Air de Famille | ft Fifou ♥ - end

Air de famille. (45)


Voilà bientôt une semaine que nous étions au clan du Tonnerre. Je veillais énormément sur Nuage de Lavande, seule petite qui restait sous ma responsabilité. J'endurais à nouveau les regards insistants et haineux pour elle, pour qu'elle guérisse. Il était trop tôt pour voir un changement positif, mais au moins, son état n'empirait pas. J'étais énormément redevable à Amour-en-Cage, la guérisseuse du Tonnerre. Je l'aidais le plus possible, ne voulant être aucunement un boulet pour ce clan temporaire, ce qui me transformerait en boulet pour le clan de la Rivière également, s'il devait payer pour mon séjour. J'utilisais mon savoir des plantes pour aider la Birmane. Bien sûr, je n'égalais pas une guérisseuse, mais ma passion me faisait retenir déjà bien des types de plantes. J'avais bien en tête le bouillon blanc, qui soignait la toux de Nuage de Lavande. Le coquelicot aurait pu être aussi efficace, et plus facilement trouvable, mais aux prémices de l'hiver il ne fallait pas trop en espérer.

Pour la recherche de ce jour - là; j'avais pris ma tendre fille avec moi. S'aérer et se dégourdir les pattes étaient importants, puis j'étais la seule avec qui elle voulait sortir, et la seule qui voulait bien l'accompagner. Logique après tout, elle était ma responsabilité. Donc nous voilà en train de marcher lentement, surveillant que ses pas ne ralentissent pas trop, sinon nous rentrerions immédiatement. Je lui expliquais doucement à quoi ressemblait la plante que l'on cherchait pour elle, pour lui changer un peu les idées. Une plante qui habituellement était composée d'une tige de bourgeons qui éclosent tous en fleurs jaunes. Mais vu la saison, les fleurs ont du tomber, rendant sa trouvaille plus difficile. La tige de bourgeons -sans les bourgeons- restait tout de même spécifique alors je restais confiante.

Je n'osais m'aventurer loin, de peur de trop fatiguer l'apprentie tricolore aux yeux d'ambres tombants. Il me semblaient que ces derniers tombaient encore plus depuis sa maladie. Mais ils n'avaient pas perdus leur leur d'espoir donc je tarissais ma peur du mieux que je le pouvais. Nous faisions alors le tour du camp. Et évidemment, à rester aussi proches du lieu de vie de tous les chats du Tonnerre, on allait finir par tomber sur quelqu'un. Quelqu'un d'important en plus. Coup de Foudre. Ce fut bien les premières choses que je retenu. Le nom des hauts - rangs du clan, ainsi que celle qui nous avait amenées à eux. Quand nous nous croisâmes, j'inclinai la tête en signe de respect, ma queue joignant celle de ma fille pour lui intimer de m'imiter.

"Bonjour lieutenant. Encore merci de nous laisser rester dans votre clan jusqu'à la guérison de Nuage de Lavande. "

— « Bonjour lieutenant.

Ses deux oreilles se dressèrent et heureusement, car s'il n'avait pas relevé sa tête il l'aurait tournée, à la recherche d'à qui s'adressait cette chatte.

— Encore merci de nous laisser rester dans votre clan jusqu'à la guérison de Nuage de Lavande. »

"Cette chatte" - il sortit de ses rêveries et une lueur reluit dans ses yeux jaunes. Ça lui revenait - c'était "Muguet", une de leurs voisines de la Rivière. L'épidémie l'avait effrayée car - et en baissant les yeux, il vit la petite apprentie collée à la patte de sa mère - sa fille était tombée malade et elle était venue demander asile, afin qu'Amour-en-Cage ne leur prodigue des soins (quelque chose était arrivé à leur guérisseur à la rivière et blablabla on s'en fout.). « Bonjour Lieutenant » - on répond par bonjour. « Encore merci de nous laisser dans votre territoire » - on répond ça ne fait rien, qu'il faut s'entraider. C'est ce que Coup de Foudre aurait fait, en temps normal - rares étaient ceux de son Clan qui s'adressaient à lui par son rang plutôt que par son nom pouvait-on le blâmer d'avoir été surpris? - mais quelque chose n'était pas normal, et Coup de Foudre ne s'en rendit compte qu'une fois après avoir cillé, s'étant retrouvé à fixer longuement l'apprentie dont la tricouleur s'imbriquait. Et puis il y avait ces yeux, jaunes comme les siens - non pas les siens, mais ceux d'une autre et soudain il y eut un déclic et il pointa des oreilles, chassant l'air de sa queue.

