Ma fille, ma bataille ft. Coup de Foudre et Source de Secrets - end

— Si je puis me permettre, s'interposa Source, après avoir échangé un regard avec l'un puis avec l'autre pour s'assurer d'avoir le droit de s'approcher et de parler à son tour, je crois que nous nous éloignons un peu du sujet, et je veux dire par là “ce pour quoi nous avons été rassemblés“.

Je n’avais pas vu les choses sous cet angle, elle dit, et je vous assure n’avoir jamais voulu vous insulter ni vous ni les reines.

Je me plierai à ce que vous me demandez et n’irai plus voir aucun de vos enfants jusqu’à leurs six lunes, que ce soit à la pouponnière et en dehors.

Risible.

Coeur de Puma interdisait-il à d'autres chats qu'eux de passer à la pouponnière et d'aller voir ses petits? Même Poil de Carotte y allait pour Ourse Polaire (et pour s'assurer qu'aucun bengal n'était là, à lui tourner autour). Pas difficile de deviner pourquoi ils étaient les seuls concernés.

Cependant, Cœur de Puma, j’aurais une dernière question. Et s’il vous plait, ne voyez pas cela comme une offense ni comme une remise en question de votre qualité de père, mais, comme vous l’avez relevé je suis jeune, et il n’y a pas si longtemps encore j’étais apprentie. Oui: la sienne.

Une enfant, pour faire simple, encore soumise à l’autorité de mon parent (Pas d'inquiétude: Coup de Foudre savait que l'appelation ne le désignait pas) et ma nourrice et je me rappelle très bien de ce que ça fait, d’avoir sa vie et ses fréquentations contrôlées même à l’âge de six lunes.

Source s'était aussi passée de mentionner à Coeur de Puma toute la discrimination qu'elle et le reste de sa portée maudite avaient subi.

— « Ainsi j’aurais voulu savoir... avez vous demandé à Petit Rossignol son ressenti sur nos visites ? Ce qu’elle en pensait ?

Quoi qu'en pense le vétéran, la question était pertinente. Coup de Foudre se rappelait très bien son interaction avec Rossignol - elle avait été sur son chemin, ils s'étaient mutuellement pris par surprise, elle lui avait demandé pourquoi il s'était couché à sa hauteur, il lui avait expliqué qu'il s'était contenté de l'imiter, et il avait compris, à mesure de l'écouter, qu'elle avait perdu sa mère. Ne pas savoir qui elle avait été ne lui empêchait pas de plaindre sa perte... Et c'était à peu près à ce moment que le vétéran était sorti de son groupe pour venir couper court cet échange.

Mais dans le présent, face au tandem implacable qu'était père-et-fille, Coeur de Puma s'était laissé tomber assis. Il avait une patte à son front, comme accablé de honte, échappant même un « Oh, par le Clan des Étoiles » qui fit mécaniquement sortir un « Langage. » de la part du Lieutenant.

— « Je crois qu'on ne s'est pas compris.

Vraiment.

Comptait-il revenir sur ses mots? Et pourquoi pas sur son intransigeance à leur égard? C'était presque amusant - Coeur de Puma semblait aux prises avec une détresse qui ne touchait ni la bicolore, ni le charcoal. Source de Secrets, il dit à sa fille, le problème n'a jamais été que tu fréquentes Petit Rossignol. Tu es une jeune guerrière oui, et je ne te connais même pas mais je sais que tu as une mémoire sans faille. J'aurais été ravi que tu fasses de ma fille l'une de tes amies.

"Tu as des qualités (en théorie)".

"J'aurais été ravi (en théorie)".

— Et quand je ne joue pas avec eux, il poursuivit, quand ils font la sieste, je parle aux reines qui s'en occupent. Et pourtant... et pourtant je ne t'ai jamais vu avec elle.

Si seulement tu-. Enfin si j'avais-... Il s'était presque mordu la langue. Bon sang, vous n'êtes pas allé la voir quand je m'absentais de la pouponnière, mais quand j'étais absent du Camp !
— Elle était de sortie près de la tanière des anciens, corrigea le bengal en plissant ses paupières, veillant à tuer dans l'oeuf cette paranoia qu'il sentait croître chez l'autre guerrier.

