Everytime [Feat. Secret du Firmament] - end

Everytime

Une larme solitaire quitta son œil, longea sa joue, glissant sur la fourrure. L'amour pouvait il vraiment être puni ? Naïve, elle espérait que non, que elle aussi pourrait y avoir droit, se mentant de nouveau. Aucuns chatons, cela ne signifiait pas aucun amour pour autant, pas vrai ? Il lui suffirait de trouver la bonne plante pour que jamais ce tendre moment tourne mal. Et elle la trouverait, s'illusionnait elle ... Et pourtant, elle savait, elle le savait mais, voulant simplement profiter de cette tendresse qui lui avait si souvent était interdite, elle s'abandonnait au mâle charcoal et pis, elle était prête à le refaire, parce qu'elle l'aimait plus qu'elle n'avait jamais cru possible d'aimer ... Parce qu'innocemment, elle croyait réellement que sa loyauté à son clan, son amour pour le Tonnerre n'en pâtirait pas ... Siamoise perdue entre son coeur et ses croyances, entre la douleurs qu'elle avait vu et les rares bonheurs que la vie offrait. Et si le bonheur était si rare, s'était bien pour qu'on en profite ? Alors simplement ... Pourquoi pas elle ...

Maintenant qu'il avait retrouvé son espace et elle le sien, il s'étira, jeta un regard au triste état de son nid de mousse. Il laissa à Secret du Firmament reprendre son souffle- de toute manière, en voyant sa larme, il se dit qu'elle avait besoin de pleurer et il n'allait certainement pas l'empêcher. Il s'affaira en tirant chaque morceau déchiqueté du duvet de son nid, et des branches de fougères qui formaient sa structure, s'affairant avec une certaine minutie. Un souvenir remonta - normal, à fleur de peau de la sorte il parvenait à fonctionner juste un peu mieux, juste un peu plus normalement, sainement.

Il eut un sourire en admirant son travail vite fait et il s'en retourna vers la siamoise pour s'accroupir à sa hauteur, lui donnant un petit coup de croupe contre la sienne tout en glissant sa tête sous son menton afin de l'aider à se relever.

— « Il nous reste ces deux rendez-vous, aussi » il lui dit avant de se distancer, feutrant ses pas, se glissant sous le rideaux de lierres histoire de s'assurer qu'il n'y avait personne dans les parages.

— La voie est libre. Il recourba sa queue sous le nez de la siamoise pour la taquiner, avant de lui jeter un regard par-dessus son épaule. La rivière est toute proche, on fonce? Si tu en as encore la force bien sûr--*  _hhack-- il s'interrompit - malgré les endorphines la douleur de son "impact de balle" au poitrail l'élança, mais il en fit peu de chose, aspirant son air entre ses dents serrées sur un sourire.

Everytime

La réponse n'était pas celle qu'elle aurait voulu entendre, mais elle ne dit mot, aspirant à garder souvenir de chaque coup de langue, de chaque ronronnement fugace, de chaque ... De tout dans cette nuit. Il avait éloigné son navire du rivage, l'avait poussé vers le large, avait soufflé dans son dos, gonflé ses voiles, emporté vers l'horizon. Toujours plus loin, toujours plus ... Et puis il l'avait attirer dans la tempête, dans le tumulte, la poussant à avancer vers l’œil du cyclone, dans ce tumulte, quitte a chavirer, quitte a devenir une naufragée. Sa tête remontait hors de l'eau, regardant le soleil avec cette espèce de joie tintée d'amertume. Elle était si bien là bas, dans le fond, dans l'obscurité, dans ses pattes, livrée à lui, à sa langue, à ses regards, à son corps. Elle s'était offerte mais il était déjà temps qu'ils se séparent et la réalité revenait, aveuglante, légèrement effrayante même. Parenthèse étoilée dans son monde à elle, instant de plus pour lui, rien que ça. Terre conquise après un long voyage ... Elle hoqueta, un instant surprise par le choc, par la réalité, par le froid de leur séparation, par cette remontée à la surface après avoir appréciée d'être ballottée par les flots.

