[CANICULE] What was Not [feat. Oeil Vert] -end

Il fait vraiment chaud, ces temps-ci.

Du temps où Rusty était un chat de la ville, avec sa maison, il bénéficiait d'une air-clim qu'il savait opérer (une patte sur un bouton l'activait, une patte sur le même bouton l'éteignait).

Maintenant, à vivre dans très littéralement une cabane à outils dans un verger un peu délaissé appartenant à un vieux couple qui s'aveulit, il est frappé de plein fouet par la chaleur de l'été. Plus que ça, par l'assèchement des herbes. Encore plus : par la fuite des proies. C'est que dans son tandem avec Trash c'est lui le chasseur, et Trash, le défendeur, mais sans proie à chasser, en avec de moins en moins d'eau pour boire, eh bien...

Sans eau, des cristaux se forment dans l'urine. Aller au petit coin devient un peu douloureux et sans Véto (ou Véto des chats) pour l'aiguiller Rusty a l'impression que la faute ne revient pas à la canicule mais à son corps qui vieillit. En mangeant moins, on a nécessairement moins de forces, et qui dit moins de forces dit moins de défenses et une susceptibilité accrue aux maladies.

Rusty, en sortant dans chez lui, cette nuit, sentait son nez bouché et se trahit d'un éternuement ; Rusty, autrefois symbole de santé, souffrait de rien qu'un petit rhume qui rendaient plus difficiles encore ses allées et venues dans la Lande et les environs. Sa routine s'était complètement retournée sur sa tête et il appartenait désormais à Trash d'aller chercher des plantes, d'aller chasser pour eux, d'aller chercher - et Rusty ne le lui dirait jamais car il connaissait la forte tête de son ami mais - d'aller chercher de l'aide chez les Clans.

Mais cette nuit-là, pendant que Trash dormait à pattes fermées, reccourbé contre lui, dans des literies qu'il avait traînées jusqu'ici, Rusty s'était levé et était sorti, mû de culpabilité, pour tenter d'aller chasser. Pas la peine de rouler un dé - il ne trouva rien, sauf peut-être un peu de rosée sur l'herbe à lécher, avalant de longs brins par accident sans proprement les digérer. L'abyssin avait vu de meilleurs jours mais la nuit, comme ça, avec les Étoiles pour le guider, il se sentait en paix, suffisament pour marcher toute la distance séparant le verger du Chemin du Tonnerre où il s'arrêta à l'intersection pour regarder prudemment d'un et de l'autre côté. Peut-être qu'il pourrait trouver des plantes? Il n'en connaissait que quelques unes, mais quelques unes étaient mieux qu'aucunes....

La lueur de la toison argentée éclaira un abyssin qui trottinait, traversant prudemment la rue, la queue basse, les oreilles molles, la vision trouble, et c'est le nez à ras le sol, maintenant du côté du Bourbier, qu'il se mit à fouiner à la recherche de baies ou de plantes ou tout autres végétaux qui pourraient l'aider.

Belle, fraiche, et sans nuage, les nuits étaient agréable. Voletant par-ci, par-là, quelques petits papillons résistant à la chaleur. Je disais fraiche, mais c’était bien sûr en comparaison à la journée, jamais je n’avais connu d’aussi fortes chaleurs. C’était à peine supportable. En plus de cela, je prenais de l’âge, et je n’étais plus un aussi puissant guerrier qu’à l’époque. J’étais Œil Vert à présent, chef à la retraite. Je profitais de mes jours sans responsabilités, même s’ils consistaient à dormir le jour et vivre la nuit. Le territoire m’était désormais si familier dans cette obscurité constante. La lune éclairant plus par moment que par d’autres, les étoiles scintillantes dans le ciel nocturne. Je me sentais, par cette même occasion, plus proche encore des ancêtres. Chaque jour je demandais le pardon, et je priais pour les miens. J’avais laissé ma colère de côté, l’oubliant peu à peu, devenant sage.

