Accepter la loi (avec Feulement Nuageux) - end

La situation s'envenima rapidement. Trois mouvements et voilà que l'apprenti se prenait un violent coup dans la mâchoire et se voyait forcé de reculer. En soit l'attaque n'avait pas été la plus violente mais le choque placé au mauvais endroit, son museau, suffit à le faire saigner du nez.

" Tu vois ? C'est facile. Ça vaut pas le coup de plonger dans la boue. "

L'apprenti cracha, plongeant son regard colérique sur son tuteur. A mi-chemin entre son éternelle confusion et son éternelle rage. Pas le temps de procéder l'information, il voyait rouge. Ses pupilles dilatés se transformèrent en deux petites fentes à l'instant ou son instinct pris le dessus de manière visible.

Peu impressionné (puisqu'il était aveuglé par son mécontentement et qu'il avait été élevé pour se jeter sur tout ce qui bougeait) et malgré l'imposante carrure du mâle face à lui, il se jeta dessus pour enrouler ses pattes avant autour de son cou et l'emmener au sol avec lui.

Voilà qu'à nouveau, dans un torrent de feulement, de fourrure sombre et de griffes, les deux ombreux se retrouvaient à patauger dans la boue ensemble. Il fallait s'y attendre. Inévitable lorsqu'on testait les limites d'un gamin encore trop instable.

Il aurait été plus intelligent et sage de la part de Feulement Nuageux que de laisser son aîné passé. Mais il était têtu. Pas éduqué. Sauvage et indompté. Aboyait quand on lui aboyait dessus, mordait quand on le mordait. Qu'importe la taille de son adversaire ou sa force. Un chien de combat au milieu d'un ring. Bavant et grognant.

La gueule dans la boue Feulement Nuageux ne parvenait pas à respirer. Il se débattait pour reprendre son souffle mais Feuille de Houx prenait un malin plaisir à lui maintenir la tête dans la crasse du charnier.

La bouche de l'apprenti se remplit du sol visqueux et son nez aussi. Panique, humiliation, colère. Son cœur s'enflamma dans sa poitrine, s'emportant comme un étalon paniqué et bientôt son corps finit par agir sans son contrôle. Comme souvent. Bien trop souvent d'ailleurs.

D'un coup de hanche l'adolescent réussit à légèrement déstabiliser le guerrier de l'ombre, assez pour échapper à son emprise et lancer sa patte à son visage, toutes griffes sorties.

Quelques pas en arrière.

C'était un progrès.

Il prenait du recule.

Ses flancs s'élevaient et s'abaissaient à un rythme soutenu. Sa bouche entre ouverte par le besoin d'oxygène cracha le surplus de saleté à terre et son regard assassin se planta sur Feuille de Houx. Coriace, on pouvait lui accorder ça. Mais trop coriace, c'était là la leçon d'aujourd'hui. Faudrait-il encore que le gamin la comprenne.

Il n'attaqua pas. De manière surprenante.

Non, plus intelligent (peu-être pas encore assez pour abandonner) il mit en oeuvre ce que lui avait appris le mâle sombre à nouveau. Se fit plus grand, plus impressionnant, plus terrifiant. Fourrure en bataille, crocs et griffes à l'air. Il redonnait tout le sens à son nom.

"Recule."

Feula t-il en ultime avertissement.

Feulement : 40/100
Houx : 150/200

" Je fais ce que je veux. "

La posture du guerrier sombre le déstabilisa légèrement. Droit, noble, ne montrant toujours aucun signe de colère ou de fatigue. Impressionnant à côté d'un enfant boueux au souffle court et dont la rage enflammait le regard.

" J'espère que tu comprends qu'il y a des fois où on ne peut pas toujours tout décider. "

Lui miaula Feuille de Houx en étirant les muscles de son corps. Feulement Nuageux gronda, agacé par le simple son de sa voix et son attitude si lasse. Le clanique se sentait au-dessus de tout et le faisait sentir à son entourage. Mais l'aspirant de l'ombre en prenait de la graine, prenait mentalement des notes. S'adapter ou mourir.

" Allez, sois beau joueur, gamin. C'est rien qu'un peu de boue dans ta vilaine bouche, je te jure qu'on sentira même pas la différence.
- Mais ferme là. "

Cracha t-il en forçant sa respiration à se calmer, inspirant et expirant plus doucement. Il se redressa à son tour et ordonna psychiquement à sa fourrure de retomber. Toutefois ses griffes refusaient de rentrer dans leur fourreau. Il était encore trop méfiant, trop tendu pour cela.

" C'est bon, t'es passé, t'es content, qu'est-ce que tu m'veux? "

Lui demanda t-il en essayant tant bien que mal de prendre un ton neutre. Ce qui était dur, très dur lorsque ses pattes brûlaient sous les flammes du désir de violence et de vengeance qui grandissait en lui.