Humeurs nocturnes, ft Poivrouuuu - end

Le membre 'Souffle Poivré' a effectué l'action suivante : Don des étoiles

---

'Chasse - Collines' :

Les hautes herbes lui bloquaient la route parfois, en plein dans le chemin, la faute aux vents violents. Elle sautait par-dessus, insensible à l'effort que ça pouvait lui demander. Elle se remettait à courir, bondissait ou se faufilait sous les fougères, la verdure environnante. De l'incendie la vie avait repris, et les braises s'étaient éteintes pour former une nouvelle forme de vie. La renaissance du territoire du vent. Elle aussi devait se relever, arrêter de penser que dans le corps de son père le cœur ne battait plus. Il y avait un début et une fin à tout. Et dans cette folle nuit, là où elle et Poivre s'étaient envolés dans un monde rempli de bonheur, elle se croyait capable de surpasser cette douleur qui l'empoignait.

Ce dernier avait pris un peu de retard, parce qu'elle était partie comme une flèche, et parce qu'il devait essayer de chasser. Elle l'attendit un peu, et entendit le frottement des pattes d'une souris contre les herbes, et les grandes paluches de son meilleur ami qui n'avait même pas essayé de la suivre. Elle ne se moqua pas, sentant que lui-même arriverait à pratiquer l'autodérision dans cette nuit où tout semblait possible. Où chagrin et amitié se mêlaient pour former une étrange émotion, une atmosphère où ils marchaient sur des œufs avec leur joie de vivre, comme si ce n'était pas permis, comme s'ils osaient défier la Mort par leurs éclats de rire bruyants et les boutades qu'ils se lançaient.
" Tu sais, j'ai pas si faim… Je n'ai pas l'habitude de manger la nuit. Ça me fait penser que toi, tu ne mangeais jamais beaucoup. Mon génie te coupait l'appétit ? "

La rouquine secoua la tête, fort moqueuse. Elle jeta un œil un peu dépité à son corps. Maigre, ses côtes ressortaient et les muscles ne pourraient même pas la défaire de cette sensation de maigreur. Elle s'était habituée à sentir ses os rouler sous sa peau quand elle marchait ou courrait. C'était particulier, mais elle ne la sentait même plus.
Son appétit de moineau avec ses avantages : elle ne craignait pas vraiment la famine, et préférait que ceux dont le ventre gargouillait se nourrissent plutôt qu’elle. Cependant, elle en pâtissait niveau force, et dans un combat ultime, ce poids plume pourrait faire toute la différence, dans un mauvais sens.
" T'as peut-être raison, j'aurais dû rester ton apprenti plus longtemps... Ça doit terriblement te manquer... "

Poivre s’y croyait vraiment, pensa-t-elle avec une exaspération vraiment feinte. Ce sourire, ce murmure qu’elle ne connaissait trop bien lui avait drôlement manqué. Elle ne voulait même plus songer aux galères qui avaient parcouru leur route, tracé leur chemin. Le positif. Voilà tout ce qui devait rester.
« J’ai jamais été très grande mangeuse ! Et franchement, j’ai failli vomir de nombreuses fois en te voyant attaquer des bestioles comme un gros guignol ! A cause de toi, j’aurai pu être si maigre que j’aurai disparu, tu te rends compte ?! »

Eclat de Crépuscule ria sous cape. Son sérieux n’avait pas réussi à tenir, et la rigolade était arrivée avant la fin de sa tirade. Elle l’attendit, et lui donna un coup de tête sous le cou, parce que c’était le seul endroit qu’elle pouvait atteindre sans trop de difficulté, et ronronna.
« T’es vraiment con, mais au fond, qu’est-ce que je t’aime, toi ! »

Il faisait nuit, mais il faisait jour. La chaleureuse aura d'espoir que dégageait sa belle remplaçait bien tous les astres de l'univers. Un regard seulement, et cette brute grincheuse de Souffle Poivré valsait avec la grâce du chevreuil et la légèreté d'un vent d'été. Quand elle lui parlait, il s'éveillait dans une dimension tellement merveilleuse et envoûtante que la réalité devenait insignifiante. Souffle Poivré était comme fou, mais d'une folie qui n'avait rien de mauvais.

