Mère lune, ou Parents étoiles ? [Pv Feulement] - end

Mère lune, ou Parents étoiles ?.

Le novice ne parvenait à trouver le sommeil, cette fois encore, le temps s'écoulait sans qu'il ne ferme réellement l’œil. Oh ce qu'il aurait aimer pourtant, être frais et disponible le lendemain, dormir. Mais non, parfois, la vision de Manchot lui fonçant dessus s'imposait, brève et il frissonnait. Découragé, il s'échappa de la tanière, se retenant de marcher sur Nuage des Orages, quand bien même l'envie était grande. Dehors, l'air était frais et une silhouette sombre se tenait au centre du camp. Il fallut un moment au jeune pour reconnaître Nuageux Feulement et se décider à l'approcher. Silencieux, il s'avança vers son camarade mais se tint à bonne distance pour miauler enfin, espérant ne pas surprendre pour autant son camarade.

- Toi aussi, tu ne dors pas, Feulement ?

Sa voix était douce, et tout en lui indiquait qu'il était prévenant, prêt à se reculer en cas d'attaque, mais il ne souhaiter en rien faire peur à cet aîné si particulier. Et puis ... Il savait que la réponse ne viendrait sans doute jamais alors il enchaîna, décidant qu'avec le noireau silencieux, peut-être, il aurait une oreille attentive.

- Je sais que tu à déjà parler de ... D'eux, avec ma sœur ... Les ... Lunar ... J'ai pas voulu écouter mais, je vous ai entendu ... C'est à cause d'eux, c'est ça, que tu ... Il poussa un long soupir, sélectionnant ses mots. Que toi au moins, tu ne fais pas comme si de rien n'était, comme si ils n'étaient bon qu'à effrayer les chatons pas sages ... Car les Lunar avaient étaient bien davantage qu'un mythe et l'apprenti brun s'assit, attendant, guettant une réaction.

Il était tard, impossible de fermer l'œil. Pour un enfant de son âge Feulement Nuageux avait vécu beaucoup de choses alors il lui arrivait de se faire hanter par ses vieux (pas vraiment) démons. Plus qu'il ne voulait l'admettre. Plus qu'il ne le laisserait jamais paraître. Car le petit était un mur de briques froides. Impossible de savoir ce qu'il se passait à l'intérieur de son crâne, imprévisible à souhait. A l'exception d'Esprit Soucieux auquel il n'avait crainte de se confier. Enfin, encore, cela dépendait grandement. Comment accorder sa confiance? Une mission presque impossible pour l'enfant des étoiles volé par la lune.

Alors comme il ne souhaitait pas partager ses doutes et ses douleurs avec ses camarades il avait décidé de quitter la tanière des apprentis, enjamba la forme endormie tout près de lui de Nuage des Orages et déposa son corps fatigué et marqué par l'abus fréquent qu'il subissait au milieu du camp.

Il avait réussi à chasser la boue hors de son pelage épais et à le lustrer à nouveau ce qui cachait assez bien sa maigreur (bien qu'il avait reprit beaucoup de poids) et ses multiples cicatrices. Tout comme il cachait son désespoir sous un masque de marbre et de colère placé sur son visage.

Ses yeux se dressèrent vers les étoiles sans qu'on ne puisse y lire aucune question ou aucune foi. Encore athée. Il ne croyait pas en toute cette histoire d'ancêtres sans queue ni tête qui poussaient les chats à s'entre-tuer. Il était fatigué. Plus mentalement fatigué que physiquement.

La perte de son père, de sa mère, de sa famille en général; son enlèvement, la famine, la négligence, la torture psychologique et physiologique, les mauvais regards de ceux qu'il devait considérer comme "siens", les entraînements relevant plus de l'abus en compagnie de Feuille de Houx, les insultes. C'était trop. Et si récent. Dur de procéder toutes ces informations qui noyaient son âme brisée.

Alors seul, assit et bercé par la brise froide il se demandait ce que sa mère aurait fait à sa place, ignorant que la réponse était: rien. Rien car elle même était aussi déchirée et ruinée que lui lorsqu'elle était encore en vie. Mais cela Feulement Nuageux ne l'avait jamais réalisé car lorsqu'il avait vécu auprès d'elle il était trop jeune pour voir quoi que ce soit.

