emplie la moindre partie de son blanc éclaté de fatigue. Si les bourgeons de son visage représentait son âme, alors il espérait pouvoir faire comprendre au tonnerreux la scène horrible à laquelle il avait assistée et participée, tiré par les ficelles imaginaires du clan qui l'avait vu naître. Sa gueule portait encore en elle le goût amer des traces de son passé et l'exhalaison funèbre tapissa le fond de sa langue et de sa gorge alors qu'il ouvrit le passage, susurrant si bas que même le vent dut tendre l'oreille pour entendre;

— La mort.

La mort.

Si ça avait été possible, le blanc couvrant le ventre et l'encolure du Nuage du Vent aurait poussé comme des plantes et aurait aspiré toutes les couleurs de sa face et ses yeux redevenus vitreux - comme celui d'une source claire, qui se salissait à vue d'oeil de sédiments.

Il avait là tous les symptômes d'un choc post-traumatique mais devant lui, Coup de Foudre, à mille lieues de ses états d'âmes, revenant d'une soirée/nuit trop mouvementée pour complètement tout s'en rappeler, sentit comme une montée de "ras-le-bol" le prendre au dos. Son oreille tiqua, comme sa commissure. Il avait dit la mort. O.K. Rien de moins. Mais la mort de qui? Devrait-il enfin veiller les petits d'Étoile de Suie, comme il l'avait prédit? Ou peut-être quelqu'un d'important était mort? Chouchou? Nounou? ...Fifi?

Plus ennuyé qu'autre chose (il faut dire que Coup de Foudre avait du mal à feindre la compassion pour des individus dont la circuiterie interne à la tête ne fonctionnait plus... ironiquement), il reconnut chez le Nuage du Vent les signes d'un individu requérant des soins psychologiques alors il ouvrit sa gueule sur un long soupir qui prit la forme d'un râle, roulant des yeux au ciel et dans les arbres et étirant sa patte d'une allonge lasse pour s'approcher de l'être plongé dans son traumatisme. Et comme il l'avait appris, il s'assied à côté, en ronronnant, en changeant de sujet pour tenter de sortir l'apprenti des eaux de ses souvenirs et lui faire reprendre une bonne bouffée de réalité.

— « ...Tu es le Nuage du Vent que Museau Bleu a secouru?

Absent de la scène, Nuage du Vent rabaissa avec lenteur ses yeux, fixant sans grande conviction les feuilles mortes éparpillées à ses pattes. Il n'avait jamais senti une liaison aussi forte entre lui et de pauvres végétaux, mais maintenant comprenait-il la désolation de la parure des grands arbres tombant sans pouvoir se raccrocher à quoi que ce soit. Aucun accrocs. Aucune attache, aucun lien; que le vide autour de lui, comme celui qui s'était créé à l'annonce du départ de sa sœur. Que faisait-elle en ce moment ? Les yeux illuminés de Nuage de la Nuit agirent comme deux phares dans l'ébène moite, permettant au bateau du félin de se réorienter vers les côtes prudentes. Un doux ronron, comme le bruit des vagues contre la coque, s'ajouta à l'ambiance réconfortante qui se créait peu à peu autour de son corps tremblant. Le son soutenu fit pivoter les oreilles de Nuage du Vent, puis sa tête, cherchant ce qui créait les fils de son nouveau dôme amabile.

— ...Tu es le Nuage du Vent que Museau Bleu a secouru?

Le prince des sables abaissa lentement ses paupières pour les rouvrir, fronçant les sourcils d'une incompréhension nouvelle. Museau Bleu ? Pourquoi ce guerrier inconnu lui parlait de… Museau Bleu ? Des sentiments contradictoires vinrent frapper contre son crâne, provoquant une tempête étrange dans ses pensées confuses. La connaissait-il personnellement ? Est-ce qu'il l'avait.. Attaqué ? Probablement pas. Le fait qu'il sache cette information ne venait sûrement point d'un combat furieux, c'était au moins un des éléments que le fils des bourrasques pouvait encore analyser. Ce fut donc sur ceci qu'il leva sa tête pour le regarder, miaulant;

— Mu.. Museau Bleu ? Oui, c'est moi. Comment as-tu appris ça ? Il plissa ses yeux un instant, puis continua; Et.. C'est quoi ton nom ?

