Au delà des Landes et des souvenirs | feat Rusrus - end

Au delà des Landes et des souvenirs. (20)


Des imbéciles et des moins imbéciles du camp m'avaient vachement retenues sur mon plan d'origine, celui qui était rangé dans un coin de ma tête depuis trois bonnes lunes : trouver Monsieur Rusty dans les Landes. J'espérais que le solitaire n'ait pas changé d'endroit depuis, ou voir même chassé par les chats du Vent ? On disait que malgré leur taille de lapin, au moins ils connaissaient bien leurs frontières vu qu'ils étaient aussi xénophobes que certaines grosses têtes de l'Ombre. Or moi ça ne me rassurait pas, car les Landes où se trouvait le chat cannelle, c'était un peu chez eux.

Perchée au bord du chemin du tonnerre, dont le noir était doucement dominé par le blanc de la neige, je me rassurais grâce à la vision que j'avais de nos voisins. Les Landes c'était énorme, et il y a sûrement un moment où elles n'appartenaient plus aux chasseurs de lapins, et que quelques solitaires vivaient reclus là - bas. Ça fera une sacrée trotte, mais on n'attendait rien de moi cette journée. Seul Crocro m'interrogera peut - être d'où j'ai bien pu me fourrer ce jour là. J'avais aussi intérêt à rentrer en une pièce sinon il me taillera les oreilles de son inquiétude et je ne pourrais aller nulle part sans lui. Je soupirai et jaugeai mon emplacement. Si je traversais ici, j'atterrirai pile chez les Venteux et vu la réputation que je leur connaissais, je préférais longer la bande noire jusqu'à ce que leur parfum diminue.

Je suivis donc mon plan. Je suivi le chemin des Monstres jusqu'à en tomber sur un second, plus petit, qui le rejoignait. Je clignai un peu des yeux, surprise, puis me rappela qu'effectivement, nous avions une frontière avec personne, délimitée par cette chose puante. Je venais moins souvent patrouiller ici, car entre les Monstres et les rats, qui voudrait s'introduire par ici ? Ce chemin était moins noir et bien calme. J'attendis un peu pour être sûre de la dernière info et traversai sans trop d'inquiétude. J'avais commencé à longer notre limite environ.. Après les Quatre Chênes, pour être sûre de pas trop marcher inutilement. Mais même avec cette précaution, il me restait une bonne trotte. Ça sentait encore le chat et le lapin au delà de l'horrible odeur âcre ténue par la neige. Alors je continuai.

Alors que ma "balade" me semblait interminable, je vis apparaître un nid de bipèdes en bois. Un gros nid. Je me stoppai là. Cela devait être hors des terres du Vent, jamais ils ne s'approcheraient de bipèdes ! Ouf, je bénis cette maison sinon j'aurais continué à marcher des heures et des heures. Il faut dire qu'en fait, à cette distance, je n'aurais pas senti la différence entre les terres libres et les terres des rapides guerriers. Ça sentait encore le chat et le lapin oui, mais qui me disait quel chat c'était ? Je le saurais une fois de l'autre côté. Je fais attention, attendis le calme avant de traverser ce chemin du tonnerre un peu plus précipitamment. Il était plus large après tout.

J'étais du bon côté dorénavant, et effectivement ça ne sentait plus trop le venteux. Mon estomac gargouilla et je me dis que je pourrais tenter d'attraper une proie, vu qu'ici, ce n'était à personne ? Aisément, j'ai attrapé une souris qui ne semblait pas très énergique. J'aurais bien voulu la manger de suite mais je fus rattrapée par les manières qu'on l'avait apprises de force et que j'appliquais aux chats que je respectais. Cette proie sera un chouette présent pour celui que je venais visiter ! J'espérais qu'il pratiquait le partage. Mais encore fallait - il le trouver ? C'était encore un vaste endroit après tout. Bon. Me rappelant les parties de cache cache avec Ronce, pister était la meilleure solution ! Mais ... Je ne connaissais pas son odeur, zut... Alors solution suivante, qui marchait moins bien quand un chat se cachait délibérément, or ici ce n'était pas le cas : crier ! Je me postai devant le nid de bipèdes (mais pas trop) et je remonterai jusqu'à la frontière du Vent. Entre les deux devait se trouver mon chat, non ?

" MONSIEUR RUSTY !! "

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Merci Nix

« Monsieur Rusty ! Dans une lune je serai apprentie. Je peux te retrouver où ? »

Décidément, les promesses et lui...

