Thème X - Terres Inondées |
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| Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon | |
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Auteur | Message |
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Fin Brouillard▬ Guerrier
Messages : 355 Date d'inscription : 06/11/2017 Age : 25 Localisation : Sous les arbres tendres
Carte d'identité Âge: 17 lunes (octobre) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 12.06.19 8:33 | |
| - Spoiler:
limite on n'a qu'à dire que c'est un flashback si le moment de séparation poivrou/éclat n'est pas très long.
Depuis que Nuage Poivré avait rejoint la tanière des apprentis, il s'y était fait peu d'amis et avait rapidement agrandi la liste des chats qu'il se sentait incapable de supporter. Parmi ces derniers, la plupart étaient plus vieux que lui, et beaucoup avaient pu devenir guerriers depuis, heureusement. Mais il y avait aussi des jeunes, et notamment Nuage d'Albâtre, une apprentie immaculée qui avait vite fait, dès son arrivée, de lécher les pattes des plus vieux, à commencer par son grand frère, pour s'octroyer leur protection ainsi que quelques privilèges inacceptables. Se moquer de Nuage Poivré était l'un d'entre eux, et pas le moindre. Le morveux avait été obligé d'attendre patiemment son heure. Qu'ils partent donc, son grand-frère et ses grands dadais d'amis, s'était-il dit, et je me ferais un plaisir de lui apprendre le respect, à Nuage d'Albâtre. Longtemps, il s'était contenté de lui jeter en coin des regards noirs et d'ignorer les humiliations diverses que la femelle blanche se plaisait à provoquer. Longtemps jusqu'à ce jour-là. Car ces temps-ci, la patience de Nuage Poivré était si profondément et si durablement mise à l'épreuve qu'il lui devenait presque impossible de ne pas céder à son tempérament irritable. Aussi lorsqu'il retourna dans tanière des apprentis ce matin-là après avoir seulement fait sa toilette à l'extérieur et senti de plein fouet un vent frais le traverser, n'encaissa-t-il pas la grimace moqueuse de Nuage d'Albâtre qui le voyait faire les cent pas. Cette grimace, adressée en premier lieu à ses amies et complices, non loin d'elle, Nuage Poivré ne la connaissait que trop bien. Elle signifiait quelque chose comme "je retiens ma respiration parce qu'il revient" et annonçait quelque désagréable apostrophe comme il en avait déjà subi assez. Trop, même. " Toi, j'te jure, tu ouvres ta bouche, j'te casse en deux. " gronda Nuage Poivré, ce qui attira tout à fait sur lui l’œil de sa cadette et de deux autre jeunes apprenties qui la suivaient en toutes circonstances. Elles étaient plus jeunes, elles n'étaient que des femelles pas bien costaudes, mais elles étaient plus nombreuses. Et surtout, elles étaient soutenues, alors que lui commençait à se demander si Éclat de Crépuscule viendrait jamais le sortir des griffes de l'ennuyeux vétéran auquel elle l'avait confié. Bref, lorsqu'il réalisa qu'il avait excité la soif malsaine des trois pestes, il regretta bien vite sa menace, intérieurement. " J'ai mangé alors merci mais t'ouvres pas la tienne et tu t'approches pas. " rétorqua Nuage d'Albâtre, glaciale. Il fallait comprendre par là : " Tu pues tellement que ça risquerait de me faire vomir. ". Nuage Poivré n'avait pas envie d'être humilié, mais le sourire narquois que rendirent quelques autres apprentis à la femelle acheva de mettre son sang en ébullition. C'était un sourire qui voulait dire : " L'approche pas de moi non plus. ". Lentement, avec le regard furieux, il se rapprocha de l'insolente, qui n'était même pas plus grande que lui et qui se permettait de lui imposer sa loi : " Je t'avais dit de te taire, t'as jamais appris ça on dirait, quand on fait ta taille on se la ramène pas. "Désormais le silence se fit, et l'apprenti sentit tous les regards converger dans sa direction. Car il était debout, juste devant celle qu'il estimait à cet instant responsable d'une part non négligeable de ses malheurs, et il semblait la défier d'oser le provoquer une fois de plus. " Quand je t'aurai cassé la figure, tu pourras chouiner autant que tu voudras auprès de ton grand frère et de ceux à qui tu léchais les pattes quand ils étaient encore là, ça m'est égal, t'façon tu sais faire que ça. " Il avait besoin d'évacuer sa rage puérile, et ça se voyait. Sans doute se serait-il arrangé pour provoquer une bagarre d'apprentis si à ce moment-là il n'avait pas senti le regard d'Éclat de Crépuscule le toucher. Instantanément, il tourna la tête, et son agressivité retomba lorsqu'il remarqua la cicatrice qu'avait laissé Étoile Tropicale sur la tête de la rouquine. Il réalisa combien il aimerait qu'elle l'invite à le suivre, comme elle le faisait encore, si peu de temps auparavant. Tant pis si on ne fait que parler, mais s'il te plaît, ne me laisse pas tomber... suppliait-il intérieurement. En plus, je suis sûr que tu irais bien mieux toi aussi, si tu me laissais t'aider un peu..." Tu pourrais lui apprendre à parler poliment. Et à faire sa toilette, aussi. " fit soudain une voix derrière lui. Tels étaient les mots que Nuage d'Albâtre adressait à Éclat de Crépuscule, alors qu'il se trouvait juste entre elles. Le cœur de Nuage Poivré s'arrêta aussitôt de battre. Il ne baissa pas la tête, mais son regard avait perdu toute couleur, toute intensité. Il n'était plus dans cette brume ricanante qu'une peau inerte sur le point de basculer dans un précipice sans fond. Et si... Et si Éclat de Crépuscule était elle aussi du camp de Nuage d'Albâtre ? pensait-il, paralysé par l'anxiété à cette seule pensée. L'absence trop longue de la rouquine lui avait appris combien la vie semblait impossible sans elle. _________________ On applaudit Topitop qui l'a dessiné avec TALENT ! Fin Brouillard élucubre en #0a5115.
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| | | Eclat de Crépuscule▬ Guerrière
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Carte d'identité Âge: 48 lunes (février) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 12.06.19 20:50 | |
| Le soleil brillait faiblement dans le ciel. Eclat de Crépuscule recommençait à briller de mille feux, reprenant du poil de la bête. Elle s'était réveillée en pleine forme, si l'on omettait que sa blessure à la tête attirait les regards. Pour les curieux, elle disait que la guerre et son combat avec le mâle était passée par là. Pour sa famille, Ecorce de Chêne et sa mère, la réalité était tout autre. C'était la Marque, avec le grand M. Celle qu'Etoile Tropicale lui avait violemment dessiné sur la tête, en guise de punition, parce qu'elle avait osé parler à un inconnu. Et lui proposer un lapin, aussi, mais il ne l'avait pas accepté ! Elle et son père, le meneur, avaient par la suite eu une discussion, et elle avait décidé, à la suite de celle-ci, de reprendre l'entraînement de Nuage Poivré. Qui lui aussi savait tout.
