Il lui fallait absolument un peu de lavande ou, mieux encore, quelques graines de pavot. Nuage des Vents voyait son père s’affaiblir, l’état de sa mère empirer, d’autres guerriers et apprentis arriver progressivement dans son antre pour la remplir d'une odeur âcre de maladie. Elle craignait de voir une épidémie ingérable envahir son Clan avant de la toucher elle-même et Silence d'Hiver, les réduisant à néant. La baisse progressive de leur petit stock de plante provoquait chez elle des cauchemars qui réduisaient ses nuits plus qu’elles ne l’étaient déjà. Les yeux fatigués, entourés de cernes noires, Nuage des Vents avait pris la route tôt le matin vers le Clan de l’Ombre, espérant y trouver ce graal qui manquait désespérément au sein du Clan du Vent.
Elle connaissait la route maintenant, car ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ce voyage. Se rendre en terres étrangères - il ne fallait plus dire ennemi - était toujours terriblement pénible pour elle. Si Nuage des Vents avait pu, elle serait restée chez elle, blottie dans sa tanière au chevet de sa famille affaiblie. La petite apprentie guérisseuse frissonna devant le chemin du tonnerre. Le même qui avait blessé Brise Argenté, la nuit d’orage où elle avait perdu ses oreilles. Ce n’était pas le vent glacial d’hiver qui provoquait cela, mais bien l’étrange terre dure et noire à l’odeur insupportable. Nuage des Vents n’avait pas froid, jamais. Elle rendrait honneur à son nom.
Elle traversa en courant comme un lapin chassé le ferait pour sa vie, même si aucun monstre ne semblait se trouver aux environs. Pas la peine de prendre des risques inutiles, elle avait bien retenu la leçon. Épuisée, redoutant l'arrivée d'un vertige, la femelle bicolore traversa la frontière tendue, le pelage de son échine gonflée, ses oreilles presque-sourdes droites comme si elles étaient à l’affut, les pupilles fines au possible et le pas discret, sur ses gardes. Elle gardait ce comportement de son passé d’apprentie-guerrière, les leçons de la défunte Tache d’If refusant de la quitter. Cependant, elle ne représentait aucun danger, pas même pour un corbeau, car si elle savait mettre en application les postures à la quasi-perfection, Nuage des Vents n’avait jamais réussi aucune de ses chasses ni aucun de ses combats. Elle avait totalement supprimé l’idée de s’améliorer dans ce dernier domaine lorsque Nuage d’Ébène était morte sous ses yeux, tué lors d’un entrainement-griffes sorties par son frère de lait Nuage de Blizzard.
Si quelqu’un arrivait vers elle, alors Nuage des Vents n’entendait rien, le peu d’audition qui lui restait étant dominé par le bruit du vent et des branches de pin claquant les unes contre les autres. Elle avança prudemment, cherchant du regard les précieuses plantes qu’il lui fallait absolument. Ses yeux hétérochromes se levèrent subitement lorsqu’un bruit de craquement plus étrange que les autres raisonna jusqu’à elle. Sans doute un de ces oiseaux nommé corbeau. Le Clan de l’Ombre et leur faune étrange… Nuage des Vents retourna à la tache, rodant sur une terre qui n’était pas la sienne, traquant des remèdes comme un guerrière traquerait une proie.
La fourrure blanche et sombre de l'étrangère se découpait clairement sur le brun foncé de l'écorce des sapins malgré sa ressemblance de teinte avec la poudreuse.
Caché derrière les branches presque nues mais recouvertes de neige d'un buisson hibernant, l'impressionnant matou examinait de ses deux yeux d'ambre l'inconnue qui avait osée bafouer les limites de son territoire.
Feulement Nuageux pouvait bien s'en foutre du manque de respect don faisait preuve la femelle quant au code du guerrier. (Du moins, c'est ce qu'il croyait) Ce qui le gênait réellement, c'était bien l'idée qu'un membre d'un autre clan se serve dans leur gibier. Dans son gibier.