Il en avait parlé à Trash, qui avait au moins comprit d'où venait son souci - il faut dire que Rusty s'en était voulu longtemps d'avoir raté son rendez-vous avez Trash, avant son premier hiver, tout seul dans son foyer déserté, et c'était dans la discussion et le soutien de ce-dernier qu'il avait réussi à se pardonner. Il craignait que cette fois-ci serait pareil aussi. Certes Petit Muguet lui avait dit de se retrouver dans une lune, voilà que trois s'étaient écoulées et toujours Rusty allait et revenait au bord de l'autoroute, à la bande, pour vérifier s'il n'y avait pas un petit chaton et ses longs poils noirs et blancs à qui l'attendait de l'autre côté.

Par Monsieur Houx (et Monsieur Serpent!) il avait appris que les vies des Claniques étaient remplies de toutes sortes de responsabilités capables de leur lier (figurativement) les pattes. Il ne pouvait pas en vouloir à Petit Muguet pour son emploi du temps chargé et incidemment, il ne pouvait pas s'en vouloir à lui - après tout, il ne s'était passé que quelques lunes depuis son entrée dans la vie sauvage et ce pauvre Abyssin aux poils cannelle apprenait tant bien que mal à survivre les aléas de la vie. Plus de croquettes pour se nourrir, mais il avait tout de même amené sa gamelle dans le verger, pendant le déménagement, pour y empiler ses proies dedans. Et avec la neige partout Ollie ne roulait plus du tout, limitant ses déplacements. Les intempéries étaient tout de suite moins attrayantes lorsqu'on ne les regardait pas en sécurité derrière la baie vitrée du salon, au chaud sur le dossier du canapé. Mais reste que Rusty s'était enhardi, alors après un ronron à son compagnon ils partirent chacun de leur côté pour la journée et Rusty alla chasser.

La forêt du Verger était différente de celle du Tonnerre, près de la Ville où il vivait autrefois. Le terrain était plat sauf bombé par endroits par les congères qui s'accumulaient désormais et aucune trace de ronceraies, de buissons d'ajonc ou de fourrés dans lesquels se coincer. Chaque arbre, d'ailleurs, avait été soigneusement planté à distance égale des autres, en rangées. Trash avait bien fait de l'inviter à vivre avec lui. Même s'ils n'avait jamais vus de leurs yeux vus le prétendu couple âgé qui habitait ici Rusty sentait une présence humaine, une symétrie cyclique qui lui rappelait ses horaires et l'ordre qu'il mettait dans le foyer de son esprit. Cette forêt terraformée lui faisait se sentir à l'aise car même couverts par les branches dénués de feuilles des arbres à fruits en cette saison il y avait ici bien moins d'angles morts que dans la forêt Tonnerre. Rusty trottina en transverse entre les rangées des arbres et s'engagea dans un dégagé.

Il se replia légèrement, ventre dans la neige, abaissant ses oreilles noires sur son crâne aux poils tiquetés en reniflant l'air comme le lui avait appris monsieur Houx. Il faisait trop froid pour y sentir quoi que ce fut mais Rusty trouvait important, voire impératif de respecter chacune des étapes de chasse pour espérer une réussite. Il ne sentit pas le lapin, il le vit : peut-être à quatre foulées de lui, le rongeur fouillait la neige du nez, dodu par son demi manteau d'hiver dont il ne s'était pas complètement vêtu. C'est cette tache de fauve sur blanc qui permis à l'abyssin de le repérer, et Rusty s'aplatit davantage, feutrant ses pas dans la neige en s'avançant prudemment contre le vent. Il entrouvrit trop vite sa bouche, trop excité, lâchant un piaillement qui alerta le lapin et le fit détaler. Rusty fit pareil. Il n'était pas plus fort qu'un chat moyen mais il avait l'adresse d'un chatcrobate merci les entraînements de son humain et une agilité sur laquelle il était impossible de cracher.

Son sprint se fit la queue levée et d'un pivot de celle-ci il changea d'antérieur pour couper sa route au lapin qui se freina dans un nuage de poudreuse en tentant de bifurquer. Rusty le saisit au détour - à la manière des hermines qu'il voyait souvent se battre dans les alentours il s'arracha du sol dans un bond torsadé et se saisit de la nuque du lapin pour l'envoyer bouler avec lui « Ough--!! » mais au lieu de l'achever de griffes et crocs il le fit suffoquer en lui enfonçant le nez dans la neige. Et le lapin mourut, à très lent feu toutefois et à violents soubresauts pour désarçonner le prédateur au-dessus qui se sentait terriblement désolé du sort qu'il lui avait réservé.