Peut-être sa mère avait-elle déjà parlé de lui durant l'une de leurs conversations ? Si le gros matou ne lui répondait pas un mensonge, il allait le savoir assez tôt. En parallèle, tout ceci avait diverti son esprit des remous de l'ancien combat et il arriva enfin à prononcer d'une voix lasse et fatiguée;

— Désolé. Pause. Pour ta patte.

Le retour à la réalité ne se fit pas immédiatement - il ne le faisaient jamais - car toutes les pièces pour le pacifier devaient chacune faire leur effet : d'abord le ronron, pour baisser sa garde et engourdir sa douleur. Puis le rapprochement, pour lui écarter l'illusion qu'il avait été abandonné. Et enfin la question - précise, personnelle, porteuse d'informations qu'il n'était pas donné à tout le monde d'avoir, en plus de permettre au blessé de se contenter d'y répondre par un oui ou par un non.

— Mu.. Museau Bleu ? Ni un oui, ni un non. Oui, c'est moi. Comment as-tu appris ça ? Et.. C'est quoi ton nom ?

Il inclina la tête vers son protégé pour le réchauffer d'un sourire se voulant bienveillant - imitant ceux de Renouveau Printanier lorsqu'il voyait l'apprentissage de Musaraigne s'améliorer.

— Coup de Foudre. Je suis un ami de Museau Bleu. »

Il trouva judicieux de s'en tenir là. Inutile de noyer l'apprenti perturbé d'une vague d'informations, il ne lui semblait pas assez solide pour encaisser les réflexions qu'il lui engendrait de toute manière. De toute façon, son effort de conversation fut un succès, car Nuage du Vent le relança:

— « Désolé.     Pour ta patte.
— Ah.    Ça. Il leva la patte en question, et les minuscules perles de sang qui en coulèrent, se contentant de laper la blessure en haussant les épaules. J'ai failli me faire déchiqueter par des chiens et/ou me noyer dans la rivière hier, alors, bon, une petite griffure de plus ou de moins...

Il recourba sa queue pour la monter sur la croupe de l'apprenti à côté dans un geste de soutien, de camaraderie.

T'en fais pas pour ça, mm? ♡ »

Coup de Foudre
…
un nom qui évoquait les tempêtes
les éclairs, les yeux électriques
mais pas une once de sa mère

Ses oreilles remuèrent avec douceur alors qu'il scrutait encore plus profondément son nouveau compagnon, remuant le bout de sa queue au rythme de ses découvertes. Sous le pelage aux formes étranges du mâle semblait rouler des muscles plutôt bien développés, agrémentés de cicatrices qui coupaient le mélange hétérogène par-ci et par là. Il n'avait jamais encore vu un quadrupède de la sorte, les félins de son propre clan ne dépassant pas les quelques pommes amassées sur elles-mêmes; le gros mâle lui faisait donc beaucoup d'ombre, égalant presque le double de sa taille - autant psychologiquement (beaucoup plus que deux fois) que physiquement. Nuage du Vent n'eut cependant point le temps de diverger sur autres différences de leurs enveloppes charnelles que l'autre leva sa patte, s'exclama un Ah. Ça. sans grand sentiment, puis commença à laper la blessure que le rouquin lui avait administré.