— «--...Taupe?

Ses oreilles se plaquèrent car il se tenait debout face à l'apprentie et il se rendit compte de l'intensité dans ses yeux par l'intensité dans ceux de sa mère, qui le dévisageait. Il releva aussitôt le nez en plissant les paupières. Il réentendait les mots de la petite Étoile qui lui avait porté secours, dans la Grotte de la Vie, pendant cette triste nuit:

« Ma fille vit au Clan de la Rivière et mon fils vit au Clan de l'Ombre, on a été séparé à leur naissance. »

Il passa son regard d'une à l'autre avant de faire mine de secouer sa tête et de se reprendre.

— « Euh,  *ahem*,  bien sûr - la guérison se passe bien? Pour vous et Nuage de, euh... il grimaça et leva sa patte, l'agitant à la recherche du nom qu'elle venait tout juste de lui dire, mais rien n'y fit.

Comme le vrombissement d'un Monstre sur le Chemin du Tonnerre qui s'approchait, comme une cavalcade de guerriers galoppant en guerre, comme le tambourinnement d'un coeur qui s'affolait, il n'entendait qu'un nom
- Taupe,

Taupe,

Taupe.

Air de famille. (45)


Il se retourne d'un air un peu perdu. Je fus confuse moi aussi, ne sachant pas que les hauts rangs du Clan du Tonnerre avait changé il n'y avait pas si longtemps que ça. Nuage de Lavande se serra contre moi face au grand chat. Je ne m'inquiétais pas trop, même si le Bengal était imposant, je ne me défendais pas mal moi-même, juste une souris plus petite que lui. Enfin si la taille ne m'inquiétait pas, c'était son regard appuyé et l'absence de réponse qui me fit remuer des moustaches. Il avait peut-être des problèmes d'audition ? Avec des tels poils dans les oreilles.. Ou alors, il attendait aussi des remerciements venant de ma fille, vu comment il la fixait ? Certes, il n'avait pas tord, cependant il y avait de meilleures façons de sous - entendre. J'allais m'interposer, par instinct de protection, mais ce fut la petite fille en moi qui se figea lorsque j'entendis..

" Taupe ? "

Mes pattes se raidirent et mes oreilles s'affolèrent, se levant et se rabaissant. Elles avaient bien entendu ? Non, un mot aussi court, cela pouvait tout être, j'ai du mal comprendre. Je devais trop avoir l'habitude de parler d'elle avec les chats de la Rivière, me ressourçant de toutes ces lunes perdues. Le Lieutenant secoua la tête, il avait peut-être trop de chose à penser avec ces guerriers de la Rivière qui affluaient chez eux. La conversation redevint normal, avec les politesses habituelles. "Oui" "Merci" "Tout va mieux ?" J'essayais de me remettre dedans et oublier l'étrange instant qu'on avait eu.

" Lavande, Nuage de Lavande. Ca ne s'aggrave pas, je suis déjà fort rassurée. Je suis très reconnaissante envers Amour-en-Cage. Et toi, tu dis merci ma fleur ? "

La petite malade préféra se fondre dans ma fourrure. Il avait déjà été dur pour être de quitter ce qu'elle connaissait de l'Ombre, et dorénavant qu'elle s'était réinstallée à la Rivière, je l'avais emportée dans de nouvelles terres inconnues. La jeune apprentie était en effet curieuse, mais elle restait une enfant qui avait besoin de stabilité. J'espérais qu'elle ne s'ennuyait pas trop chez la gentille guérisseuse. Personnellement, j'aimais bien venir parler des plantes qu'elle utilisait pour continuer à découvrir des nouveaux effets, et les plantes des terres du Tonnerre. Elles ne cessaient de m'impressionner. Je me laissais aller dans ma passion des plantes.