« J’ai jamais été très grande mangeuse ! Et franchement, j’ai failli vomir de nombreuses fois en te voyant attaquer des bestioles comme un gros guignol ! A cause de toi, j’aurai pu être si maigre que j’aurai disparu, tu te rends compte ?!
- Tu marques un point, ma pauvre Crépule... On dirait que je suis trop... délicat pour bien te nourrir. » Il tentait toujours d'être drôle et léger, mais il n'y parvenait plus aussi bien, il débordait tant d'émotion que cela faisait vibrer ses mots différemment.

Il prenait compte du terrible ennemi qu'était sa médiocrité, il réalisait qu'il lui faudrait encore se battre pour devenir le parfait camarade qui manquait à sa belle, mais toutes ces visions ne le tétanisaient plus, car elle était là. Au contraire : mille idées chevaleresques germaient en lui comment autant de moyens de se convaincre et de la convaincre de sa valeur. Tant que je ne lui aurai pas fait cadeau d'une proie, je ne mangerai pas. Et dorénavant, je ne me servirai plus jamais avant elle. Je serai celui qui l'aidera à trouver l'appétit, je veillerai sur elle plus soigneusement que n'importe qui... Je l'empêcherai par tous les moyens de me précéder dans la mort. Je serai digne de sa confiance, et elle le comprendra.

Il se retrouva soudain avec la tête ronronnante de sa belle dans son cou. Tout s'accélérait ou se figeait. Leurs ronrons se superposaient si bien qu'on n'entendait plus qu'un ronron. Il lui semblait qu'il n'existait que pour pouvoir accueillir sa belle contre lui comme il l'accueillait cette nuit-là.

« T’es vraiment con, mais au fond, qu’est-ce que je t’aime, toi ! »

Il était même si con qu'il en pleurait de joie. Incapable de répondre, il ferma simplement les yeux, et baissa doucement la tête comme pour mieux protéger ce trésor précieux et fragile qu'on lui confiait. Il serait resté ainsi jusqu'à l'aube, jusqu'à l'hiver, jusqu'à jamais. Cet instant merveilleux ne devait pas prendre fin. Mais la réalité, une fois encore, le rattrapa.

Était-ce dû à une longue immobilité, à une fatigue passagère ou à cet état d’apesanteur qu'il découvrait encore, nul ne le saurait jamais, mais une des pattes avant de Souffle Poivré se mit à trembler. Doucement au début, mais de plus en plus fort, et rapidement, avec une surprenante frénésie. Le guerrier qui sentait fort en fut le premier surpris. Ce tremblement, incontrôlable et inexplicable, ne semblait pas devoir s'arrêter, aussi Souffle Poivré dut-il se résoudre à se dégager doucement.

Immédiatement, le tremblement cessa. Souffle Poivré aurait bien aimé reprendre leur étreinte, mais ç'aurait été indélicat, après y avoir mis fin. De ses yeux enfin ouverts sortirent quelques larmes, mais étaient-elles seulement visibles, dans cette nuit brusquement si noire ? Souffle Poivré voulut reprendre la parole, mais il ne parvint qu'à coasser, la voix cassée :

« Tu sais quoi ? » un petit toussotement lui permit de reprendre d'une voix toujours timide mais moins enrouée : « J'ai toujours voulu te dire merci. Merci pour tout ce que tu as fait. » Il n'avait jamais eu autant l'impression d'être bâillonné par l'émotion. « Maintenant que je suis grand, je me rends compte que si tu n'avais pas été là... » Il avait encore la tête baissée, mais il se força à la relever, pour s'adresser franchement à sa belle. « ... Si tu n'avais pas été là, eh bien... Je n'aurais jamais rien été, je ne serais jamais rien devenu, je... » Il n'aurait jamais rien espéré. Il ne put pas finir, un petit hoquet l'avait arrêté. « ... Vraiment, Crépule, merci pour tout. Tu peux être fière de toi. » Sa dernière phrase était un lourd sanglot.