Il la voyait définitivement plus comme un danger qu'une simple nuisance. Car après tout, si quelque chose qu'il ne connaissait pas respirait sur cette planète c'était bien pour lui sauter à la gorge n'est-ce pas? Alors il devait forcément s'imposer, montrer qu'ici ce n'était pas lui la proie et cela en menant l'offensive.
Toutefois, l'aspirant était légèrement plus sage qu'à ses débuts entant qu'apprenti de l'ombre. Là où il aurait certainement essayé d'arracher un œil à la pauvre Nuage des Vents il y a quelques lunes de cela, il comptait bien se contenir afin de simplement lui passer l'envie de remettre les pattes sur ses terres aujourd'hui. Une tâche qui serait plus simple à envisager qu'à réaliser certainement. Le contrôle de soit n'étant pas le ... Point fort du jeune mâle.
Ses grosses griffes noires sortirent de leur fourreau, s'exposant sur la neige meuble en dessous de ses pattes musclées.
Les branches craquèrent légèrement autour de lui et un silence soudain tomba sur la scène. Comme si la forêt et sa faune retenait leur souffle. Appréhendant déjà l'orage qui ne serait tarder.
Soudainement, le grand félin bondit hors de sa cachette, toute griffes sortis dans un feulement rageur et emplit de menaces. Son corps entra brutalement en collision avec celui de sa victime, la plaquant avec une force sauvage sur le sol glacé, ventre a terre. Ayant atterrit sur le dos de Nuage des Vents l'une des pattes avant de l'imposant mâle vint s'éclater contre le haut du crâne de l'apprentie, enfonçant son museau plus profondément dans la neige.
"T'a rien à foutre ici, casse toi en vitesse et peu-être que j'te ramènerais pas sur la pile de gibier."
Nuage des Vents ne trouva ni de la lavande, ni des graines de pavot. En fait, elle ne trouva rien d'autre que des ennuis.
Tout arriva aussi vite qu'un éclair, aussi vite que le tonnerre qui lui avait pris ses oreilles. Un poids lourd l'écrasa dans la neige, de puissantes griffes se plantant sur son crane. Malgré la présence de poudreuse et de neige, une douleur chaude éclata dans son menton lorsqu'il claqua contre le sol. L'apprentie-guérisseuse voulu hurler, mais sa voix se bloqua dans sa gorge - elle se sentait comme une proie, un vulgaire lapin perdu au milieu du camp du Vent et cerné de guerrier. Hurler aurait pu en attirer d'autres... Au lieu de ça, elle feula, essaya de marteler le sol à coup de griffe, de se retourner - mais ça n'eu pour effet que de lui blesser la tête avec les griffes de son assaillant lorsqu'elle essaya de la tourner sur le côté. Ses pattes arrières, les seules libres, se levèrent pour essayer de la dégager. Impossible. Elle était bloquée au sol.
- T'as rien à foutre ici, casse toi en vitesse et peut-être que j'te ramènerais pas sur la pile de gibier.
Le coeur de Nuage des Vents battait à toute allure. Son esprit lui hurlait « FUIS!! » puis lui rappelait ses parents blottis dans l'antre du guérisseur, et tout les autres qui pouvaient l'attendre, qui auraient besoin de ces plantes trop précieuses pour les abandonner. Puis enfin son orgueil, toujours trop présent, qui lui murmurait au creux de l'oreille de ne surtout pas se laisser faire.
- Je suis apprentie-guérisseuse alorsDÉGAGE !! cracha-t-elle en essayant toujours de se dégager.
Il fallait se rendre à l'évidence, elle était bien trop petite, légère, faible et inexpérimentée pour se défaire de l'étreinte de son agresseur. Maintenant qu'il connaissait son rang, peut-être la lâcherait-il? Peut-être. Mais ça n'allait pas assez vite au goût de Patte Venteuse. Sortant toutes les griffes d'une de ses pattes avant, elle la fit claquer aussi fort qu'elle le put - pour un chat de son rang et de son Clan - sur le museau de Feulement Nuageux.
