Pique-nique au bord des chutes, ft Nuage d'Hippocampe - end

Eclat de Crépuscule était d'excellente humeur. Elle avait réussi à partir se balader seule. Enfin ! Nuage Poivré était resté au camp, pour aider elle-ne-savait-plus-qui à faire elle-ne-savait-plus-quoi. La jeune guerrière s'était donc échappée à vive allure, craignant qu'on lui colle un guerrier ou un autre apprenti dans les pattes, pour aller chasser. Peut-être, si une proie se trouvait au mauvais moment sur sa route, elle la tuerait pour les autres. Elle, elle n'aimait pas, ne ressentait pas vraiment le besoin de manger. En fait, cela l'ennuyait de manger une proie, et parfois, pour ne pas qu'on la force, elle grignotait une souris pendant un temps infini pour au final en laisser la moitié. Mais cela se voyait, ses côtes étaient plus saillantes que les autres venteux, mais elle n'éprouvait pas ce besoin.

Enfin, toujours était-il qu'elle se dirigea sans même y penser aux frontières. Aujourd'hui, elle jeta son dévolu sur les hautes landes, afin d'essayer de voir un chat de la Rivière. Ces chats la fascinaient. Ils étaient incroyables, de se jeter dans une rivière tumultueuse, sans crainte de se noyer, et de revenir trempé. D'autres trouvait répugnant leur goût pour le poisson, mais elle ne se permettait pas de les juger. Au contraire, de leurs différences ils pouvaient faire des forces, et elle avait cru comprendre qu'ils se servaient de l'eau pour entraîner leurs ennemis. C'était les seuls des quatre Clans à gérer ce liquide si dangereux. Alors pourquoi les juger ? Les venteux devraient plutôt les craindre. Chaque groupe avait son domaine, eux, c'était la vitesse. Mais était-ce une raison pour les regarder de travers ? Non !

La rouquine atteint rapidement la ligne invisible qui séparait les clans. Elle s'assit patiemment, et commença à se lécher tranquillement la patte, pour ensuite frotter son oreille immaculée. Elle était belle, étincelant au soleil, comme un chat directement venu de l'astre. Elle souriait, dans le vide, heureuse de la vie qu'elle menait. Sa mère, même si elle passait son temps à la surveiller, et à lui dire de manger davantage, elle l'aimait. Elles pouvaient rester des heures, à se dorer au soleil, à discuter de tout et de rien. Nuage Poivré, quant à lui, était un génial apprenti, et elle était très attachée à lui. C'était son meilleur ami, lui semblait-il. Et puis il y avait tous les autres, des guerriers aux anciens, en passant par les chatons. Ils étaient son cœur, ils étaient ses compagnons. Mais parfois, elle voulait se retrouver, seule ou avec des inconnus. Mais elle n'en voyait pas d'autres. Donc elle restait seule ! Cette idée lui arracha un petit rire.

Mais la guerrière se stoppa immédiatement, quand elle sentit une odeur. Elle se raidit, se releva, et s'approcha doucement, sans bruit. Une silhouette sombre, de teint plutôt mauve, apparut. Son pouls s'emballa, à l'idée de rencontrer un autre félin. Elle attendit qu'il apparaisse totalement, avant de plonger ses yeux dans les siens, et s'étonna de la différence de couleur de ses iris. Puis, elle engagea la conversation, tout sourire:
"Salut ! Eclat de Crépuscule ! Je suis guerrière, au Vent, comme tu as pu le deviner, si tu es un minimum perspicace !"

Aujourd’hui, Nuage d’Hippocampe avait voulu être seul, sans son mentor sur le dos. Alors, comme à son habitude à présent, il s’était levé avant le soleil et sans même prendre le temps de faire sa toilette, il fila hors de sa tanière puis du camp. Il s’était éloigné aussi vite que lui avait permis ses longues pattes blanches. Il était parti loin, en direction de la rivière. On ne viendrait surement pas le chercher ici. C’était de plus en plus connu à présent, il détestait l’eau et tout ce qui y était relié. Et ses pathétiques tentatives de nage n’aidaient à rien à démentir les commérages que l’on faisait à son propos. Parfois, certains aimaient bien se moquer de lui en lui demandant comment avancer sa maîtrise de la nage et de la pêche et pour toute réponse, le petit chat bicolore se contentait de baisser la tête et de détourner le regard.