" Toi aussi, tu ne dors pas, Feulement ? "

La voix le surpris légèrement. Voilà pourquoi il détestait se perdre dans ses pensées, il baissait sa garde. Ses yeux se posèrent sur Nuage de Crocs mais il ne répondit rien, tournant son visage à nouveau vers la forêt devant lui. Malgré leur dernière rencontre assez violente l'aspirant n'avait rien contre son camarade de tanière. Toute cette histoire ne le concernait pas.

" Je sais que tu à déjà parler de ... D'eux, avec ma sœur ... Les ... Lunar ... J'ai pas voulu écouter mais, je vous ai entendu ... C'est à cause d'eux, c'est ça, que tu ... Que toi au moins, tu ne fais pas comme si de rien n'était, comme si ils n'étaient bon qu'à effrayer les chatons pas sages ... "

L'oreille gauche du fils du serpentaire se tourna vers son interlocuteur puis seul ses yeux se posèrent sur lui, sa tête restant à sa place.

" Tu veux parler des Lunars c'est ça? "

Miaula t-il d'une voix froide mais calme. Pas de reproches, pas de jugement, une simple question.

" Tu te demandes qui sont tes parents ... "

Continua t-il plus bas. Toujours d'un ton neutre bien qu'un peu distant.

Mère lune, où Parents étoiles ?

Nuage de Crocs fini par approcher, par s'asseoir, à côté de l'apprenti plus vieux que lui et pourtant, laissant entre eux un espace assez grand pour qu'un chat imposant s'y glisse. Il comprenait plus vite que ce qu'il voulait laisser voir et il avait depuis longtemps comprit que l'enfant enlevé par la lune n'aimait guère les contacts Et si il y avait bien une chose que le fils de lune aux longues canines avaient aussi compris, appris, retenue, s'était de respecter ses camarades. Parce que le respect amener une certaine confiance et que la confiance, s'était ça qui déterminerait sa place dans le clan. Or pour l'heure, il en avait énormément à gagner. Autant ne pas faire de faux pas trop vite. Et à la question de Feulement, il hocha la tête, très légèrement, tout en fixant à son tour ce ciel qui les gouvernaient tous. Lui aussi était percé à jour et il décida de miauler, de répondre, sans tourner en rond, juste d'être franc. Parce que tout les chats du clan de l'Ombre, Feulement était peut-être celui dont il avait le moins peur. Le passé du félin, il en avait appris des bribes, à peine qu'il avait souffert et qu'il valait mieux pour Crocs de ne pas déranger son aîné. Mais très rapidement, il avait aussi conclu que de tous, Feulement était le plus facile à comprendre. S'il s'énervait, il fallait s'éloigner, le laisser tranquille, s'il se replié sur lui même, avancer avec des pincettes. Les sentiments, les émotions du noir était pur. Pas masqué sous de faux semblant comme chez certain. Et ça pour Nuage de Crocs, s'était d'autant plus facile à vivre qu'il pouvait donc appréhender le terrain avant. Comme marcher sur de la glace et apprendre de par sa couleur, ses bruits, si elle tiendrait le coup où si au contraire, il valait mieux renoncé dès le début. Il rester toujours le risque d'une crevasse caché mais, ça, nul n'y pouvait rien.

- Tu as raison. Parfois je me dis que les autres ont raisons, que les Lunar étaient tous des monstres mais ... Mais je me dis aussi que comme dans les clans, certains pouvaient être différent ... Et j'aime a croire que mes parents n'étaient pas des monstres ... Où ... Où pas pire que certains d'entre nous.