— Je suis quoi ? Un pestiféré ?! Un étranger ?! L'ironie de s'adresser de tel face à Coup de Foudre l'avait-il seulement effleuré? Entendait-il les mots que les autres guerriers utilisaient pour le définir? Il faudrait que je laisse des matous qui m'évitent volontairement s'entretenir avec ma fille sans même que je puisse savoir à quel sujet... ... parce qu'on ne veut pas que je sache ? Je pense que ma colère a tout de légitime.
— ...

Coup de Foudre se tut, sans n'offrir à Puma le soulagement de valider son émotion (en lui hochant la tête) ou de le provoquer (et la secouant). Et face à ce vide, Puma sembla démuni - il n'était à nouveau plus question de sa fille mais de sa vision du Clan:

— « Je bouffe les proies que vous rapportez de vos chasses. Et vous en faites autant des miennes.

Je vous faisais confiance. Voilà pourquoi je suis autant en colère.

Je n'ai pas peur de m'endormir à deux pas de vous.

Qui essayait-il de convaincre? Lui-même? Peut-être qu'il leur disait tout ça pour se convaincre lui-même. Est-ce que ça marchait? Car à le voir se reculer, Coup de Foudre glissa un regard interdit vers sa fille pour lui faire part de sa confusion et de son irritation en même temps.

— Alors quoi... Nous ne sommes pas camarades de Clan ?! »

Le bengal retourna vite son regard sur le vétéran. Il leva le menton, l'air de lui renvoyer la question. Coeur de Puma croyait-il réellement que le Clan voulait de lui? Se leurrait-il vraiment à croire qu'ils étaient camarades? Un vétéran avec une vie toute tracée d'avance comme l'avaient voulues les Étoiles, et un, comment c'était déjà. Un "Vieux Fou" qui avait "souillé" deux fois une Guérisseuse et dont son amour ne "l'avait pas rendue immortelle"? Une "vraie ordure", hein Raton. "Bien un connard", hein, Désert...?

— « Parler avec ceux qui protègent le même territoire que toi est une perte de temps ?! Régler les conflits en discutant... je croyais que c'était ton genre. Mais non ?! Tu es un solitaire du Clan du Tonnerre maintenant ?!

Ils l'avait estomaqué. Il s'en était retourné vers Source: Et toi, tu penses comme lui ?!

Coeur de Puma défaillait. Il s'était levé et il faisait les cents pas en voltes serrées. Et il réfléchissait à voix haute: Tu as quoi... allez... 3-4 lunes de moins que moi ?

Son regard s'accrocha au sien. Celui de Coeur de Puma était vibrant de sa couleur, de sa détresse. Il lui faisait pitié à tenter aussi misérablement de faire marche-arrière, mais n'était-ce pas ce qu'il avait toujours voulu? De voir les autres de réviser leurs comportements, leurs réactions, d'en parler, de les comprendre et d'en devenir meilleurs? Trois-quatre lunes de moins que lui, sauf que Puma vivait dans le Clan, il en était une part intégrale, on l'y acceptait, et Coup de Foudre était tout, sauf.

— Et tu parles de ma fille de 3 lunes en utilisant le terme de potentiel. Ça n'te rappelle rien ? De quoi il-- Je vais t'aider : Étoile de Suie.
Zappé de toutes parts, le lieutenant bondit sur quatre pattes.
— --Je t'interdis de me comparer à elle.
— Et elle faisait tuer les plus faibles. »

Son oreille guérie se pivota vers l'arrière - une inspiration fit soulever sa cage thoracique, et ses griffes étaient sorties de leur fourreau en creusant la terre et la pierre. Il miroita à Coeur de Puma tout de sa décontenance - les sourcils froncés, le grondement derrière les dents, les muscles bandés et les griffes fermement recourbées. Un sursaut prit son postérieur - il s'était abaissé une seconde, une toute petite seconde, où il se serait laissé décoller du sol dans un bond pour percuter le vétéran et lui prendre les mots de la bouche, mais à quoi bon?

