Let's make a deal [PV Aile de Mouche] - end

Devant sa confusion, Soleil lui expliqua ce que personne ne lui a jamais expliquer, et rendit réel ce qu'il avait toujours rejeté dans le déni.

Il y a une différence entre « disparaître » et « mourir ». Quand tu meurs, tu pars pour toujours. Quand tu disparais, tu as une chance de revenir. Curieuse Pénombre avait seulement disparue, elle.

Le matou laisse échapper un nhhgg, montrant sa mauvaise volonté à comprendre. Il ne voulait pas croire que ceux qu'il avait aimés si fort étaient partis pour toujours. Il s'épuisait à essayer de les garder le plus en vie possible, si bien qu'il en était lui même un peu persuadé parfois quand il pensait qu'Etoile de Suie allait être contente de la grosse musaraigne qu'il ramenait, quand il cherchait Petit Ver pour lui monter l'énorme scarabée qu'il avait capturé que Vent du Désert allait le réprimander pour revenir tout boueux, qu'Etoile Fauve allait le réveiller pour son entrainement.
Mouche balança sa queue au rythme de sa marche, bercé par ces illusions rassurantes sur le chemin de la Ville.

Bientôt, les premières maisons furent en vue et ce sont les bruits rauques de la corneille qui le reconcentrèrent. L'Oiseau n'aimait pas la ville, plus peuplée et plus dangereuse que la forêt. Pourtant, il y avait d'autres corneilles comme lui. Mouche courba sa queue pour effleurer la bête noire du bout de cette dernière. Tout irait bien, ils étaient ensemble et ils retrouveraient sa soeur.
Pour cela, la meilleure technique était encore de crier très fort son nom, en suivant Soleil qui avait l'air de savoir où elle allait.

PENOOOOOOOOOOOMBRE.

Ses appels se firent plus pressants à mesure qu'il sentait son odeur de plus en plus forte. Un peu changée, mais toujours reconnaissable.

Curieuse Pénombre, tu es là ? C’est Soleil ! Je suis accompagnée d’un chat qui souhaite te revoir. Une silhouette qu'il pensait appartenir au passé vint à sa rencontre. Son coeur fit un bon dans sa poitrine, et un sourire vit illuminer son visage.

P...PENOMBRE !!!

Son bonheur de la revoir irradiait de lui. Mouche se précipita vers elle, pour venir se presser contre sa soeur adoptive retrouvée. Elle avait changé, elle était plus grande, plus grosse aussi, mais c'était toujours, elle, c'était elle.
Elle lui avait tant manqué.

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I AM MEOWING AT MY LUNG'S FULLEST. I WOULD EVEN ARGUE THAT THE ECHO THAT REVERBERATES BACK TO ME IS THE VOICE OF SOMEONE I KNOW ...
HAVE YOU SEEN MY DEAR BROTHER ?
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HRP:

« P...PENOMBRE !!! »

Oh Moumouche… Il m’avait tant manqué ! Cette frimousse brune était si belle à voir après tout ce temps. Avant que je n’ai pu esquisser le moindre mouvement, il se précipita sur moi, pour une étreinte folle, comme si je revenais d’entre les morts. J’étais si heureuse de le voir là. Je plongeai à mon tour ma truffe dans son doux pelage. Il semblait si bien se porter. En forme et tout en muscle tel un chat des bois ! Je ne ressemblais plus à grand-chose pour ma part. La perte de mes petits m’avait amaigri, mais grâce à la petite Soleil, j’avais repris un poids correct, et j’essayais d’aller mieux. Je laissais pendant un petit temps mes chatons dans un coin de ma tête pour me concentrer sur mon frère. Nous n’avions jamais été vraiment proches, mais à la mort des membres de notre famille on s’est toujours soutenus. Et puis de toute manière, on avait grandi ensemble auprès de Maman, alors je l’aimais tout de même, comme un frère. Soleil s’était mis un peu à l’écart, peut-être gênée par ces retrouvailles. Après tout, elle, sa famille l’avait abandonnée… Je m’étais fais la promesse d’essayer d’être une famille pour elle. Je ne l’abandonnerais pas. Sa tribu était une bonne idée et puis… Je pourrais toujours chercher mes bébés ensuite ? Hum…

« Moumouche, ça fait si longtemps ! Qu’est-ce que vous faites ici tous les deux ? »

Il se pressa davantage contre elle, dans une étreinte silencieuse.
C'était bien elle, c'était son odeur qui l'emmènait dans le monde des souvenirs. Mais il sentait ses os derrière sa peau distendue, son poil rêche qui vint lui griffer la peau.
Il ne veut plus la lâcher, il veut la serrer plus fort, pour être certaine qu'elle est bien là avec lui, en cet instant.

Eau précieuse entre ses doigts, il a peur qu'elle s'échappe à nouveau s'il ouvre la patte.

Moumouche, ça fait si longtemps ! Qu’est-ce que vous faites ici tous les deux ?

Sa demie-soeur rompt le charme la première, de sa voix enthousiaste qu'il n'avait pas entendue depuis si longtemps.
Comment lui expliquer que sa vie ce n'est ni plans ni planification, qu'il est juste une poussière à la dérive, parfois il tourbillonne dans la lumière du soleil, parfois il est malmené par les vents tout ça au gré du chaos de l'univers qui l'emmène où il veut.
Et aujourd'hui il est ici. Avec elle. Elles.

Alors il lui faut donner un sens à toutes ces coïncidences :

On est venus te chercher !

Il bondit sur ses pattes et sa queue ondula comme un serpent derrière lui. La corneille qui avait mis pied à terre pendant leurs retrouvailles s'écarta d'un bon prudent pour éviter la queue de Mouche.

Maintenant qu'on t'a relocalisationnée tu vas pouvoir revenir rentrer avec moi-même au Clan !!!!!

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« On est venus te chercher ! »

Il était si enjoué de me revoir ! Il sautillait, la queue ondulante. J’aimais tant mon frère. L’espace d’un instant, j’oubliais ma quête, et je ne voyais que ce bonheur qui illuminait, même pour quelques secondes, mon cœur si sombre. Et pourtant, je ne l’avais pas tant compris que ça…

« Maintenant qu'on t'a relocalisationnée tu vas pouvoir revenir rentrer avec moi-même au Clan !!!!! »

Je reculais légèrement de mon frère. Un mur s’était de nouveau placé entre nous. Aussi épais et terrifiant que celui que j’avais pendant ma séquestration chez les bipèdes. J’allais lui faire de la peine, il allait me haïr, m’insulter… Vouloir me ramener de force, mais c’était impossible. Je n’abandonnais pas mes bébés, et je n’abandonnais pas Soleil. Je venais d’abandonner le clan qui m’a vu naître, j’abandonnais ces magnifiques arbres immenses, j’abandonnais ces proies si tendres et cette odeur de fougère si familière et rassurante, j’abandonnais ma famille. J’abandonnais tous pour mes enfants et pour pouvoir vivre loin de la guerre qui m’a tout enlevé. Mes derniers souvenirs ne sont que de la peur, du sang et des blessures. Même si j’aimais plus que tout mes frères et sœurs… Je ne pouvais revenir parmi eux.

« Oh Mouche… »

Je le regardais, l’œil triste à nouveau. Il allait m’en vouloir.

« Je ne rentrerais pas avec toi… »

J’avais promis à Soleil. Et son projet me paraissait si agréable. Loin de la guerre, loin de la mort. Non, dans sa tribu, lorsqu’elle l’aura crée, je la rejoindrais. C’était mon destin. Et puis je m’étais attachée à la petite solitaire. Elle m’avait sauvé la vie. Sans elle, mes os brilleraient sous les buissons qui m’ont accueillit le soir de mon évasion.

Pénombre recula de quelques pas laissant à Mouche le loisir de l'observer encore. Le monde extérieur redevenait tangible peu à peu - il se rappelait de la présence de Soleil à côté d'eux maintenant - et les objets urbains reprenaient forme autour de lui. Tout était devenu flou lorsqu'il avait revu sa soeur, il n'avait été concentré que sur elle, laissant le monde extérieur s'évanouir dans une bouillie d'images.
Et voilà que le monde extérieur reprenait consistence pour lui tomber dessus, lourd comme un ciel avant la pluie :

— Oh Mouche… fit-elle, le regard triste. Je ne rentrerais pas avec toi…
— Que.. Quo- Comment ???

Il bondit encore une fois sur ces pattes, ses yeux envoyant des points d'interrogations à chaque coups d'oeil. Il l'avait retrouvée, et déjà elle allait repartir ! C'était hors de qu -

C..C'est toutafait hors de questionnement !!!Je t'abandonnance plus !! Je reste avec toi, où tu vas je vais pareillement.

« Que.. Quo- Comment ??? »

Moumouche… Je regardais mon frère, l’air plus triste que jamais. Je sentais mes yeux piquer à cause des larmes qui commençaient à s’accumuler. Je m’en voulais de lui faire de la peine. Mon frère…

« C..C'est toutafait hors de questionnement !!!Je t'abandonnance plus !! Je reste avec toi, où tu vas je vais pareillement. »