- Je ne partirais pas, maintenant LÂCHE MOI PUTAIN!!
Sous lui, la femelle se débattait et se tordait comme un vermisseau, empirant son cas à chaque mouvement puisque que les armes acérés de l'aspirant sombre raclaient un petit peu plus sa chaire à la moindre friction.
" Je suis apprentie-guérisseuse alors DÉGAGE !! "
Parvint-elle à articuler malgré la présence de neige sur son visage pâle. Mais en dépit de cette information, Feulement Nuageux ne bougea pas d'un centimètre si ce n'était que pour se redresser légèrement, sa prise toujours douloureusement ferme.
" Je ne partirais pas, maintenant LÂCHE MOI PUTAIN!! "
Cria t-elle tout en parvenant à lancer un coup de patte griffu au visage de l'orphelin qui poussa un feulement de colère. Le grand félin sombre lança à nouveau sa patte en l'air qu'il abattu à son tour sur le visage de Nuage des Vents avec brutalité en réponse à sa tentative de défense. Car il est bien connu, que la violence n'est pas une solution mais LA solution.
" FERME TA GUEULE! "
Crâcha t-il soudainement alors que chaque nerf de son corps le picotait pour se jeter à nouveau tout crocs dehors sur l'étrangère afin de la blesser bien plus que nécessaire.
" J'en est franchement rien à foutre de ton rang. TU. DÉGAGES. "
Il relâcha légèrement le corps de la venteuse afin d'au moins lui accorder la possibilité de prendre de ses pattes à son cou. Toutefois toujours prêt à frapper encore si le besoin se faisait sentir.
Chaque action avait son lot de conséquences. C'était un fait immuable dont Nuage des Vents avait conscience, mais dont elle aimait ignorer l'existence. Il était plus appréciable d'imaginer le fait que tout n'était que le fruit du hasard, ou que tout était tracé à l'avance, particulièrement dans ce genre de situation, où le violent coup de griffe de l'Ombreux s'abattit sur son museau en réponse à celui qu'elle lui avait donné quelques secondes plus tôt. Nuage des Vents poussa un cri de douleur aigu alors que le sang s'écoulait déjà sur sa face blanche. Le filet coula sur sa truffe, créant une bulle qui éclata bien vite dans une forte expiration pour essayer de se ressaisir. Elle n'avait plus l'habitude de la douleur ni des combats, si elle l'avait eut un jour. La chaleur et la douleur irradiaient toute sa tête, raisonnant jusque dans son crâne.
- FERME TA GUEULE! hurla Feulement Nuageux.
L'apprentie-guérisseuse ne répondit rien, cherchant une issue à cette situation dans la laquelle elle semblait piégée. Elle voulait partir, mais elle ne pouvait pas. Non pas à cause de la saisie de son adversaire, mais bien parce que là-bas, chez elle, des malades attendaient.
- J'en ai franchement rien à foutre de ton rang. TU. DÉGAGES.
Sentant que la prise se relâchait légèrement, Nuage des Vents en profita pour se libérer. Elle n'échappa pas aux griffes plantées sur son crâne lorsqu'elle fonça droit devant, mais peu importe, elle était libre. Elle courut quelques foulées, assez pour être à une distance raisonnable de son agresseur, environ deux bonnes longueurs de queues de renard. Elle se tourna vers lui - on lui avait apprit à ne jamais tourner le dos à un ennemi. Jamais.
- Je dégagerai quand j'aurais trouvé du pavot. Il n'y en a qu'ici.
Avançant à pas prudents, elle se tourna légèrement pour s'enfoncer plus encore sur le territoire du Clan de l'Ombre, ne lâchant pas des yeux ceux du noiraud.
- Tant que je ne les aurais pas, je. ne. partirais. pas.