À quoi bon - son dos se rabaissa, et ses oreilles s'applatirent de chaque côté de sa tête, et sa queue fouetta l'air et il tiqua son irritation de la langue en aplatissant fermement une patte vers l'extérieur, sans tout à fait faire face au vétéran, sans tout à fait lui faire dos.

— « Tsk. »

Il était encore gonflé à bloc, mais réagir à ses impulsions lui nuirait, au long terme. Alors plutôt que de répondre à toute sa tirade, il planta son regard dans le sien, engloutissant le reste de ses iris à l'aide de ses pupilles qui se dilatèrent jusqu'à la mydriase dans ses yeux:

— « ... D'où  crois-tu que me vient mon nom, il lui gronda. Tu penses que j'irais faire subir une connerie pareille à ta fille!? Je t'ai parlé de sa capacité d'observation, bordel, pas de son corps. »

Il s'avança d'un pas, se carrant face au vétéran.

— « Tu n'es pas avec moi quand j'échange avec les chats d'ailleurs. Il s'avança d'un autre. Tu n'es pas avec moi quand je parle à Étoile d'Or, il s'arrêta devant, lui faisant entrapercevoir l'émail de ses canines qui lui échappèrent sur une expression féroce:

Et tu n'étais pas avec moi quand  ma  compagne est morte. Il recula brusquement la tête, échappant un sourire qui se distordait de fiel: Et tu te prétends mon camarade??  Ha ha hah!!!

L'accusation dans ses yeux brillait de la même intensité que dans ceux du vétéran, mais il y avait aussi autre chose, comme un venin qu'on lui avait injecté cycle après cycle qui le rendait certain que les bonnes intentions d'autrui étaient aussi mensongères qu'on le disait des siennes. Et devant une telle tentative de lui mentir en pleine face, il ne pouvait s'empêcher de rire.

Tu t'fiches de moi-_ha-hah_-ha!

AUCUN de vous n'est mon camarade, Puma!

Il se tut entre deux gloussement, eut l'air de regarder ailleurs et il fit la moue en se rappelant Tigre. ... Passons: ...Tout ce qu'il me reste sont mes enfants - c'est bien pourquoi je suis prêt à respecter ton voeu en fichant la paix aux tiens.

Maintenant, prends cette gracieuseté entre tes dents, sois gentil et AVALE. »

Il souffla son air d'un soupir agacé, une oreille tordue à l'extrème tandis que sa queue battait la mesure derrière lui, et il eut la décence de faire volte-face, de cesser de fulminer dans les moustaches de son pair, et de reprendre sa sortie. Plus aussi implacable, ni aussi tranchant, et à l'intention de Source, il railla:

— « Sérieux, prendre rendez-vous c'est trop leur demander, ou quoi?

Cœur de Puma ne relève même pas lorsque son lieutenant prend le temps de préciser où Petit Rossignol se trouvait, lors de leur première rencontre. S'il ignore la remarque cette fois, c'est parce qu'il la trouve stupide. Oui, peu importe où Coup de Foudre a vu sa fille pour la première fois; toutes les fois suivantes, il a envoyé sa propre fille derrière le dos du vétéran; voilà ce qui leur était reproché depuis le début. Vraiment, après plusieurs minutes d'échange, ce n'est pas encore compris ?

Quand il finit, le père aux larges pattes sent la tension dans son dos qui s'élève : Coup de Foudre est piqué, comme depuis le début de cette conversation. Pas de quoi l'être pourtant. Ce qu'il avance est vrai : Étoile de Suie aussi s'intéressait aux petits pour leur potentiel. Sauf qu'elle tuait ceux qui ne correspondaient pas à ses attentes. Pour dire vrai, cette tension l'agace un peu. Il faut qu'il prenne tout mal, Coup de Foudre. Pas étonnant qu'il soit si seul si chaque initiative est une insulte pour lui, si chaque confession est une provocation.

Cœur de Puma se retourne complètement vers ses interlocuteurs, et alors c'est le lieutenant qui happe son regard. La colère se lit dans ses yeux, et son langage corporel suffit à faire comprendre au plus vieux qu'il vient de se retenir de lui bondir dessus.