" Elle m'a expliqué qu'elle utilisait les Coquelicots et le Bouillon-blanc pour soigner la toux. J'aimerais tant avoir la chance de voir des coquelicots en fleur, de ce qu'on m'a décrit, elles doivent être si jolies ! " Et elles doivent avoir un goût si doux aussi, j'étais définitivement curieuse. " .. Mais je souhaite quand même ne pas vous embêter jusqu'au printemps ! "

Je souris, entre la plaisanterie et le réel soucis de ne pas vouloir squatter ici trop longtemps. Une petite toux se fit dans mon flanc. Je passai ma queue touffue, toujours pleine de diverses feuilles vu que les poils étaient tout emmêlés, sur la croupe de ma petite pour la rassurer.

« Lavande » il baissa sa patte. Voilà combien de secondes qu'il--?

— « Nuage de Lavande. Ca ne s'aggrave pas, je suis déjà fort rassurée.
— Mm.
— Je suis très reconnaissante envers Amour-en-Cage. Et toi, tu dis merci ma fleur ?

Mais sa "fleur" ne dit rien, préférant se lover davantage contre sa mère, toutefois sans baisser les yeux de sur lui. Il pencha la tête en laissant poindre un sourire à son égard, autant en signe de bonne foi du Tonnerre, autant pour le destabiliser de cette-dernière. Il ignorait si sa réputation courrait les oreilles de la Rivière (ou si Rouge Pivoine leur avait dit quoi que ce fut à son sujet) mais il savait reconnaître la curiosité dans les yeux d'un autre, car elle brillait aussi dans les siens.

La mère ne ressemblait pas vraiment à Taupe, ou du moins, ce qu'il se souvenait d'elle, avec sa fourrure pailletée d'Étoiles, mais il se rendit compte que sa longue pelisse noire et ces yeux verts lui rappelaient le profil d'un autre chat à l'époque, sur lequel il avait aussi voulu mettre la patte. Il se sentait plongé au beau milieu d'une réunion de famille où tout le monde parlait d'un sujet qui lui était incompréhensible.

— Elle m'a expliqué qu'elle utilisait les Coquelicots et le Bouillon-blanc pour soigner la toux, lui dit Muguet, tandis que Coup de Foudre peinait à écarter l'envie de s'engouffrer dans le duveteux poil blanc de son poitrail. De quoi elle lui parlait? De plantes? De plantes--

— J'aimerais tant avoir la chance de voir des coquelicots en fleur, de ce qu'on m'a décrit, elles doivent être si jolies !

Les oreilles du bengal se pivotèrent vers l'arrière car qui disait coquelicot disait terre gorgée de sang. Il se retint de lui dire qu'elle étancherait sa soif de coquelicots en allant aux Quatre Chênes. Il était Lieutenant maintenant, il pouvait ravaler ses désobligeances, il servait à plaire et à toiletter leur image - c'est bien pour ça qu'il toilettait la sienne, non? Mais entendre la passion des plantes chez quelqu'un d'autre le piqua au coeur, à la nuque, et tout le long de l'échine jusqu'à sa queue qui lui fit chasser l'air d'un swish et d'un swoosh.

— ... Mais je souhaite quand même ne pas vous embêter jusqu'au printemps !
— Nous embêter? Ha ha hah, je parie que c'est ce que les guerrières veulent te faire croire!

Il n'ignorait pas l'avis du Clan quant à la décision d'Étoile Masquée d'offrir asile aux malades. Muguet avait instigué la chose en venant de son propre voulu mais lorsqu'Étoile d'Or et Brasier Glaciel [dont on n'a pas fait le rp encore] s'en étaient mêlés...

Ne t'en fais pas Muguet, quoi qu'elles en disent, toi et Lavande êtes la bienvenue ici. »

Il pencha la tête de l'autre côté - en couvrant l'apprentie sous sa queue, il ne vit plus sa tricouleur s'imbriquer, aussi il oublia momentanément sa fixation précédente pour se concentrer sur quelque chose d'autre. Un détail. Un pépin. Juste une toute petite information qui le piquait encore, et qui fit tiquer son oreille guérie:

— « Tu es la remplaçante de Ruisseaux, alors? Puisque tu t'y connais en plantes...