Nuage des Vents se secoua la tête pour en virer le sang perlé, bandant ses muscles pour rester sur le qui-vive. Elle espérait que ça n'arrive pas, mais se préparait à l'éventualité qu'il puisse l'attaquer à nouveau, griffes sorties.
Lorsque la jeune femelle s'extirpa de sa prise et fit quelques foulés en direction opposée, Feulement Nuageux eut l'espoir de l'avoir fait fuir. Mais elle finit par se stopper, tournant vers l'apprenti de l'ombre qui cracha de frustration.
" Je dégagerai quand j'aurais trouvé du pavot. Il n'y en a qu'ici. "
Et sur ces mots, elle osa continuer de s'aventurer dans son territoire comme s'il lui appartenait, toujours à la recherche de ses plantes.
" Tant que je ne les aurais pas, je. ne. partirais. pas. "
Il lui avait donné sa chance, deux fois, et elle ne l'avait absolument pas prise. Sa patience avait des limites. Cette garce était trop idiote pour comprendre qu'il lui faisait une énorme faveur en lui laissant au moins l'option de fuir. Alors il n'essayerait plus de se retenir. L'aspirant sombre fonça à nouveau vers la blanche dont la fourrure se teintait doucement de rouge, la pelisse en bataille et les muscles tendus à rompre. Le choque fut inévitables et les deux félins roulèrent dans la poudreuse qui éclaboussait chaotiquement leur deux corps entre-mêlés.
Coups de griffes et de crocs à foison. Un combat bien futile dans lequel chacun pensait avoir raison. (Et c'était la pauvre venteuse qui avait raison, d'ailleurs.)
Leur cavalcade finit contre un arbre, leur deux silhouettes se cognant contre le pin. L'orphelin de redressa aussitôt qu'il avait touché le sol, furieux et prêt à bondir à nouveau.
" Tu veux vraiment que j'te bute, c'est ça?! "
Cracha t-il en s'approchant d'un pas lourd, queue fouettant violemment l'air.
Nuage des Vents espérait mal. Vraiment très mal. Pendant de longues secondes, elle regrettait d'avoir presque cru en un inconnu. Son statut d'apprentie-guérisseuse lui faisait oublier une vérité essentielle : les étrangers étaient tous les mêmes. Vils, dangereux, menteurs, violents, manipulateurs. C'était la première chose qu'on leur apprenait chatons, dans la pouponnière, par le biais d'histoires racontées par les reines et les anciens - et Nuage des Vents adorait les histoires : jamais une histoire mêlant un membre du Clan du Vent et un étranger ne s'était bien terminée. Toujours, il finissait seul, et trahi.
Le mâle noir se jeta sur elle, et elle s'écrasa contre le sol, espérant que sa petite taille la sauverait et lui permettrait d'esquiver le coup. Encore une fois, elle espérait terriblement mal. Il l'embarqua avec elle dans une chute qui lui sembla trop longue, son souffle coupé chaque fois que son corps tapait contre le sol enneigé alors qu'ils roulaient ensemble. Ils furent stoppés par un arbre massif - un pin, à en juger par ses épines, comme on en trouvait partout sur les terres de l'Ombre.
Feulement Nuageux se redressa plus vite que Nuage des Vents. La femelle blanche pris un peu plus de temps, toussant plusieurs fois avant de reprendre son souffle. Elle se releva difficilement, poussant sur ses pattes aussi fort que si l'apprenti - qui ressemblait plus à un guerrier - était toujours sur son dos à l'immobiliser. Elle ne voulait pas fuir, et discuter était inutile. Il semblait aussi borné et stupide qu'un lapin bercé trop près du mur, et encore plus sourd qu'elle ne l'était elle-même. Elle se demandait d'ailleurs si ce n'était pas le cas, considérant la façon dont il parlait si fort et ne semblait jamais l'entendre.
