Au revoir - libre - mort d'Echo des Ruisseaux - end

Mon frère et moi-même nous nous étions bien habitué au fait que le chaleur dans laquelle nous avions fait nos premiers pas n'étaient pas normale. Bon, maintenant, il commençait à faire vraiment très froid. Je n'aimais pas vraiment ça. Toutefois, je ne prêtais pas vraiment attention à l'ambiance actuelle du campement. Certes on ne voyait plus du tout certains guerriers.ères et apprentis.ies. Mais j'étais très loin de me douter de l'ampleur des difficultés auxquelles devait faire face un clan exténué. Pourtant, plusieurs indices auraient pu me mettre sur la piste. L’interdiction formelle d'approcher la tanière des guérisseurs. Les éternuements incessants de certains guerriers et guerrières. L'aspect faiblard des troupes, les cernes, la fatigue, la petite pile de gibier. Papa qui était très peu présent. Mais maman nous avait bien expliqué les raisons de son absence. Et puis, à vrai dire, je n'avais connu qu'un clan faible et fatigué. Et j'étais incapable de faire une comparaison avec d'autres clans vu que je ne connaissais que la pouponnière.

Alors comme tout chaton naïf, qui ne connaît guère le malheur, je jouais simplement. Je faisais attention aux interdits en général, et je continuais d'embêter les guerriers. Malheureusement, très peu étaient d'humeur à m'écouter, et à supporter les flots incessants de mes mots, ou mes piailleries - simples manières normalement efficaces de demander de l'attention. Mais cela m’agaçait. Je ne me considérais pas en tord bien entendu. Alors, il se pouvait, parfois, que je ressorte des insultes entendues chez les apprentis. Ou que je me comporte mal. Empirant les choses bien entendus. Ne dramatisons rien non plus, la plupart du temps, je jouais avec mon frère, essayant une nouvelle façon x ou y pour lui permettre de mieux marcher.

Mais aujourd'hui avait été un jour spécial. Le premier jour où j'avais été traînée en face de la mort, confrontée à elle, et surtout, affectée par cette dernière.

Nous étions en fin d'après midi quand son corps a été rapporté. Au début, je n'avais pas fait attention au brouhaha qui s'était élevé. Tous les regards s'étaient retournés vers la patrouille qui venait de rentrer. Mais un hurlement retentit. Aussitôt mes poils se relevèrent, et un intense frisson glacial parcourut mon échine. Ce cri. C'était mon père, Pluie Battante. Et je vis à ce moment là Echo des Ruisseaux au sol. Mort.

Pourquoi était-ce sa mort qui m'avait le plus choquée? Était-ce sa mort ou voir le visage de mon père dévasté? Ce cri était une véritable déchirure. J'avais l'impression qu'il communiquait toute la détresse et la souffrance à toute la clairière. A vrai dire, je n'étais pas restée très longtemps dans la clairière. J'étais allée rendre mon hommage, et rapidement, sans faire d'histoires, j'étais allée dans la pouponnière, me rouler en boule et me coucher. Je ne pleurais pas. Je ne dormais pas non plus. Seulement, ma gorge était nouée, mes intestins retournés, et je me sentais incapable de bouger.

Le concept de mort m'avait été vaguement expliqué, avec le clan des étoiles. Papa adorait le clan des étoiles. Ne pas y croire était une idée saugrenue pour moi. Finalement, je m'étais fermée à toutes les récentes morts dues à la maladie parce que pour moi, ils ne faisaient que rejoindre un autre clan là-haut, meilleur qui plus est. Je ne m'étais pas rendue compte de la douleur qu'une perte pouvait procurer. Voir mon père dans cet état m'avait ouvert les yeux là-dessus. Plus jamais il ne reverrait son cher ami Echo des Ruisseaux. Plus jamais on ne verrait sa belle fourrure fureter à droite à gauche, vérifier les petits et gros bobos. Et soudain, je sentis le bout de mon museau devenir humide. Cela faisait bizarre de pleurer pour quelqu'un que nous ne connaissions que peu... mais qui était au final, bien présent.

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