C'était curieux, non, pour une peut-être-guérisseuse d'ailleurs, d'aller chercher asile chez la guérisseuse d'à côté? Ou peut-être les plantes de la Rive avaient toutes été inutiles face à l'épidémie qui les avait assaillis, suivant la Canicule?

Air de famille. (45)


Je m'emportais dans mes nouvelles connaissances, et quand je redescendis un peu de mon petit nuage, pour rassurer mon vrai petit nuage dans ma fourrure, j'observais les coups de queue nerveux du Bengal. mais oreilles se plaquèrent sur mon crâne. Oh, je devais l'embêter. Les fans des végétaux étaient rares après tout. Il n'y avait que les guérisseurs, moi, et Mimosa. Mon coeur se serra un peu mais la douleur était devenue nostalgie et espoir de revoir mon amie au détour d'une Assemblée. Je tus alors mes petites pensées fleuries et écoutai la réponse du Lieutenant. Il nia que notre présence les embêtait -même si sa queue témoignait autre chose- et nous dit en souriant que malgré les dires, nous étions les bienvenues. Je souris en retour. Je gardais au fond de moi que nous étions habituées de ne pas être les bienvenues, à l'Ombre, et quelques rares chats à la Rivière. C'était notre vie, donc on faisait avec. Pas besoin de se plaindre, apparemment les femelles de notre famille étaient de grandes battantes après tout !

Alors que je pensais la conversation finie car les formules de politesses avaient été dites, le félin marbré préféra insister sur ma passion peu commune pour une guerrière. Naturellement, il demanda si j'allais être la future guérisseuse. Malgré moi, je laissais s'échapper un petit rire condescendant. Jusqu'ici, je n'avais pas trop eu de bons contacts avec les guérisseurs. Enfin, j'exagérai. Nuage de Corbeau, encore apprenti lors de mon départ, avait été compréhensif après quelques discussions. Pas psychorigide comme un vieux Soucieux. Le guérisseur plein de cicatrices m'avait toujours dégoûtée de ce rôle. Trop coincé, trop croyant, trop pas drôle. J'en riais petite, le réflexe était resté.

" Guérisseuse ? Je ne pourrais pas non. Le seul point commun que j'ai avec ce boulot, c'est les plantes. Les Etoiles sont encore nouvelles pour moi, et toutes les lois et les interdits.. Ce n'est vraiment pas mon genre. Je préfère jouir de ma passion de mon côté en restant guerrière, apprenant un peu où je peux ! Et ça me suffit. Je suis prête à apprendre de mes propres expériences aha ! "

Je posai une patte sur l'oreille libérée de ma fille pour ne pas lui montrer -ou faire entendre- le mauvais exemple.

" Certains chatons mangent le Mille-Feuille par accident ou défi, moi je l'ai mangé car une vieille guérisseuse m'avait dit que je pouvais goûter si je voulais découvrir son effet. J'avais été bien surprise mais ça a déclenché ma passion je crois ! Pas de la manière la plus glamour, je l'avoue ! " miaulais - je en rigolant.

— Guérisseuse ? Je ne pourrais pas non.
— Ah?
— Le seul point commun que j'ai avec ce boulot, c'est les plantes. Les Étoiles sont encore nouvelles pour moi, et toutes les lois et les interdits.. Ce n'est vraiment pas mon genre. »

Sa queue s'arrêta de bouger pour plutôt se recourber. Il aimait entendre ça - surtout de la bouche d'une chatte de la Rivière. Toutes ses excuses à Étoile d'Or mais cet entêtement à ne jamais relire le code du Guerrier ou réviser ses lois injustes était particulièrement essouflant. Il se rappelait en avoir débattu avec sa fille, Neige, pendant la canicule. Il se rappelait à quel point elle avait été déjà si facilement endoctrinée par non pas son propre père mais tout le reste du Clan.

— « Je préfère jouir de ma passion de mon côté en restant guerrière, apprenant un peu où je peux ! La passion de Muguet rendit quelques lueurs dans les yeux du bengal qui redressa sa tête et pour peu, pour le peu qu'on ait tendu l'oreille, on put l'entendre ronronner. Et ça me suffit. Je suis prête à apprendre de mes propres expériences aha !
— Ha hah, exactement!!