— J'ai failli me faire déchiqueter par des chiens et/ou me noyer dans la rivière hier, alors, bon, une petite griffure de plus ou de moins…

Le tonnerreux, le visage badigeonné d'un air qui avait l'air sympathique, s'approcha de lui pour glisser avec lenteur sa queue sur son corps tremblant. À demi rassuré par ce contact qu'il avait presque oublié et par la voix grave du mâle;

— T'en fais pas pour ça, mm? ♡

, il arrêta peu à peu de frissonner et se laissa un tantinet aller à la chaleur du contact animal. Poussant un bref ronron par habitude, et peut-être parce qu'il imaginait un peu la compagnie de Museau Bleu à la place de celle nouvelle du mâle, il cligna avec lenteur ses yeux au même tempo que son cœur qui ralentissait. Lui aussi avait passé une execrable journée et la seule idée que quelqu'un puisse avoir vécu un même genre d'horreur le fit se courber devant les codes habituels; il parla.

- J'imagine.. Si Museau Bleu est ton amie, alors tu dois sûrement être quelqu'un de bien. Il tenta un pauvre sourire. Nous sommes arrivés pendant la nuit. Elle nous a dit que nous pouvions tuer, alors certains.. Certains l'ont fait. Peut-être même plusieurs.

et tu as vu l'horreur
dans le reflet des yeux
qui te fixaient

Son ronron et ses manières finirent par contaminer Nuage du Vent pour de bon et le détendre. Coup de Foudre répondit à son très lent clignement des paupières de la même manière, par mimétisme, car il ne voulait qu'une chose et c'était de plaquer l'apprenti à terre et lui sortir des lèvres tout ce qu'il avait vu la veille. Mais chaque chose en son temps, il ne fallait pas le brusquer, l'entente valait mieux que la mésentente et même s'il avait envie de rentrer et s'affaisser sur Mistigris (si ce-dernier était en vie?...) il pouvait prendre son mal en patience encore un peu pour le bien du psyché de l'apprenti.

— « J'imagine.. Si Museau Bleu est ton amie, alors tu dois sûrement être quelqu'un de bien. Coup de Foudre lui décocha un sourire carnassier de "tu crois ça? ~" en se rappelant l'interdit qu'ils avaient failli commettre entre les branches d'un des Quatre Chênes, donnant un petit coup d'épaule au rouquin qui reprit du poil de la bête.
— Nous sommes arrivés pendant la nuit. Elle nous a dit que nous pouvions tuer, alors certains.. Certains l'ont fait. Peut-être même plusieurs.

Malgré l'horreur qui transparaissait dans les yeux du petit, ceux de son miroir, devant, ne reflétaient rien. Sans perdre une miette de son sourire avenant :

— Tu te souviens des victimes?

Aucun commentaire sur la folie qui avait consumée Tache d'If et son Clan - il comprenait d'où venait sa rage. Elle blâmait les Lunar Pods pour la perte successive de leurs guérisseurs, le Tonnerre s'était associé aux Lunar Pods, vraiment, pas compliqué de voir de quelle graine avait poussées toutes ces mauvaises-herbe...

Bizarrement perdu dans les optiques trous d'âmes du matou, il remua ses oreilles avec lenteur en n'arrivant point à s'en détacher. L'étrange amitié qu'il voyait dans ses prunelles le rendait légèrement honteux, le petit se rappelant encore une fois des cris qui avaient longtemps résonnés. Et s'il connaissait ceux qui étaient tombés au combat ? Peut-être que la femelle qui avait succombé sous les griffes de ses camarades était de sa famille, ou alors même sa compagne - ou simplement une meilleure amie ? Si oui… Allait-il être dévasté de chagrin et le prendre pour la cible facile ? Nuage du Vent craignait de plus en plus cette situation, voyant arriver à grandes foulées puissantes le désastre sanglant d'où il avait enfin réussi à s'échapper.

— Tu te souviens des victimes? Glissa le grand matou, comme s'il lisait dans ses pensées, le tout orné d'un sourire déstabilisant.
— Huuu… Le rouquin laissa un moment passer, fronçant ses sourcils en essayant de se rappeler les noms qui avaient fusés dans ses songes. V.. Vent du Désert.