« ... D'où crois-tu que me vient mon nom ? Tu penses que j'irais faire subir une connerie pareille à ta fille !? Je t'ai parlé de sa capacité d'observation, bordel, pas de son corps. »

Encore, il ne comprend pas. L'un de ses sourcils s'élève. Son nom ? Pourquoi est-il toujours question de lui ? Cœur de Puma n'en a rien à faire, d'où vient son stupide nom. Tout le monde sait qu'il vient de sa liste de conquêtes à rallonge, non ? Et de ses nuits passées auprès de la Grosse Suie. La première portée -en tous cas officielle- du typé bengal a bien été conçu un jour, non ?
Une connerie pareil ?! La mort ? Par le Clan des Étoiles, non ! Pourquoi croit-il toujours qu'il l'accuse des pires méfaits ?! N'en a-t-il dont pas assez de ses péchés avérés, faut-il qu'il s'imagine qu'on lui en accorde davantage ?! Sa queue gifle l'air d'agacement. Il perd patience.

La matou aux yeux jaunes se rapproche, encore tendu.

« Tu n'es pas avec moi quand j'échange avec les chats d'ailleurs. » Cœur de Puma est blasé. Parce que tu n'es pas censé aller les voir si souvent, peut-être ? Ou parce que je ne me prête pas à tes jeux de monte-moi-dessus ? « Tu n'es pas avec moi quand je parle à Étoile d'Or » Mh. Personne ne l'est, pas même Étoile Masquée alors... inutilisable. « Et tu n'étais pas avec moi quand ma compagne est morte. » avec un sourire. Le vétéran ne retient pas son expression de dégoût.

Sa compagne ? Alors maintenant il n'en a eu qu'une, hein ? Cœur de Puma connaît la douleur que représente la disparition brutale de son Amour. Ne serait-ce qu'imaginer que Coup de Foudre en a la moindre idée lui donne envie de vomir. Comme beaucoup, il a sa propre idée de la relation qu'entretenait jadis feue Secret du Firmament et Coup de Foudre. Soyons réaliste, s'il l'avait réellement aimé, il n'aurait pas permis à la guérisseuse de trahir sa promesse aux Étoiles. Mais la suite de son raisonnement vient ensuite.

« Et tu te prétends mon camarade ?? Ha ha hah !!! » La dramaqueen de continuer. « Tu t'fiches de moi-ha-hah-ha ! AUCUN de vous n'est mon camarade, Puma ! »

Et voilà, le verdict tombe. Coup de Foudre n'a pas de camarade. Il ne pense jamais pour le Clan, mais toujours pour lui. Et c'est ça qui l'a poussé à céder ses envies personnelles concernant la jeune guérisseuse. Le devoir qu'elle avait envers le Clan ne comptait pas, la responsabilité qu'elle avait choisi de prendre non plus. Les choix que Firmament avait fait pour sa vie, Coup de Foudre avait décidé qu'ils ne valaient pas leur relation charnelle. Quant à la défunte guérisseuse, elle était la seule responsable de sa trahison. Elle avait cédé à une tentation en pensant aussi égoïstement que son "compagnon", elle avait rompu un serment que personne ne l'avait obligé à prononcer.

Est-ce que Coup de Foudre avait aimé sa soit-disant compagne ? Pour Cœur de Puma, sans doute que non.
Quant à oser parler de compagne... Autant dire compagnie. Parce que compagne, on en a une. De la compagnie, on en trouve partout sous toutes les formes. Et on ne peut pas vraiment dire que la réputation du lieutenant permet de penser qu'il a été exclusif à qui que ce soit.

Il est malade. Plus encore qu'Étoile Masquée.

Le malade finit sa tirade : « ...Tout ce qu'il me reste sont mes enfants - c'est bien pourquoi je suis prêt à respecter ton vœu en fichant la paix aux tiens. Maintenant, prends cette gracieuseté entre tes dents, sois gentil et AVALE. »

Toujours du dégoût.
Mais il n'a pas tort à ce sujet : le bengal pourrait très bien se faire mentor de Rossignol, qu'il n'aurait pas son mot à dire, d'après le Code. Alors devant cette grosse quinte de toux psychologique, Cœur de Puma s'abstient de poursuivre l'échange. L'autre prend de toute façon congé aussitôt terminé, glissant une dernière réplique salée à sa fille bicolore. Qui réapparaît alors aux yeux de Cœur de Puma -c'est que le spectacle était prenant.