Elle l'avait délaissé pendant plusieurs jours, pour se remettre, de ses émotions, et de ses blessures. Il n'avait pas, contre ses habitudes, grogné, sentant que l'heure n'était pas à la bouderie. Elle lui en avait été reconnaissante, et prenait des nouvelles de ses progrès par l'intermédiaire de son nouveau mentor, fraîchement attribué. Le guerrier vétéran avait de l'expérience, mais le novice n'était sûrement pas fan de ses méthodes. Il lui fallait du sang frais, de l'enthousiasme, du mouvement ! Elle lui avait demandé de travailler ses techniques de combat, et d'après le mâle, le noiraud progressait plutôt rapidement. Que d'efforts, depuis le début ! Elle était fière de son apprenti, et à l'idée de reprendre l'entraînement et même de simplement lui parler, son cœur bondit joyeusement dans son poitrail. Elle se leva, s'étira et fit sa toilette, à l'entrée de la tanière. Quelques chats la saluèrent de loin, et elle leur sourit, d'un rictus un peu faux. Elle allait peut-être mieux, mais ce n'était pas la fête dans sa tête pour autant.
Une fois propre, elle s'éloigna, vers le coin des apprentis. Avant qu'elle n'interpelle son meilleur ami, les échos d'une dispute lui parvinrent aux oreilles. Doucement, elle s'avança, intriguée par l'altercation. Elle aperçut la silhouette blanche d'une apprentie, qui, par des manières viles et qu'elle appréciait peu, avait réussi à faire la loi chez les jeunes. A vrai dire, la rouquine était heureuse de ne pas avoir eu à cohabiter avec elle, et elle n'attendait pas avec impatience le jour où Nuage d'Albâtre débarquerait chez les guerriers. A ses côtés, traînaient ses ombres, dont elle ne connaissait pas même le nom. Toujours on parlait de Nuage d'Albâtre, mais jamais de ses gardes du corps. Elles devaient être pareilles, alors elles ne devaient pas valoir la peine de leur parler. Sa voix de pétasse siffla dans l'air matinal : " J'ai mangé alors merci mais t'ouvres pas la tienne et tu t'approches pas. "
Une nouvelle voix rétorqua : " Je t'avais dit de te taire, t'as jamais appris ça on dirait, quand on fait ta taille on se la ramène pas. Quand je t'aurai cassé la figure, tu pourras chouiner autant que tu voudras auprès de ton grand frère et de ceux à qui tu léchais les pattes quand ils étaient encore là, ça m'est égal, t'façon tu sais faire que ça. "
La jeune féline eut un sursaut de surprise. C'était bien Nuage Poivré qui venait de la provoquer. Ne se sentant pas de rester cachée comme une lâche tout le long de leur dispute, elle entra en scène. Il lui lâcha un regard étonné. Elle sentit ses yeux dorés glisser jusqu'à sa marque, lui qui connaissait toute l'histoire. L'un des seuls, qui, sans avoir cherché à comprendre, l'avait épaulée. Elle regrettait plus que tout l'avoir abandonné, s'être refermée sur elle-même, sans lui laisser de chance d'aller converser. Elle ne sourit pas, mais le regarda pourtant gentiment, l'incitant ainsi à se taire, et à la laisser faire. Il n'avait aucune chance contre tous ces apprentis, qui ne prenaient pas même la défense d'une victime. Il n'y avait que des lâches, qui craignaient s'attirer les foudres de la toute-puissante princesse. Pathétique. " Tu pourrais lui apprendre à parler poliment. Et à faire sa toilette, aussi. "
Nuage d'Albâtre lui lança un sourire mielleux. Le sang d'Eclat de Crépuscule ne fit qu'un tour. Il battait dans ses veines, si fort que c'en était douloureux. Cette petite peste allait passer un mauvais quart d'heure. Elle qui sortait à peine de sa convalescence était une nouvelle fois marquée par l'injustice qui régnait dans ce monde. Et cela la mit plus en rogne encore. Elle avança, dans le silence de plomb qui rendait l'atmosphère plus pesante encore. Les jeunes étaient étonnés de voir dans ses yeux crépusculaires des iris réduites à deux fentes, elle qui avait toujours été la bienvenue chez eux. Mais aujourd'hui, leurs boutades ne passeraient pas. Parce que ce n'étaient pas des blagues, mais de la méchanceté gratuite.
Elle s'assit à côté de son ami, et lécha sa patte, blasée. Avant de jeter un regard furibond à la pâle femelle, et de rétorquer, narquoise : "Oh, mais elle a de l'humour, l'adolescente prépubère. Ton frère était bien plus marrant que toi. Ah non, excuse-moi, vous n'êtes tous les deux que des abrutis, des putains de pathétiques apprentis. C'est drôle de s'acharner contre quelqu'un? Au lieu d'harceler mon apprenti, tu ferais mieux de t'entraîner. Parce que niveau entraînement, c'est pas folichon. On verra qui de la peste ou de Nuage Poivré arrivera mieux dans sa vie."
Elle avait préféré ne pas aggraver les choses, et laisser cette conversation en cet état. Et la mine outrée de la blanche valait tous les défauts qu'elle aurait pu énoncer à Etoile Tropicale sans craindre de retours. C'était d'un gratifiant ! Elle lui rendit son regard, et reprit, se levant déjà pour l'entraîner dans son sillon. Il était hors de question qu'il reste une seconde de plus avec ces stupides novices, qui pensaient tout savoir du monde. Alors qu'ils sortaient à peine du ventre de leur mère. Elle ne se vantait pas de connaître la vie, mais plus qu'eux, et ne profitait pas de sa popularité pour faire souffrir quelqu'un d'autre. Bon allez, on va aller bosser un peu nous, histoire qu'il puisse te foutre une pâtée, la prochaine fois que mademoiselle se croit tout permis. Et les autres, là, réagissez, un peu. Quand quelqu'un est en situation de faiblesse, ouvrez pas vos yeux globuleux comme ça. Allez l'aider. Mettez vous à sa place. Et revenez me parler quand vous aurez un peu mûri !" Elle secoua la tête, et emmena Nuage Poivré loin de ces idiots. Ils quittèrent le camp et elle se dirigea vers le moulin, instinctivement. Elle était heureuse, même s'ils ne parlaient pas pour le moment, de le retrouver. Elle souriait légèrement, plus joyeuse qu'elle ne l'avait été, depuis qu'elle s'était fait marquée. Elle tourna sa tête vers lui, et l'interrogea : Heureuse de te revoir en tout cas. Ca va quand même ? Après Albâtre ?"