Sa queue cessa son mouvement et lui suivit des yeux celui de la patte de Muguet qui vint couvrir l'oreille de sa fille.

— « Certains chatons mangent le Mille-Feuille par accident ou défi, moi je l'ai mangé car une vieille guérisseuse m'avait dit que je pouvais goûter si je voulais découvrir son effet. J'avais été bien surprise mais ça a déclenché ma passion je crois ! Pas de la manière la plus glamour, je l'avoue !

— PFF^haha ! Il trahit sa bonne humeur en reculant la tête et en la dodelinant, et entrouvrit l'oeil pour aperçevoir le mouvement dans le camp, autour.

Il se sentait inspecté de toutes parts par les guerriers qui ne le croyaient pas à sa place auprès de celle de leur chef. Grand bien leur fasse, il fit aller sa queue d'un métronome à gauche et à droite avant de la lever plus haut au-dessus de sa croupe, prenant une posture plus ouverte à la conversation et à l'échange. Où avait-il besoin d'aller, de toute manière? Rien ne pressait. Et puis, quelque chose d'autre l'avait tiqué.

— « Une "vieille guérisseuse", mm? C'est curieux, à ma connaissance, il n'y a eu que Ruisseaux, à la Rivière... Il pencha sa tête en se rapprochant, comme pour la scruter, comme pour lui faire comprendre ce que lui avait déjà compris sur elle sans prendre la peine de terminer sa pensée à voix haute. Un regard sur le côté lui fit tiquer de la langue et se reculer - des plans pour que de nouvelles rumeurs courent sur lui.

AIR DE FAMILLE - ft. Coup de Foudre & Bouquet de Muguet

C'était un de ces jours où on se réveille avec cette mauvaise humeur, avec une envie de cracher sur tout ce qui bouge et d'hurler à s'en casser la voix sur tout ce qui nous dérange. Bon, après, pour Dame de Cœurs, c'était un jour comme les autres. Et oui, ce n'était pas rare qu'elle se réveillait avec un air grognon, particulièrement plus souvent depuis l'arrivée de ces chats à l'odeur de poisson insupportable. Pire qu'une souris en décomposition, croyez-moi ! Enfin, aux yeux de notre chère dame. Elle avait décidé de se balader un peu dans le camp, observer comment les autres pouvaient bien s'occuper alors qu'elle n'avait rien à faire. La décision avait été faite : elle n'irait pas s’entraîner aujourd'hui, congé ! Effectivement, elle avait pris l'habitude d'aller perfectionner ses méthodes de combat à la combe sablonneuse lorsqu'elle n'était pas assignée à une tâche. Ça aidait à passer le temps. Depuis l'arrivée des chats de la Rivière, l'intensité de ses entraînements avait doublé si ce n'était pas triplé ! Il faut croire qu'ils apportaient une seule note positive : ils lui procuraient une haine qui servait particulièrement lors de ses exercices. Faut croire que penser à mettre des bons coups sur la gueule de riveux, ça défoule !

En parlant de plaies, en voilà une qui discutait avec nul autre que.. notre cher lieutenant. C'est un tombeur, on va pas se mentir mais s'abaisser à une de ces pestes qui descend tout droit de la rivière avec sa vieille odeur de poisson, on commence à se demander ce qui peut bien lui passer par la tête. Un peu plus et on les prendra à part entière dans notre clan ! Pour l'instant, notre dame s'efforça à refouler un dégueulis sous leurs yeux. Elle avait bien vite remarqué que l'odeur était impossible à supporter quand on s'approchait trop. Sa curiosité lui aura bien valu ça ! En attendant, elle jeta un œil vers la féline de la rivière qui discutait presque.. amicalement ? avec Coup de Foudre. Alors là s'en était trop ! C'était une chose de discuter avec eux mais il ne fallait pas commencer à se faire des amis, ils n'étaient pas là pour ça. N'avait-il pas assez de têtes au Tonnerre pour lui plaire ?