Il s'en voulut aussitôt d'avoir parlé. D'avoir trahi toute cette émotion qui le tenaillait, dans une minute qui devait être une minute paisible, une minute heureuse. Était-il vraiment capable de réconforter une amie en deuil, ou ne pouvait-il que se laisser stupidement transporter par tous ses états d'âmes ? Était-il au fond autre chose qu'un boulet, pour cette prodigieuse guerrière ?

Pourtant, il avait beau pleurer, il n'avait rien dit de véritablement triste. Au contraire : que pouvait-il y avoir de plus doux que sa folie ?

"Tu marques un point, ma pauvre Crépule... On dirait que je suis trop... délicat pour bien te nourrir."

Eclat de Crépuscule ne comprenait pas pourquoi il s'acharnait tant à essayer de la persuader qu'il était un être délicat. Peut-être essayait-il lui de se convaincre lui-même qu'il n'était pas qu'un abruti asocial, mais que sous cette carapace forgée vivotait bien un petit cœur tout mou, tout délicat.
Qu'importait. Elle ronronnait encore, et bientôt ils ronronnèrent à l'unisson, et sûrement que leurs palpitaient battaient au même rythme. Ce câlin d'amitié lui redonnait un boost qu'elle avait tant espéré, dans ces temps où sa douleur avait tout happé, où chaque mouvement, chaque parole menaçait de faire débouler des milliers de larmes salées. Inspirer cette forte odeur, qui lui rappelait tant de souvenirs, de leur rencontre à maintenant, était un revigorant. L'épice se mêlait au soleil, pour former une boule de feu indestructible qu'était leur amitié. Le crépuscule illuminait le sombre poivre, et le poivre rendait plus éclatant encore le crépuscule.

La boîte de Pandore s'était acharnée contre elle, l'avait submergée, et tous les maux du monde s'étaient abattus sur ses épaules. Mais l'espoir faisait son apparition, portant le nom de Souffle Poivré. Son sourire s'était reformé cette nuit-là, et il en était la cause. Elle ne pouvait pas même lui dire à quelle point elle était reconnaissante.
Toujours là pour l'épauler, pour la suivre dans une nuit noire à pourchasser les démons, pour la retrouver alors qu'elle l'avait abandonné, fidèle au poste. Elle n'aurait pas pu espérer meilleur ami pareil. Dans les bons comme dans les mauvais moments, il avait été là, avec elle. Ils avaient été ensemble, patte dans la patte.

Les ronronnements la faisaient doucement vibrer, mais bientôt Poivre se mit à trembler. Il se recula, et elle s'assit, posant un œil intrigué sur cette patte grise mouvante. Son regard se posa ensuite sur ces yeux jaunes qu'elle avait tant regardés, et s'aperçut non sans étonnement qu'ils brillaient. Avait-il attrapé quelque chose? Il n'avait jamais été très réactif au pollen, mais qui était vraiment à l'abri d'une allergie ? Elle ne comprenait pas franchement, mais bientôt l'éclat doré était redevenu normal, et il s'écria, d'une voix murie par un semblant d'émotion :
« Tu sais quoi ? J'ai toujours voulu te dire merci. Merci pour tout ce que tu as fait. Maintenant que je suis grand, je me rends compte que si tu n'avais pas été là… Si tu n'avais pas été là, eh bien... Je n'aurais jamais rien été, je ne serais jamais rien devenu, je… Vraiment, Crépule, merci pour tout. Tu peux être fière de toi. »

La rouquine avait les deux oreilles dressées, et ses moustaches étaient immobiles. Tout son être entier était finalement stable, seuls ses yeux brillaient si intensément, comme pour aller fouiner dans l'âme de Poivre, qu'ils donnaient une impression de vie que le corps ne dégageait plus. Une statue au regard scrutateur.
Autant l’incompréhension du moment du discours était grande, autant l’émotion qui la prenait était immense. Jamais il ne s’était tant ouvert à elle, l’avait remerciée. La plupart des compliments qu’ils se faisaient étaient uniquement des boutades, car ils savaient bien tous les deux qu’avoir une discussion sérieuse l’un sur l’autre ne les intéressait pas plus que ça. Mais dans cette nuit où tout semblait possible, où les rebondissements fusaient, où les sentiments se bousculaient, le moment était propice.