Elle ronronna, et lui donna un petit coup de tête dans l'épaule. C'était bon de le revoir ! _________________ Line by Creanima | Colo by Marsh Merci beaucoup |
| | | Fin Brouillard▬ Guerrier
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Carte d'identité Âge: 17 lunes (octobre) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 12.06.19 22:10 | |
| Pour comprendre l'état de suspension dans lequel se trouvait Nuage Poivré, il fallait savoir qu'il s'était jusqu'à ce jour habitué à ne s'exposer au jugement de son mentor qu'auréolé d'une sorte d'aura prometteuse et fière. Jamais il ne s'était mis dans une situation pareille, où la rouquine ne pouvait pas faire semblant d'ignorer que l'image qu'il inspirait à la plupart était très différente de celle qu'il essayait de construire pour elle. Il se sentait nu, en quelque sorte. Plus repoussant et encombrant que jamais aux yeux de la guerrière qu'il aurait aimé faire revenir vers lui.
C'est foutu. songeait-il, meurtri au plus profond de son âme, alors que retentissaient encore et encore dans sa tête les derniers mots de Nuage d'Albâtre. Elles se connaissent. Elles sont copines. C'est fini. Il entrevoyait la dimension cauchemardesque de l'échec absolu, et s'en imprégnait avec horreur.
Le contact tiède de son mentor le fit sursauter. Elle était assise à côté de lui. Juste à côté... de lui. Et ses yeux d'or foudroyaient l'Albâtre. L'Albâtre... Elles se faisaient face. Éclat de Crépuscule était furieuse, il le sentit enfin. Le soulagement fut si brutal qu'il en fut presque assommé.
" Oh, mais elle a de l'humour, l'adolescente prépubère. Ton frère était bien plus marrant que toi. Ah non, excuse-moi, vous n'êtes tous les deux que des abrutis, des putains de pathétiques apprentis. C'est drôle de s'acharner contre quelqu'un ? Au lieu d'harceler mon apprenti, tu ferais mieux de t'entraîner. Parce que niveau entraînement, c'est pas folichon. On verra qui de la peste ou de Nuage Poivré arrivera mieux dans sa vie. "
Ce qui était le plus incroyable dans ce qu'entendait l'apprenti déjà bouleversé, c'était la fin. Éclat de Crépuscule semblait incroyablement sûre d'elle, sûre de lui, sûre que ses promesses n'étaient pas vides. Elle avait confiance. Fallait-il qu'elle soit folle ou aveugle, pour avoir tant confiance ? Le gamin qui vivait des heures dures ressentit l'étrange honte de ceux qui se savent sous-qualifiés pour accomplir la mission qu'on leur confie. Elle sera tellement déçue, quand elle verra comme je suis nul... Comment je peux vouloir la regarder dans les yeux encore, alors que je sais bien que tout est foutu ? Il faudrait au contraire que je me cache dans un coin, que je disparaisse de sa vie pour la laisser m'oublier et oublier mes bêtises...
" Bon allez, on va aller bosser un peu nous, Pas de doute, c'était bien à lui qu'il parlait. Ils étaient au centre de tous les regards, et elle prenait la peine de lui adresser la parole, avec sa voix pleine de chaleur. Elle disait "nous". Nuage Poivré en était tout remué. histoire qu'il puisse te foutre une pâtée, la prochaine fois que mademoiselle se croit tout permis. Et les autres, là, réagissez, un peu. Quand quelqu'un est en situation de faiblesse, ouvrez pas vos yeux globuleux comme ça. Allez l'aider. Mettez vous à sa place. Et revenez me parler quand vous aurez un peu mûri ! "
Les autres, c'était tout le monde. Tous les apprentis qui étaient là à cette heure-ci et qui avaient plus ou moins passivement assisté à la scène. Elle leur faisait face à eux aussi, et n'hésitait pas à leur adresser des reproches. Quel courage saisissant. Éclat de Crépuscule avait beau être une guerrière, Nuage Poivré n'avait jamais été témoin d'une telle force de caractère en public. Il était bien loin de pouvoir en faire autant... Pour sa part, il ne formulait que rarement les reproches, et se contentait la plupart du temps de garder en tête un certain nombre de critiques qu'il se ressassait parfois, qui revêtaient même pour lui une importance assez capitale, alors qu'il ne les partageait jamais.
Sa stupéfaction sans mesure cloua presque autant le bec de Nuage d'Albâtre que la colère d'Éclat de Crépuscule. Mentor et apprenti s'éloignèrent ainsi dans un silence de marbre. Nuage Poivré ne put s'empêcher de s'inquiéter au sujet de ce qui se dirait d'eux une fois qu'ils auraient le dos tourné, mais la rouquine semblait, elle, si radieuse et si confiante qu'il retint ses questions. Ensemble ils quittèrent le camp. Ce fut l'occasion de redécouvrir ce que pouvait être une marche aux côtés d'Éclat de Crépuscule. Ils n'avaient même pas besoin de se parler pour redevenir spontanément les insouciants d'auparavant. Il suffisait qu'il respire l'odeur de la rouquine pour oublier l'attente et la solitude.
Toute sa vie était rythmée par le sentiment d'impatience, qui était encore exacerbé quelques instants auparavant, mais que la présence solaire de son mentor estompait facilement.
" Heureuse de te revoir en tout cas. Ca va quand même ? Après Albâtre ? - Pffff... " soupira-t-il dédaigneusement au nom d'Albâtre. Brusquement, l'apprentie qui avait pourtant failli le faire basculer pour toujours n'était plus qu'un détail insignifiant. Le charme de Crépuscule pouvait presque se résumer à une douce amnésie. Néanmoins, le beau, il ne l'oubliait jamais. " J'étais bien content que tu me sortes de là, j'aurais fini par l'abimer. Et pourtant je sais bien qu'elle vaut pas les ennuis qu'elle peut provoquer. "
Un vent lointain estompa légèrement l'amnésie, le temps d'un centième de seconde. Cela fit trembler l'apprenti violemment, car il se souvint la terreur qui l'avait pris au moment où il s'était demandé si Nuage d'Albâtre n'était pas une amie d'Éclat de Crépuscule. Il réalisa à l'occasion de cet infime choc combien son cœur était encore fragilisé par toutes ces émotions extrêmes. Tout ça finira par me tuer.