C’était un guerrier à présent. Il ne pouvait pas abandonner le clan… Et pourtant j’aurais tant aimé avoir ma famille auprès de moi. J’aurais tant aimé qu’il vienne avec moi. Qu’il emmène même nos petits-frères et sœurs ! Je voulais les avoir tous avec moi. Mais pourtant… Mes bébés, je ne pouvais pas les abandonner. Je ne pouvais pas les laisser chez des bipèdes qui allaient les maltraiter, je devais les sauver. Mon cœur se brisait plus encore. Et pourtant il palpitait sir fort dans ma poitrine. C’était à cause de toutes ces fêlures qu’ils n’arrêtaient pas de battre. Je sentais chaque parcelle se déchirer plus encore. Mais si je suivais mon frère… J’abandonnais mes bébés. J’abandonnais celle qui m’avait sauvé la vie. J’abandonnais tout ce qui m’a donné une raison de vivre. Et je ne pouvais me permettre de faire ça. Et Soleil ne m’aidait pas. Elle ne voulait pas que je sois malheureuse, elle voulait mon bonheur… Je devais rester avec elle.

« Tu es sûre, Curieuse Pénombre ? Ne te force pas à rester avec moi, ta famille est plus importante. Ne gâche pas ta chance de vivre avec ton frère pour moi. Je risque de m’en vouloir jusqu’à la fin de mes jours, sinon. »

Je les regardais tous les deux les larmes aux yeux. Cette histoire me rend malade, malade j’ai mal à la tête, mais j’aimerais casser la mienne, pour un peu mieux me sentir. Je n’avais pas la force de crier, et pourtant… Je retrouvais ma peine. Je retrouvais la douleur puissante de la perte de mes enfants, je ressentais la douleur puissante de mon enlèvement, je ressentais la douleur puissante du manque de recherche de mon clan. J’en souffrais. Tant que mon cœur n’était plus.

« Je… Je dois retrouver mes petits. Je… »

Je sentais ma tristesse m’accabler de nouveau. Pourtant tout était si difficile ! Les clans me privaient de ma famille. Je…

« Je suis désolée… Mes bébés… C’est mon moteur. Ma raison de vivre. J’ai besoin d’eux vous comprenez ? Si je reste au Tonnerre je pourrais jamais les retrouver. Je les abandonnerais. Et je peux pas. Je peux pas… »

Je levai la tête vers eux. Et pourtant je m’assis lourdement comme si mes pattes arrières n’arrivaient plus à me porter.

« Cette histoire me rend malade… Mais je dois retrouver mes chatons, et les protéger du sang et de la guerre. Il y a toute ma famille au Tonnerre, mais quand je les retrouverais je vais devoir les protéger. Je dois les protéger de la mort. Je… J’en veux toujours aux clans de nous avoir pris… Maman… Je ne veux pas qu’ils connaissent ça tu comprends ? Je… Je peux pas. Et pourtant j’ai l’impression de te trahir Moumouche mais comprend moi s’il te plait… Je t’aime de tout mon cœur, tu es mon frère à moi et… »

Plus rien ne sortait de ma gorge tant elle était serrée. Je pouvais pas.

Soleil parle à nouveau. Pénombre peut rester avec lui si elle veut. Soleil est d'accord. Mouche lui jette un regard reconnaissant, avant de reporter ses yeux brillants sur sa soeur. Ses yeux bleus brillent eux aussi.

Je… Je dois retrouver mes petits. Je…

Sa voix se brise, le coeur de Mouche aussi.
— Je suis désolée… Mes bébés… C’est mon moteur. Ma raison de vivre. J’ai besoin d’eux vous comprenez ? Si je reste au Tonnerre je pourrais jamais les retrouver. Je les abandonnerais. Et je peux pas. Je peux pas…
— Tes.. bébés ? réussit-il à placer.

Il avait toujours eu du mal à comprendre. Mais cette fois son incapacité à faire sens était particulièrement frustrante.

Elle croise un instant son regard et se laisse tomber au sol. Sa voix est si triste que Mouche sent sa tristesse dégouliner sur lui, une tristesse qu'il voudrait chasser à coups de pattes, comme le vent chasse les nuages, une tristesse qu'il voudrait prendre toute entière et faire sienne, une tristesse qui déchire son coeur comme chaque mot tombe sur lui.
Il ne comprend pas tout, mais il comprend sa peine. Il comprend qu'elle est perdue, qu'elle essaie de faire ce qui est juste. Il comprend qu'elle doit choisir. Et choisir, c'est renoncer.
Et elle renonce à lui.

Mouche se rapproche une ultime fois de sa soeur. Ses deux jarrets posés au sol, il lève ses pattes avant pour enserrer l’encolure de sa soeur. Les sanglots secouent son corps mais il s'accroche à elle, comme à un bastingage en pleine tempête.
Puis qu'elle doit renoncer à lui.
Mais il ne renonce pas à elle.

F..F _hipais ce que doit faire p..pp ^hhcour tes bébés. Il la lâche et essuie ses larmes d'un mouvement rageur. T'en affaire pas pour moi. J'te retour verrais pour ce que j't'abandonne pas.