Le souvenir de Nuage de Manchot voulant les tués été là, démon bien vif dans son esprit. L'apprenti avait tenter des les éliminés, purement et simplement, sans aucune autre forme de procès et seule l'arrivé d’Étoile Maudite avait changer les choses, causant le décès du novice tricolore ... Il secoua la tête, brièvement avant de pousser un soupir. Feulement n'aurait sans doute jamais de réponse pour lui, mais même au sein du clan, personne n'en aurait sans doute à lui offrir. Alors il tentait de maintenir un peu d'illusion, juste pour lui, que ses parents est pu être, et bien, de brave Lunar suivant les ordres. Pas par lâcheté, simplement parce qu'il espérait que peut-être, comme dans les clans, la voix du chef faisait loi ...

Nuage de Crocs se rapprocha. Pas trop. Il posa sont derrière un peu plus loin, prenant soin de laisser de l'espace entre lui et son aîné. Un choix sage, respectueux mais toutefois seulement logique aux yeux de l'apprenti sombre. Entre les tanières remplies et la cérémonie du partage Feulement Nuageux se demandait pourquoi est-ce que les claniques étaient aussi obsédés par le contacte physique.

" Tu as raison. Parfois je me dis que les autres ont raisons, que les Lunar étaient tous des monstres mais ... Mais je me dis aussi que comme dans les clans, certains pouvaient être différent ... Et j'aime a croire que mes parents n'étaient pas des monstres ... Où ... Où pas pire que certains d'entre nous. "

De sa voix rauque, dur et trop adulte pour un jeune chat de son âge le gamin brisé répondit:

" Le racisme c'est des conneries. Y'a pas de races ni de clans pour être un enculé. "

Des mots tout aussi tolérants qu'intolérants. Il n'y a pas de xénophobie lorsqu'on déteste tout le monde. La queue de l'orphelin s'enroula doucement autour de ses pattes sans que son regard ne quitte la silhouette des grands pins qui entouraient le camp.

" Tes parents étaient probablement des bâtards si tu pars du principe que le monde est peuplé de quatre-vingt-dix pour cent de sale races. Mais j'en sais rien, p't'être aussi qu'ils faisaient parties des dix pour cent restant. "

Puis doucement son visage se tourna vers le matou fauve aux longs crocs, son regard d'ambre se mélangeant alors avec l'émeraude des yeux de son compagnon d'insomnie.

" De toute façon tu l'seras jamais alors arrête de t'torturer avec ça. C'est une perte de temps. C'pas comme si tes parents définissaient qui t'étais. "

Son père, Feulement Nuageux ne l'avait jamais vraiment connut. Il ne gardait de lui que le nom qu'il lui avait donné: Feulement. Et son physique aussi. Sa mère, elle, portait bien sont nom. Une fleur. Pourtant cela n'empêchait pas le monde entier de le traiter comme une grosse merde.

Il parlait plus que d'habitude ce soir.

C'était probablement le deuil,

la douleur,

la fatigue,

la solitude qui le poussait à converser.

Mère lune, où Parents étoiles ?

La réponse de Feulement fit très légèrement s'étirer les coins de la gueule de Crocs qui même si il ne cautionner pas le langage de son aîné, appréciait ça, cette franchise brut. Et puis au moins, dit comme ça, les choses devenait plus simple, moins douloureuse et lourde à porter, à supporter. Cela lui rendrait il le sommeil ? Il en doutait mais il pouvait y croire non, que cette version là aiderai ses questions à devenir néant, à s'effacer. Au moins un peu, au moins une nuit. Peut-être oui, s'y accrocher, s'y suspendre pour ne pas tomber. Ce simple dix pour cent était un espoir qui continuer à briller, une petite lumière dans un océan de ténèbres quasi impénétrable. Le regard de ce presqu'ami le fit frissonner mais il opina, doucement. Il ne pouvait rien faire d'autre que de tenter de suivre le conseil. Le jeune chat soutint malgré tout le regard.

- Toi aussi, tu te pose des questions, c'est ça ?