La vie sauvage lui dictait que c'était ou lui ou Rusty et Rusty avait vite trouvé où mettre ses priorités. Il écouta, sans broncher, le lapin s'étouffer, sa gorge se comprimer, ses soupirs transis par le froid et il clôt ses yeux lorsqu'il n'entendit plus rien de la folle cavalcade du cœur de l'animal dans sa poitrine, poussant à son tour un soupir en montant le nez au ciel, sur la voûte de bleu pur, cherchant à y discerner des Étoiles ou bien la Fée qui prenait soin d'elles. Il lâcha pour Elles une prière silencieuse, s'entrecoupant dedans en s'excusant pour sa piètre performance, et maintenant que le lapin ne bougeait plus il put se pencher dessus -- brusquement ses oreilles se dressèrent car un autre animal paré d'un manteau d'hiver se mouva dans la neige et là où Rusty se tendit à l'approche de ce qu'il pensait être une proie, il se redressa soudain à quatre pattes sur son lapin, lui décernant toute son attention:

« MONSIEUR RUSTY !! »

L'appela le ce n'était pas un lapin, et Rusty ouvrit grand ses yeux. Depuis son dodu petit promontoire, sa queue levée si haute qu'elle le déséquilibrait plutôt que le stabiliser:

— « Pe-- il déglutit, il avait la gorge sèche après sa course et se sentait humide sous le poil où la neige fondait sur lui. Petit Muguet!!

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Je m'apprêtai à crier son nom une nouvelle fois. Plus je criais, plus vite je pouvais le retrouver ! Je pris une grande goulée d'air mais.. une voix me surprit par derrière, dans la forêt bien rangée. Un chat tout roux cannelle s'y tenait. Il était donc là ! Surtout, il était toujours là ! Ni disparu, ni chassé, ni tué, bien là ! Soulagée, je repris ma souris en gueule, déposée pour l'appeler quelques secondes avant. La queue haute, je rejoignis ce chat qui en savait tant toute guillerette. Un peu de bonne humeur au milieu de ces journées sombres et lourdes. Mes amis les éclaircissaient, évidemment, mais parfois il y avait des chats qui avaient le chic d'être de vraies plaies.

Plus j'approchais, plus je distinguais le lapin à ses pattes. Et bien, pour un maigrelet ! Arrivée près de lui, je déposai ma souris et saluai de la tête ce chat qui m'interpellait depuis 3 lunes. Et... sans offense, mais entre temps, les rôles s'étaient inversés ! Lui qui avait le museau au niveau de mes oreilles lorsque je l'avais vu à mes cinq lunes, voilà que mon museau arrivait au haut de son crâne ! J'en avais dépassé des chats à l'Ombre oui, mais quand un souvenir se voit inverser comme ça, c'était bouleversant. Je poussai ma souris près du lapin et laissai échapper un petit rire. La taille ne faisait pas tout.

" Woah, belle prise ! Ma souris fait pâle figure à côté. J'avais compté l'apporter pour ne pas arriver les pattes vides. Surtout qu'avec l'hiver, sans clan, ça doit pas être facile. "

Mais avais - je envie de parler de clan, du mauvais temps, et de comment se porter les souris dans son champs ? Non. Non non j'étais venue pour des réponses. Mais d'abord, corriger un truc.

" Ravie de te revoir Monsieur Rusty ! Par contre moi, c'est Nuage de Muguet. Je suis passée apprentie, je te l'ai dit non ? "

Pas une seconde la pensée que tous les chats ne connaissaient pas les habitudes claniques, si profondément inculquées dans nos crânes, me vint à l'esprit. Je ronronnai face à ce que je prenais pour un oubli de la part du solitaire.

" Bon ! Je voulais te voir car tu sais des trucs importants sur moi, tu es occupé ? "

Je ne voudrais ni le déranger, ni l'offusquer. Mais ça m'arrangerait grandement qu'il soit libre car faire tout ce chemin une nouvelle fois n'était pas dans mes projets prochains.

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C'était Petit Muguet! Rusty ronronnait bruyamment dans l'air froid de l'hiver, c'était Petit Muguet! Mais plus elle s'approchait plus il plissait les yeux et bientôt il dut reculer la tête et le menton dans le cou car est-ce que sa perception visuelle lui mentait ou bien Muguet (et ses longs poils) était très, très--

— « Woah, belle prise !