Cette nuit là, j’étais parti en direction du Chemin du Tonnerre d’où je pouvais voir la Lande. Secrètement j’espérais voir Nuage de Soleil, pour lui demander pardon. Il fallait qu’elle sache que je regrette. J’aurais voulu aussi expliquer à Etoile Tropical que je regrettais, mais c’était admettre une faiblesse de mon clan, ce que je pouvais me permettre, pas à un chef ennemi en tout cas. Du camp jusque là, je marchais sur une terre sèche. Les marais, habituellement plein d’eau était à présent qu’un amas de boue quasiment sèche. Tout était sec. J’espérais aussi, sur le chemin, trouver un point d’eau où me désaltérer. Je ne voulais pas chasser, de toute manière je ne pouvais plus. Je ne m’étais pas de nouveau entrainé avec mon œil en moins et ma patte folle. Je savais que je n’étais que bon à être un ancien à présent. Incapable de me battre et de défendre mon clan. Je pleurais mes capacités disparue. Devenir borgne restait difficile, la perception de la forêt, du marais était si… différente. J’ai du apprendre à faire avec, mais désormais, pouvait m’échapper une beauté naturelle de mon territoire. J’avais peur aussi qu’un jour la vue me quitte totalement. Je ne pourrais plus voir mes enfants ce jour là, je ne pourrais plus voir une grenouille, un lézard… Un papillon. Je ne pourrais plus voir cet endroit si magique et grouillant de vie.

J’étais proche de ma destination. Mais plus j’avançais, plus une odeur me titillait. Je prenais alors le temps de bien respirer mon environnement. C’était un félin, mais pas d’un clan. Un solitaire. De mon œil valide, je regardais ma patte avant tordue. Non, je ne pourrais définitivement pas le chasser. Il faudra discuter. J’essayais d’avancer le plus silencieusement possible, mais en boitant tout devenait plus compliqué. Je voyais à présent la bête. Je tournai légèrement la tête sur le côté pour mieux le voir. Il semblait roux avec une face plus foncée et un menton très clair, blanc sûrement, avec l’obscurité je ne pouvais pas déterminer la couleur avec précision. Il avait le museau plongé au sol. Il devait chercher quelque chose. C’était étrangement amusant de le voir tant absorbé par sa tâche, quelle qu’elle soit. J’allais le surprendre c’était sûr, même si je me raclais la gorge pour m’annoncer, disons que mon physique tout abîmé n'était pas très engageant. Je m’assis alors, non loin de lui.

« Salutation Solitaire. Pourrais-je savoir ce que tu cherches sur mes terres ? »

Je parlais d’une voix calme et profonde. Je ne voulais pas l’effrayer. Je n’étais plus le guerrier de l’époque, je n’étais plus Cœur Maudit, c’est sûr. C’est ici que commence ma destiné de Œil Vert.

Et pendant qu'il se faisait aussi impunément observer, la recherche de Rusty s'avéra fructueuse, c'est à dire qu'elle porta ses fruits - ou, dans ce cas-ci, ses baies, trouvant de baies juteuses si un peu ratatinées qui soulevèrent ses babines en misère d'un faible sourire de victoire.

L'une de ses oreilles se pivota distinctement - il entendit quelque chose, puis, quelqu'un:

— « Salutation Solitaire.

Aussitôt l'abyssin redressa sa tête et barra son dos et se tourna et ses grands yeux bleus réfléchirent la lumière de la lune dedans d'un éclat anis en se braquant face au... c'était évidemment un guerrier (?), qui s'était assit, non loin, (il baissa vite les yeux) avec heureusement les griffes rentrées. Rusty darda vite les yeux dans les siens en les remontant pour ne pas donner l'impression qu'il se flétrissait devant une aussi petite démonstration de-.... démonstration de présence, vraiment, car c'était tout ce que c'était.

— « Pourrais-je savoir ce que tu cherches sur mes terres ?
— S...

Rusty déglutit, et par sa gorge sèche cette déglution le fit tousser un peu, s'entendre tousser fit s'accroite sa peur mais il monta sa patte à son poitrail en couvrant les cicatrices qui le marquaient pour calmer la course folle à son coeur, l'apaiser, et tout doucement l'abaisser, et reposer les coussinets dans l'herbe rêche quoiqu'un peu humide qui poussait au travers de l'asphalte dans ce coin-ci de l'accotement de l'autoroute.

— « Sa-Salutations, il finit par miauler, et le miaulement fut long, et faible, et rauque, et il se rappela madame Fée pour le peu qu'il s'entendit parler.

Il redressa un peu les oreilles pour faire signe qu'il écoutait, découpant, dans la nuit, la silhouette d'un abyssin aux larges oreilles et à la queue qui montait en signe parfait de son in-- inoffensivité (voilà).

— Je ne fais que chercher un peu d'eau et un peu de plantes, j'espère ne pas trop vous indisposer, monsieur le guerrier... Vous êtes une Patrouille? - Rusty fit mine de plisser les paupières et se tendre sur le bout de ses pattes pour s'assurer qu'il ne manquerait pas les "cinq à six chats" qui l'accompagneraient, mais.. Non... vous m'avez l'air seul...?