Si les Lunar Pod ne l'avait pas enlevé, comment Feulement aurait il grandi, serait il ce chat froid et distant, presque agressif parfois, serait il ... Il y avait au final tant de questions que les deux félins devaient se poser, chacun de leur côté. faire au mieux pour ne pas les laisser prendre le dessus était sans doute mieux. Oui, essayer que tout ça ne lui ronge pas le cœur, cruellement. Nuage de Crocs fixa le ciel, et poussa un long soupir. Avait il la force de faire taire ses questions ? sans doute pas mais le fils du serpentaire avait raison sur un point, il devait rester debout et avancer même dans la tourmente. S'était la seule chose à faire, même si ça n'avait rien de facile mais après tout, rien n'était facile depuis le début pour le fils de la lune. Car il était né dans le sang, lors d'une bataille qui avait rougis la terre sacrée des quatre chênes ... Et il devrait vivre a jamais avec le pesant regard des autres ...

" Toi aussi, tu te pose des questions, c'est ça ? "

Le mâle ne répondit pas de suite, il hésita. Un instant, oscillant entre mécaniquement répondre: Non. Comme pour se protéger. Ne pas exposer ses faiblesses. Tout garder pour lui-même. Ou miauler: Oui. S'ouvrir un petit peu. Dire la vérité. Indécis, il lâcha alors:

" Je sais pas. "

Et en soit, ce n'était pas un mensonge. Il ne savait pas vraiment. Il y avait des jours où il se contentait de vivre sans réfléchir, ne suivant que ses instincts et ses pulsions. Des jours où il ne réfléchissait plus. Les meilleurs jours. Puis il y avait les pires, où il se posait de nombreuses questions, réalisait sa solitude, la douleur fraîche et destructrice de la perte de sa mère. De son enfance, de tout ce qu'il avait de plus cher.

Pourquoi lui? Qu'avait-il fait? Avait-il mérité toute cette merde? Les étoiles existaient-elles vraiment? La lune aussi? Pourquoi est-ce que sa mère était morte? Était-il vraiment une mauvaise personne? Faisait-il parti des quarte-vingt-dix pour cent d'enculés? Ou des dix pour cent restant?

Est-ce qu'il pourrait rire comme il le faisait autrefois? Il n'arrivait plus à rire.

Pourquoi devait-il toujours se battre? Son corps lui faisait mal. Toujours. Jamais confortable dedans à cause des plaies fraîches qui s'ajoutaient après chaque entraînement avec Feuille de Houx.

On l'avait lâché dans ce clan comme dans un océan et on lui avait dit: Nage. Sa seule bouée de sauvetage était trouée, lui-même. Peu-être Esprit Soucieux. Éventuellement Orages.

Puis il était toujours plein de rage, avait envie de fuir, d'escapade, du grand large.

Mais pour aller où? Sa mère était sa maison, mais elle avait laissé seul pour un monde meilleur. Oubliant son enfant derrière elle, le laissant dans la boue, dans la crasse. Que lui restait-il? Une corde pour la pendaison?

Non, il n'avait pas envie de mourir. Il voulait vivre. Force instinctive qui le poussait à battre des ailes. Mais il en chiait, car lui contrairement à ses camarades, on ne lui avait pas expliqué les règles de la vie. Et il ne pouvait pas les suivre. Et quand bien-même, voudrait-il le faire?

Ce soir était un de ces soirs-là. Ceux où il réfléchissait. Se frappait à coup de fouet. Se sentait incompris. Parce que personne le comprenait. Mais ça en soit, il l'avait accepté.

" Les gens ils t'tapent à cause de tes origines nan? "

C'est ce qu'il avait compris. Ce qu'il avait vu, aussi.

Mère lune, où Parents étoiles ?

Nuage de Crocs remua les oreilles, brièvement, comme si la réponse ne le satisfaisait pas. Et s'était le cas, un peu, en un sens. Non, il n'était pas convaincu par cette réponse là, ce "je sais pas" qui pouvait à la fois tout, et rien dire. Mais le brun n'en toucha mot car si il n'était pas convaincu par ce semblant de réponse, il lui semblait la comprendre, un peu. Feulement pouvait il avouer que dans sa tête tourner milles et unes choses ? Sans doute pas, personne n'aimait parler de soi où du moins, bien peu le faisait vraiment, ouvert sans secret. Lui-même ne cachait il pas justement ses insomnies à sa sœur ? Alors au lieu de pousser plus avant, il se dit que le noir parlerait si il se sentait à l'aise, en confiance et Crocs la savait dure à obtenir, c'est pourquoi il se contenta de répondre, tout doucement.