Nuage des Vents cracha, toutes les dents dehors, le pelage gonflé. Elle ne devait absolument pas l'effrayer, avec sa petite taille et ses membres peu musclés, mais peu importe. Elle trouverait cette plante, soignerait sa mère, et ferait regretter au mâle noir tout ce qu'il venait de lui faire. Coincée entre le pin et l'étranger, elle le menaça de petits coups de pattes dans le vent, le prévenant que s'il s'approchait, il se la prendrait sur le museau. L'apprentie-guérisseuse ne savait pas si elle avait le droit d'attaquer tant qu'il ne l'avait pas fait avant, d'autant plus qu'elle n'était pas sur son territoire. Le code du guérisseur était assez vague, et elle refusait de le transgresser ne serait-ce qu'une seule fois. Dans le doute, elle ne prenait pas l'initiative.
- Tu veux vraiment que j'te bute, c'est ça? - Laisse moi passer. De toute façon je ne partirais pas.
Nuage des Vents avait articulé ses mots comme pour parler à un bébé gaga, sur un ton d'avertissement donné à un enfant pas sage. Elle grogna, toutes griffes dehors, la queue fouettant l'air, prête à bondir au moindre geste de Feulement Nuageux. Elle aurait voulu rester immobile, mais une goutte de sang lui coula sur l'oeil, alors elle leva la patte pour aller le frotter, afin de faire partir cette gène.
" Laisse moi passer. De toute façon je ne partirais pas. "
Cracha la guérisseuse.
" Alors j'te crèverais les yeux, couillonne. "
Lui répondit l'aspirant en feulant à son tour. Les gifles en l'air de la jeune femelle ne firent qu'attisé sa colère comme un chien au bout d'une chaine de l'on provoquerait à coup de gestes brusques.
Il braqua ses muscles, et à nouveau voilà l'orphelin sur la blanche, la plaquant brutalement contre le sapin derrière elle avec une tel force qu'il s'en fit mal à ses propres pattes.
" J'vais pas te laisser rester sur mon territoire comme un parasite. "
Sa gueule s'ouvrit, ses babines faisant place à ses crocs.
" T'sais pas de quoi je suis capable. "
Miaula t-il plus silencieusement d'un ton emplit de menaces lourde. Le code du guerrier stipulait qu'il ne fallait pas tuer son adversaire sauf si ce dernier brisait le dit code ou s'obstinait à prolonger le combat, hein? N'était-ce pas le cas? Aux yeux de l'ombreux si.
Il n'appréciait pas avoir à en arriver là, en soit, il détestait la violence, ça l'horripilait. Tant de mauvais souvenirs. Mais il ne savait pas comment répondre autrement. Et surtout, il pensait faire son devoir. C'était ça, ce que le clan voulait, hein?
C'était comme ça, qu'il devait le servir?
Gagnerait-il enfin leur confiance s'il ramenait le cadavre de l'intruse au campement?
Il lui avait laissé plusieurs chances. Il avait forcément raison.
Une mauvaise journée si bien commencée ne pouvait pas s'arrêter en si bon chemin. Rien n'aurait prédit que tout tourne si mal pourtant. Nuage des Vents s'était levée ce matin presque en forme - insistons sur le presque - et pour la première fois depuis l'hiver, avait pu savourer un bon lapin de garenne capturé la veille, qu'elle avait partagé avec ses deux soeurs et Nuage de Bourdon. Il va sans dire que ça lui avait fait un bien fou! Son estomac criait famine quasiment toutes les nuits, fatigué d'aller dormir en n'était rempli que de petites proies maigrelettes capturées au passage parce qu'elles étaient trop fatiguées par la dureté de l'hiver. Certaines étaient même sans doute malade, mais elle ne soignait que les chats, et certainement pas les morts.