" Tu... " il réalisa qu'il aimerait bien interroger son mentor... il y avait tant de questions qu'il aurait vouolu lui poser depuis le temps qu'ils ne s'étaient pas vus. La joie de se retrouver était une chose, mais quel dilemme c'était que de choisir la question qu'on poserait en premier ! " Tu n'as plus mal ? " se décida-t-il finalement, d'une toute petite voix, en adressant un coup d’œil inquiet à la blessure de la guerrière. _________________ On applaudit Topitop qui l'a dessiné avec TALENT ! Fin Brouillard élucubre en #0a5115.
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| | | Eclat de Crépuscule▬ Guerrière
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Carte d'identité Âge: 48 lunes (février) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 15.06.19 11:34 | |
| Une fois l'adrénaline retombée, la rouquine craignait leur retour. Nuage d'Albâtre n'avait beau être qu'une petite peste pathétique, elle n'en restait pas moins une grande gueule, et sa langue de vipère était bien connue. Elle ne ferait pas long feu de retourner le cerveau de tous les jeunes, voire les guerriers aussi pour noircir leur image. Et ses deux meilleures amies en rajouteront, encore et encore. Elle ne souhaitait pas que son discours rabaisse plus encore son meilleur ami, et pourtant, il était fort probable que ça arrive. Elle était prête à passer ses journées avec lui, à l'emmener dans la tanière des guerriers, ou aller dans la sienne pour le protéger des rageuses jalouses. A arrêter de parler à toutes ses connaissances s'il restait seul par sa faute. Elle l'avait déjà abandonné en se terrant dans ses souvenirs malheureux, le laissant en compagnie d'un vétéran. Elle devait se rattraper.
Et en dehors du niveau sentimental, il ne fallait pas oublier qu'il deviendrait bientôt guerrier, et qu'elle était sa mentor. Et si elle ne doutait pas que son remplaçant l'avait fait progresser, elle restait celle qui connaissait le plus ses défauts. Et ses qualités. Il était temps d'effacer ses failles, et d'améliorer ses techniques. Eclat de Crépuscule décida de faire l'impasse sur le combat, pour le moment, afin de privilégier la chasse. Elle supposait, un peu incertaine de sa pensée, que s'il arrivait à rattraper des proies, sa confiance en lui sur son niveau ferait un bond à l'échelle supérieure. Mais elle savait bien qu'une petite discussion s'imposait, le temps d'arriver près du moulin. Oh, ce lieu n'était pas réputé pour allécher les souris ou les mulots, mais qu'importait, cela augmentait juste un peu la difficulté.
Son meilleur ami soupira avec mépris. Elle se rendit compte à quel point ses mimiques lui avaient manqué et plus que tout elle regrettait de l'avoir délaissé. Au moins, il ne lui en voulait pas. Elle se rappela la fois où, quand elle était passée guerrière et qu'elle allait le voir moins souvent, il avait beaucoup boudé. Un réel gosse. " J'étais bien content que tu me sortes de là, j'aurais fini par l'abimer. Et pourtant je sais bien qu'elle vaut pas les ennuis qu'elle peut provoquer. "
La rouquine hocha la tête. Elle était pour une fois sûre qu'il n'aurait pas hésité à la tabasser, rien que pour le plaisir d'abîmer son pelage immaculé, et de lui faire bouffer de la terre. Elle aurait adoré l'aider dans cette tâche plutôt plaisante, mais après son coup de Nuage d'Hippocampe, elle préférait rester dans l'ombre. Même si le chef était son père, et qu'elle connaissait ses failles. En plus de ça, elle remarqua qu'il avait mûri, et qu'il faisait ENFIN usage de son cerveau. Elle n'hésiterait pas à aller remercier son prédécesseur au poste de mentorat, pour avoir fait ouvrir les yeux à Nuage Poivré. Celui-ci reprit d'ailleurs, hésitant : "Tu … Tu n'as plus mal ?"
Automatiquement, elle comprit que c'était de la marque qu'il parlait. La guerre remontait d'il y a bien longtemps, et tout le monde en avait souffert. Mais il regardait ses griffures, les trois coups qui ont dévoilé une histoire. Souvent, elle se demandait si sa mère n'aurait pas gardé le secret toute sa vie, s'il n'y avait pas eu cette patrouille en solitaire, et si Etoile Tropicale ne l'avait pas surprise. Et si le noiraud n'était pas passé par là. Et si sa mère ne l'avait pas rencontré. Tant de fragments de malchance, qui formaient une famille. Une famille qu'elle n'avait pas souhaité avoir. La féline se détourna, ses yeux la picotant désagréablement. Il ne fallait pas qu'elle pleure, elle n'avait pas le choix. Elle se contint à grand peine de retenir les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Elle se détestait, comme ça. Fragile, émue pour un rien. Elle n'avait plus rien de la guerrière farouche et dangereuse qu'elle avait toujours voulu être.
"Oui … Ca va. Mais ce n'est pas tant la souffrance physique qui me fait mal, mais c'est mon cœur qui est blessé, plutôt", dit-elle, haïssant ses propres mots. Elle ne voulait pas être gnangnan à ce point. Il lui était insupportable d'être cette femelle qu'elle était, et pourtant. Cette phrase, c'était bien ce quelle ressentait, et elle n'était pas tirée des expressions parfois vieillottes des anciens. Non, elle en était l'auteure, et c'était sa propre vision des choses. La rouquine frissonna, et le vent n'en était pas la raison. Elle était simplement perdue, bouleversée, le jouet du Clan des Etoiles, qui s'amusait à la voir déboussolée. Ne souhaitant pas inquiéter son apprenti, elle ajouta, sur le ton de l'humour : "Mais maintenant que je suis la fille du chef, j'ai tous les pouvoirs. Je suis une privilégiée, mon petit gars !"
Elle secoua la tête, et lâcha un petit rire. Beaucoup auraient aimé être les enfants du père, Nuage d'Albâtre en première, sans doute. Mais qu'importait. Elle n'était pas comme ces gosses, qui pensaient que tout était beau et rose au sommet. Leur rencontre était mal faite, et leur relation risquait d'en patîr. Ce n'était pas un problème, puisqu'elle ne l'aimait pas. Et pourtant, inconsciemment, elle écoutait davantage ses discours, et cherchait à croiser leurs regards. Comme si l'inconnu, son côté père l'intriguait, au fond. "On va aller essayer de chasser un peu du côté du moulin, voir ce que t'a appris ton mentor. J'espère que je reste encore ta préférée malgré mon absence !" Elle lui fit un clin d'œil, et accéléra, pour se mettre à trottiner, et cala sur rythme sur son apprenti. Elle n'oublierait pas de discuter de ses différends avec les autres, parce que sa solitude n'était pas une bonne chose. Mais ils devaient pour le moment profiter, avant de risquer encore se disputer.