Elle était fière de son chemin parcouru avec lui. Ils avaient eu du mal, beaucoup de mal, mais elle avait, ils avaient réussi à forger un guerrier digne de l’être, malgré son caractère. Il n’était pas réputé très adoré et adulé par son Clan, mais jamais elle n’avait entendu des plaintes quant à son travail. Et il commençait à se faire quelques camarades, notamment ce Poil de Cyclone avec qui il passait beaucoup de temps.
Elle avait jeté sur lui un œil un peu maternel, pendant tout son apprentissage, mais désormais c’était en amie qu’elle le voyait. Et la fierté avait gonflé son cœur.
« Tu sais quoi ? Ca me touche énormément, ce que tu me dis. Je suis super heureuse de voir que j’ai pu t’apporter quelque chose de positif dans ta vie. Mais je n’ai pas tout fait toute seule, tu sais. Tu as beaucoup travaillé sur toi ! Tu as davantage de qualités qu’avant, et tes défauts se sont un peu éclipsés. Mais tu restes Poivre grognon et susceptible, va pas prendre tes grands airs, hein ! »

Elle secoua enfin la tête, et reprit, un peu émue elle aussi.
« Mais tu m’as beaucoup appris à moi aussi ! J’ai eu la chance d’être mentor super jeune, et on a avancé ensemble, autant sur les techniques de combat et de chasse que sur nos relations. Moi aussi je veux te dire merci parce que grâce à toi, je ne suis plus une gamine mais j’arrive à conserver mon âme d’enfant. Tu me rappelles bien qui je suis parce qu’on a évolué ensemble, on a grandi ensemble ! »

« Tu sais quoi ? Ca me touche énormément, ce que tu me dis. Je suis super heureuse de voir que j’ai pu t’apporter quelque chose de positif dans ta vie. L'espoir... Mais je n’ai pas tout fait toute seule, tu sais. Tu as beaucoup travaillé sur toi ! Tu as davantage de qualités qu’avant, et tes défauts se sont un peu éclipsés. ... ça me rend tellement plus fort... Mais tu restes Poivre grognon et susceptible, va pas prendre tes grands airs, hein ! » Je me sens tellement plus heureux...

Il pouffait de rire, tout bas. L'instant était étrange : il découvrait qu'il pouvait avoir honte, se sentir brave, rêver, avoir le cœur léger, tout en même temps. L'émotion l'étouffait mais il se sentait plus vivant que jamais. Il était dans un rêve et tourbillonnait comme une feuille portée par le vent.

« Mais tu m’as beaucoup appris à moi aussi ! J’ai eu la chance d’être mentor super jeune, et on a avancé ensemble, autant sur les techniques de combat et de chasse que sur nos relations. Moi aussi je veux te dire merci parce que grâce à toi, je ne suis plus une gamine mais j’arrive à conserver mon âme d’enfant. Tu me rappelles bien qui je suis parce qu’on a évolué ensemble, on a grandi ensemble ! »

Mais dès le début, Crépule, dès le début, tu étais formidable. Tu n'as jamais compris, je crois, ce don rare que tu as, ce don unique... C'est presque de la magie, même lorsque j'ai l'impression d'avoir des reproches à te faire, il suffit d'un regard, et j'en deviens incapable... Quand tu souffres, je souffre pour toi, quand tu ris, tu me fais rire, quand tu te blottis contre moi, je me dis que je te protègerai jusqu'à la mort... Il y a quelque chose, dans ta voix, dans la personne que tu es, dans ton regard, qui depuis toujours, me charme... Si seulement tu pouvais te voir et t'entendre comme je te vois et je t'entends... Tu comprendrais tout de suite. Jusqu'au bout, jusqu'au bout je ferai tout... Je serai digne de ta générosité, je serai loyal... Tu ne te connais pas, mais moi... Je te veillerai.