C'était le moment de pointer le bout de son nez dans la conversation, qu'il soit son supérieur ou pas, Coup de Foudre n'avait pas d'affaire à faire des petites plaisanteries avec un de ces chats-poissons. Dame de Cœurs s'approcha à petits pas, sa démarche était gracieuse, fière et confiante à la fois. Sa queue était bien haute et sa posture était visiblement dominante, sans oublier une tête haute accompagné d'un regard de travers à l'égard de la chatte étrangère.

- Allons allons, on a rien de mieux à faire que de rigoler avec la bestiole maintenant ? ricanna-t-elle en esquissant un sourire malicieux. Si ce n'était pas du bruit, je croirais que tu étais en train de parler à un poisson mort depuis un bon moment ! Elle s'esclaffa après cette blague déplacée, ignorant complètement la présence de la femelle inconnue. On te croirait fou ! Nouvel éclat de rire. Allez, je te laisse, essaye de ne pas mourir asphyxié par l'odeur hein ! La dame s'éloigna ensuite tout en gloussant, la queue toujours haute. Elle avait définitivement réussi à faire passer le message souhaité.

Air de famille. (45)


J'étais ravie d'avoir une conversation si légère avec le sous-chef de nos "ennemis". Un ennemi plus sympathique que bien des "camarades" que j'avais pu connaître ! Entre lui, Flocon d'Amour et Amour-en-Cage, mon séjour dans le clan du Tonnerre se passait plutôt bien. Coup de Foudre ria de bon coeur à mes expériences passées, à la place d'être choqué, comme beaucoup habituellement. "Quelle guérisseuse ferait ça à un chaton ?" La meilleure d'entre tous. Lié par les passions, non pas la qualité de mon sang. Chatonne, elle avait été un véritable appui pour moi. Si bon appui que j'en oublié parfois que je ne faisais plus partie de son clan à elle, ce que le Bengal releva. Ah, les bons souvenirs déliaient les langues. Mais je ne faisais pas non plus spécialement attention à cacher mon étrange parcours. Une guerrière au sang sans doute Lunaire, qui n'a même pas grandi dans le bon clan. Je n'en étais pas gênée. Et je fonctionnerais comme j'ai toujours fonctionné. Si on me cherchait des puces, c'était bien eux qui allaient se gratter, vu que j'allais garnir leurs nids de plantes-à-gratter !

Et en parlant du loup...

Bien sûr que le rêve était trop beau. J'étais tout de même une chatte de la Rivière qui dormait, même si momentanément, dans le camp du Tonnerre. Les langues de vipères arrivaient, et osaient enfin hausser la voix. Car j'étais une experte pour remarquer qui parlait mal de moi.. La siamoise se glissa entre nous, pour ne pas dire qu'elle me marcha sur les pattes. J'eus un mouvement de recul avec mon corps, mais mes pattes restèrent bien là où elles étaient. Je ployais rarement face aux autres. Mes oreilles se couchèrent à l'entente de ces nouvelles insultes. Bestiole, Poisson mort, Asphyxié par notre odeur.. Je contenais mon grognement. J'étais plutôt adeptes des coups bas -que je clamais dans leur gueule juste après, douce incohérence qui en déroutait beaucoup-. Voilà enfin qu'une non amie de la Rivière osait se montrer. Je la regardais filer plus loin, comme fière de son coup et la queue bien haute, après avoir miauler ce qui devait lui démanger la gorge. Je pestai entre mes canines.

" .. Excusez moi d'avance si vous recevez quelques plaintes de nids irritants, ce soir.. "

Forcément...

— « Allons allons, s'interposa une guerrière dans leur conversation, l'une de celles dont il avait justement fait allusion plus tôt. On a rien de mieux à faire que de rigoler avec la bestiole maintenant ?

À vrai dire, il ne connaissait pas son nom - c'était quelque chose comme Coeur? - mais il en avait entendu parler de la bouche de Bec. Grosso modo c'était une siamoise de son âge, avec une personnalité mariant à merveille la désillusion patriotique de Vipère Audacieuse et sa propre audace à lui. Aussi il n'était pas vraiment étranger à l'entendre cingler: Si ce n'était pas du bruit je croirais que tu étais en train de parler à un poisson mort depuis un bon moment !