Là, maintenant qu’il était seul avec ses pensées, le novice se sentait un peu mieux, il n’aurait pas de critique avant un long, long moment. Il pourrait s’exercer à la chasse, parce qu’il ne fallait pas trop compter sur Merle Noir pour lui apprendre autre chose que le combat. Alors, le novice se mit à longer la rivière, en quête d’une proie terrestre.

Et justement, une odeur de souris se fit soudainement sentir et le novice se tapit au sol, ne lâchant pas son déjeuner du regard. Déjeuner qui détala dès qu’il amorça son approche. Le jeune cheval de mer se mit évidemment à courir après, mais trop tard. Le rongeur s’était refugié dans son terrier, et il était trop tard pour l’attraper.

"Salut ! Eclat de Crépuscule ! Je suis guerrière, au Vent, comme tu as pu le deviner, si tu es un minimum perspicace !"
- Yiips !

Le jeune mâle sursauta, surpris. Il ne l’avait pas vu, ou bien il n’avait tout simplement pas prêté attention à sa présence. Il se tourna vers la voix qu’il ne reconnaissait pas. Et si elle s’était présentée, c’est qu’elle n’était pas du Clan de la rivière. Une odeur de rongeur, qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait pas appris, parce qu’on avait pas prit la peine de lui enseigner.

Le jeune mâle baissa la queue, les oreilles et la tête face à l’inconnu au joli pelage orangé face à elle. Elle avait le même pelage roux qu’Aube Orangée, mais ce n’était pas Aube Orangée, les yeux était dorés, pas verts comme ceux de la jeune guerrière. Ça mêlé à l’odeur inconnu, il n’était pas réellement en confiance. En plus, elle avait sans doute vu sa pitoyable tentative de chasse, elle ne devait donc plus trop le craindre bien qu’elle avait l’air plus qu’amicale et pas hostile.

Mais pour autant, il avait appris à se méfier, parce que les chats qui avaient l’air amicaux, ça grouillait dans son clan et pourtant, ils n’étaient pas tous gentils, bien au contraire. Alors, il répondit à la guerrière qui avait l’air amicale d’une voix timide et peu assurée :

- Heu… Bon-bonjour… Je-je suis Nu-Nuage d’Hoppi… non… D’hippo-hippocampe. Ma heu ma Maman m’a in-interd-dit de par-parler aux étran-étrangers… Veu-veuillez partir s’il-s’il vous plaît.

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'Chasse Rivière' :

La rouquine regretta aussitôt d'avoir parlé aussi fort. Tout d'abord, le matou eut un coup de frayeur, et lâcha un glapissement, qui la fit rire doucement. Mais le pire était qu'il était en chasse, et qu'elle, toute à sa joie, n'avait pas pris le temps d'analyser la situation. Elle espérait qu'il ne lui en voudrait pas et que, même si leur rencontre commençait mal, qu'elle n'aille qu'en s'améliorant. Pourtant, sur le petit visage du chat, elle percevait une certaine hésitation, un doute. Aïe. Il ne semblait pas aussi à l'aise qu'elle, alors qu'ils n'enfreignaient aucune loi. Enfin, cela ne la dérangerait pas, il n'y avait personne, pas vrai ? Elle pencha légèrement la tête, alors que son sourire ne s'effaçait pas, quand il répondit, d'une timidité qui l'intrigua (c'était fou ce que les timides bafouillaient) :
- Heu… Bon-bonjour… Je-je suis Nu-Nuage d’Hoppi… non… D’hippo-hippocampe. Ma heu ma Maman m’a in-interd-dit de par-parler aux étran-étrangers… Veu-veuillez partir s’il-s’il vous plaît.

Nuage d'Hippocampe, donc. Elle n'en avait vu, et se demandait à quoi ressemblaient ces animaux. Ils devaient être marins, puisqu'ils venaient du Clan de la Rivière. Fière de sa remarque silencieuse très perspicace, elle rit doucement. Puis se rendit compte de ce qu'il venait de dire, et son sourire disparut immédiatement. Respectueuse de sa demande, elle recula d'un pas, mais ne s'en alla pas pour autant. Il était une chance pour elle, un changement dans son quotidien toujours rythmé. Elle n'avait pas le temps de voir d'autres, et elle ne risquait pas de le laisser partir. Elle allait reprendre, quand un fumet bien appétissant titilla son museau. Elle ouvrit de grands yeux, laissant apparaître des pupilles parfaitement rondes, et se plaça dos au bouclé. Eclat de Crépuscule avança doucement, avec cette agilité qui la caractérisait si bien. Si elle n'avait jamais fait très grande preuve de discrétion, elle était tout de même bonne chasseuse, et appréciait grandement courser les proies. Ses coussinets frottaient le sol, alors qu'elle disparaissait presque entièrement entre les feuilles hautes.

