Wesh Mademoiselle, ça t'dis une tourterelle ? [PV Coeur de Givre] -abandon

Cœur de Givre semble s’être reprise. Mon amusement va finalement durer un peu plus longtemps, on dirait bien. Tant mieux, je n‘en attendais pas moins. Ça n’aurait pas été aussi drôle si elle avait prit la fuite à la première petite question un peu indiscrète. En plus, je suis plutôt d’humeur joueuse aujourd’hui. Ma question a eût son petit effet et ce n’est pas pour me déplaire.

Je suis donc couché, la queue autour de mes pattes à fixer la femelle marmonner. De temps à autre, à chaque petite hésitation, j’observe son visage qui a l’air complètement désemparé, paniqué. Elle ne semble pas savoir où se mettre. J’adore voir ce petit degrés de détresse quand tu mets les pieds dans le plat. Je l’observe donc marmonner sa réponse, bien distinctement, mes oreilles tiquant de temps à autre, sans qu’il ne se rende compte que ça lui donnait un air malsain.

Pas d’amis, solitaire, peu intéréssée par l’amour ou le sexe, pas « gentille », et encore moins « jolie », bien qu’elle soit totalement de mon goût, car j’avoue que cette femelle à un très joli pelage, encore moins avec son « œil droit ». Un problème de vision ? Oh. Fort bien, je suis sourd, enfin quasiment, mais je n’en reste pas moins parfait, à chacun ses défauts.

- Ton œil droit ? T’as un problème à l’œil ? Comme Œil du Tigre ?

Dis-je entre deux bouchées d’écureuil. Je tends à nouveau la proie, pratiquement dévorée, à la femelle, la laissant finir. En fait, j’ai mangé ce matin, en ville. J’ai vu un pigeon bien gras, autant dire que ça cale plutôt bien, ces bestiaux, là. Je n’allais évidemment pas le ramener. Mais j’ai laissé les restes à un chat errant qui avait si mal en point que c’en était à se demander s’il savait chasser. C’est plus trop ce que c’était les chats errants. Elle est loin, l’époque où ils effrayaient un quartier.

Ayant fini de manger, je me lèche les babine, faisant une légère toilette de mon visage, le temps pour Cœur de Givre de finir l’écureuil. Puis, je la regarde, un sourire en coin sur le visage.

- Donc, si je résume bien, tu n’as pas d’amis, parce que tu n’en veux pas, c’est ça ? Ou parce que t’es trop timide pour t’en faire ? Tu veux des conseils pour avoir des amis ?

Reste à savoir s’il est de bon augure qu’il donne des cours ou non, mais ça semblait le faire rire, même s’il lui pensait ricaner discrètement, ce n’était pas nécessairement le cas.

Hum ? Comment ça « c’est qui, Œil du Tigre ? » Y a que deux borgne dans le Clan. Elle est Œil du Tigre. Elle peut pas ne pas le connaître, c’est l’un des meilleurs vétérans du Clan. C’est quoi son problème ?

- C’est même plus de la timidité, là… T’es au courant que je ne suis pas né ici et que je connais mieux nos camarades que toi ?

La socialisation de Cœur de Givre devient vraiment urgente, là. Faut réagir au plus vite. La femelle termine l’écureuil, je la laisse enterré ses restes avant de commencer à l’inviter à me suivre. On est quand même partis chasser, alors chassons un minimum quand même. Mais, après lui avoir parler d’œil du Tigre.

- Œil du Tigre, c’est le grand guerrier brun tigré avec l’œil griffé. Il ressemble à feu Étoile du Vautour. Tu vois au moins à quoi ressemble Étoile du Vautour, rassure-moi ?

Si elle me dit que non, je ne réponds plus de rien et je lui proposerais une leçon d’histoire de son Clan plutôt qu’une partie de chasse. Mais non, y a pas de raison, n’est-ce pas ? Bien sur qu’elle connait l’Histoire de son Clan. Ou alors, c’est qu’elle est encore plus nombriliste que moi. Mais jusqu’ici, personne ne m’a surclassé dans le domaine ! Et de toute façon, personne ne me surclasse dans un domaine. Non mais !

Pour être franc, Cœur de Givre me fatigue. C’est quand même fou, ça. Les oreilles baissées en arrière, je pousse un long soupir. Heureusement qu’elle voit qui est Étoile du Vautour, je me serais inquiété sinon. Au final, je hausse les épaules et j’invite la jeune femelle à me suivre.

Je la laisse dans ses pensées, tandis que je suis le nez en l’air, à la recherche d’une odeur, ou d’un éclair de fourrure. Soudain, je sens une autre odeur alléchante. Un autre écureuil. D’un geste de la queue, je demande à la femelle de faire le silence le plus total. Bon, elle peut faire du bruit, je l’entendrais pas. Mais vaut mieux pour elle qu’elle ne me gâche pas ma chasse ou ça va chier.

Je me glisse dans les ronces, utilisant mon pelage pour me camoufler dans mon environnement. Je renifle encore un peu, la proie n’est pas loin. Je me faufile dans les ronces et les arbustes en tout genre pour me frayer un chemin jusqu’à ma proie. Quelle chance, d’avoir un corps si souple et si musclé me permettant de me faufiler partout où je le souhaite.

Je finis par voir ma proie. Elle est visiblement occupée à grignoter une noix. J’espère qu’elle est bonne, ce sera ta dernière. Je m’avance, à pas feutrés, aucune brise ne souffle, j’ai donc pas à me soucier du vent. Je peux tranquillement poursuivre mon avancée quand, je me retrouve bloqué. Je tire, mais non, ma patte arrière reste bloquée dans les ronces. Mais aucune raison de me laisser faire. M’aplatissant au sol, je sors mes griffes afin de me donner plus d’élan et je m’élance. Mes poils sont finalement arrachés par les ronces, mais au moins, j’en suis sorti.

L’écureuil, qui a dut m’entendre, a abandonné sa noisette pour courir se réfugier dans un frêne à proximité. Je le vois rentré dans un creux dans l’arbre. Ok, il s’est refugié dans son nid. Bah, on va aller le cueillir !

Je m’élance, j’escalade l’arbre jusqu’au creux dans le tronc. Sans hésité, je fourre ma patte dedans pour en cueillir la bête rousse. Lui donnant un coup de patte sur ce que je pense être la tête, je l’assomme avant de la sortir de là à bout de griffe.

- Réceptionne-le et achève-le, Cœur de Givre ! Moi, je vais redescendre !

Je m’engage dans la descente, y allant doucement et ne lésinant pas sur l’utilisation de ma queue pour garder l’équilibre. J’y vais branche par branche. Et je fini par toucher le plancher des vaches. C’était long, mais il faut bien ça. La sécurité avant tout.

- Et voilà ! Mieux qu’en entendant !

Dit-il, plus fort qu’il ne le pensait.

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