Il semblait terrifié. En même temps, pouvais-je le blâmer ? Voir un félin couturé de cicatrice, imposant, en pleine nuit, ça pouvait être effrayant. Il me lançait son regard bleuté en plein dans l’œil. Il déglutit et toussa. Il devait sûrement être assoiffé comme nous tous… La chaleur faisait bien des dégâts, l’eau en devenait vraiment rare. Il monta sa patte à son poitrail. Il semblait avoir un passif ce pauvre matou. Lorsqu’il la reposa, je vis quelques cicatrices, mais je n’étais pas sûr, difficile à voir réellement. J’attendis alors patiemment qu’il se calme pour savoir ce qu’il faisait ici. Je lui avais flanqué une bonne frousse on dirait !

« Sa-Salutations », miaula t-il longuement.

Je fermai l’œil et hocha la tête. Je recevais volontiers sa politesse, et je le lui montrais. Cela ne servait à rien de le regarder fixement en attendant bêtement qu’il s’explique. Ce n’est plus par la peur que j’obtiendrais des réponses. Par son comportement il semblait inoffensif. J’enroulais ma queue autour de mes pattes, me décontractant totalement. Tout irait bien et ce solitaire n’allait pas se jeter sur moi par peur. Ce soir c’est ton jour de chance Solitaire, tu n’es pas tombé sur mes camarades, pensai-je. Il échappait à un bien beau combat. Il est d’ailleurs tombé sur le nouveau moi. Il s’adressa de nouveau à moi, en plissant les yeux, observant discrètement à côté de moi. Il devait se méfier.

« Je ne fais que chercher un peu d'eau et un peu de plantes, j'espère ne pas trop vous indisposer, monsieur le guerrier... Vous êtes une Patrouille? »

J’émis un ronron amusé. J’étais Monsieur le Guerrier. Jamais l’on m’avait appelé de la sorte, et s’était amusant. C’était donc pour cela sa fouille le nez collé au sol, il cherchait de l’eau et des plantes, mais les deux se faisaient rare à présent. Je fis non de la tête, mais il continua.

« Non... vous m'avez l'air seul...? »

Cette fois, je hochai la tête. Est-ce que j’étais sot de me promener seul la nuit alors que je ne pouvais plus me battre correctement ? Bien sûr, mais je le faisais quand même. Je n’avais pas peur de mes propres terres. Pour bien observer le félin, je tournais légèrement la tête. C’était une habitude que j’avais pris pour regarder les autres. Je les voyais mieux ainsi.

« Je suis seul, tu peux te détendre. »

Cependant, un élément dans ces paroles me tiqua que maintenant seulement. ‘’Monsieur le guerrier’’. Il était déjà tombé sur un membre du clan de l’Ombre ? Ou un clanique tout simplement ? Je n’en avais pas le moindre doute.

« Hé bien, à vrai dire, je ne suis plus tout à fait un guerrier. Je l’étais autrefois. J’ai été chef du clan de l’Ombre, et maintenant je suis un ancien. Comme tu dois le voir, je ne peux plus trop servir les miens correctement. »

Je lui désignais du menton ma patte et de cette dernière mon œil. En plus des nombreuses cicatrices qui recouvrait mon corps.

« J’imagine que tu as déjà rencontré des félins claniques puisque tu m’as appelé guerrier ? »

Je continuais à regarder le félin avec curiosité. Oh mais d’ailleurs, où avais-je la tête…

« Au fait, je ne me suis pas présenté, je suis Œil Vert. »

Bien qu'il se mettait en danger, le guerrier hocha la tête pour acquiescer. Il était seul, il n'était pas une patrouille, et malgré toutes les cicatrices qui le couturaient sous son poil il n'était pas ici pour le chasser. Il était d'humeur sociable et pour une rare fois de sa vie, pas Rusty, mais la politesse d'écouter autrui écrasa son envie de s'en aller avec ce qu'il avait déniché.

Rusty baissa à nouveau les yeux mais pour chercher des feuilles et s'en couvrir les pattes, puis recouvrir les baies, les enveloppant avec soin en se rappelant l'époque où Madame Fée avait tout aussi minutieusement emballé la digitale qu'il avait trouvée dans le bourbier. Les plantes pouvaient être dangereuses, il se rappelait. Mieux valait être prudent! Même si ce n'était pas sa première fois à manipuler des baies ainsi.

