Le ciel nous tombe sur la tête. — ft. Accroche-Cœur — end

Dès le petit matin Patte d’Été sentait que quelque chose n’était pas comme d’habitude. À peine ses yeux ouverts, c’était toute l’atmosphère autour d’elle qui était bizarre. Donc elle tituba jusqu’à l’extérieur de la pouponnière pour voir un peu de quoi il s’agissait. Ses petits yeux encore fermés de sommeil n’eurent cependant pas beaucoup de mal à voir ce qui n’allait pas. Le soleil avait disparu ! Et à sa place, juste une grande immensité gris sombre à perte de vue dans le ciel. Où était passé le bleu ? Et le soleil ? Patte d’Été, née en pleine période de canicule, n’avait connu que cela, et elle considérait la fournaise dans laquelle elle avait vécu ses premières lunes comme acquise. C’était hyper désagréable, mais elle s’était juste dit « c’est la vie, il fait chaud, c’est comme ça ».

Mais non. C’était un peu comme si tout son monde s’effondrait. Les sourcils froncés, elle regardait les adultes et les apprentis aller et venir. Ils avaient tous l’air extatique. Comme si, enfin, quelque chose venait de se passer. Patte d’Été frissonna quand une soudaine bourrasque vint souffler à travers le camp. Pareil, c’était nouveau ça. D’habitude, le peu d’air qui soufflait était sec, chaud comme quand les chats respiraient. Là c’était un vent bien plus froid, et humide. La chatonne regarda à nouveau vers le ciel, très mécontente. Ce n’était pas le genre de choses à découvrir à peine réveillée. Sans quitter les nuages du regard, elle reçut une goutte d’eau pile entre les deux yeux, ce qui la fit reculer de surprise, cherchant instinctivement à retourner à l’abris de la pouponnière. Titubant à reculons et les yeux rivés au-dessus d’elle, elle ne vit pas qu’Accroche-Cœur s’était approchée et se tenait juste derrière elle.

Le ciel nous tombe sur la tête(8)


Ce matin, je me réveillai avec la délicieuse sensation de respirer de l'air frais. Cet éternel été avait enfin cessé et la chaleur était partie avec lui. Je m'étirai longuement, profitant de ce doux matin bien mérité pour tous nos efforts et nos pertes. Il me semblait encore entendre le bruit de mes larmes s'écrasant sur le sol le jour de leur départ ou de leur veillée mais.. Mes oreilles se redressèrent bien droites, attentives. Entendais - je.. de la pluie ? De l'eau tombait du ciel, enfin ! S'abreuver ne sera plus une mission impossible, voir un rêve. Nos terres allaient se réabreuver en eau et nos sources potables seront à nouveau disponibles. Je me levai et partis vers la sortie, histoire de voir ce spectacle qui m'avait manqué. Mais il y avait déjà une petite spectatrice. Patte d'Ete, de la nouvelle portée de notre lieutenant. Quand Oeil de Biche m'avait annoncé qu'elle était de nouveau enceinte, je craignais devoir jouer la mère à plein temps de nouveau. Pas que cela me déplaise mais les petits avaient le droit aussi de se faire chouchouter par leur vraie mère... Et c'était avec joie que je voyais qu'elle prenait cette fois son rôle plus sérieusement. Est - ce que la perte d'une de ses filles lui a ouvert les yeux ? Seuls les Etoiles le savaient.

Je m'assis donc près de la petite qui semblait confuse devant la pluie. Il était vrai que c'était la première fois qu'elle en voyait une ! Curieuse comme beaucoup de chatons, elle tendit le museau en dehors et.. reçu une goutte sur le visage, comme pour la punir d'oser sortir sans nous demander ! La rouquine bondit en arrière, de surprise. J'ouvris une patte bienveillante pour l'accueillir contre mon ventre à la fin de sa chute. Je ronronnais de rire.

" Et bien mon petit rayon de soleil, qu'est ce qui t'a surprise comme ça ? Tata Accroche Coeur est là pour te protéger, tu ne crains rien. ~" miaulais - je pleine d'affection.