Du haut de son lapin leurs museaux étaient à la même hauteur et Rusty pivota une oreille vers l'extérieur, peinant à faire concorder l'image de cette Muguet-ci à la petite dans les yeux de ses pensées, à celle qu'il avait tout juste vue naître.

— Ma souris fait pâle figure à côté, poursuivit la très grande chatte, j'avais compté l'apporter pour ne pas arriver les pattes vides. Surtout qu'avec l'hiver, sans clan, ça doit pas être facile.
— Ah- euh- je, c'est à dire que--

Mais Rusty retrouva son équilibre comme neige fond au soleil et s'attendrit à la vue de ce n'était autrefois rien qu'un tout petit chaton. Est-ce que Petit Cri était devenue si grande désormais? Et petit Charbon? Il abaissa un peu la tête, comblé et humble tout en même temps quant à la délicate attention de sa nouvelle amie.

— Euh, je vais la prendre quand même, Monsieur Houx m'a conseillé de faire quelques réserves quand je réussis à chasser...

Accent sur réussi, et il se moqua un peu de sa propre incompétence et de son aversion à tuer d'un léger rire qui fit à peine remuer ses épaules. Il hésitait à descendre du lapin mais il consentit à le faire, ce qui agrandit Petit Muguet d'une tête au-dessus de lui. Une chose était sûre elle n'était plus Petite, et le lui fit d'ailleurs remarquer:

— Ravie de te revoir Monsieur Rusty ! Par contre moi, c'est Nuage de Muguet. Je suis passée apprentie, je te l'ai dit non ?
— Je suis désolé, je ne comprends pas encore toutes vos coutumes de Clans... Je m'appelle Rusty, Trash s'appelle Trash, Monsieur Sugaar s'appelait Monsieur Sugaar, alors si on me dit que tu t'appelles Petit Muguet,... »

Un autre rire, mais plus franc cette fois, moins chagriné, moins désolé, et dépourvu de quoique ce fut trace de dérision.

— « Bon ! Il rouvrit les yeux, pointa des oreilles, tout ouïe à ce qu'elle lui dit: Je voulais te voir car tu sais des trucs importants sur moi, tu es occupé?

Rusty eut un mouvement de recul pour plutôt attirer son attention sur le lapin qu'il avait asphyxié dans la neige.

— Bien sûr! À manger, pour commencer, héhé!

Si tu en veux, n'hésite pas, Nuage de Muguet, la distance entre ici et le bourbier s'est comme étirée depuis que la neige est tombée... »

Il inspira son air, comme s'il cherchait à se redonner du courage, et plongea la gueule dans le lapin et sa chair en réprimant une petite grimace de dégoût. Il avait fermé les yeux pour se cacher la vue du sang, mangeant à tâtons de dents en s'aidant de ses moustaches et des sons que captaient ses oreilles.

— « À la ville, il fit en mangeant sa bouchée, il y avait moins de neige qu'ici, parce-que les humains dégageaient les chemins pour se déplacer. Il entrouvrit un œil mais en s'écartant un peu du lapin, couché en boule au-dessus de sa bouchée qu'il prenait le temps d'apprécier:

Enfin bon. Je ne sais pas tout sur toi, il déglutit, même, on pourrait dire que je ne sais presque rien, mais tu peux compter sur moi pour te raconter tout ce que je me rappelle!

Il se hissa assit, bombant le torse et les trois cicatrices qui le jalonnaient à l'épaule gauche, cachant celles à l'arrière de la droite, presque entièrement guéries, presqu'invisibles maintenant:

Les yeux et les oreilles de mes pensées ne m'ont pas encore faillies ♪ »

C'était faux, mais dur de se souvenir de moments qu'on avait oubliés faute d'un choc post traumatique qui se manifestait parfois à son insu. Il avait beau ne pas être un guerrier, il avait désormais toutes les séquelles d'un soldat.

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Son regard fut de plus en plus hébété lorsque je me rapprochais. Donc la différence était frappante pour ceux qui ne m'avait pas vue depuis longtemps ? A l'Ombre, on n'avait pas dit grand chose sur ma taille. Oh, j'avais remarqué que je dépassai mes camarades, mais peu m'en complimentait. Je pris la réaction de Monsieur Rusty comme un compliment ! Entre deux ronronnements, je lui glissai :

" J'ai beaucoup grandi hein ? "

Et pendant ce temps là, l'abyssin s'équilibra sur son lapin, sans doute pour me tenir tête. Je pouvais le comprendre. Si Petit Pin ou ses soeurs me dépassaient un jour, je serais vexée je pense ! Et malgré le fait que sa proie dépassait la mienne en taille, il l'accepta tout de même, cela me fit plaisir. Car Monsieur Houx le lui avait conseillé. M-Monsieur Houx ? Je gonflai mes joues pour m'empêcher de rire. Ce chat ne méritait tellement pas le titre de Monsieur ! Je mordis ma langue pour faire revenir mon sérieux, et une larme à l'oeil je lui partageai mon avis.

