Nos différences nous rendent uniques ▬ feat. Bec Croisé - abandon

Le soleil déclinait derrière les montagnes au loin lorsque Corne de Bouc rentra au camp, tenant dans sa gueule la grive qu’il avait attrapé sur le retour. Si le chat blanc est vieillissant, il demeure tout à fait capable de rapporter du gibier au Clan et c’est fier de sa prise qu’il franchit le tunnel de ronces donnant sur le camp du Tonnerre. Là, de nombreux chats sont installés au soleil, profitant de ses derniers rayons pour partager leur repas en communauté. Corne de Bouc dû d’ailleurs bien avouer que son estomac criait famine et qu’il a été difficile de la rapporter jusqu’au camp sans mordre dedans. De ses yeux jaunes, il s’assure rapidement que chacun a eu sa part de gibier avant d’aller se tapir dans un coin, décidant de garder sa grive pour lui. Mais alors qu’il s’apprête à déplumer le volatile, il aperçoit Bec Croisé du coin de l’oeil. L’un des fils de Coup de Foudre … et Étoile de Suie. Mais loin de lui l’idée de juger le jeune chat sur ses origines - il n’y est pour rien. Cela dit, sa gueule tordue rappelle à Corne de Bouc toutes les moqueries que, de son temps, les autres lui infligeait à cause de son corps tordu. Le fils de Coup de Foudre subit-il les mêmes brimades ?

Sans vraiment savoir pourquoi, Corne de Bouc attrape sa grive et rejoint Bec Croisé, lâchant l’oiseau entre ses pattes. De son habituel ton bourru, il lui adresse ces quelques mots :

Cet oiseau est trop gros pour moi tout seul. On partage ?

Une entrée en matière maladroite, du Corne de Bouc tout craché. D’ailleurs, il n’attend pas la réponse de Bec Croisé avant de se coucher face à lui et de prendre une première bouchée de viande, pestant contre les plumes s'emmêlant dans sa barbiche

[Bouc imcoming]
Nos différences nous rendent uniques. (25)


Aah, quel bonheur d'être enfin guerrier. C'était comme.. une sécurité. Une approbation que oui, je saurais survivre en qu'à d'attaque. Même si je comptais pas trop me mêler à ces dernières. Je me baladais toujours au centre de nos territoires, histoire de ne pas être happé par un ennemi. Quoique parfois, des silhouettes plaisantes m'appelait à jeter un coup d'œil, même si cela résultait en échec. Je jouais partout pour l'instant, un jour quelqu'un me répondra, je l'espérais. Clan des Étoiles, pourquoi m'avoir fait si repoussant ? Après avoir fait un petit tour au Grand Sycomore, je décidais de rentrer. Oh, je n'avais pas chasser. Mais je me rachèterais en participant à la prochaine patrouille de chasse. Je les préférais aux patrouilles, où soit on pouvait tomber sur une bagarre, où soit un étranger sympa mais que je ne pouvais aborder sans me faire fusiller du regard par mes camarades. Donc patrouille de chasse ce soir, point.

Entretemps, il était l'heure de manger. Une fois au camp, je me dirigeais vers la pile de gibier, mais ce fut le gibier qui vint à moi ! Avec comme facteur le vétéran Corne de Bouc. Si j'avais son âge, j'aurais pris ma retraite, pour couler des jours paisibles en sécurité. Mais chacun sa façon de faire. Je le saluai tout de même.

" Avec plais'ir Corne de Bouc, c"est s'ympa de ta part ! "

Et naturellement, vu qu'il avait apporté la proie, il se servit en premier, mais fini avec plein de plumes dans la barbiche. Sachant d'avance que j'allais galérer avec les plumes et mes mâchoires non alignées, j'entrepris d'abord un petit déplumage de là où j'allais mordre. Je mordis donc seulement les plumes, les tirai et crachai celles qui persistaient sur ma langue. quand je pus enfin profiter du déjeuner, je soupirai, satisfait. Je regardais donc le chat au physique aussi spécial que moi, mon côté hypocondriaque ne se manifestant pas. La maladie d'être tordu du corps, je l'avais déjà à la mâchoire. Je ne pouvais pas l'attraper une nouvelle fois. Mais mon regard coula plutôt sur la barbichette qui était encore garnie d'une plume.