La douce fourrure d'un lapin lui fit de l'œil. Alors, il était là. Elle fit encore quelques pas, tâchant de surveiller sa respiration, afin que son souffle soit moins perceptible encore. Ses iris crépusculaires analysaient chaque mouvement du rongeur, qui ne l'avait toujours pas remarquée. Elle était si concentrée qu'elle ne s'occupait plus de l'apprenti ennemi, qui, elle l'espérait, n'avait pas bougé. Là, plus que trois foulées. Sa queue touffue frétillait doucement, mais ses oreilles étaient tournées vers elle. Il fallait donc qu'elle le prenne de surprise, car elle n'aurait pas de chance, sinon. Elle inspira doucement, puis bondit, et chopa sa victime de la journée par la jugulaire. Il mourut instantanément, et, elle l'espérait, sans avoir souffert. Toujours, elle murmura une parole au Clan des Etoiles, les remerciant de leur générosité. Reprenant son souffle, après son bond gigantesque, puis retourna près de la frontière, et vit avec joie que ce Nuage d'Hippocampe n'avait pas bougé. Elle observa une fois de plus sa silhouette et son pelage étrange, puis déposa le lapin à côté d'elle. D'humeur rieuse, elle s'écria :
"Ahah, qui de nous est le plus fort en chasse ? Techniquement, je suis ici chez moi, comme tu chez toi. Donc on peut très bien discuter comme ça ? "

Comme elle ne voulait pas le vexer, elle éclata de rire, les yeux brillants. Elle espérait que sa bonne humeur légendaire, qui lui avait tout de même coûté son nom, réussirait à décontracter le matou, qui ne semblait toujours pas à l'aise. Pour tout dire, elle était complètement détendue.
"Bon, comme je t'ai fait louper ta chasse, tu mérites bien une patte de lapin, non ? Ne t'inquiète pas, je ne suis pas, comme les autres de mon Clan, xénophobe. "

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'Chasse Vent' :

La chatte rousse ria quand Nuage d’Hippocampe se présenta. Oui, il devait bien pitoyable, il en avait bien conscience, ce jeune chat. Il tremblait autant qu’une brindille des rafales de vent. Pour la première fois de sa vie, il regretta d’être sorti seul, de ne pas avoir son mentor avec lui. Merle Noir était tellement effrayant qu’il aurait fait fuir l’intruse à l’instant même où elle aura posé le regard sur son territoire.

Puis, l’inconnue se détourna de lui, sans un mot, sans un regard et le novice bicolore mâcha un soupir. Sans doute avait-elle plus intéressant à faire que de regarder un apprenti tremblotant. Enfin, la novice avait peut-être bien compris ce qui l’intrigua. Une odeur de rongeur, ressemblant à celle de la guerrière. Probablement un lapin, puisque c’était leur nourriture préférée. Oui, il vient d’avoir un éclair de génie. En tout cas, le novice put se détourné pour tenter d’attraper son déjeuner.

Une grive dans un buisson chantonnait, pas loin. Le matou tenta, discrètement, de s’en approcher. Mais devant le buisson, il ne sut comment l’approcher. Malin, il se dit que l’oiseau tenterait probablement de s’enfuir s’il faisait bouger les branches. Alors, il s’essaya à l’escalade pour la base du buisson. Mais à peine avait-il passé les premières branche que l’une cassa sous son poids, laissant le novice dans la poussière et l’oiseau dans les airs. Non, il ne saurait pas attraper un oiseau de cette façon.

Le novice ressortit du buisson, couvert de brindille en tout genre et il fit une toilette, minutieuse. Tant de petites plantes s’étaient prises dans son pelage. Il devait rester présentable en toute occasion. Il devait prouver qu’il était propre sur lui. L’hygiène, c’est la base.