" Oh tu peux l'appeler juste Feuille de Houx, lui dire "Monsieur" va lui donner la grosse tête. Ou bien... tu dis Monsieur Propre, car.. il est .. très propre. M'enfin comme tu veux après tout. "

Mais le fait que la personne que j'appelais Monsieur par respect, appelait Feuille de Houx Monsieur... cet engrenage de respect ne me plaisait pas vraiment ! Cependant, je n'étais pas là pour argumenter avec le solitaire cannelle. Ce dernier descendit de son lapin. Après tout, il fera un meilleur dîner que piédestal. Le solitaire me rappela qu'il n'était pas clanique et que donc, ça ne lui venait pas naturellement qu'on changeait de nom. Il était vrai que son nom n'était pas composé comme le notre, mais je ne m'étais jamais trop posée de questions. Après tout je l'appelais Monsieur Rusty, et ça c'était un nom composé !~

" Tu peux retenir Muguet alors, ça, ça ne changera jamais ! "

Précieux cadeau de ma maman inconnue, muguet posé intentionnellement près de moi, ça venait vraiment d'elle. Crocro, tout le monde aurait pu l'appeler Crocs vu sa dentition. Mais Muguet... il devait y avoir une histoire personnelle dernière. Je posai ma patte sur mon coeur, curieuse d'en apprendre ce jour là sur cette mère dont je ne savais rien. Et ces choses importantes, avait - il le temps par pitié ? Il me répondit d'abord qu'il était occupé. Mes oreilles se baissèrent et ma tête pivota sur le côté. Oh nooon, tout ce chemin, pour un coucou ? Enfin je l'avais trouvé, c'était cool, mais c'était looooong. Mais il précisa que c'était occupé à manger. Ma queue et mes oreilles se redressèrent, contente de la nouvelle. En plus, il m'invita à manger. Je regardai le lapin en me pourléchant les babines.

" Avec joie ! Je n'ai jamais goûté à du lapin ! " miaulais - je en ronronnant.

J'attendis qu'il prenne la première bouchée, après tout, c'était sa proie et nous n'étions pas au clan. Je croquai ensuite dedans et mes moustaches frétillèrent de bonheur.

" Hmmm, plus de chair que d'os, ça change des maigres souris. "

Puis cela calma mon ventre qui se plaignait encore -comme moi- du chemin parcouru. La chair chaude était en opposition avec la neige froide dans laquelle elle se trouvait. Monsieur Rusty me parla de la neige justement, que les zumins l'enlevaient.

" Les Zumins ?" repétais - je devant ce mot inconnu ? Ce chat me fascinait toujours un peu plus.

Il avala sa bouchée après l'avoir bien appréciée -et je fis de même- et attaquai le sujet qui m'intéressait, même si je n'étais pas si mégalo que ça : moi. Enfin mon passé, mes origines, d'où je viens ? Il précisait qu'il ne savait presque rien, mais qu'au moins il s'en rappelait. Je le regardais, avide d'information.

" Tu ne sais peut - être presque rien, mais moi, je sais rien de rien... Du coup je serais ravie de ce que tu m'apprendras ! "

Je m'assis toute attentive.

" Donc pour commencer, comment tu connaissais nos noms, à Petits Crocs et moi ? Enfin, il est devenu Nuage de Crocs maintenant. Mais c'est pas ça le plus important. Crocs et moi, voilà. "

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Merci Nix

Pet--Nu-- ... Muguet, s'était-elle appelée, s'installa avec lui autour du lapin pour le partager, gagnée par l'enthousiasme de n'y avoir jamais goûté. Rusty rigola à cette pensée car pourtant, en faisant partie d'un Clan, elle devait se nourrir exclusivement des proies qu'elle chassait alors comment avait-elle fait pour ne jamais goûter une seule fois un lapin? C'est vrai que les souris abondaient aux abords du Chemin du Tonnerre et c'est vrai que Feulement Nuageux avait capturé un corbeau depuis le fossé du côté du bourbier, et lui vint en tête la voix de la Vieille Fée des Étoiles qui appelait "tapettes" ou "lapins" les chats du Clan du Vent.