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Carte d'identité Âge: 17 lunes (octobre) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 16.06.19 0:09 | |
| " Oui … Ca va. Mais ce n'est pas tant la souffrance physique qui me fait mal, mais c'est mon cœur qui est blessé, plutôt " lâcha-t-elle en réponse, à contrecœur. Nuage Poivré vit que rien n'était encore enfoui. Il faudrait du temps, encore. Du temps, du temps. Ça l'énervait déjà d'y penser. Impressionné malgré tout de voir la rouquine si affectée, il baissa tristement la tête, pour lui signifier sa compassion. " Mais maintenant que je suis la fille du chef, j'ai tous les pouvoirs. Je suis une privilégiée, mon petit gars ! - C'est ça, oui ! " ironisa l'apprenti avec une moue moqueuse. Il entrait tout naturellement dans le jeu de son mentor. Ne surtout pas laisser d'espace aux pensées noires. C'était devenu vrai pour elle aussi. En même temps, meneur ou pas, Étoile Tropicale devait être sacrément nul pour qu'Éclat du Crépuscule en soit venue à lui parler comme elle l'avait fait. Tu parles, qu'elle doit être triste..." On va aller essayer de chasser un peu du côté du moulin, voir ce que t'a appris ton mentor. J'espère que je reste encore ta préférée malgré mon absence ! - Arrête, t'es la PIRE ! " ricana Nuage Poivré qui serait volontiers devenu herbivore plutôt que d'avouer à cet instant à son mentor à quel point elle était sa préférée, à quel point il était rassuré d'entendre parler d'une "absence" enfin finie... Elle ne partirait plus. Le jeu était un outil de dissimulation formidable, car il ne laissait place à aucun soupçon. Comment serait-il possible de deviner que Nuage Poivré se livrait à ses taquineries affectueuses pour une autre raison que pour le seul plaisir de participer à une joute verbale ? Mais la "pire" n'était pas la moins rapide d'eux deux, et il dut se dépêcher pour la suivre jusqu'au vieux moulin au sujet duquel tant d'histoires idiotes circulaient. Comme il grandissait, Nuage Poivré commençait à dévoiler une musculature qui ferait probablement de lui un bon coureur, mais il n'était pas encore aussi exercé que ses aînés, et c'était facile à deviner pour quiconque l'observait un peu attentivement. Lui, en revanche, qui apprenait encore à se servir de ce corps qui changeait très vite, n'avait absolument aucun recul sur son état physique, et continuait à se déplacer comme s'il était resté petit, en se méfiant excessivement des trous et des bosses qui avaient jadis été de véritables obstacles. Arrivé au vieux moulin, elle ralentit le pas, et il l'imita de son mieux. Chasse. se souvint-il. Ça marchera sans doute mieux si on commence en silence.Son regard se perdit dans les gracieux mouvements de pattes de la guerrière. Si je me tais ça veut dire que je peux pas lui demander... Comment elle en est arrivée là... Et puis... Pourquoi elle m'a vraiment défendu alors que... Albâtre n'avait sûrement pas tout à fait tort...- Spoiler:
désolé j'avance peu je préfère que tu mènes la danse :a Si c'est pas inspirant, tu n'as qu'à dire que poivrou prend peu d'initiative et semble plutôt décidé à rester derrière et à imiter crépu.
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Dernière édition par Souffle Poivré le 26.04.20 22:58, édité 1 fois |
| | | Eclat de Crépuscule▬ Guerrière
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Carte d'identité Âge: 48 lunes (février) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 28.06.19 11:34 | |
| Elle sentait sa compassion, et savoir qu’il ne faisait pas partie des hypocrites du Clan lui apportait du baume au coeur. Les autres apprentis pouvaient lui dire ce qu’ils voulaient, et ne pas apprécier sa franchise, Nuage Poivré savait au moins dire les choses en face. Et au Vent, ils étaient peu nombreux à avoir cette qualité. Eclat de Crépuscule aimait sa proximité, et son honnêteté. Quoi qu’elle lui dise, il lui donnait toujours son avis, même s’il était souvent d’accord avec elle. Le hasard, que leurs pensées soient les mêmes, ou bien il la suivait, un peu ? Qu’importait, elle était heureuse de l’avoir à ses côtés, pour le meilleur, leurs fous rires, et pour le pire, autrement dit Albâtre. Mais cette peste n’était pas un gros problème, en même temps. "C'est ça, oui !"
La rouquine lui lança un faux regard noir, et le bouscula, pour la forme. Certaines mentors n’aimaient pas que leurs apprentis prennent leurs aises, mais ils n’étaient pas un duo comme les autres. L’entraîneuse comme le novice étaient de supers amis, et ce travail était plutôt un plaisir. Les combats et patrouilles de chasse, si elles débutaient dans un but de boulot, finissaient dans une ambiance bon-enfant, et des discussions tout sauf sérieuses. Entre deux conseils et consignes, il leur arrivait, avant la marque, de totalement changer de sujet, pour parler de tout et de rien. Que c’était reposant ! Comme s’il sentait qu’elle ne souhaitait pas continuer sur le sujet, il s’exclama, appuyant sur le dernier mot : "Arrête, t'es la PIRE !"
La guerrière éclata de rire, et accéléra l’allure. Jetant de temps en temps des coups d’oeil derrière elle, elle ne fut pas surprise de voir le noiraud marcher de sa manière un peu étrange. Malgré son corps qui s’était massivement musclé, il continuait d’avancer comme s’il venait de sortir de la pouponnière. C’était plutôt perturbant. Bientôt, la silhouette du moulin se détacha de l’horizon, et les grands ailes du bâtiment lui donnaient un air sinistre. Parfois encore, au gré du vent, il tournait doucement, et les grincements du vieux bois déchiraient les tympans des chats qui s’aventuraient trop près. Arrivés non loin, elle ralentit, et Nuage Poivré en fit autant. Il n’arrivait même pas à sa hauteur, comme s’il s’était décidé de la suivre. Elle se tourna vers lui, écarquilla ses yeux, attendant une prise d’initiative qui n’arriva pas. Elle planta son regard dans le sien, et chuchota : “Et bah vas-y, chasse, je te regarde. Fais comme si c’était une évaluation, applique-toi et surtout, récupère des proies. Attends que je te donne le signal du départ, hum ?”