Puis Éclat de Crépuscule revint, un lapin pendant de sa gueule. C’était une belle bête, presque aussi grosse que le novice et surement bien plus agile et rapide. Et la guerrière l’avait attrapé et elle ne semblait même pas essoufflée. Comment faisait-elle ? Posant la proie au sol, la guerrière reprit la parole demandant, dans un rire qui était le meilleur des deux.

- Heu… Je… Bah… Vous, puisque… Que vous êtes… Guerrière… Et que j’ai… Bah… J’ai commencé mon… Entraînement, il y a… Heu… Peu… Haha.

Il rit, gêné comme jamais, en posture défensive. Il n’osait pas la regarder de face, il avait le visage tourné, un regard vers la rive, priant aussi silencieusement possible qu’une patrouille vienne le secourir. En espérant, bien entendu, qu’ils ne se méprennent pas au premier abord. Il était bien élevé, il n’avait aucune intention d’enfreindre l Code du Guerrier. Mais aucune patrouille n’était là pour l’aide à se sortir de ce mauvais pas. Pire encore !

"Bon, comme je t'ai fait louper ta chasse, tu mérites bien une patte de lapin, non ? Ne t'inquiète pas, je ne suis pas, comme les autres de mon Clan, xénophobe. "
- Je… Non… Je… J’ai pas le droit… Les Anciens… Et les Reines… N’ont pas encore été… Nourris. Donc, je… J’ai pas le droit… De toucher… À votre… Lapin… Sinon, après… On va dire que… J’ai été mal élevé… Et on va… Blâmer ma… Ma Maman chérie. Et nous, on… On mange pas de… De lapin… On-on aime… Pas trop… ça… Pa-partez… S’il vous plait…

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'Chasse Rivière' :

Alors qu'elle tentait de détendre l'atmosphère, ledit Nuage d'Hippocampe paraissait plus mal à l'aise encore. Même à des kilomètres, on devait sentir sa peur, et sa méfiance envers elle. Ce qui agaça légèrement Eclat de Crépuscule, qui regrettait une fois de plus être née dans un clan xénophobe. Car la moindre part de gentillesse venant des venteux était louche, alors qu'elle était, pour sa part, sincère. Pourquoi Etoile Tropicale n'avait-il pas rassuré ses troupes sur les autres, sur les inconnus ? Ils n'étaient pas tous dangereux. Soudain, elle se dit que s'il la chopait, ici, à proposer une proie, elle risquait sa peau. Prise d'une angoisse grandissante, elle balaya les environs du regard, à la recherche d'un pelage blanc et roux, et d'yeux, qui la fixeraient froidement. Si la persistance odeur de leur meneur lui titillait le museau, elle mit cela sur ses fréquents passages par ici.
"Heu… Je… Bah… Vous, puisque… Que vous êtes… Guerrière… Et que j’ai… Bah… J’ai commencé mon… Entraînement, il y a… Heu… Peu… Haha."

Elle se joignit automatiquement à son rire, alors que celui de l'apprenti était plus gêné qu'autre chose. L'important était qu'il se détende, se répéta-t-elle pour la dixième fois depuis le début de leur rencontre. Elle n'allait pas le laisser partir, alors que l'occasion de rencontrer des chats de la Rivière était bien mince. Non, elle resterait, tant qu'il ne bougeait pas. Et s'il acceptait sa proie, elle serait la plus heureuse au monde. La rouquine s'assit alors, enroulant gracieusement sa queue autour de son corps. Elle avait respecté la demande du jeune, de se reculer, mais ses yeux ne le lâchaient pas. Parfois, son regard se détournait. Un chat restait un chat, et dans leur nature, planter le regard dans celui de l'autre était vu comme une menace. Elle restait ainsi à l'affût d'une patrouille, qui prêterait renfort au jeune félin.
"Je… Non… Je… J’ai pas le droit… Les Anciens… Et les Reines… N’ont pas encore été… Nourris. Donc, je… J’ai pas le droit… De toucher… À votre… Lapin… Sinon, après… On va dire que… J’ai été mal élevé… Et on va… Blâmer ma… Ma Maman chérie. Et nous, on… On mange pas de… De lapin… On-on aime… Pas trop… ça… Pa-partez… S’il vous plait…"