Patte d’Été ne sut pas immédiatement comment réagir à la soudaine apparition d’Accroche Cœur. Prise de court, et une pointe d’orgueil naissant dans son estomac elle chercha à retrouver une contenance, forçant ses yeux verts à quitter le ciel qui prenait une teinte foncée de plus en plus menaçante.
"Et bien mon petit rayon de soleil, qu'est ce qui t'as surprise comme ça ? Tata Accroche Coeur est là pour te protéger, tu ne crains rien. ~"

La reine avait ouvert ses pattes avant pour y accueillir la boule de poils rousse. Boule de poils rousse qui cherchait toujours à recouvrer sa dignité, gardant le coin de son regard sur les gouttes d’eau qui tombaient de plus en plus nombreuses. "Tu ne crains rien" qu’elle disait, sa voix douce comme du miel, où aucun mensonge ne pouvait décemment s’y cacher. "Ouais…," pensa Patte d’Été. "Regarde un peu le ciel et dis-moi qu’il y a rien de bizarre…"
Mais la chaleur de la fourrure de la femelle l’apaisa un peu. Patte d’Été réussit à se retourner malgré l’affection d’Arrache Cœur et elle réfléchit à quoi répondre. Après quelques instants elle trouva le bon compromis entre honnêteté et avoir l’air le moins stupide possible.
"Je pensais que le soleil serait là pour toujours…"

Et c’était vrai. Du haut de ses quelques lunes d’existence, elle n’avait aucune idée que le monde n’était pas éternellement une terre brûlante où chaque seconde menaçait de t’étouffer. Dans sa petite tête les idées s’enchaînaient… Elle commençait à comprendre qu’il y avait pleins de choses qu’elle ne connaissait pas, encore plus que ce qu’elle pensait. Patte d’Été qui passait son temps à regarder les adultes s’activer, pour en apprendre le plus possible, se rendait compte qu’il était temps de regarder le monde autour d’elle avant d’observer les autres. Et ce genre de révélation était peut-être un peu trop extrême pour la boule de poils.
Presque encore moins rassurée qu’avant, et toujours les yeux fixant les nuages sombres, elle colla son dos contre Accroche Cœur tout en essayant de cacher son angoisse. Hors de question de montrer à qui que ce soit ce moment de sincère fragilité.

Le ciel nous tombe sur la tête(8)


Lovée contre mon ventre, le regard de Patte d’Été ne se détacha pas pour autant de l'eau tombant du ciel. Je me mis à ronronner pour rassurer la petite. C'était normal d'avoir peur de ce qui était nouveau, mais vite elle allait comprendre qu'il ne fallait rien craindre de la pluie. Elle se plaignait qu'elle pensait que le soleil dominerait toujours les cieux. Bien heureusement non ! Mais je le pensais tout bas, histoire de ne pas frustrer la rouquine dans sa découverte de monde. Je ramenai ma queue devant mes pattes, ce qui l'enferma faussement contre moi.

" Et bien non, il doit prendre une pause des fois. Nous aussi, on a bien droit à une pause ! Tu ne trouves pas l'air plus respirable, plus frais ? Il fait un peu plus agréable, non ? "

Les chatons nés lors de la Canicule allaient enfin pouvoir connaitre une météo plus clémente. Cela me rappelait, à l'époque où je n'étais qu'une apprentie, la fin du Blizzard. Les quelques -et pauvres- chatons nés lors de la tempête étaient tout étonnés de voir plus loin que leur museau, et surtout de voir autre chose que de la neige ! Mais autant pour ces chatons, il faisait "plus beau" après le grand froid, pour les enfants de la Canicule, il faisait juste de plus en plus mauvais. Pluie, vent, nuages froids, neige dans quelques lunes.. Pour nous, c'était libérateur, mais il ne fallait pas oublier que le froid était tout de même dangereux. Ooh, comment lui dire ça avec douceur pour ne pas trop l'inquiéter ?

" Ce qu'il se passe est tout à fait normal. L'eau vient du ciel en fait ! Nos terres vont se remplir du liquide et on va pouvoir boire autant que l'on veut. Tous les chats. Mais bon. Quand il pleut, car ça s'appelle de la pluie, on est aussi tout mouillés, et il faut bien se sécher après ! "

Je lui fis un regard malicieux et un peu joueur.

" Se sécher comme ça ! "

Je la coinçai entre mes pattes et me mis à lui faire sa toilette, mimant celle que l'on faisait aux chats trempés.