— « Je suis seul, tu peux te détendre.
— Ouf--... Me voilà rassuré... »

L'abyssin poussa un soupir, se rassérénant, plutôt heureux de pouvoir troquer une prudence contre une autre. Sa queue descendit et traça le sol d'un mouvement nerveux, mais en reculant un postérieur, comme pour l'étirer, il la remonta avec un peu de difficulté pour se faire plus cordial à son interlocuteur qui poursuivait:

— « Hé bien, à vrai dire, je ne suis plus tout à fait un guerrier. Je l’étais autrefois. J’ai été chef du clan de l’Ombre, et maintenant je suis un ancien. Comme tu dois le voir, je ne peux plus trop servir les miens correctement.
— Par les Étoiles--... »

Il

y avait beaucoup d'informations à digérer.

...Alors pour l'instant, l'abyssin ne dit rien, se trahissant un peu par ses pupilles qui se contractèrent, par le blanc de ses yeux qui sortit, par son souffle qui se coinça dans sa gorge. Car il y avait, devant lui (et qui lui désignait son oeil borgne) un chat des Clans possédant la même prestance qu'Étoile de Suie. Possédant la même prestance que Tache d'If lieutenante du Clan du Vent. Rusty eut, à cet instant, comme une pensée pour Trash, son meilleur ami.

Vraiment, c'était à se demander quand est-ce qu'il ne pensait pas à Trash mais cette fois-ci, il pensa à lui car le chat, devant, très sombre et à l'oeil vert, avait subi des blessures comme les siennes au point de perdre un oeil. Un frisson de frayeur prit l'abyssin en s'imaginant que la cicatrice en croix inversée sur l'oeil de son ami puisse un jour le rendre borgne. D'ailleurs:

— « Au fait, je ne me suis pas présenté, je suis Œil Vert.
— J--...

Rusty eut un sourire, émeut, triste et reconnaissant tout en même temps. Il se dit que ce devait être un coup des Étoiles. Il ravala son "je suis désolé" ; c'était une courtoisie de ne pas toujours s'excuser des blessures d'autrui, particulièrement lorsqu'il n'était pas responsable de les avoir causées. Alors il reprit, moins triste - une politesse qu'il devait à ce Monsieur Oeil... Monsieur Vert??... Euh,

— « Enchanté, Monsieur Oeil Vert (voilà), je m'appelle Rusty...

L'une de ses grandes oreilles tiqua vers l'arrière tandis qu'il révélait:

— À vrai dire, ma connaissance de la hirérachie des Clans se limite un peu à ce qui m'a été feulé dessus, ahaha...! Il y a les chefs, les lieutenantes, les vétos-des-chats - un par clan! -, et des guerriers qui patrouillent en groupes de cinq à six chats qui répandent le sang des intrus.

Oh ! Et puis il y a les Nuages. Avant je croyais que c'était leur nom! Je trouvais bizarre que tout le monde s'appelle Nuage, vous ne les confondez pas tout le temps?

Le matou semblait se détendre. Tant mieux. Il avait, à l’aide de ses pattes, replié des feuille sur… Quelque chose qui sentait comme les plantes d’Esprit Soucieux. Il nous volait des remèdes ? Je devais mettre ça au clair. Nous avions plus de besoin que lui. J’essayais de ne rien laisser paraitre, et restait de marbre. Lorsque je m’étais présenté à lui, il eu un sourire presque désolé. Mes blessures ne devaient pas recueillir de la peine mais de la fierté. J’avais des cicatrices, c’était une marque indélébile de ma vie de guerrier et de chef. Après, est-ce que je pouvais réellement en vouloir à un solitaire qui n’était pas familier avec nos coutumes, notre mode de vie ? C’était bien ce que j’avais reproché à Chant du Toucan, qui profitait simplement de notre système, et ne faisait donc rien de la journée. Son nom de guerrier, qui était un honneur accordé par mon prédécesseur. Une erreur selon moi, mais bref. C’était du passé.

« Enchanté, Monsieur Oeil Vert (voilà), je m'appelle Rusty... »

Monsieur. C’était un mot bien étrange que j’entendais rarement voir jamais.

« À vrai dire, ma connaissance de la hirérachie des Clans se limite un peu à ce qui m'a été feulé dessus, ahaha...! Il y a les chefs, les lieutenantes, les vétos-des-chats - un par clan! -, et des guerriers qui patrouillent en groupes de cinq à six chats qui répandent le sang des intrus. Oh ! Et puis il y a les Nuages. Avant je croyais que c'était leur nom! Je trouvais bizarre que tout le monde s'appelle Nuage, vous ne les confondez pas tout le temps? »

Feulé dessus ? Cela ne m’étonnait même pas. Personne n’avait le droit de pénétrer sur les terres des clans, donc tout était normal jusque là. Mais sa connaissance des clans était pourtant impressionnante. Pour un solitaire je veux dire. Il connaissait très bien nos rangs. Que savait-il d’autre ? Devais-je me méfier ? Je restais sur mes gardes et ne bougeait pas d’une oreille. Je continuais de regarder, la tête légèrement tournée, le félin Rusty.