Son regard aurait été éloquent, mais le jour n'était pas vraiment levé. Ou plutôt... Il se levait à peine, dans son dos. Souffle Poivré devenait à chaque instant un peu plus invisible, le matin l’inondait et le faisait disparaître.

« Un de ces jours, ce serait bien qu'on se parle. » souffla-t-il après un court silence. « Je veux dire, un peu sérieusement. Mais ce n'est vraiment pas le moment. »

Il se trouvait trop sec, trop froid, trop cassant. Il avait peur que tout se devine, mais il ne voulait surtout pas laisser sa belle se persuader qu'elle avait eu tort de lui faire confiance. Il aurait aimé dédramatiser, ajouter qu'il n'y avait rien de grave dans ses mots, qu'elle n'avait pas besoin d'y repenser. L'urgent, après tout, était de penser les plaies. Il allait ajouter quelque chose, mais un spectacle attira son attention.

« Tu sens ? » murmura-t-il.

En une seconde, la nature s'était réveillée. La rosée s'était mise à suinter, des cris d'oiseaux s'étaient fait entendre. La végétation respirait d'une façon différente. Tout le corps de Souffle Poivré lui criait brusquement qu'il n'avait pas assez dormi. Le monde était encore obscur, mais la nuit avait disparu. Ce soleil-là n'annonçait pas seulement la fin de la nuit, mais aussi l'imminence d'un cruel et dangereux virage.

Et ce n'était que maintenant qu'elle se rendait compte de l'importance de leur évolution. Elle l'avait trouvé agaçant en tant que chaton, maladroit et défaitiste en tant qu'apprenti, et grognon en tant que guerrier. Mais malgré tous ses défauts, ils avaient réussi à passer outre. Elle se répétait encore et encore dans son esprit, regarder intérieurement une nouvelle fois l'échelle de leur progression. Mais qu'importait, elle était fière, fière et fière d'eux !
« Un de ces jours, ce serait bien qu'on se parle. Je veux dire, un peu sérieusement. Mais ce n'est vraiment pas le moment. »

Eclat de Crépuscule leva les yeux vers lui. Elle ne comprenait pas vraiment le sens de ces paroles. Elle venait de pleurer toute la soirée, ils avaient échangé des compliments mais des rires aussi. Et c'était dans cette relation toute la légèreté qui lui plaisait. Poivre était son pilier dans l'aventure de sa vie, et la facilité avec laquelle ils oubliaient les moments mauvais à deux rendait leur amitié plus belle encore.
Et il voulait qu'ils parlent sérieusement. Elle ne pouvait être plus sérieuse. Ils s'étaient tout dit. Elle n'avait rien à lui cacher, rien du tout, et pourtant sa voix ferme la laissait douter. L'incompréhension planait dans son esprit. Elle plissa ses paupières, intriguée et peut-être même inquiète. Il ne semblait prêt à lui dévoiler ce qu'elle voulait plus que tout entendre, comprendre. Soit. Elle attendrait. Le bon moment, comme il lui avait indiqué.

Il murmura une nouvelle fois :
« Tu sens ? »

La rouquine se tourna vers l'horizon, et inspira profondément. Oui, elle sentait. Elle voyait tout autant que lui le soleil qui se levait vers eux, qui illuminait leurs êtres démunis et si fragiles, la rosée qui humidifiait l'immensité herbeuse.
A son tour, pour ne pas briser le silence qui les entourait, pour ne pas briser cette bulle prête à se fissurer au moindre souffle, elle répondit, presque dans un souffle :
«Oui. »