Le petit visage de l'apprenti déformé repassa en cadence dans sa tête, comme un vieux film rempli de poussières qui rejouait. Les mots clairement hurlés dégoulinaient d'une horreur sans fin, comme les larmes déchirantes qui avaient glissées sur ses joues; le brun, cette soirée-là, avait perdu sa mère, probablement une brillante et importante étoile dans sa vie. Ironiquement, il s'était battu contre une autre bourrasque.. Et souhaitait sûrement, en cet instant, que celui-ci soit mort à la place de sa génitrice. Le prince des sables hocha imperceptiblement sa tête, roulant son épaule blessée en grimaçant. Aurait-il souhaité guérir la douleur de son adversaire en se sacrifiant à la place de la morte ? Il ne valait mieux pas y penser. Trop de fantômes hantait déjà la coque de son bateau houleux - quelques uns de plus et il coulait, emportant avec lui les esprits heureux de ceux qui l'aimaient.

— Ils ont aussi pris une femelle en otage. Brune tigrée aux yeux verts.. Probablement une guerrière. Il grimaça. Je pense que.. C'est tout.. Même si j'ai vu certaines blessures profondes.

et déjà trop
dans sa tête

— « Huuu…
— Inspire, tu es avec moi.

Il courba et recourba sa queue dans le dos de l'apprenti pour l'aider à garder une patte dans la réalité, tandis qu'il remontait le - bon c'était un petit du vent? Tandis qu'il remontait les Landes de son Esprit à la recherche de fleurs de souvenirs.

« V.. Vent du Désert. »

Vent du Désert.

Mirage du Désert.

Alors son idole mourrait aussi. Puisqu'il n'avait pas le corps sous les yeux et qu'il n'avait pas assisté à la scène, il fit abstraction de la révélation. Elle ne le toucha pas au coeur ni ne le perturba vraiment, mais il eut une pensée pour la coqueluche du Clan que tout le monde aimait dedans. Elle avait été l'apprentie d'Étoile de Suie, puis sa compagne (elle l'appelait son " Oasis "), et la révélation de leur couple dans le passé avait ouvert Coup de Foudre à tout un monde de possibilités nouvelles de partenaires.

Il n'était pas réduit qu'à s'apparier d'une femelle, lui faire des chatons et vivre auprès d'elle comme avait voulu le faire Renouveau Printanier avec Plume de Chouette - il avait le droit, lui et tout autre chat qui le désirait, mâle ou femelle, d'aller et de venir et de jouer ensemble, comme il avait joué avec Mirage du Désert. Comme Mistigris l'avait fait aussi pour gagner leur pari - et donc c'était en partie due à elle qu'il avait pu s'octroyer Mistigris. Mirage du Désert était morte et Coup de Foudre laissa la nouvelle lui glisser sur la fourrure comme de l'eau, ayant bientôt une pensée pour tous les vivants qu'elle laissait derrière.

Ses enfants - Mouche, qui perdait pour de bon ses deux mères.

— « Ils ont aussi pris une femelle en otage. Le bengal dressa vite ses oreilles et ses yeux s'arrondirent - ce n'était pas quelque chose qui se faisait souvent. En toute sa vie il n'avait jamais entendu parler de "prises d'otages" entre les Clans - enfin, sauf lorsque le Tonnerre avait volé ses petits à la Rivière...

— Brune tigrée aux yeux verts.. Probablement une guerrière. »

Une guerrière, brune tigrée aux yeux verts...

Ça ne lui disait rien du tout.

— « Je pense que.. C'est tout.. Même si j'ai vu certaines blessures profondes.
— Ta coopération est très importante pour moi, Nuage du Vent, merci.

Il lui donna un léger coup de front dans son épaule saine, avant de lentement se lever sur ses quatre pattes, sur le point de rentrer.

— Tu peux rentrer, je ne te retiens plus.

Il lui leva sa queue dans un "allez-salut".