Il prit la peine d'observer son manège, sans l'interrompre.

— On te croirait fou ! Elle éclata de rire, et il fut pris d'un petit gloussement. Allez, je te laisse, essaye de ne pas mourir asphyxié par l'odeur hein ! »

Et après son petit tour de piste, Coeur leur tourna le dos en levant haute sa queue pour ponctuer l'effronterie. À côté, Muguet s'était tendue, rondissant la nuque pour glisser entre des crocs serrés:

— « .. Excusez moi d'avance si vous recevez quelques plaintes de nids irritants, ce soir.. »

Coup de Foudre reconnaissait l'amertume dans sa voix. Tout ce qu'il fit fut de se pencher légèrement en avant pour glisser à Muguet un sourire:

— « Pourquoi punir les autres pour quelques pousses pourries? Admire l'artiste-

Mais avant que "l'artiste" ne put faire quoi que ce soit, surgit non-loin sa propre fille, courroucée, gonflant sa fourrure blanchie de motifs en nuages pour de Ciel se transformer en Orage:

— « Personne ne te laissera toucher les nids, espèce de vieux blaireau puant ! Ah, elle avait du les entendre.

— Et si t’es pas contente d’être ici, tu peux t’casser, l’étrangère ! Personne t’aimes ou te fais confiance ici, espèce d’indésirable ! De toute façon, t’as rien à faire ici !

Cette intervention suscita à quelques chats autour de se lancer des regards, et cacher à mi-voix qu'ils acquiesçaient. « Ça doit être la seule enfant de ce bâtard qui a toute sa tête » chuchota assez fort un guerrier pour que lieutenant l'entende. Il zieuta sur le fautif, l'interrogea d'un mouvement sec du menton, et on lui rendit son coup d'oeil en plissant le nez de reproche et en accumulant les grommellements ("pourquoi c'[était] lui, le Lieutenant, déjà?" "Il doit détenir quelque chose contre Étoile Masquée" "'pas d'autre explication"), mais personne, en ce moment, n'arrivait à déchiffrer au bengal sa pokerface. Et Ciel continuait de s'évertuer:

Tu nous as pris pour quoi, un refuge pour des poissons puants ? Ha ! Dans tes rêves ! Toi et ta chose, vous feriez aussi bien d’aller vous noyer dans la Rivière, c’est là que vous seriez les plus utiles encore ! Personne veut de vous !

Un sursaut dans les épaules trahit toutefois Coup de Foudre qui suivit des yeux comme serein, l'apprentie se diriger vers de la mousse qu'elle était venue chercher - sans doute pour ses tâches? Peu importe. Elle se pencha pour la ramasser, et de concert il effleura le sol en se mettant en marche, le pied traînant.

— « Ah oui, une dernière chose ! Arrête de faire perdre son temps au père de Ciel ! Le père qui se coulait vers elle. Sinon, elle se sert de ta peau comme griffoir ! Il a mieux à faire que de perdre son temps avec toi ! Il la surplombait.
— « Ciel.

Sans réserve aucune, Coup de Foudre abattit sa patte dans le dos de cette-dernière, et, suivant l'impact, l'applatit à terre en s'asseyant sur elle.

— Ce n'est pas comme ça qu'une cheffe se comporte.  Calme-toi, tu veux? »

Une chose de faite, plus que l'autre. Pour celle-ci, Coup de Foudre versa sa tête vers la siamoise qui tentait de prendre la poudre d'escampette, lui lançant, depuis sa position de fortune:

— « Oh, Coeur!  Fais-moi plaisir, tu peux répéter ce que tu as dit? Et sur un petit rire, sur cette mine de rien, il tendit une patte pour se la lécher, entreprenant de faire sa toilette en même temps: C'est ces poils d'oreilles, ils deviennent si longs que je n'ai pas entendu le moindre mot!   Alors recommence, voir?

Qui sait, peut-être que ça sera drôle, la deuxième fois. »

Les murmures s'étaient tus, des chats s'étaient hâtés de s'éloigner et les plus curieux avaient rivé leur attention sur la concernée.

HRP: