Accepter la loi (avec Feulement Nuageux) - end

" Que tu apprennes à réfléchir autrement que comme un chaton. Enfin, comme un chaton particulièrement bête, parce que heureusement, la plupart sont plus vifs que toi. Dans la vie s'il y a bien un moment où tu dois être lucide, c'est lorsque les autres te provoquent. Quand tu vois que tes ennemis sont plus forts que toi, dans un premier temps, ce n'est normalement pas si difficile. Mais c'est encore plus important lorsque ton ennemi n'a pas l'air vraiment plus fort que toi. Et c'est tout aussi important lorsque celui qui se fout de toi n'est pas ton ennemi. Ton père s'amusait beaucoup à provoquer les membres du Clan pour faire assassiner ceux qui ne savaient pas assez bien faire semblant de l'apprécier. Et ça n'a jamais disparu. Tes camarades ne te ficheront jamais la paix, mais t'as intérêt de savoir rester des leurs, parce que si jamais tu te retournes, si jamais tu les évites, ils te bouffent. "

Le petit écouta, ses oreilles se tendirent lorsqu'il entendit parler de son père et pendant un instant il en oublia presque l'entrainement. Ses griffes qui labouraient le sol aux mots rabaissant de Feuille de Houx se figèrent. La vérité était que bien qu'il avait toujours idolâtré son paternel lorsqu'il était petit il ne connaissait pas grand chose de lui. Si ce n'était que quelques petites histoires par ici ou par là. L'épreuve de la marque, le harem. Il paraissait que c'était un dirigeant dur et violent aussi. Le genre de choses qui paraissaient être des qualités essentielles pour cet orphelin qui n'avait vécu que par le sang et les coups.

" Tu as connu mon père. "

Chuchota t-il tout bas, pour lui-même. Oui, évidemment qu'il l'avait connu. C'était juste que l'apprenti n'interagissait presque jamais avec les adultes de son clan et les apprentis eux n'avaient pour la plupart pas vécu sous le règne du serpentaire. Ou étaient trop jeunes pour s'en souvenir, comme lui. Il remarqua le visage tordu par le dégoût de Feuille de Houx et alors que son esprit avait complètement quitté la séance de combat il se ressaisit, chassa la question qui grandit en lui (Etait-ce à cause de son père que Feuille de Houx le détestait autant?) et se replaça sur ses appuies. Noté, rester lucide, calme, neutre. Plus facile à dire qu'à faire hein. Surtout lorsque la simple vision du visage du guerrier sombre donnait au sosie d'Etoile du Serpentaire l'envie de tuer un chaton.

S'il essayait de retenir "les conseils" que lui donnait ce chat qu'il détestait pourtant autant c'était bien parce qu'il avait compris qu'il était plus fort que lui. Parce qu'il devait lui accorder être un guerrier particulièrement puissant. Alors oui, ça lui pétait les couilles, mais s'il voulait devenir plus fort il devait appliquer ce que lui disait ce con. Imiter ses mouvements. Chose qu'il avait du mal à admettre lui-même. C'était certainement une des raisons pour lesquelles il s'obstinait à n'en faire qu'à sa tête. Avec le fait qu'il ne contrôlait pas vraiment ses pulsions.

" Et on fait quoi? Après? "

Spoiler:

" Après, mon petit, il y a des choses qu'il faut savoir. Le Code du Guerrier, dans lequel tu trouveras tous les crimes impardonnables que cette ordure a commis à ma connaissance. Et ça, Feulement, c'est indispensable. Je te jure que ça va rentrer, d'une façon ou d'une autre. Et y'a aussi intérêt à ce que t'apprennes à te bouger correctement. Et à respecter tes aînés. Parce que y'a des fois où je me demande si c'est pas moi qui finirai par te couper en deux tellement tu respires l'insolence et l'ingratitude.
- Va t'faire foutre, apprend à me respecter avant.
- Sauve-toi vite. J'espère que tu es assez grand pour prendre de l'avance."

C'était donc fini Pour aujourd'hui? Comme d'habitude la séance laissa un gout amer de frustration et de colère dans la gorge de l'apprenti. Comme d'habitude elle avait souillé son pelage. Comme d'habitude elle avait parsemée son corps d'égratignures rougeâtres.

Le jeune mâle fixa le guerrier droit dans les yeux, déversant par un regard son humeur massacrante dans le sien avant de reculer légèrement et de lui tourner le dos, les sens toujours en éveil et les griffes toujours sorties. Il ne lui faisait toujours pas confiance. Peu-être encore moins. Mais il apprenait, doucement, il apprenait. Et ces entraînements, ces séances de coup de fouets et de rugissement renforçaient le gamin. L'aidaient à grandir de la bonne ou de la mauvaise façon. Dans tous les cas il évoluait.

Le corps sombre du fils du serpentaire disparu dans la végétation et l'obscurité des terres de l'ombre.

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