Un doux ronron vibra contre son dos et jusqu’à ses oreilles. Patte d’Été ramena ses pattes avant encore plus près de son corps, comme pour être sûre de ne rien laisser dépasser de la bulle de protection qui régnait autour d’Accroche Cœur.
" Et bien non, il doit prendre une pause des fois. Nous aussi, on a bien droit à une pause ! Tu ne trouves pas l'air plus respirable, plus frais ? Il fait un peu plus agréable, non ? "

La chatonne piétina sur place quelques instants, les sourcils froncés et le visage confus. Eh bien… Oui. C’était vrai. Et maintenant qu’elle y pensait, c’était comme si elle était capable de réellement respirer pour la première fois de sa vie. On respirait mieux et la pouponnière n’était pas une fournaise où on ne pouvait pas faire la différence entre l’air ambiant et la chaleur d’un autre félin. C’était d’ailleurs sûrement pour cela que Patte d’Été s’était réveillée. Et passée la surprise, et maintenant que la rouquine considérait les choses avec un peu plus de raison, il était vrai que ce n’était pas plus mal que ça.
" Ce qu'il se passe est tout à fait normal. L'eau vient du ciel en fait ! Nos terres vont se remplir du liquide et on va pouvoir boire autant que l'on veut. Tous les chats. Mais bon. Quand il pleut, car ça s'appelle de la pluie, on est aussi tout mouillés, et il faut bien se sécher après ! "

L’eau vient du ciel en fait. Quel concept. Patte d’Été ne fronçait presque plus les sourcils et ses épaules étaient retombées un peu plus détendue. Maintenant elle était plus intriguée qu’autre chose. Donc ça voudrait dire que l’eau qui tombe de plus en plus fort du ciel est la même que celle qu’elle buvait ? Elle pouvait aller la boire directement ? Comme ça ? Aller dehors, tirer la langue vers les nuages et boire ? Pendant un bref instant Patte d’Été se dit que c’était faux, une blague que la reine venait d’inventer pour occuper la chatonne. Mais cette dernière n’eut pas beaucoup de temps pour contempler cette hypothèse parce qu’Accroche Cœur avait décidé de lui montrer comment on faisait pour se sécher. « Toutes les excuses sont bonnes pour essayer de me faire ma toilette, » pensa-t-elle alors qu’elle subissait des coups de langues répétés.
Elle ne put s’empêcher de ronronner en retour, cherchant mollement à se débattre entre les pattes avant de la reine. Elle gloussa et après quelques instants, répondit,
« C’est bon, c’est bon ! J’étais même pas sous l’eau ! »

Le ciel nous tombe sur la tête(8)


La chatonne illustra mes propos en prenant une inspiration. Elle se détendit doucement, et dans son attitude, elle passa de la défensive à la curiosité. Sans doute serait - elle allée jusque sous la pluie si je n'étais pas intervenue pour la taquiner. La rouquine se débattit sous mes coups de langue, ce qui ne m'étonna pas de sa part. Elle était toujours compliquée à avoir lors de la toilette des chatons ! Je la laissai tout de même gagner en cessant de dompter son poil. Mais elle était un peu plus présentable, et cela était déjà une victoire pour moi ! Je levai une patte pour la libérer, et fronçai les sourcils par jeu suite à sa remarque.

" C'est vrai, mais il fallait bien que je te prenne par surprise pour que tu l'apprennes ! "

J'appuyai ma phrase en touchant son museau du bout de la patte. Patte d’Été était une petite maligne qui souvent obtenait ce qu'elle voulait, c'est-à-dire, pas de toilette ! Mais il faudra bien qu'elle se laisse faire un jour, car une bonne toilette était une garantie contre les insectes parasites. Enfin bon, je reportai cette leçon. Une information à la fois après tout. Nous n'étions pas pressé. Je me levai et fis demi - tour, cherchant quelque part dans la pouponnière, une boule de mousse sèche. Pas trop compliqué avec le temps qu'on avait eu. Les boules moussues traînaient partout car nous étions ceux, avec les ancêtres, qui en avaient le plus reçus. J'en saisi une autre entre mes crocs avant de la rapporter près de la fille du Cobra et de la Biche. Je la posai et la poussai dehors, juste à la sortir de notre tanière.

