Sadness, Sickness [Pv Feuille de Saule] - end

Le matou leva la tête dans ma direction et me lâcha un petit sourire. J’étais content, mes mots semblaient l’avoir touché. Je le pensais, je tenais sincèrement au guerrier.

« Je préfère quand même que ce soit toi qui m’enterre que l’inverse. Et je n’ai pas envie de rejoindre les étoiles maintenant. T’as intérêt à t’accrocher. »

Je riais à ses paroles. Oh non, jamais tu ne rejoindras les étoiles tant que je serais guérisseur, le tirait ma révérence ce jour là ! Bon peut-être pas, le clan comptait sur moi mais… Bref, je préférais ne pas y penser. Pluie Battante se roula finalement en boule pour se reposer. Parfait Bon tout allait mieux, j’avais déjà fait mon tour des malades, alors c’était l’heure de positiver un peu. Qu’est-ce qu’il y avait de bien dans la vie ? Ma nouvelle vie, certes en pleine épidémie, mais ça je gérais, enfin presque. Mon rapprochement quasi fusionnel avec ma sœur, ça s’était positif. Les étoiles brillaient toujours dans le ciel. Alors c’était l’heure de nettoyer, je rangeais les restes de plantes et celles qui restait. J’avais la queue haute se balançant de droite à gauche dans un rythme fou. Mais une nouvelle personne arriva, ce qui me surpris dans mon moment d’intense positivité.

« Feuille de Saule, j’ai une épine dans la patte, tu veux bien me la retirer s’il te plait ? »

Oh rien de bien difficile. Toujours enjoué, le pas presque dansant, je m’approche du matou pour regarder sa patte. Mais avant que je puisse l’examiner, il fit tomber ma bonne humeur en quelques secondes.

« T’as intérêt à le sauver, hein, Feuille de Saule. Y paraît qu’il compte pour certains chats. »

Mais…

« Si t’es venu pour lui dire ça, va-t’en ! Tu ne fais que lui mettre la pression ! Et je suis pas encore mort. Allez va-t’en. Va chasser ou je sais pas quoi, va t’occuper et sans te blesser. »

Alors je ne comprenais plus rien. Pluie Battante s’était levé directement pour chasser mon patient… Et son épine ?

« Excuse-le. Il se rend pas compte. Il ne devrait plus t’embêter. Promis, je vais me coucher et me reposer.

- Oh… »

Je regardais le matou se recoucher. Tout s’était passé trop vite pour mon cerveau submergé par de la bonne humeur. Oh oui, je m’accrochais à ce que je pouvais pour rester positif malgré tout ça. Et en fait, Cœur de Bruine n’avait pas d’épine. Révélation. Soit. Je souhaitais au guerrier dans la tanière de bien se reposer et je retournais à mes rangements et préparations, toujours la danse dans le sang.

Le temps passait tranquillement, j’étais parti faire un tour pour voir chaque matou, vérifier s’ils étaient malade ou non, vérifier l’état de mes malades, Méduse Pourpre n’était d’ailleurs pas dans un bon état, mais elle insistait encore de servir de test avec plusieurs remèdes. J’étais gêné de cette démarche, mais pourtant… Elle était d’une aide précieuse. J’avais essayé un nouveau mélange aujourd’hui, il me faudra attendre quelques jours pour observer des possibles améliorations. Encore une fois je n’avais pas mangé de la journée. Patte de Lionne m’avait bien apporté une souris, mais je n’avais même pas réussi a en manger un quart. J’avais donné mes restes à un de mes patients. La nuit était tombée depuis, et je m’étais finalement installé dans mon nid à l’entrée de ma tanière, et en quelques secondes j’avais plongé dans les bras de Morphée. Mais mon sommeil restait très léger. C’était impossible pour moi de dormir correctement. J’étais toujours épuisé et mon corps affamé et pourtant je devais aider les miens. Ce n’était pas en déprimant que j’allais les aider. Je devais garder espoir pour tous ceux qui avait du mal.

C’est entendant des bruits que je me relevais brusquement. Des gémissements venant d’un matou. Je partis rapidement vers le fond de ma tanière pour jeter un œil sur mes malades les plus graves. Tout le monde dormait bien, pas de problème. Je revenais alors plus vers l’entrée, et je voyais Pluie Battante au sol hors de son nid. Il était paniqué, essoufflé. Avant que je puisse arriver vers lui, il revient dans son nid pour se rouler en boule. Je m’approchais de lui, et lui dit d’une voix douce qui se voulait réconfortante :

« Tout va bien Pluie Battante ? Tu as besoin de quelque chose ? D’eau, de nourriture ? Ou même de chaleur ? »

J’osais lui lécher le front pour essayer de le rassurer. Ma sœur me faisait ça, ça marcherait peut-être avec lui.

« Est-ce qu’il fait nuit ? J’aimerais regarder les étoiles, s’il te plaît. »

Je hochai la tête pour lui répondre. Il faisait effectivement nuit. Maintenant, est-ce que je prenais le risque de le faire sortir dehors avec son rhume ? J’étais inquiet pour lui, mais je me doutais bien pourtant qu’il ne trouverait pas le sommeil tant que je ne lui ferais pas voir les étoiles. Le guerrier malade semblait triste, et… Ce devait être important pour lui de chercher ses proches dans nos ancêtres. Au pire je lui tiendrais chaud.

« Viens avec moi Pluie Battante. Je pense que le ciel est clair cette nuit, tu pourras voir nos ancêtres. Appuies-toi à mon épaule.»

Je me collais au matou pour l’aider à se lever, et à marcher. Il était hors de question qu’il s’épuise plus encore. Il n’y avait que moi qui avais le droit d’être fatigué, pas mes malades. J’accompagnais alors le félin l’entrée de la tanière. Le camp vide de chaleur mais plein d’odeur de maladie me faisait toujours aussi peur. Je voyais dans l’entre des guerriers ma sœur qui dormait profondément. Je donnerais beaucoup pour pouvoir dormir de nouveau contre elle. Il n’y avait qu’elle dans ma famille. Seulement elle. J’espérais ne jamais voir le jour de son départ aux étoiles. Lorsque ça arrivera – que les étoiles nous gardent – je ne répondrais plus de rien. Sans elle, je ne survivrais pas.

Le ciel était clair et la nuit froide. Je levai les yeux vers cette immensité foncée.

« J’espère que Echo des Ruisseaux est bien là haut avec nos ancêtres et camarades. Il avait l’air si en forme lorsque je l’ai vu ! »

J’étais très angoissé. Et si je faisais mal les choses ? Et si le clan courrait à sa perte avec moi ? Et si… Je n’étais pas le bon guérisseur ? Je ne souhaitais pas être un imposteur, je ne voulais qu’aider les miens… J’avais peur de tout ça.

« J’espère qu’il est fier de moi. J’espère ne pas lui faire honte. J’essaye de faire de mon mieux. »

Normalement… Il n’y avait qu’à ma sœur que je disais ce genre de choses.