Décidant qu’il était temps pour lui de se débrouiller seul, la jeune féline souhaitait sortir du territoire de chasse. Elle s’éloigna rapidement de son ami, et commença à escalader un peu le moulin. Les venteux n’étaient pas les meilleurs grimpeurs, et pourtant son agilité lui était fort utile, surtout quand elle voulait prendre de la hauteur. Elle s’était longuement amusée, gamine, à explorer cet endroit, et savait les points les plus fragiles et la vue qu’on pouvait avoir d’un peu plus haut. Arrivée à trois ou quatre mètres de hauteur, elle avança, marchant sur les oeufs pour ne pas faire céder le bois de la poutre sur laquelle elle s’engageait. Une minuscule fenêtre, qui n’avait pas dû résister à de nombreuses tempêtes avait explosé, et un trou béant donnait une vue d’ensemble plutôt satisfaisante.
Elle hocha la tête en direction du petit matou, qui l’observait, non loin, et s’assit. Que le spectacle commence. La rouquine espérait franchement qu’il arriverait à lui dégoter une souris, ou même un oiseau, la cerise sur le gâteau ! Il était temps qu’il n’ait plus d’hésitations, et que sa technique de chasse soit parfaite, ou presque. Elle serait très pointilleuse, aujourd'hui. Plus que ses problèmes, que sa Marque, que son père, il était important, et elle ne voulait pas, en mentor et en amie, avoir la responsabilité de sa nullité en tant que guerrier. Il en avait les capacités, c'était certain.
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| | | Fin Brouillard▬ Guerrier
Messages : 355 Date d'inscription : 06/11/2017 Age : 25 Localisation : Sous les arbres tendres
Carte d'identité Âge: 17 lunes (octobre) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 06.07.19 8:26 | |
| Silence, silence. Chaque minute, il la passait dans sa vie à se taire et à attendre. Mais ce silence et cette attente étaient nettement moins désagréables lorsqu'ils étaient vécus en la prometteuse compagnie de la rouquine. Il ne redoutait rien. Il patientait juste, sûr que tout se passerait bien, sûr que jamais on ne le laisserait se perdre. Il voulait lui montrer que la confiance ne l'avait pas quitté, qu'il devenu capable d'obéir, et même, qu'il voulait obéir. Je serai tout ce que tu voudras faire de moi. promettait-il en quelque sorte.
C'était une façon comme une autre de se distraire du présent médiocre et désolant, de s'affranchir du doute et de la pression. D'être capable de faire réellement quelque chose de ses pattes, de sa tête, de ses crocs. Tout entier il se mettait au service de sa belle, l'espoir au cœur. Aucun mot n'était nécessaire. Elle le regarda, et il arborait une mine toujours fière, mais aussi patiente. C'était quelque chose de nouveau.
" Et bah vas-y, chasse, je te regarde, chuchota-t-elle. Il se tendit à ces mots, pour prendre la position du chasseur, Fais comme si c’était une évaluation, applique-toi et surtout, récupère des proies. "
Surtout, récupère des proies... se répéta-t-il intérieurement. La confiance ne le quittait pas. Il ne la décevrait pas, c'était impossible. Il était devenu un chasseur. Un chasseur qui avait souvent échoué, le "remplaçant" d'Éclat de Crépuscule ne l'ignorait pas, mais un chasseur quand même. Et jamais il n'avait souhaité réussir autant qu'à cet instant. Aucune motivation n'égalait celle-la. Pouvait-on échouer lorsqu'on était vraiment déterminé ? Impossible.
Il faillit commencer sa traque lorsqu'un nouvel ordre l'arrêta. " Attends que je te donne le signal du départ, hum ? "
Il fit "oui" de la tête, docile, et se détendit légèrement en suivant des yeux l'escalade de sa belle. On avait beau l'avoir griffée, elle restait la meilleure. La seule qu'il ne répugnait pas. La seule qui savait le voir, le sentir, lui parler. C'était tellement évident. Je serai tout ce que tu voudras faire de moi. Et je sais que tu veux le mieux.
Il y eut le signe de tête. Et aussitôt, Nuage Poivré retrouva sa posture. Ses airs les plus sérieux. Il était presque grandiloquent. Je ne permettrai pas que tu sois déçue.
Calme et silencieux, il se tourna pour sentir le vent. La méthode, il la connaissait à peu près. Il prenait de la hauteur, puis baissait un peu la tête pour être sûr qu'il n'y avait rien tout près de lui qu'il ne sente pas. Et comme aucune odeur ne se distinguait vraiment de celle des Landes, il se décala, diagonal par rapport au vent, en suivant une trajectoire à peu près droite, pour sonder toujours des espaces nouveaux.
Cela dura quelques minutes, car il pesait soigneusement ses pas et prenait tout son temps pour bien sentir. Mais il arriva quelque chose qui le surprit. Derrière lui, vraiment tout près, un bruit soudain. Un bruit qu'il reconnut aussitôt comme le battement des ailes affolées d'un oiseau dans des feuilles. Il venait sans doute de lui faire de l'ombre. Quand on faisait face au vent, on offrait son odeur à tout ce qui se trouvait derrière soi, et on ne pouvait rien voir du tout de ce qui s'y passait.
Nuage Poivré fut réactif, il se retourna vivement, identifia presque immédiatement la position de son oiseau. Un joli merle, mâle, dont la forme et les mouvements égalaient en grâce ceux des hirondelles. Appétissant. Le cadeau rêvé pour Éclat de Crépuscule. Mais l'oiseau était déjà en train de s'envoler, au pied de son buisson. Il n'y avait pas un instant à perdre. Nuage Poivré s'appuya solidement sur le sol et bondit. Il avait supposé que son fuyard ferait son possible pour trouver la sécurité du ciel, mais ce dernier, au lieu de prendre de la hauteur, préféra d'abord faire quelques sauts dans l'herbe, pour une raison inexplicable. Absurde. Illogique. Furieux, Nuage Poivré comprit que l'oiseau lui échapperait par en-dessous, mais il était déjà en l'air, lui, la gueule grande ouverte. Et il ne se jetait que sur le buisson.
Comment j'ai pu m'en approcher autant et ne pas m'en rendre compte ? songeait-il, déjà dégoûté par son échec grotesque. Puis il y eut le piquant cruel de l'aubépine.
Il eut toutes les peines du monde à ne pas gémir, alors que des aiguilles l'attaquaient de tous les côtés, mais on n'avait pas besoin de faire de bruit pour souffrir. On n'avait même pas besoin de larmes ou de sang. Lui qui s'était revêtu d'un manteau de confiance et de promesses se retrouvait nu à nouveau. Comme un ballon qui venait de crever. Ridicule, inutile, bon à rien. Et sous ses yeux à elle. Il s'était pourtant promis de ne pas la décevoir. Il y avait pourtant cru.