- Je crois que je peux comprendre, un petit peu du moins.

Oui, comprendre qu'il n'était pas le seul a qui l'on avait pas fait de cadeau, comprendre qu'on avait chambouler l'univers de son camarade au point que ce dernier se retrouve là, assit, à fixer le ciel, sans but sans doute, autre, que celui d'apaiser un esprit qui tourne, chamboule, éructe tel un volcan qui explose sous l'impulsion soudaine d'un trop plein de lave. La suite provoqua chez le jeune félin un sursaut léger, simple tête qui se tourne un peu plus vite que normalement, simple regard surpris. Il n'avait jamais trop penser à ça, il était né fils de lune est été devenu membre de l'Ombre, alors oui, s'était sans doute normale qu'on lui en veuille à lui puisque ... Puisque les autres Lunar étaient tous sois morts, soit partis, dispersés, envolés, poussières et cendres, carbonisés, oubliés. Mais ses origines en étaient ils la seule origine justement, de ses regards, de ses coups reçus, gratuitement finalement car lui-même, qu'avait il fait de si répréhensible si ce n'est naître, vivre, survivre ? Le novice se redressa et se secoua, ébouriffant son pelage contre le froid, s'écartant un peu plus de Feulement, pour faire quelques pas, et se rasseoir, face à présent, à son vis à vis.

- Sans doute oui. J'y ai jamais songer en fait parce que ... D'aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été ... Normal.

Il remua la queue, doucement avant de s'étirer, épaules qui roule doucement sous la fourrure, trop épaisse pour marquer la fine musculature naissante du jeune chat, trop épaisse pour montrer vraiment cette souplesse qu'il pourrait avoir, un jour, à condition d'effacer la maladresse de ses mouvements. Mais le temps aiderait car chaque jour, à chaque entrainement, à chaque corvée, son corps quitter l'enfance et lui apprenait à maîtrisé ce qui faisait finalement, qu'il été lui. Son dos se cambra, entièrement, ses griffes plongèrent dans la terre gelant, avec aisance presque. non, la mauvaise saison n'était pas encore tout à fait là. Puis il revint à sa position initiale, lentement, comme si chaque mouvement été calculer pour usé le moins d'énergie possible.

- Mais au fond, ça l'est pas, normal. Parce que moi j'ai rien fait, c'est comme pour toi pas vrai, c'est pas normal qu'on t'es arraché au clan et ... Et que t'y revienne ... Et qu'on te demande de faire comme si justement, tout été normal ... Comme avant.

Oui, parce que entre temps, l'autre avait vécu des choses, grandi loin des autres, loin des codes qui régissait la vie que Crocs menait et apprécier. Et aussi jeune qu'il puisse être, il démontrait là qu'il en avait plus dans la tête que son apparence pouvait faire croire. Il n'était pas une brute, pas comme ses parents avaient peut-être du l'être. Lui il avait des codes pour régir sa vie qui n'imposait pas uniquement que le plus fort gagne. Oui, Nuage de Crocs avait la chance de connaître l'entraide, un peu. Alors il sourit, vraiment et murmura, doucement.

- T'es pas obligé de répondre tu sais ... A toutes ses attentes ...

Et l'apprenti se tut, relevant la tête vers les cieux, laissant là cette partie de la conversation, offrant des portes à ouvrir sans vraiment osé le faire, de peur de défoncer le paysage fragiles derrière, de peur de mettre le feu aux branches au dessus de sa tête. Car s'il était encore en vie, s'était parce que certains lui avaient laisser une chance, à lui de laisser à son comparse la chance d'être libre. Et ça commençait par ne pas le forcer a quoi que ce soit, parce que Crocs l'avait aussi comprit avec Muguet ça, on ne peut pas forcer quelqu'un a changer ...

Nuage de Crocs s'écarta légèrement pour s'ébouriffer et parce qu'il s'était levé et avait fait quelques pas au préalable son camarade ne fut pas désagréablement surpris par l'action. Il le suivi de ses yeux d'ambres. Deux petits fourneaux creusés au milieu de son crâne, brûlant sauvagement, consumant ses émotions.