— Tu ne sais peut - être presque rien, mais moi, je sais rien de rien... Du coup je serais ravie de ce que tu m'apprendras ! »

Rusty se réchauffa d'un sourire ravi, ravi de pouvoir être un tan soi peu utile à cet autrefois chaton à qui il avait aidé à donner la vie et à introduire dans le monde. Elle s'assied comme lui et l'azur éclatant des yeux de l'abyssin croisèrent la verdure printanière dans ceux de la maine coon:

— « Donc pour commencer, comment tu connaissais nos noms, à Petits Crocs et moi ? Enfin, il est devenu Nuage de Crocs maintenant. Mais c'est pas ça le plus important. Crocs et moi, voilà.

Rusty hocha la tête et pointa hautes ses grandes oreilles.

— « C'est à cause que je vous ai fait naître, il répondit avec un tout petit haussement d'épaules, un tout petit peu d'humilité, un tout petit sourire et un brin moins de souci quant à soigner ses mots, influencé par Trash. Moi et Madame Fée. Il y a quelques saisons, j'avais un couple d'amis qui se préparaient à mettre bas mais comme je n'y connaissais rien, je suis allé voir Madame Fée.

Il leva le nez vers le ciel et les yeux de ses pensées lui remirent en face son état cette nuit-là. Il la lui décrit: La lune était différente, pleine et rouillée d'abandon. Puis on a entendu une chatte crier.  Son sourire se chagrina.  Ta maman.  Elle était courte sur pattes, le poil en plaques de brun de noir et le ventre blanc, la tête ronde comme l'était son ventre et deux petites oreilles étroites, contrairement à la peluche des tiennes ou à la largeur des miennes!

Je... n'ai pas su son nom - Madame Fée s'est précipitée en me sommant de rester près de ta maman pendant qu'elle est allée chercher ses plantes, et de m'asseoir sur son ventre si les petits - enfin si vous?.. - la bloquiez...

Ses yeux avaient fait le tour de la carte du ciel et s'étaient abaissés vers la neige, neige souillée par le sang qui jutait de sa bouchée. La vision se juxtaposa à celle des yeux de ses pensées et les oreilles de celles-ci entendirent les plaintes répétées d'une chatte souffrant de ses contraction, et la respiration saccadée d'un petit abyssin tremblotant dans sa pudeur.

Rusty se sentit terriblement malaisé et il rassembla vite ses pattes ensemble, recouvrant l'une devant l'autre pour que son contact contre lui-même puisse l'apaiser un peu.

— Au final, j-je, j'ai pas fait grand chose, ahha!  J'ai juste, je l'ai encouragée, elle n'avait pas vraiment besoin de moi, mais...

Un autre petit haussement d'épaules, sa gorge s'était nouée, un peu ému par la scène à laquelle il avait eu le droit d'assister, levant les yeux vers Muguet en prenant le temps de bien souligner toute la hauteur de cette-dernière, même assise, comme quoi elle n'avait été qu'une petite boule nue avant de devenir cette foisonnante jeune chatte plus grande que lui.

...Ouf. »

Il se sentit légèrement tomber vers l'avant et du solidement planter ses pattes dans la neige pour s'empêcher de vaciller, offrant un petit sourire timide à la très grande chatte qu'il avait vu naître. À la très grande chatte qu'il avait aidé à naître - même s'il n'avait pas fait grand chose au final. Il leva vite son autre patte pour se couvrir les yeux et vite essuyer les larmes qui avaient commencées à y naître - allez, c'était un jour heureux Rusty! Pas la peine de pleurer!...

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Monsieur Rusty ne réagit pas trop à ma proposition de ne pas parler à Feuille de Houx avec tant de respect, dommage, je trouvais qu'il ne le méritait vraiment pas. Mais ce n'était pas le plus important. D'ailleurs ce que j'attendais arriva une fois les bouchées avalées. Face à face, le solitaire m'apprit qu'en fait, il nous avait fait naître Crocs et moi ! Je papillonnai des yeux, abasourdie. VRAIMENT ? Il avait dit ça comme si ce n'était rien mais.. SI ? C'était énorme ? Il avait du savoir de guérisseur ? Non, il répondit tout seul que Madame Fée était là aussi.