« Je crois que Cœur de Puma est tout simplement un père un peu trop inquiet qui souhaite comme bien d’autre le meilleur pour ses enfants, et qu’il a donc sur-réagit.
- Non. » répond-il de but en blanc.

Qu'est-ce qu'elle essaie de faire, sauver les apparences ? Il est venu en les accusant de se jouer de lui, de l'éviter pour accéder à sa fille (sans comprendre leurs réelles intentions). Elle a beau sous-entendre qu'il est trop protecteur avec tous les mots de son vocabulaire bien soigné, le discours que vient de lui offrir son père confirme ses accusations. Comme les autres, Puma était un matou duquel il faut se méfier, qu'il faut duper. Il n'est pas trop inquiet là-dessus, on veut bel et bien faire les choses dans son dos. Quel genre de choses ? Il l'ignore à nouveau; les précédentes explica- excuses du duo n'ont plus rien de fiable.

« La colère d’un père sera toujours légitime. » Il lève les yeux au ciel, voilà que la gamine s'y met aussi. « mais surveillez les mots que vous choisissez. » Il l'a fait. Quoi qu'ils aient interprété, Coeur de Puma n'a jamais avancé que Coup de Foudre était en tout point comparable à Étoile de Suie. Mais que oui, des parallèles peuvent être faits. Maintenant, si le complexe d'infériorité du lieutenant le rend si fragile, lui n'y peut rien. « Étiez vous là, le jour de ma leçon d’histoire donnée à mes petits frères et sœurs et, au passage, à tous ceux qui avaient visiblement besoin d’un rappel ? Sur les horreurs d’Étoile de Suie et la honte que nous portons depuis ?
- Pfff. »

Il n'était pas là. Et il s'en fout.

« Car si ce n’est pas le cas, je peux tout à fait recommencer. Je sais que vous avez connu Étoile de Suie et pas moi, mais comme vous l’avez correctement remarqué, j’ai bonne mémoire. En revanche, si vous étiez là, peut-être devriez-vous essayer de vous souvenir qui était à côté de moi, et qui a sollicité ce rappel, avant de vous lancer dans des comparatifs douteux. »

Il la regarde avec agacement, et répond simplement :

« Tu as raison : tu n'étais même pas née quand tout cela est arrivé. Alors je me passerais d'entendre ce qu'on a bien voulu te raconter sur Étoile de Suie comme si je l'ignorais, même si tu les as retenu à la virgule près. » Ses yeux sont posés sur Coup de Foudre -qui part déjà- lorsqu'il finit. « Car chacun dit bien ce qu'il veut là-dessus. »

Il fait demi-tour, ignorant la potentielle réponse de sa cadette. Ce n'est pas pour elle qu'il dit ça.
Il n'est pas même plus irrité par l'audace stupide de Source de Secrets. On sait qui l'a élevé après tout, non ? Celui qui s'est permis un regard malicieux lorsque Cœur de Puma demandait s'il était pris pour un idiot. Celui qui n'a pas de camarades dans son Clan.

Il repart plus inquiet qu'il n'était venu. Son lieutenant ne pense pas pour le Clan, mais pour lui. Et son meneur est porté disparu depuis un moment. Comment ne pas céder sous le poids de la peur ? Comment continuer à croire au Code, quand il permet à de tels spécimens de mener le groupe ?

Ses pattes le promènent à travers la forêt, où bientôt se hissent quelques pins. Il ne peut pas retrouver ses petits maintenant sans céder. Il s'approche de la Ville. Bientôt l'herbe qui entoure les jardins pavillonnaires plient sous son poids et dans ses narines pénètre le doux fumet de cataire. Le mâle s'arrête à hauteur d'une touffe de tige vertes. Il attend un instant et fouille les environs du regard, voulant jouir de l'euphorie en toute discrétion. Et puisque personne n'est là, il se sert d'un geste expert.

C'est là qu'il craque depuis quelques lunes.