Et alors qu'il refaisait son nid, elle entamait la toilette de son poitrail, mécaniquement, pour cacher son esprit qui revenait à la surface, crever cette dernière pour comprendre, réaliser, et tenter de se mentir, à nouveau. Elle était avec l'un de ses camarades, elle l'aidait. C'était tout. Et le mensonge changea, prit place, naturellement, illusion de plus. Elle avait droit de respirer, d'admirer les profondeurs, comme tout les autres. Cela ne l'empêcherait pas, jamais, de suivre sa voie, de soigner ses camarades, et tout ceux qui en auraient besoin. A l'approche du bengal, sa fourrure s’électrisa et elle redressa la tête vers lui, appréciant de nouveau le contact, se relevant précautionneusement, attentive aux protestations de son propres corps. malgré les légères douleurs, elle recommencerait sans hésitation s'il le lui demandait. Oui, ils avaient encore deux rendez vous et cela raviva la flamme dans son regard alors qu'elle lui emboîta le pas, plus distante cependant. Elle fit mine d'attraper cette extension de la colonne qui leur servait à l'équilibre, avant de répliquer, taquine. Tu risques de te faire distancer ... Elle le poussa, longeant son flanc, le collant pour s'extirper du boyau pour observer les environs à son tour. Sa voix devint un murmure alors que de nouveau, leurs têtes étaient des plus proches. Il est temps d'aller soigner cette plaie après tout, n'est ce pas ?

Le mensonge était là et pour les autres, il ne resterait que cela, alors qu'elle-même aspirait à connaître de nouveau l'ivresse de leur union. Secret, ce nom était si bien choisi, les étoiles ne l'avaient elles pas poussés justement à garder sa relation avec Coup de Foudre secrète ? Il lui suffisait de se persuader qu'elle voyait juste ...

Il perdit vite ce sourire à la queue qu'on lui tira, étouffant un piaillement de sa bouche en rentrant vite le menton dans le cou comme si on venait de tirer les rênes de son mors invisible. Il expia sa douleur par un souffle du nez, tandis que la siamoise, taquine, le longea pour le rejoindre à l'entrée de la tanière de renard et accueillir les rayons du soleil de son splendide sourire - si un peu affaibli, un peu triste, un peu fatigué de sa "veillée".

— « Il est temps d'aller soigner cette plaie après tout, n'est ce pas ?
— « Tu fais les soins à domicile? ♡ ♡ ♡
Le bengal partit comme une balle en détalant, se retournant à mi-chemin pour lui faire face en caracolant sur-place.

— Ha hah! Il s'efforçait tout de même à retenir le son de sa voix, chuchotant plus fort qu'un murmure mais moins qu'une parole: Viens Fifi! ♫

Il ne voulait plus la voir se torturer. Se sacrifier. Les Étoiles n'étaient que des ingrates de tout ce qu'elle faisait pour Elles et il changerait les choses. S'il devenait Lieutenant - s'il devenait Étoile, s'il faisait ses preuves, il leur prouverait à tous le poids de sa vision sous la forme d'une réforme, et ensuite? Fini la stigmatisation des "brouteurs d'herbe". Fini les tensions entre les Clans.

Sa queue battit par choc latent de sa douleur précédente et une fois la siamoise sortie il courra là où les arbres se raréfiaient aux Rochers du Soleil et à la Rivière toute près, pour déjà y mettre les pattes dedans et s'y rouler - s'y mouillant de la tête aux pattes. À la rosée de l'aube, l'air était frais et il se sentait renouvelé malgré la fatigue de tout ce qu'il avait fait la veille - son Secret, mais aussi l'autre de son exploration du Cirque avec quoi faire Mumuse.

Everytime

A la question de soin à domicile, elle lui répondis d'un petit coup de museau, trop heureuse de cette pseudo-complicité entre eux, de ce qu'ils avaient partagés, sans qu'elle ne comprenne que le mal était fait. Oh la vérité arriverait bien assez vite, lourde de conséquence, mais pour cette fois, elle avait seulement songer à ce plaisir, à ses contacts physique entre eux. L'espace d'une fin de nuit, de quelques heures misérables peut-être, elle avait seulement rêver à cet autre vie possible. Mais le rêve était réel et cette évasion là allait coûter cher. Quel mal y avait il à être proche de l'un de ses camarades ? La question revenait depuis quelques minutes, la taraudait à nouveau, poignard vicieux. Morsure silencieuse qui bridait à nouveau son cœur sous un étau de raison mêler à des illusions. Car s'illusionner était moins dur que d'admettre la vérités. Les conflits, les batailles, les morts, tout cela avaient depuis bien longtemps atteint la pauvre siamoise qui pour une fois, s'était éloignée de tout, pour vivre juste pour elle-même le temps d'un instant.