" Madame Fée ne m'avait jamais dit qu'elle m'avait fait naître.. "

Ma patte posée sur mon coeur se serra. Ma si grande amie et meilleure mentor, s'était aussi occupée de bien me faire venir au monde ? Oh, si elle avait encore été là.. Je l'aurais tant couverte de louanges et de respect.. L'Abyssin continua qu'il était là par hasard, cherchant la guérisseuse, et ma mère tomba avec beaucoup de chance sur eux. Pendant la Lune rouillée.. la Lune Rouge dont on nous parlait tant pour nous faire peur -et pour nous faire culpabiliser Crocs et moi- ? Grain de Sel avait dit que nous étions né ce jour là, les deux coïncidaient, c'était donc vrai. Je bloquai ma respiration inconsciemment, proche de la vérité, proche d'un éclairage sur cette zone sombre de ma vie. Monsieur Rusty fit un sourire triste en commençant à parler de ma mère. Mes premières informations sur elle. Elle n'était qu'une tache floue dans ma tête, parfois immense et pleine de dents quand les médisances des autres venaient s'y rajouter. Le chat roux changea totalement cette image. Bien sûr, jamais elle sera nette, mais le changement était drastique. De grande et effrayante, elle était devenue petite, rondelette et apeurée. De noire, couturée de cicatrices, elle avait en fait des taches brunes rousses et noires, pelage court, pattes courtes, oreilles courtes.. Ronde et douce. Douce.. Ma maman..
Mes yeux étaient grand ouverts de surprise, et commençaient à abriter des larmes.

Le récit continua, avec des pauses lorsqu'il fallait se souvenir ou prendre sa respiration. Il ignorait son nom, mais après tout, qu'en faire, d'un nom que seuls les Lunar Pods connaissaient ? Même si le connaitre aurait été une énorme chance.. J'aurais pu essayer de l'appeler dans la nuit ? Les yeux mouillés, je rigolai quand même, gorge un peu serrée par les émotions, quand le solitaire me dit que Madame Fée lui a demandé de s'asseoir sur le ventre de ma mère si nous ne voulions pas sortir. Je soupirai un "Ouf" quand il me dit qu'il ne l'avait pas fait, comme si je sous entendais que je n'aurais pas être sous ses fesses quelques secondes avant ma naissance ! Tout s'était bien passé.. Enfin, pour Crocs et moi je le savais.. Mais pour ma maman ? Elle n'était plus là, pourquoi ? Ses yeux aussi se remplirent de larmes, et nous devenions ému tous les deux face à cette situation pleine de souvenirs réels pour le premier, et plus fictifs pour moi. Il tomba un peu en avant, et je fis un mouvement pour le rattraper si besoin. Il se rééquilibra et essuya ses yeux trempés, comme les miens. Il souriait, je me mis à rire.

" On ne va pas pleurer à chaque fois que l'on se voit, si ? " plaisantais - je la voix tintée de larmes.

Il disait que lui ne savait rien du nom de ma mère, mais Madame Fée avait été là aussi. Si je l'avais su plus tôt ! Petit pincement au coeur. Cependant, connaissant la grande gueule qu'elle était, elle avait sûrement dû faire un commentaire sur elle, une petite information en plus, précieuse qui sait ? J'éclaircis ma gorge.

" Mais euh- Madame Fée, elle n'a rien dit sur ma maman ? Sans offense, elle en savait peut - être plus que toi, vu que les Lunar Pods ont un peu cohabité avec les Clans.. "

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Merci Nix

Encore heureux que Nuage de Muguet s'était avancée pour le rattraper!

— « On ne va pas pleurer à chaque fois que l'on se voit, si ?

La gorge nouée, Rusty ne réussit à moduler qu'un « Ah-ahheu! » de sa bouche, comme un rire qui se tordit d'un rien que petit sanglot. Il aurait voulu lui dire qu'il n'y avait aucune honte à pleurer - que Trash se fâchait lorsqu'il le faisait, mais tout ce qu'il réussit à faire pour l'instant fut de prendre une bonne bouffée d'air d'hiver et d'évidemment s'étouffer dessus, s’efforcer à étouffer la toux, souffler par le nez une boule de morve et tâcher de reprendre une respiration plus lente, plus modérée malgré le saccadement dedans en montant ses deux pattes à sa face comme un chat se préparant à boxer. Il se lécha une patte, la passa sur ses yeux, cligna avec force ses paupières et papillonna des cils pour faire s'enlever le picotement salin dedans. Ça allait mieux. Ça allait mieux...