HRP:

Sa première réaction fut de fermer les yeux et attendre les griffes meurtrières du mâle, se recroquevillant sur lui-même en priant que tout se termine vite et sans douleur. Mais alors que les secondes passaient et s'égrainaient autour de lui, point de douleur ne se manifestait dans sa physionomie tremblante; qu'un vide glaçant et pesant sur ses épaules. Il put donc rouvrir avec lenteur ses prunelles, risquant une oeillade vers le quadrupède qui se tenait à ses côtés. Rien du tout.

— Ta coopération est très importante pour moi, Nuage du Vent, merci.

C'était tout ? Fronçant ses sourcils en oubliant un instant la douleur, il suivit de son regard le mouvement de Coup de Foudre, celui-ci s'approchant pour lui donner un léger coup de tête sur son épaule intact. Cette proximité fit remuer les longues oreilles du rouquin, les images de Museau Bleu et de son odeur rassurante prenant forme dans son crâne douloureux; peut-être l'autre portait encore d'anciennes effluves de la lieutenante de la rivière ? Mais en inspirant légèrement, il ne sentit qu'une odeur étrange qu'il ne connaissait pas, mélangé à des effluves un tantinet malodorantes - certainement pas les fragrances d'été de la femelle tricolore.

— Tu peux rentrer, je ne te retiens plus.
— …

Et il leva sa queue en pivotant, prêt à repartir dans son campement. L'angoisse du prince des sables regagna avec lenteur son ventre alors qu'il s'imaginait périr dans cette forêt ignoble, mangé par les corbeaux qui trouveraient son cadavre décomposé. Clan des étoiles, il ne pouvait pas sortir de toutes ces branches et.. Ces arbres.. Les buissons..

— Huuua.. A - Attends ! Il clopina pour fermer la distance entre les deux quadrupèdes, trébuchant plus que marchant. Est-ce que tu sais par où est la… Sortie ? Il grimaça. Sa survie dépendait sûrement de la réponse de l'autre.

Il en oubliait déjà l'apprenti, réfléchissant au confort de son douillet petit nid caché tout près des Rochers du Soleil, dans une tanière de Renard. Peut-être qu'il irait à la clairière manger quelque chose - avec un peu de chance, il pourrait croiser quelqu'un pour lui demander ce qui s'était passé la veille et corroborer ou non au récit de son gentil petit informateur. --Ou peut-être valait-il mieux garder profil bas pendant quelques temps? Avait-on seulement remarqué son absence au campement pendant l'assaut? A--

— « A - Attends !

Derrière lui, l'apprenti du vent et ses griffes séchées de sang le rattrapa en quelques foulées vacillantes. Le Bengal plissa ses paupières et tourna sa tête pour l'accueillir mais d'un air à la fois consterné et confus. Il immobilisa sa patte dans son geste et baissa ses yeux sur Nuage du Vent pour bien lui faire comprendre qu'il avait autre chose à faire aujourd'hui.

— Est-ce que tu sais par où est la… Sortie ?
— ... La Sortie?

Un léger rire le secoua avant de pencher doucement sa tête, et de poser à plat sa patte levée sur le sol, commençant déjà le mouvement de son pas en y mettant le poids dessus.

— C'est par le Chemin du Tonnerre, non? Suffit de le remonter. »
Comme taquinerie, il recourba sa queue pour chatouiller le nez de Nuage du Vent, lui flashant l'éclat d'un petit sourire avant de retourner sa tête vers l'avant. Mais après son deuxième pas il le regarda du biais de l'oeil.

— « ...Ne me dis pas que tu as oublié comment rentrer ?

Ça pouvait poser problème. Si Nuage du Vent se perdait dans la forêt et tombait sur un guerrier nettement moins conciliant que lui il pourrait en mourir - ou pire, être tenu en otage pour faire de la pression sur le vent et mettre en danger celle qu'ils retenaient déjà. Ou plutôt serait-ce une façon de la sauver?... Plus il marchait et plus il avait l'impression qu'il ne verrait pas son douillet nid de sitôt...