En silence, tout ça. Toujours en silence.
Heureusement.
Il se dégagea du buisson, éteint, désolé, honteux, et se remit sur ses pattes. Il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée de recommencer. Elle peut peut-être penser que je n'ai pas eu de chance, mais... mais si je rate encore... Comment pourra-t-elle seulement me faire confiance ?
Muet, pris en faute, il attendit d'être jugé. _________________ On applaudit Topitop qui l'a dessiné avec TALENT ! Fin Brouillard élucubre en #0a5115.
Dernière édition par Nuage Poivré le 06.07.19 8:53, édité 1 fois |
| | | Porte-Bonheur
Messages : 2680 Date d'inscription : 16/05/2016
Carte d'identité Âge: Description du personnage: Mentor/apprenti: Nom du professeur ou de l'élève. | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 06.07.19 8:26 | |
| Le membre ' Nuage Poivré' a effectué l'action suivante : Don des étoiles
'Chasse Vent' : |
| | | Eclat de Crépuscule▬ Guerrière
Messages : 164 Date d'inscription : 22/09/2018
Carte d'identité Âge: 48 lunes (février) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 09.07.19 18:19 | |
| Ses iris ambrées étaient posées sur lui. Confiante, elle attendait qu'il lui montre de quoi il était capable. L'idée qu'il puisse échouer trottait bien sûr dans sa tête, mais elle préférait ne pas y penser. Si sa mentor et meilleure amie n'était pas capable de croire en lui, comment pourrait-il se sentir fort ? Oh, il avait un bien important manque de conviction en ses propres talents, même s'il le cachait sous un air de matou langue de vipère et de gros dur. Parfois, la rouquine se demandait si elle était la seule à avoir cerné l'étrange personnage qu'il s'était façonné, ou si les autres jouaient aussi le jeu, pour s'amuser à voir sa déconfiture quand il se rendra compte qu'il n'avait pas d'amis. Elle craignait qu'il ne comprenne que bien trop vite que son masque, aux yeux des autres, était tombé, et que sans son rôle, il ne devienne un chat malheureux.
Eclat de Crépuscule suivait sa progression, vu d'en haut, et hocha la tête, les yeux scintillants de joie, quand il reproduisit les gestes appris lors de leurs entraînements. Il sentait l'air, sérieux, sans en faire trop pour la faire rire, concentré sur sa tâche. S'il loupait, il avait quand même énormément progressé, notamment au niveau de sa caboche, qui avait bien mûrie ! Le noiraud fit un mouvement vif, et ce n'est qu'après lui que la guerrière aperçut la silhouette ébène d'un merle. Ses griffes malaxaient le bois pourri avec appréhension, ses prunelles réduites à deux fentes. Elle vivait la chasse par procuration, et plus que tout priait le Clan des Etoiles de lui laisser sa chance. Il avait les capacités d'y arriver. Il en était capable !
Nuage Poivré se propulsa en avant, bondissant dans le buisson épineux, dans lequel s'était caché le volatile. Et comme elle aurait pu le prévoir, celui-ci s'éloigna, avant de rejoindre les cieux dans un battement de ciel gracieux. Il était sauvé, lui. L'honneur de son apprenti était encore au plus bas. Silencieusement, il se débâtissait entre les lames de l'aubépine. Dégoûtée du spectacle qui s'offrait à elle, la jeune féline redescendit à vive allure dans le moulin, insensible au danger des poutres pourries qui menaçaient s'effondrer à chaque pas. Une bourrasque l'assaillit quand elle réapparut dans les landes, aussi glaciale que les battements de son cœur. Elle était furieuse qu'il ait loupé sa proie. Haineuse, même.
D'un pas raide, elle s'avança vers lui, et le foudroya du regard. Au fond, la rouquine savait bien qu'il était injuste d'évacuer sa colère sur lui, mais il avait dix lunes, bon sang ! Il était censé passer guerrier dans deux lunes ! DEUX ! Il n'avait pas le droit d'échouer, pas à ce niveau là. C'était là une erreur de débutant que de penser que tous les oiseaux réagissaient de la même manière quand ils se faisaient attaquer. Par elle ne savait quel moyen, leur cerveau se mettait en route différemment. Comptait-il attaquer un ennemi deux fois plus gros qu'elle de la même façon, simplement parce qu'il combattait avec elle ? Non. Alors, quelle que soit la gymnastique dans son encéphale, il était plus que tout obligatoire d'effacer toutes les bêtises qu'il pensait vrai. Le matou semblait attendre son bilan, et elle ne se fit pas prier pour lui dire : "Au début, c'était parfait. Tu as su chercher les proies partout, même s'il n'y en avait pas, et tu t'es montré patient. Par chance, il y avait un merle. Ouah, super ! Il était dans ce buisson d'aubépine dans lequel tu t'es empêtré. Mais je pense que tu en as encore le souvenir."
Eclat de Crépuscule détestait son ton, sarcastique. Il était pourtant contre son propre caractère que de se moquer de son meilleur ami, de celui qu'elle considérait comme un frère. Elle se consolait en se disant que peut-être il réagirait, et que ses paroles le marqueraient. Il fallait d'une manière ou d'une autre le pousser à changer, à arrêter qu'il se repose sur ses acquis. Peux-tu m'expliquer pourquoi tu t'es jeté dessus sans prendre le temps de réfléchir ? Il était à toi, tu aurais pu le ramener, clouer le bec de tous ceux qui te pensent incapable ! Mais tu as confondu vitesse et précipitation. Parce qu'il partait, mais tu avais encore le temps de t'avancer. Résultat, une proie en moins et des épines en plus. Tu en étais capable."
Elle se leva, s'étant assise, lui décocha un nouveau regard froid, et s'éloigna de nouveau en direction du moulin. L'herbe s'enroulait autour de ses pattes enflammés, et le soleil réchauffait doucement son corps de feu. Mais à l'intérieur, tout n'était que glace. Elle se retourna vers Nuage Poivré, qu'elle préférait voir sous l'œil d'une mentor intransigeante que sous celui d'une amie. Dans le second cas, elle lui aurait dit que ce n'était pas grave, que cet oiseau était stupide. Qu'il ne fallait pas qu'il s'en fasse. "Je ne descends pas du moulin tant que tu n'as pas attrapé une proie. On discutera théorie par la suite."
Agacée, elle reprit son poste d'observation, et hocha une nouvelle fois la tête. Puis soupira profondément. Que c'était dur de le faire souffrir ! _________________ Line by Creanima | Colo by Marsh Merci beaucoup |
| | | Fin Brouillard▬ Guerrier
Messages : 355 Date d'inscription : 06/11/2017 Age : 25 Localisation : Sous les arbres tendres
Carte d'identité Âge: 17 lunes (octobre) Description du personnage: Mentor/apprenti: | Sujet: Re: Le temps des tempêtes (avec Éclat de Crépuscule) - Abandon 14.07.19 9:09 | |
| Lorsqu'elle redescendit, il y eut un courant d'air froid qui ne rassura pas Nuage Poivré. Il n'était pas vraiment superstitieux, mais sentait peut-être en avance quelque chose de la colère de la rouquine.
"Au début, c'était parfait. Tu as su chercher les proies partout, même s'il n'y en avait pas, et tu t'es montré patient. Par chance, il y avait un merle. Ouah, super ! Il était dans ce buisson d'aubépine dans lequel tu t'es empêtré. Mais je pense que tu en as encore le souvenir. " conta-t-elle, bizarrement féroce. Difficile pour lui de faire l'idiot à un moment pareil, il était anéanti. Il venait de la décevoir. " Peux-tu m'expliquer pourquoi tu t'es jeté dessus sans prendre le temps de réfléchir ? Il était à toi, tu aurais pu le ramener, clouer le bec de tous ceux qui te pensent incapable ! Mais tu as confondu vitesse et précipitation. Parce qu'il partait, mais tu avais encore le temps de t'avancer. Résultat, une proie en moins et des épines en plus. Tu en étais capable. Je ne descends pas du moulin tant que tu n'as pas attrapé une proie. On discutera théorie par la suite. "
Elle ne parlait pas fort, mais pourtant, il lui semblait qu'elle hurlait d'une façon assourdissante. Égaré encore par la pensée qu'il venait de la décevoir, il avait du mal à faire une différence entre les mots de la rouquine et ceux qui tournaient dans sa tête. Je l'ai déçue. J'avais promis. En plus, ce merle, ça aurait fait un cadeau tellement parfait. Le crâne de Nuage Poivré était horriblement lourd.
Il ne réalisa pas immédiatement le moment où son mentor s'éloignait. Il était en fait resté immobile, comme hypnotisé, fasciné par ces mots durs et à demi-réels seulement, qui se répétaient sans fin dans sa tête. Il fallut un autre courant d'air pour lui faire péniblement retrouver la sensation de se trouver debout, sur ses quatre pattes, près du Vieux Moulin. Éclat du Crépuscule était, elle, au sommet.
L'y rejoindrait-il jamais ? Avec une larme de honte dans le coin de l'oeil, Nuage Poivré la regarda faire son signe de tête. On recommence. Mais à quoi ça sert, de toute façon. Je vais la décevoir encore. Je suis qu'un gamin, un nul qui ne fait même pas ce qu'il dit, pourquoi devrait-elle se gâcher la vie pour moi ?
Cette deuxième chasse fut l'exact contraire de la première. De l'assurance et de la confiance dont il avait su faire preuve en cherchant une proie tout à l'heure, il ne restait plus grand-chose. Désormais, Nuage Poivré se déplaçait en reniflant un peu partout sans vraiment sonder le vent avec beaucoup de précision. Les mouvements de ses pattes étaient plus anxieux ; à chaque instant, il semblait se dire "c'est maintenant qu'une stupide souris va s'enfuir dans mon dos sans que je l'aie vue". Il utilisait moins ses yeux, également, et s'il ne regardait pas plus qu'avant en direction du moulin, ce n'était plus pour la même raison. Il ne craignait plus d'être distrait par son mentor mais redoutait surtout de voir en elle une honte qui était déjà la sienne. Car il se rendait bien compte que sa nouvelle attitude était nettement différente de celle de tout à l'heure. Je vais jamais réussir comme ça, c'est sûr, se disait-il. Occasionnellement, l'une de ses pattes se mettait même à trembler inexplicablement, avec une force surprenante.
Cette traque fut longue et l'estomac du gamin était comme rongé par l'appréhension acide lorsqu'enfin il repéra quelque chose. Juste à côté d'un caillou. Il n'avait pas le droit de rater. Un lapin jeune mais plutôt gras pour son âge, qui restait immobile, les oreilles en alerte. Il regardait déjà dans sa direction. Tendu, immobile lui aussi, Nuage Poivré hésita. Si j'avance, il va s'enfuir, c'est sûr. songea-t-il. Je n'ai pas le droit de le rater.
Une bonne dizaine de mètres les séparait. Et l'apprenti craignait que la cachette du lapin se trouve juste à proximité du gros caillou. Si c'est ça, je n'ai aucune chance. Mais je n'ai pas le droit de rater. Il se retint de jeter un regard suppliant en direction du moulin, une sorte de pathétique prière, et se résolut à faire quelque chose.
De toute façon, si ça doit rater, ça ratera, ici ou plus tard. On peut pas dire que j'aie été génial.
Une course-poursuite s'engagea, dans laquelle il courut avec désespoir, et assez longtemps. Car un lapin, ça courait vite. Celui-la ne put néanmoins pas regagner l'abri de son trou. C'était un hasard, au fond, une drôle de coïncidence même. Nuage Poivré avait eu la chance de tomber sur une proie imprudente qui s'était exposée à tous les dangers. Un chasseur ne pouvait pas laisser passer une erreur pareille. Sitôt arrivé sur le lapin, l'apprenti n'eut aucun mal à le bloquer et l'égorger. Proprement, rapidement. Tandis que l'animal mourait entre ses pattes, il réalisa à moitié qu'un hypnotisme avait laissé place à un autre. Il avait été fasciné par des regrets, et juste après, rien d'autre n'avait eu d'importance pour lui à part la fuite du lapin.
Désormais, c'était une sorte d'éveil, il s'agissait de se souvenir à nouveau de l'immensité du monde, de la vulnérabilité qui était celle des chats face à de nombreux dangers, du Crépuscule qui surmontait le moulin, quelque part, et qui avait dû tout observer avec un regard critique, du danger potentiel que pouvait représenter le corps de ce lapin et l'odeur du sang, en des lieux aussi exposés, de la fierté qu'on pouvait ressentir lorsqu'on réussissait vraiment quelque chose.
Cette fierté-là, il ne fallait pas la laisser filer. Il se tourna en direction des hauteurs d'où on le regardait, le regard brillant :
" Tu désespérais pas, hein ?! " s'exclama-t-il, avec une hardiesse retrouvée.
A qui ces mots que le vent transportait sans peine s'adressaient-ils vraiment ? _________________ On applaudit Topitop qui l'a dessiné avec TALENT ! Fin Brouillard élucubre en #0a5115.
Dernière édition par Nuage Poivré le 14.07.19 23:08, édité 2 fois |
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