Il insistait donc. Cette remarque permit à la jeune guerrière d'en savoir plus sur son interlocuteur. Il voulait absolument qu'elle parte, mais restait poli. Sûrement qu'il ne se battrait pas, cela n'avait pas l'air d'être son genre. Et, dans le pire des cas, même si sa silhouette était bien plus imposante que la sienne, il restait un apprenti, et n'avait pas eu autant de lunes d'entraînement qu'elle. Et se battre avec Nuage Poivré lui permettait de rester en forme, et d'améliorer plus encore son agilité. De plus, il était loyal, à ne pas vouloir se servir avant les autres. C'était adorable, venant de la part d'un matou seul, de penser d'abord à son clan plus qu'à lui. Eclat de Crépuscule hocha la tête, un brin impressionnée par son manque de sang-froid, mais surtout amusée par la situation. Il lui faisait l'effet d'une souris prise dans un guet-apens. Elle eut un sourire amusé, et rétorqua, d'une voix légèrement moqueuse :
"Oui, tu as raison, il faut d'abord penser à ta maman, puis aux anciens, et aux reines. Je t'aurai bien proposé de leur emmener mais ça risque d'être louche. Mais dis-moi, vous pêchez réellement des poissons vers les chutes ? Ou tu es venu prêt de la frontière dans un autre but ?"

Ses iris ambrées reflétaient son interrogation. Les riviéreux étaient bien connus pour aimer nager, se prélasser dans la puissante et sauvage rivière, mais pêcher à proximité des terres du vent, dans un coin très dangereux, et assourdissant l'étonnait franchement. Il fallait être téméraire pour se jeter ainsi dans la gueule du loup. Et ce novice ne semblait pas vraiment être le portrait du fou furieux prêt à tout pour nourrir sa maman chérie. La guerrière reprit :
"Vous avez pas froid, l'hiver, quand vous vous baignez ? Déjà que j'ai froid à la langue quand je bois, alors j'imagine pas faire trempette !"

Nuage d’Hippocampe se sentit plus soulagé quand la femelle rousse abonda dans son sens. Mais pourtant, elle ne fit pas directement demi-tour avec son lapin. Elle essaya plutôt d’engager complètement la conversation avec lui.

« Mais dis-moi, vous pêchez réellement des poissons vers les chutes ? Ou tu es venu prêt de la frontière dans un autre but ? »

La question surprit franchement le novice qui ne sut pas quoi dire sur le coup. Elle le questionnait sur la vie au sein de son clan. Devait-il y répondre ? Révélait-il des secrets en répondant ? Il ne pensait pas faire du tort en étanchant la curiosité de la femelle. Mais il lui arrivait souvent de faire du tort en pensant bien faire. Le jeune chat avait, dès lors, du mal à prendre une décision. Pourtant, là, il était seul. Aucune patrouille en vue, alors s’il faisait une bêtise, personne ne le saurait. Personne pour rapporter quoique ce soit à Merle Noir et blâmer sa Maman. Il décida donc de répondre aux questions de la guerrière. Il répondit même d’une voix un peu plus assurée, arrêtant de bégayer.

- Non, c’est trop dangereux dans les chutes. Les chats y tombent perdent la vie. Je suis venu ici pour heu… m’entraîner à la chasse. C’est pas mon point fort…J’espérais attraper le déjeuner à mon mentor pour lui faire plaisir.

Avait-il mentit ? Sans le moindre remord. Lui ? Faire plaisir à Merle Noir ? Il savait bien que même s’il trouvait le moyen de voler, ça ne suffirait pas à impressionner le grand mâle noir. Le seul moyen de lui soutirer un « compliment », c’était sans doute de battre une armée entière. Et encore. Peut-être trouverait-il quelque chose à redire.

"Vous avez pas froid, l'hiver, quand vous vous baignez ? Déjà que j'ai froid à la langue quand je bois, alors j'imagine pas faire trempette !"
- Les apprentis ou les guerriers ne nagent pas l’hiver, c’est un risque à tomber malade. Un malade dans le camp l’hiver, c’est une épidémie sur les pattes et des risques de morts. Écho des Ruisseaux n’a pas besoin de ça. … Et vous ? Vous n’avez pas froid l’hiver, avec votre plaine ouvertes aux vents ? Et vos Sentinelles, elles craignent pas le froid ?

Lui aussi était curieux au final, du fonctionnement des autres. C’était un jeune qui ne demande qu’à découvrir le monde après tout.