[Bataille] GROUPE 1 — CAMP - end

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'Attaque Clan' :

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'Attaque Clan' :

Etoile Tropicale était son père. Lui, le meneur du clan du Vent, l’un des quatre chats les plus valeureux de Cerfblanc était son géniteur. Sans lui, elle n’était pas. Sans elle, il avait été. Lui, si xénophobe qu’il était littéralement sorti de ses gonds, alors qu’elle discutait sans animosité avec Nuage d’Hippocampe. Lui, qui l’avait marquée parce qu’elle avait osé lui dire ce qui lui tenait à coeur. Sa mère avait débarqué, suivie de près par Nuage Poivré. Sa présence, bien qu’un peu inutile avait suffi à la ressaisir, et elle n’avait pas trop hurlé quand il l’eut griffé. Plume de Moineau lui avait ensuite appris leur lien de parenté. Tout le reste était bien flou dans sa mémoire. Elle ne savait plus les exactes paroles de leur discussion, mêlée de choc et d’émotions. Qu’importe, elle les haïssait. Les deux.

Il ne savait pas non plus, lui, qu’elle était sa fille. Mais il restait un prétentieux qui obligeait tout son clan à détester les étrangers, simplement parce qu’il ne les aimait pas. Et forcément, elle, le vilain petit canard, ne pensait pas comme lui, et incitait ses connaissances à modifier leur avis sur la question. C’était la proie à abattre pour que tout le monde redevienne comme lui. Donc, dès qu’il avait saisi la perche de lui faire peur, il en avait profité. Oh, la cicatrice était bien minime, mais mentalement, elle souffrait. Toujours elle revoyait son visage tordu par la colère, puis, oh surprise, par l’étonnement. Encore elle entendait le cri, et les aveux de sa mère, accourant à toute vitesse. Elle lui avait menti. Sur sa propre identité. Elle était, bien entendu, ravie qu’Ecorce de Chêne ne soit pas son père, mais finalement, lui aussi savait. Lui, qui n’avait rien à voir dans l’histoire, lui qui ne faisait pas partie de sa famille, savait. Elle était la seule niaise innocente, qui n’avait pas remarqué la ressemblance entre les yeux ambrés du meneur et les siens. Jamais elle ne s’était demandé d’où venait le blanc de son oreille. Non, toute sotte qu’elle était, elle avait cru les mensonges, les grotesques histoires qu’on lui avait compté. Sans rechigner, comme un naïf chaton, elle avait tout gobé. Finalement, elle le plaignait, le brun qui avait jalousement gardé sa dulcinée. Elle, la rouquine, n’était que l’objet de leur union, et chaque jour elle lui rappelait qu’il n’avait pas été le seul, dans la trépidante existence de sa compagne.

Réfugiée dans un profond silence, Eclat de Crépuscule, qui avait perdu toute sa lumière, ruminait ses sombres pensées. Elle avait envoyé son apprenti s’entraîner avec un autre mentor. Il n’y était pour rien, lui, et sa présence lui manquait atrocement. Toujours il avait été là pour elle, et lui, savait tout. La Marque était restée secrète, mais pour une raison qu’elle ne connaissait pas, il avait été là au moment décisif. Il avait vu la belle et jolie famille qu’ils formaient se déssouder en quelques paroles. Mais elle n’était pas capable d’être une bonne entraîneuse, et, curieusement, leur vénéré et fantastique chef n’avait pas rechigné. Peut-être avait-il fermé les yeux pour sa fille adorée, à moins qu’il ne s’en veuille. Qu’il regrette ce geste impardonnable. Elle n’en avait que faire, il restait un matou dangereux. Une nouvelle vérité l’assaillit. Elle avait peur de lui. Peur de son propre père. Dont elle ne connaissait rien. Un sanglot surgit du tréfond de sa gorge, et une larme coula sur sa joue. Mécaniquement, elle la lécha, pour ne pas sentir la goutte parcourir tout son chemin avant de finir sur sa mousse. Pourquoi toute sa vie avait été chamboulée ? Pourquoi elle n’était plus heureuse ? Dans un autre Clan, on lui aurait peut-être fait la leçon. On lui aurait dit qu’elle ne devait pas être aussi accueillante. Ici, chez les venteux, on lui disait qu’elle avait un géniteur qui était chef de clan, qu’elle avait une mère qui mentait comme elle respirait. Super.

Néanmoins, elle n’eut pas le temps de voir une nouvelle fois la scène fatidique. Des étranges hurlements dressèrent son poil sur son échine. L’odeur oppressante de la peur, de sa peur et de celle de ses compagnons d’infortune lui titilla le museau. L’ombre. L’ombre était là. D’un bond, la guerrière se leva, et sans prendre le temps de s’étirer, débarqua sur les lieux. Nuage d’Orage donna inutilement l’alerte, et elle vit des chats, de son clan, arriver, toutes griffes sorties. Pour qui se prenaient-ils de les attaquer ? L’appréhension laissa vite place à la colère. Toute la haine des derniers jours accumulés rendaient la jeune féline folle de rage. De plus, elle n’avait pas fait beaucoup d’exercice, et aucune courbature ne viendrait embarrasser son combat. Qu’Etoile Tropicale la marque était une chose. Mais qu’il la trouve déloyale en était une autre. Elle lui montrerait qu’on pouvait, malgré tout, lui faire confiance.

Son regard croisa les iris bleutées d'un ennemi. Oui, là, en ce moment, ils étaient adversaires et non pas simplement des inconnus. La fureur lui prenait les tripes, son cœur battait violemment dans sa poitrine, jusqu'à lui faire mal. Il était brun, et paraissait n'avoir aucun chat sur le dos. La bataille commençait déjà à faire rage. Elle aperçut du coin de l'œil Nuage d'Alizé, qui se battait. Elle, qui avait fugué, semblait avoir retrouvé toute force de vivre. Elle décida de ne pas aller l'aider, et de se concentrer sur ce mâle. Elle craignait que Nuage Poivré se soit retrouvé dans la bataille, elle craignait qu'il ne soit pas assez fort, ne pas l'avoir assez entraîné. Oui, elle tremblait pour lui. Qu'ils partent, ces intrus ! Pour qu'elle retrouve son meilleur ami ! Elle bondit sur l'autre, et le prit au dépourvu. La boule de poils illuminée prenait feu, et lacéra le flanc du matou violemment. Le sang commença à couler doucement, et elle se dégagea, afin de ne pas se retrouver sous son étreinte s'il contre-attaquait. Fière de son intervention, elle lâcha un sourire, mais ses prunelles brillaient froidement. Elle ne s'arrêterait pas maintenant. Pourtant, pourtant, elle s'en voulait de faire du mal à ce chat qui n'était peut-être pas pour cette guerre. Lui était peut-être venu par loyauté, simplement dans le but de soutenir son clan. Ils se faisaient face, chacun cherchant les failles de l'autre. Elle murmura, comme à regret, mais sans pouvoir se taire :
"Je suis désolée …"

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