« C’est très simple, les apprentis ne s’appellent pas que Nuage. C’est par exemple Nuage de Pin, ou Nuage Pur, ou Nuage de Cendre. Leurs noms commencent par Nuage pour montrer qu’ils sont des apprentis. C’est ensuite qu’ils prennent un nom totalement différent des autres et en rapport avec ses capacités, son physique ou ses hauts-faits. Le lieutenant garde son nom de guerrier et ensuite, les chefs prennent le nom d’Etoile. J’étais, par le passé, Etoile Maudite. Et c’est en prenant ma retraite que j’ai pris un nom équivalant à celui d’un chasseur, puisque je ne suis plus meneur. »

Toute cette explication était très simple pour moi. Je suis né et j’ai vécu parmi un clan, alors, ce concept m’était totalement familier. Je serais perdu et probablement mort en tant que solitaire. Ou alors je me serais adapté, mais avec une patte folle rien n’était simple. La naissance dans un milieu reste déterminant sur la compréhension du monde j’ai l’impression. Si j’étais né solitaire ou domestique, le mode de vie des clans me seraient totalement inconnu, et étrange. Je pense ?

« Au fait, je t’ai vu ramasser quelque chose et le mettre dans ces feuilles. Et j’ai l’impression que ça sent comme les remèdes de notre guérisseur, qu’est-ce ? »

— « C’est très simple, les apprentis ne s’appellent pas que Nuage. C’est par exemple Nuage de Pin, ou Nuage Pur, ou Nuage de Cendre. « Oh - une fois c'était Nuageux Feulement! » renchérit Rusty, comme s'il venait de glisser une plaisanterie.

— Leurs noms commencent par Nuage pour montrer qu’ils sont des apprentis. C’est ensuite qu’ils prennent un nom totalement différent des autres et en rapport avec ses capacités, son physique ou ses hauts-faits.

Même si c'était la norme des Clans, ce n'était pas celle de Rusty:

— Mais Monsieur Oeil Vert, il protesta, riant doucement, ce n'est pas simple du tout! »

— « Le lieutenant garde son nom de guerrier et ensuite, les chefs prennent le nom d’Etoile. J’étais, par le passé, Etoile Maudite. Et c’est en prenant ma retraite que j’ai pris un nom équivalant à celui d’un chasseur, puisque je ne suis plus meneur.
— Vous avez dit... Étoile Maudite? Vous voulez dire que vous êtes L'Étoile du Maudit? »

Il l'entendait distinctement dans ses oreilles maintenant, la voix de la Fée des Étoiles, du temps où elle était encore Madame Fée, fabuler sur son chef - un certain Fumante (?), un certain Étoile du Maudit (?).

Et il se rappelait à quel point il avait voulu rencontrer cette spécifique Étoile. Il avait voulu comprendre comment fonctionnait le Clan, il avait voulu lui poser ses questions, il avait même caressé le rêve de devenir guerrier à leurs côtés et ne plus jamais avoir à vivre seul... La pensée le fit s'assombrir, son sourire s'affaissa, il baissa légèrement les yeux au sol tout en tenant son petit paquet de baies dans une poche en feuilles dans sa bouche, et le mouvement dut alerter le borgne qui le relança là-dessus:

— « Au fait, je t’ai vu ramasser quelque chose et le mettre dans ces feuilles.

Les oreilles de Rusty pointèrent et se pivotèrent vers son interlocuteur, grandes ouvertes.

— Et j’ai l’impression que ça sent comme les remèdes de notre guérisseur, qu’est-ce ?
— Oh - ce sont des baies que je viens de trouver.

Beaucoup de mes amis sont des Vétos des Chats - vos guérisseurs - ou des Apprentis-vétos-des-chats. Comme je les ais souvent vus faire, j'ai un peu pris l'habitude, ahah...!

Beaucoup de remèdes sont dangereux vous savez, surtout au bourbier.

« Y TOUCHES PAS GAMIN! Ton coeur va t'lâcher ahah, ce s'rait pas beau de suite. »

Il se délia la langue, juste assez, emporté sur un petit élan de nostalgie : Dire que je voulais y vivre, autrefois...