" Voilà, comme ça, elle va être pleine d'eau et on pourra en boire ! "

Je souris, regardai la mousse pour la chatonne. Voudrait - elle participer ? Je lui fis un geste de la tête vers les autres mousses sèches pour lui indiquer leur emplacement, si jamais elle voulait se joindre à "l'expérience".

Finalement, Patte d’Été réussit à se libérer des pattes d’Accroche Cœur (et oui, c’est elle qui a réussi à s’enfuir, pas la reine qui a décidé de laisser la chatonne tranquille). La rouquine s’ébroua légèrement, comme elle le faisait tout le temps, et encore plus particulièrement quand on venait de tenter de dompter son poil. Avec la nouvelle humidité, elle était encore plus hirsute que d’habitude, et maintenant qu’elle s’était ébrouée elle était presque sphérique.
Accroche Cœur se leva. Patte d’Été la regarda d’un air méfiant mais joueur, pas encore convaincue que la reine n’essaierait pas de la rattraper pour finir ce qu’elle avait commencé. Mais la femelle se dirigea vers le fond de la pouponnière. Intriguée, Patte d’Été se dressa haut sur ses pattes pour l’observer. Ce matin, et depuis que les nuages s’étaient levés, il ne faisait pas bien jour et on voyait à peine plus loin que deux longueurs de queue dans les tanières. Mais la rouquine ne voulait pas s’avancer, de crainte d’une embuscade de type « je vais te finir ta toilette, que tu le veuilles ou non ». Mais non. Pas d’attaque d’aucune forme que ce soit. Accroche Cœur sortit des ténèbres avec une grosse boule de mousse sèche dans la gueule et la posa devant sa cadette. Elle la poussa sous la pluie d’un coup de patte.
« Voilà, comme ça, elle va être pleine d'eau et on pourra en boire ! »


La chatonne regarda la boule de mousse pendant quelques instants, incrédule. Les gouttes d’eau tombaient doucement dessus, et elle commençait déjà à s’aplatir, gorgée d’eau. Elle lança un coup d’œil vers la reine. C’était réellement comme ça que les boules de mousse étaient remplies d’eau ? Elles étaient pas directement imbibées dans la nature ? Patte d’Été ne s’était jamais réellement posée la question, mais avait toujours supposé qu’on trouvait les boules de mousses d’eau dans un genre de buisson, ou quelque chose comme ça. Pas… ça.
Se demandant toujours s’il s’agissait là d’une blague de la part de la reine, le regard de Patte d’Été passa plusieurs fois entre cette dernière et l’intérieur de la pouponnière et toutes ses boules de mousse asséchées. Les sourcils froncés elle finit par s’avancer dans la pouponnière, esquivant les chats qui y étaient encore endormis.
Une boule de mousse presque aussi grosse qu’elle dans la gueule, elle essaya de marcher dignement vers la sortie. En la posant au sol, Patte d’Été jeta un dernier coup d’œil à sa nourrice, encore incertaine. Sans la quitter des yeux, elle donna un grand coup de patte dans la boule de mousse, qui partir valser à côté de la première. L’attention de la rouquine se posa sur elles. Après quelques secondes, elle miaula, plus pour elle-même que pour son aînée.
« Je pensais pas que c’était comme ça que ça marchait… »

Après quelques moments supplémentaires passés en silence, Patte d’Été se leva et sortit de la pouponnière, juste suffisamment pour toucher la première boule de mousse du bout de la patte. Elle n’était pas entièrement sous l’eau, mais sa tête jusqu’au milieu de son dos recevait la pluie qui tombait de plus en plus. Mais la petite avait le poil épais, et ébouriffé, donc elle ne sentait rien du tout. Soudainement un peu plus rassurée, elle s’avança vers la boule de mousse pleine d’eau et essaya d’y donner un grand coup de crocs pour la ramener à l’intérieur. Plus lourde qu’elle ne pensait, de l’eau plein la bouche et plein les yeux, elle la tira vers l’intérieur jusqu’à Accroche Cœur.