— « Mais euh- Madame Fée, elle n'a rien dit sur ma maman ? Sans offense, elle en savait peut - être plus que toi, vu que les Lunar Pods ont un peu cohabité avec les Clans..
— Madame Fée était, euh, et Rusty renifla, et il se tut comme on se tait pour ne pas dire tout haut que son vieil aîné est raciste - il tâcha de véhiculer le message par un sourire malaisé, en abaissant une oreille, tout en gardant l'autre levée, pinçant un sourire jaune à Nuage du Muguet dans son manteau de noir et de blanc. Enfin, héhé, tu sais... »

Son oreille levée s'affaissa sur le côté et il put rabaisser ses deux pattes au sol pour se ressaisir un peu. Il s'efforça à soulever ses oreilles pour motiver celles de ses pensées à faire pareil:

— ... "Puritaine de la Rivière", qu'elle l'avait appelée? Il secoua légèrement la tête, et c'est un petit rire qui le secoua plutôt qu'un sanglot car allons, Madame Fée, ça ne se disait pas, ces choses-là!

— Je ne sais même pas ce que ça veut dire!   "Puritaine"... »

Ni « Les Lunars Pods ont un peu cohabité avec les Clans ». Car Rusty avait eu la chance de n'avoir jamais rencontré un Lunar Pod - il avait la chance d'ignorer complètement l'horreur qui avait déchiré les Clans entre eux de leur violence et leur avarice. Son seul souci à l'époque avait été celui d'attendre son humain - puis d'accepter qu'il ne reviendrait pas.

Au delà des Landes et des souvenirs. (20)


Je l'aidai à se maintenir en équilibre, et nous essuyions nos larmes, trop émotifs -moi sur ce sujet en tout cas, surtout depuis que j'étais si.. perdue.. dans mon identité..- L'abyssin reprit son souffle et continua de répondre gentiment à mes questions, moi si curieuse, mais qui me retenais pourtant de le noyer sous mes interrogations. Madame Fée était comme je le savais et la connaissais. Spéciale, dans le bon sens. Et surtout très franche même si ça faisait mal. Je comptais sur ce côté franc pour avoir dis des informations il y a de cela dix lunes dorénavant. Peut - être en demandais - je beaucoup au solitaire ? Mais pour moi, c'était toute mon existence qui en dépendait. L'image que je m'en faisais en tout cas. Elle se serait p'têt moqué de son nom non clanique ? Ça ne m'étonnerait même pas d'elle. Monsieur Rusty chercha au fond de ses souvenirs, illustré par des mouvements d'oreille, comme si elles retournaient sa mémoire pour lui.

Puritaine de la Rivière.

" De la Rivière ?? "

Un nouveau moment de suspension. Rivière, comme clan de la Rivière ? Y avait - il autre chose apparenté à la Rivière dans les environs que les claniques connaissaient après tout ? Si c'était un étranger j'aurais pu avoir des doutes mais là c'était les paroles de Madame Fée. De la Rivière. Je levai une de mes pattes et écartai mes doigts. Mes gros doigts palmés. Jaguar d'Opale m'avait dit que ce trait venait de leur tribu de chats aquatiques, mais ni elle ni moi croyions que j'avais un lien avec eux. Et ... et pourtant si ! Ma, ma mère était une clanique, de quoi claper leur museau à tous ces imbéciles ! De quoi me rattacher aussi. Bon, pour l'Ombre, les chats de la Rivière n'étaient que des poissons, ils trouveront toujours de quoi se plaindre. Cependant moi j'avais une nouvelle barrière. Oh nous n'étions plus qu'à moitié sauvage ! Peut - être même tout à fait clanique ? Le mystère de notre père à Crocs et moi restaient entier, mais ce sera déjà bien moins difficile !

Je sautai en avant et posai mes avant bras sur le col de Monsieur Rusty, sautillant sur mes pattes arrières dans mon câlin de joie. Quelle incroyable nouvelle !

" De la Rivière Monsieur Rusty, c'était super ! C'est.. inimaginable ! Ma maman était du clan de la Rivière !! "

Je le libérai et continuai de sautiller sur mes pattes avec de lui tendre ma patte palmée.

" Ça se confirme par ça, et l'explique en même temps ! Oho, Jaguar d'Opale n'en croira pas ses oreilles ! "

Je pris une grande inspiration, mes yeux pétillants de félicité. Je regardai le chat canelle avec toute la gratitude du monde.

" Merci beaucoup Monsieur Rusty. Leurs méchancetés allaient commencer à m'atteindre sinon.. "

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Merci Nix