Seulement voilà, Nuage des Vents irait sans doute dormir à nouveau le ventre vide ce soir, et serait encore satisfaite d'être quasiment sourde - pour une fois - pour ne pas entendre le vacarme qu'elle devait provoquer par sa faim. Le mâle noir la plaqua violemment contre un arbre, et lors du choc, sa vision se brouilla. Elle ne vit plus rien pendant un moment, avait l'impression que le sang lui montait à la tête. Elle toussa violemment plusieurs fois, et enfin, ç'en était trop. Nuage des Vents rendit son repas sur le magnifique pelage noir lustré et couturé de cicatrices de Feulement Nuageux. Voir un si beau lapin s'en aller ainsi était presque décevant. On y retrouvait encore quelques morceaux de fourrure et de chair non digérés, mais même mourante de faim ou forcée, elle n'irait pas retourner le manger. Jamais.
L'apprentie guérisseuse inspira difficilement, le souffle coupé après le choc. Après de longues secondes elle voyait à nouveau plus ou moins clairement, assez pour distinguer l'énorme masse noir qui la maintenait. Cette fois, ç'en était trop. Elle pouvait bien attaquer si c'était pour défendre sa propre vie, non? Où était-elle en tort, dans cette situation? Nuage des Vents n'avait que peu riposté, n'avait pas attaqué la première, et était dans son bon droit. Elle voulu feulement, mais elle ne fit que montrer les crocs avant de tousser à nouveau pour avoir essayé. Tant pis. Elle attaquerait dans le silence. Nuage des Vents sorti ses griffes, ne se retenant pas, comme Tache d'If lui avait apprit aux entrainements. Elle était trop faible, trop petite pour avoir une chance contre cette masse de muscle entrainée. Alors elle se battrait comme si l'objectif était de le tuer, même si elle ne savait pas, ou du moins plus, comment faire. Tu l'as apprit une fois, Nuage des Vents, ressaisis toi putain! pensa-t-elle nerveusement.
L'une des ses pattes claqua sur le museau de l'ennemi, puis une autre enfin. De son autre patte, elle envoya de la poussière valser dans son visage. Elle fut bien chanceuse, dans son malheur, de se trouver sous l'un des nombreux pins du Clan de l'Ombre, qui protégeaient le sol de la neige. La poussière était intacte et à l'air libre. La blanchâtre en avait oublié ses plantes. Une seule chose comptait, maintenant qu'elle avait probablement déclenché la furie de l'apprenti en lui vomissant dessus : survivre.
Pendant quelques instants Nuage des Vents sembla presque perdre conscience, le choque brutal ayant coupé son souffle. Mais alors que Feulement Nuageux s’apprêtait à se jeter sur son cou c'est une bien mauvaise surprise qui para son attaque fatale.
Elle- Elle .... Elle venait de lui dégueuler dessus. Son vomi fétide sur son pelage qui lui prenait tant de temps à lustrer.
oh- l A PETITE SA L O PE.
Le temps que le visage de l'aspirant se décompose et que ses yeux ambrés se posent sur le rejet souillant sa fourrure l'adversaire réussit à se reprendre, lui fichant plusieurs coups douloureux au museau. Plaie superficielles mais brûlantes.
Un feulement de rage s'échappa de sa gorge comme l'éclaire frappant le sol lorsque de la poussière pénétra ses yeux.
" Sale pute! "
L'insulte lui échappa alors qu'il passa sa patte à plusieurs reprises surs ses paupières closes. C'était décidé, il la tuerait.
La forme floue de la guérisseuse parvint à se détacher du reste de par sa blancheur. La vision de l'oprhelin étant obstruée par les larmes qui tentaient de chasser la poussière, sa précision fut incroyablement diminuée. Le faisant atterrir juste à côté de la venteuse lorsqu'il l'attaqua pour la troisième fois au moins.
La frustration et la colère lui étaient montées à la tête, le rendant animal et primitif comme à ses débuts d'apprentissages. Une créature furieuse avec laquelle il était presque impossible de raisonner.
Les grosses griffes du mâle tranchèrent l'air avant d'enfin s'accrocher à quelque chose, l'épaule de l'aspirante. L'écarlate tâcha la neige à nouveau.
Toute chaleur, toute humanité semblait avoir quittée le félin qui n'avait plus qu'un objectif: réduire à néant l'étrangère.