HRP:

Le ciel nous tombe sur la tête(8)


Patte d’Été fut bien entendu sceptique face à ma déclaration. Les boules de mousses peuvent se remplir d'eau. Très souvent, il fallait expliquer que non, on ne les trouvait pas comme cela. Quand elle partit chercher une boule de mousse elle-même, je lui suivis du regard. Et mes ronronnements se muèrent doucement en rire quand je la vis avec une mousse de sa taille. Toujours les yeux plus gros que le ventre, ces chatons. Toujours en maintenant une distance avec la pluie, la petite rousse jeta sa boule dehors, qui heureusement n'atterrit pas trop loin de la mienne. Et désormais, il fallait attendre. La chatonne s'exprima qu'elle ne savait pas que les boules de mousses étaient faites comme cela.

" Et pourtant. " répondis - je chaudement, contente d'avoir appris quelque chose à la jeune chatte.

Nous regardâmes les gouttes s’abattre sur les boules un moment, avant que sa curiosité reprenne le dessus. Et là, elle osa mettre une patte dehors. Dès qu'elle fut en contact avec la pluie, son pelage se gonfla, mélange de surprise et de réflexe sûrement. Patte d’Été ramena la mousse à l'intérieur, sans doute pour l'ausculter sans plus se mouiller. C'était pour cela qu'elles n'étaient pas bien loin, pour que la fille du Cobra puisse participer. Quand elle et son expérience furent à mes côtés, je lui fis une lèche sur le crâne, en guise de félicitions (et pour essayer dans une dernière tentative de plaquer ses mèches rebelles, sans succès.)

" En voilà une belle boule de mousse ! Un vrai travail d'apprenti, ton papa va être fier de voir qu'il a une grande fille débrouillarde comme toi ! Maintenant tu sais quoi faire quand tu as soif ma louloute. "

Je lui accordais une dernière caresse d'encouragement en passant ma queue sur son dos. Suite à cela, je me levai en m'étirant.

" Va la partager avec Petite Genette et Œil de Biche si tu veux ! J'entends Doux Alizé qui m'appelle, je vais aller l'aider. A plus tard, Patte d’Été ! " ronronnais - je en partant.

Certes, souvent il était fatigant de toujours s'occuper des tout-petits. Mais toutes les difficultés étaient récompensées par des petits moments comme ça, de découverte et d'émerveillement.

Une fois de nouveau à l’abri (bien qu’elle ne vit pas grande différence), Patte d’Été s’ébroua instinctivement, autant pour se débarrasser de l’eau qui s’était accumulée dans sa tignasse rousse que pour empêcher qu’Accroche Cœur ne parvienne à la coiffer correctement. C’était bien parce que la fourrure de la chatonne était si hirsute qu’elle avait été protégée de la pluie pendant les quelques secondes où elle avait été dehors ! Chose qu’Accroche Cœur n’avait pas anticipée n’est-ce pas ! La rouquine regarda la grande boule de mousse s’affaisser sous son propre poids, imbibée d’eau. Elle était plus à l’aise désormais, la vue d’une boule de mousse pleine d’eau était habituelle, mais maintenant c’était légèrement plus intéressant de savoir d’où elle venait.
" En voilà une belle boule de mousse ! Un vrai travail d'apprenti, ton papa va être fier de voir qu'il a une grande fille débrouillarde comme toi ! Maintenant tu sais quoi faire quand tu as soif ma louloute. "

Les oreilles de Patte d’Été se dressèrent sur son crâne. Travail d’apprenti ? Hmmmm non ? Ce n’était pas spécialement une perspective qui plaisait la chatonne. En effet, contrairement à ses camarades de son âge, elle n’était pas spécialement impatiente à l’idée de quitter la pouponnière. Mais une petite voix dans le fond de son crâne lui disait que faire des boules de mousse, ce n’était pas si terrible que ça. Mais elle avait vu les apprentis de son clan aller et venir à longueur de journée, et ça, ça ne l’enchantait pas.
" Va la partager avec Petite Genette et Œil de Biche si tu veux ! J'entends Doux Alizé qui m'appelle, je vais aller l'aider. A plus tard, Patte d’Été ! "

Toujours plongée dans ses pensées, la rouquine regarda la reine se lever et partir rejoindre Doux Alizé. Patte d’Été se tourna ensuite vers l’intérieur de la pouponnière, plongée dans l’obscurité à cause de cet orage qui avait pris toute la luminosité. Est-ce que sa mère et son frère étaient réveillés ? Serait-ce une bonne idée d’être sûre qu’ils étaient réveillés en leur envoyant la boule de mousse trempée en plein visage ? Non. Mais bon. Ça restait une option.

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