" Sans doute oui. J'y ai jamais songer en fait parce que ... D'aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été ... Normal. "

Il supposait qu'il se reconnaissait dans les paroles du fauve. Un autre point commun. S'il était aussi violent, aussi dur, impitoyable c'était parce que (lui-aussi) d'aussi loin qu'il s'en souvenait la vie avait toujours été ainsi. Il fallait se battre pour avoir le droit de manger, de boire, de respirer, de vivre, d'exister.

" Mais au fond, ça l'est pas, normal. Parce que moi j'ai rien fait, c'est comme pour toi pas vrai, c'est pas normal qu'on t'es arraché au clan et ... Et que t'y revienne ... Et qu'on te demande de faire comme si justement, tout été normal ... Comme avant. "

L'orphelin secoua doucement la tête à la négative, sa queue ondula un instant, comme pour accentuer ses mouvements.

" Ils m'appellent sauvage mais n'ont pas la putain de sagesse de comprendre que rien ne sera jamais comme avant. En fait, je me rappelle à peine d'avant."

Avoua t-il. Rien ne serait jamais plus comme autrefois. Le temps s'écoulait, changeait et dévorait tout sur son passage. Et le fils volé n'était pas optimiste. Tout n'était que destruction. Comment pouvait-on continuer de sourire dans un monde aussi pourris que le leur. Ils devaient tous avoir de la merde dans les yeux. Comment est-ce que cet enfant était-il censé ignorer tout ce qui lui était arrivé lorsqu'il n'avait plus rien? Lorsque son monde entier s'était effondré? Et lorsque le monde des autres s'effondrait autour d'eux aussi?

Le charcoal avait été un être prétentieux pendant sa petite enfance. Un gosse violent même. Mais innocent. Réalisait-il seulement faire du mal à ses camarade de bac-à-sable? Il n'avait jamais voulu ça. Étrangement, ce n'était pas un combattant. Il voulait juste vivre. Comme les autres. La violence, s'il pouvait l'éviter, il le ferait. Mais elle contrôlait son corps, infectait ses veines comme un poison.

" T'es pas obligé de répondre tu sais ... A toutes ses attentes ...
- Si. "

Miaula t-il.

" Ils me tueront sinon. "

Il en était persuadé. C'est ce qu'on lui avait toujours appris. Et c'est ce que Feuille de Houx continuait de lui apprendre.

"Autrement dit si tu veux pas te faire casser la tête pour de bon, t'as intérêt de toujours respecter les membres du Clan."
"Si tu te fais pas vite à ce qu'on attend de toi, laxistes ou pas, ils te boufferont."
"Tes camarades ne te ficheront jamais la paix, mais t'as intérêt de savoir rester des leurs, parce que si jamais tu te retournes, si jamais tu les évites, ils te bouffent."
"Et y'a aussi intérêt à ce que t'apprennes à te bouger correctement. Et à respecter tes aînés. Parce que y'a des fois où je me demande si c'est pas moi qui finirai par te couper en deux tellement tu respires l'insolence et l'ingratitude."

Pourquoi devait-il respecter les autres quand la plupart d'entre-eux ne le respectaient pas? Tous ces ordres et contre-ordres. Quand il se battait, il se battait trop fort. Quand il ne voulait pas se battre on l'y forçait. Quand il fermait sa gueule on le traitait d'insolent, quand il l'ouvrait on lui disait de la fermer. Allez savoir ce qu'il devait faire. Ces clans étaient fous, aussi fou que les Lunar Pod et le reste. Ce monde n'avait aucun foutre sens, pourquoi essayaient-ils tant de lui en donner un? Probablement parce que comme tout le monde, comme lui, ils avaient peur de ce qui leur échappait. Et ils ne comprenaient pas Feulement Nuageux et Feulement Nuageux ne les comprenait pas. Alors tout rentrait en conflit et le sang continuait de couler.