L'instant d'après, Coup de Foudre filait et prenait de l'avance et sans attendre, elle fila a son tour, ventre à terre, sans lui répondre, submerger par un - elle ne savait trop quoi - de besoin urgent. Avec souplesse, elle se glissa sous les branches, son acuités rendue plus forte par cette tension soudaine, et lorsque la rivière arriva, elle y plongea bien vite, sans réfléchir, sans avoir temps de réagir à vrai dire. Précipitée par cette douleur sourde, cette impression lourde que quelque chose de grave pouvait être arriver, intuition sans doute ? Même si au fin fond d'elle même, elle savait que la seule faute, elle l'avait commise peu avant ... La panique enfla aussi vite que l'eau l'entoura et ses pattes battirent avec la force du désespoir en un instant. Elle avait la chance de ne pas être loin de la berge, mais sitôt qu'elle se retrouva sur la terre ferme, elle s'écroula, son corps a demi immergé encore alors qu'elle reprenait son souffle, l'eau bouillonnant autour de sa fourrure, de ses oreilles. A peine réalisa elle ce qu'il venait de se passer qu'elle cracha, avant de se hisser, s'écroulant a peine plus loin, transi de froid. Transit surtout par cette nuit et les conséquences qu'une part d'elle même connaissait. mais l'illusion reprit à la vue d'une plante. Il suffisait d'une seule, et elle serait celle qui libéreraient les guérisseurs de cette infâme promesse qui les liaient aux étoiles et leurs interdisaient le bonheur qu'elle venait de découvrir ...

En sortant de l'eau, ravivé par la fraîcheur, il entreprit ensuite de s'asseoir au rebord pour faire sa toilette avec autant de minutie qu'il avait tenté de reconstruire son nid, qu'il fut interrompu par un Éclair du Firmament.

La siamoise fusa à ses côtés et plongea tête la première dans les bas-fonds de la Rivière. Le bengal se hissa de sa position et plissa les paupières en la cherchant à la surface qu'elle émergea à grandes pagaies de ses pattes en éclaboussant de l'eau partout (il dut d'ailleurs se rétracter et s'éloigner de quelques pas pour s'éviter d'être à nouveau trempé). Ses fous mouvements menèrent la siamoise jusqu'à la berge et à peine eut-elle foulé la terre qu'elle était repartie, en crachant, en se hérissant, avant de s'écrouler non loin.

Coup de Foudre suivit le spectacle du nez, amusé, dressant ses deux oreilles lorsqu'il la vit choir dans l'herbe sèche de l'automne et visiblement gelée de la tête aux pieds. Sans bouger de sa position, occupé à se lécher la patte et se la passer sur la tête et les oreilles pour les aplatir d'une adorable rotation, il la relança:

— ... Ça va, là-bas ? ~

Un défaut de fabrication? Pas vraiment. Une preuve de l'instinct sauvage qui lui était dicté par sa tête - chose à laquelle lui n'avait plus le droit, mais qu'à cela ne tienne! Il s'attendait presque à la voir se redresser brusquement avec un "J'vais bien!" avant de recommencer.

En levant le nez au ciel, l'absence des Étoiles dedans le soulagea. Il prit de longues minutes à faire sa toilette pendant que l'Éclair courait, batifolait et culbutait dans l'herbe. Tu vas te faire mal, il la prévint, mais une fois sa toilette terminée et une fois qu'il s'était bien étiré il se transforma en Éclair Moqueur à son tour pour la pourchasser.

***

C'est détrempés et grelottants de froid que revinrent les deux chats au campement, direction la tanière de la guérisseuse, en retrait, pour qu'elle puisse enfin traiter sa plaie.

Les guerriers commençaient à peine à se réveiller et à déambuler entre les tanières du Tonnerre et personne n'avait l'air de s'en faire de quoi que ce fut ; personne ne savait encore qu'entre les palissades de ronces et les marbrures du bengal charbon se trouvaient les toutes petites marques d'un Secret. Un Secret, il espérait, qui serait non pas toléré mais accepté, encouragé dans le futur,

libérant les guérisseurs
de toutes leurs tortures.

HRP: