Summer time dip. [Canicule] - abandon

La chaleur était étouffante. Le beau mâle avait l'impression de fondre sous son épaisse fourrure sombre qui retenait cruellement les caprices du soleil. Il faisait si chaud que le paysage semblait bouger comme des vaguelettes sur l'eau.

Et de l'eau, dieu qu'il en rêvait. Feulement, comme (presque) tout chat n'aimait pas avoir le pelage trempé. Mais par le clan des étoiles ce qu'il aurait fait pour baisser sa température corporelle. Prendre un bain était devenu une option considérable, voir même, attrayante.

Mais ce n'était pas particulièrement pour lui qu'il s'enfonçait dans les marais à la recherche d'une flaque d'eau aujourd'hui.

C'était les petites qui supportaient affreusement mal la canicule.

Le lieutenant avait promis de les surveiller et de s'en occuper un minimum. Alors ce n'était par pitié, par soucis ou par tendresse qu'il les emmenait se baigner mais par simple devoir. Elles n'étaient pas belles à voir, dévorées par le deuil, la chaleur et les pleurs. Il ne voulait plus les entendre geindre aussi.

Au début la petite famille progressait à la queuleuleu. Il n'était même pas venu en tête au père de porter une de ses filles. Il oubliait leur jeune âge et par conséquent leur fragilité en plus de chercher à éviter le contacte physique.

Mais l'une d'elles, Petite Digitale ne cessait de tomber, de trainer et de se coincer dans la boue presque brûlante des marais. C'est donc avec dépit et plusieurs "lève toi, avance, fait attention où tu marches" que l'orphelin s'était approché pour la saisir par la peau du cou.

La proximité l'avait au départ gêné mais il s'y était habitué.

Le chemin fut encore long. Il fallait s'enfoncer plus profondément que d'habitude pour trouver un point d'eau qui n'était pas asséché ou bouillant. Les moustiques et les mouches formaient un orchestre assourdissant et insupportable mais c'était là un chant auquel les matous de l'ombre étaient habitués.

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Lorsqu'enfin leur salvation se présenta à eux; petit creux d'eau à l'ombre de nombreux rochers préservant sa fraicheur; le lieutenant lâcha l'enfant qu'il tenait entre ses crocs comme s'il laissait mollement tomber une proie.

Il s'approcha du liquide pour en évaluer la température et dieu merci qu'il était froid ! Aussitôt le charcoal entreprit de le laper assidument, ne pouvant nier son jouissement intérieur. Boire quelque chose de frais devenait presque orgasmique sous le soleil estival.

" Venez. "

Miaula t-il simplement avant de se coucher au milieu de la petite oasis qu'était la flaque a leurs yeux, laissant son eau gorger son pelage sombre. Il n'aurait jamais imaginé pouvoir autant apprécier mouiller sa pelisse un jour, en venant presque à comprendre les membres de la rivière maintenant qu'il se baignait comme un tigre du bengal.

Il faisait si chaud, c’était les premières chaleurs des petites, leurs premières canicules également, elle enviait tant les membres du clan de la rivière qui étaient entourés de grandes étendues d’eau.

Leur père les avaient fait sortir du camp, c’était normalement interdit pour les chatons, mais il était lieutenant, donc il devait avoir le droit.
Elles se dirigeaient au niveau des marais si atypiques du territoire du clan de l’ombre. La tourbe était épaisse et chaude, l’eau avait disparu, emmené par la chaleur étouffante qui brûlait le corps de l’enfant.

Marcher dans cette boue était un enfer, elle était épaisse, collante, empêchait la petite de marcher correctement, alourdissait sa fourrure devenue brune, couverte de cette mélasse dégoûtante et dont l’odeur n’était pas très agréable pour ses narines délicates.

Sa sœur semblait en plus grande difficulté, fortement ralentie et trébuchant régulièrement dans la vase.

La tourbe remontait jusqu’à la gueule de la petite qui devait garder la tête haute pour respirer correctement et ne pas y tremper les moustaches. Elle levait haut les pattes, et parfois, lorsqu’elle marchait dans un trou inattendu, devait faire de petits sauts pour ne pas être complètement ensevelie.

Le père avait pris sa sœur par la peau du cou, l’éloignant du bourbier mortel dans lequel sa sœur était restée fourrée.

Elle essayait de maintenir la cadence, s’épuisant un peu plus à chaque pas, chaque saut qu’il lui fallait effectuer pour continuer son épopée.
Parfois, elle se hissait sur une branche pour s’ébrouer, rendant sa pelisse plus légère pendant une fraction de seconde avant de retourner sur la terre molle.

Les insectes bourdonnaient dans les oreilles de la petite qui devait régulièrement secouer la tête dans tout les sens pour y déloger les nombreux moustiques qui cherchaient, elle en était convaincue, à la dévorer vivante.

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Après une marche encore interminable, son père lâcha sa sœur qui retomba mollement dans la boue, éclaboussant le visage angélique de Petit Gingembre de l’épais liquide brun, épais et malodorant qui composait le marais.
Il se dirigea vers des rochers et lapa la surface au centre de ceux-ci, Petit gingembre compris avec une grande excitation qu’il s‘agissait d’eau assez fraîche pour être bue.

" Venez. "
Dit-il avant de s’y allonger.

La petite s’en approcha le plus rapidement possible malgré sa fourrure devenue si lourde.
Elle bu un peu du liquide froid qui coulait contre sa langue et dans sa gorge. Ils avaient trouvé le Saint Graal de cette quête qui avait semblé interminable.

Elle décida de rejoindre le matou, elle essaya le plus possible de ne pas l’éclabousser en y entrant de son pas lourd et maladroit.
En s’allongeant dans l’eau froide, elle ne pu retenir un petit soupir qui l’a surprise elle-même.
La boue de sa fourrure s’échappa dans la flaque formant un petit nuage brun sous la surface de l’eau, rendant son poil brun et blanc de nouveau petit à petit. Elle fût d’ailleurs très déçue de se rendre compte que le chemin fait à l’aller devrait être fait en retour sans point d’eau à l’arrivé…