Le prince déchu en avait plus que ras le cul. Se demandait parfois s'il ne ferait pas mieux de partir. Mais Orages et Soucieux le retenaient ici. Au milieu de ce chaos. Cette folie aux yeux de l'aspirant que tout le reste voyait comme de l'harmonie.

Mais il y avait des personnes bonnes aussi.

Il réalisait en ce soir glacial que Nuage de Crocs et lui partageaient beaucoup de points communs.

Il se sentait, un peu moins seul. Un peu plus compris.

Mère lune, où Parents étoiles ?

La réponse de Feulement fit se dresser les petits toupets sur ses oreilles, car jusque là, jamais le charcoal ne s'était autant ouvert lors de cette conversation et le tout arracha un sourire au jeune chat. Oui, les autres ne pouvaient pas comprendre pourquoi Feulement était devenu celui qu'il était et même Crocs ne le comprenaient pas, car il n'avait pas connu ce que l'autre avait vécu et quand bien-même, lui-même aurait pu être différent. Car chacun réagit à sa façon propre ... Et pourtant ... Un "oh" s'échappa de sa gueule, d'entre ses crocs trop long qui lui valait son nom. Si peu de souvenir d'un passé, il pouvait presque comprendre ça sauf que lui n'avait même pas ce "peu" pour le rattacher à ses parents véritables, justes des questions pleins la têtes, des suppositions et des étoiles dans les yeux quand la lune elle-même n'y prenait pas place, n'offrant qu'un glaçant silence en retour.

Le reste glaça le brun qui se figea et baissa la tête, sur ses pattes, avant de secouer la tête et alors, là, dans ses prunelles aux contour sapin, une étincelle brilla, s'alluma, provoquant dans ses yeux doux un brasier furieux tendis que c'est dans les volcans d'or de l'autre qu'il se plongeaient, regards croisés, souffle différent ...

- Alors beaucoup de sang coulera ... Pour rien.

Car était-ce justice que de tuer celui qui se cherche ? De le priver de ce temps dont il pouvait avoir besoin ? Non, sa propre survie à lui était preuve que même le sang d'un prétendu monstre ne faisait pas de vous un monstre. esprit Lent et Grain de Sel lui avait offert sa chance et il tentait depuis de la tenir, fermement. Alors il voulait aussi que Feulement comprenne que cette chance, il pouvait l'avoir, que le brun, bien que si jeune, la lui donnait, gracieusement. Le novice sourit, toute violence rapidement envolé, dissipé.

- Marché conclu ?

Pas besoin de mot, juste la promesse d'être un soutient au besoin comme le noir l'était en parti cette nuit, pour lui. Et sans attendre de réponse, le brun se secoua, s'éloigna un peu, avant de faire demi-tour pour se rasseoir, non loin du noir, la tête tourner dans la même direction, vers le ciel où étoiles, lune et toisons obscures vivaient en harmonie. Parce que être différent ne voulait pas dire ne pas pouvoir vivre ensemble ...

" Alors beaucoup de sang coulera ... Pour rien. "

Feulement Nuageux observa les yeux de l'apprenti aux longs crocs s'illuminer de mille étoiles et espoirs. Les deux silhouettes des aspirants, l'une face à l'autre, se détachaient du ciel nocturne de part l'argent que la lune avait déposée sur leur pelage. Leur souffle chaud formaient des nuages de brume qui échappèrent de leur bouche et se mêlèrent ensemble. Là où les deux adolescents ne pouvaient pas se toucher leur âme au moins se rapprochaient en ce soir automnale, virant sur l'hiver.

" Marché conclu ? "

L'orphelin ne compris pas tout de suite ce que voulait dire Nuage de Crocs par "marché conclu." Il ne savait pas vraiment lire entre les lignes, prenait généralement tout au premier degrés et n'était définitivement pas doué en communication. Alors évidemment, la phrase lui sembla hors contexte. Il observa l'aspirant s'ébrouer à nouveau, ce qui lui donna à son tour envie de faire de même. Toutefois, il chercha d'abord à d'obtenir la réponse à ses questions.

" Quel marché? "

C'est une fois qu'il eut prononcé ces mots qu'il s'autorisa à se secouer, ses pattes se raidissant légèrement à cause du froid.