" J'es'père avoir un bouc comme toi plus vieux ! J'trouve ç'a clas's'e. J'ai un duvet rebelle déjà à mon âge, alors j'ai plutôt bon es'poir ! " dis - je ne passant la patte sur mon menton en diagonale, en effet pourvu de quelques poils rebelles.

Si Corne de Bouc ne fait pas vraiment parti des bons samaritains du Clan, il doit bien avouer être sensible au malheur des chats qui, comme lui n'ont pas été gâté par la nature. Généralement, seuls les chats les mieux fait survivent – c'est la sélection naturelle. Néanmoins, dans une tribu, l'entraide permet aux plus faibles d'avoir une chance de survie. Le vétéran le sait – s'il avait été seul, il n'aurait jamais atteint un si grand âge. Et c'est sûrement pareil pour Bec Croisé. C'est pourquoi les chats comme eux se doivent de prouver leur valeur afin de ne pas être considéré comme des poids morts. Si Corne de Bouc n'a toujours pas rejoint la tanière des anciens, c'est parce qu'il compte servir son Clan aussi longtemps que son corps le pourra. Tant qu'il est capable de chasser, de patrouiller, il est hors de question qu'il se la coule douce dans la tanière des anciens. Il sait qu'il y a sa place, mais c'est encore trop tôt pour lui. Il a d'autres choses à accomplir avant de prétendre au repos. D'autant plus qu'avec la naissance récente de Petit Loir et Petite Souris, il se sent encore plus impliqué dans la vie du Clan – il tient à ce que ses fils demeurent bien nourri et en sécurité. C'est la moindre des choses qu'il puisse faire pour eux, jusqu'à ce qu'ils deviennent grands.

En tout cas, malgré sa surprise première, Bec Croisé semble plutôt ravi de la proposition du vétéran. Si les deux matous galèrent à déplumer l'oiseau, ils ne font aucun commentaire et croque dans la viande dès que l'occasion se présente. Et heureusement que Corne de Bouc a choisi de ne pas dévorer la grive seul, parce qu'elle est sacrément dodue ! De quoi contenter l'estomac des deux mâles pour la nuit. Si le doyen compte dîner en silence, le jeune guerrier ne l'entend pas de cette oreille.

J'es'père avoir un bouc comme toi plus vieux ! J'trouve ç'a clas's'e. J'ai un duvet rebelle déjà à mon âge, alors j'ai plutôt bon es'poir !

Classe ? C'est bien la première fois que qui que ce soit considère sa barbichette de la sorte. En général, on la trouve plutôt rigolote, mais personne ne souhaite en avoir une pareille. Ce que Corne de Bouc comprend, parce que c'est un véritable problème au quotidien. Sa langue ne pouvant pas atteindre ses poils indésirables, il est très compliqué de les toiletter. Tant est si bien qu'elle paraît constamment sale et emmêlée, donnant au vieux matou un air négligé qu'il a bien du mal à assumer. Récemment, il a laissé Joli Cygne y mettre de l'ordre une ou deux fois, mais Corne de Bouc n'a jamais aimé qu'on y touche, alors il fait avec. Une fierté mal placée contre lequel il est bien difficile de lutter.

Ce n'est pas « classe », non. Maugré-t-il en crachant une plume. C'est plus gênant qu'autre chose. Et vraiment pas beau.

Corne de Bouc n'a jamais supporté cette barbiche et ne souhaite à personne d'en avoir une pareille un jour. Et surtout pas à Bec Croisé, dont la gueule est déjà la cible de moqueries en tout genre. S'il développait une barbichette sous ces mâchoires tordues, ça ne ferait que renforcer l'aspect atypique de son visage. Et le jeune chat ne mérite pas de souffrir davantage.