Ma petite sœur, quelle famille. | ft Source - end

Ma petite sœur, quelle famille. (lune 68, avant l'assemblée du clan)


Quelques jours s'étaient écoulé depuis le dîner de famille. J'en ai gardé un souvenir amer, bizarre. J'aurais voulu mieux en profiter, mieux passer du temps avec chacun des membres de cette grande famille. Famille qui s'agrandirait bientôt, au vu du ventre de Flocon d'Amour et des doutes de Belle Châtaigne. L'argentée avait décidé de rejoindre la pouponnière ce matin, elle irait en parler à Amour-en-Cage. Châ-teigne se donnait un peu plus de temps pour y réfléchir mais pensait aussi qu'elle allait devoir rejoindre les reines. Si l'une était comblée de joie, et l'autre mi-embêtée, mi-assurée, j'étais personnellement totalement paniqué, à l'intérieur. Je ne pouvais pas me défiler devant les deux futures reines, pas devant Flocon qui avait assurément les miens, et qui allait peut-être découvrir avec moi si ceux de Châtaigne étaient à moi aussi. "On le saura à la naissance, selon leur fourrure. Mais au vu de mes dernières relations..." m'avait confié mon amie d'enfance... Ohlalala, j'espérais pour la brune et ses chatons, que le père était un autre, en meilleur condition que moi, avec une meilleure gueule. Et pour ma gueule, tiens, j'espérais ne pas avoir donné des chatons à une autre reine que celle qui était ma compagne. Certes, j'avais continué mes petites histoires, mais.. quel chat n'était pas au courant ! La seule chose que je ne savais pas c'était.... que je pouvais avoir des enfants ! Sérieusement, ils arrivaient seulement à ce moment ? Et en même temps ? Oooooh clan des Etoiles, certes je voulais être entouré d'une famille, mais là vous vous jouiez de moi...

Bref, Flocon d'Amour s'était levée tôt, car pressé d'avoir l'affirmative de cette "bonne" nouvelle. Du coup, moi, impossible de me rendormir malgré le soleil qui pointait seulement le bout du bout de son museau. Tendu, je me levai et décidai de faire un tour dans la forêt, pour m'aérer les idées. Je laissais aller mes pattes, ne voulant pas trop réfléchir. Je voulais abandonner mon cerveau aux sons des bois, aux sifflements alléchants des oiseaux, aux bruits de pas non loin de moi... Mon oreille se dressa. De la compagnie ? Faite que ce ne soit pas Belle Châtaigne ou Flocon d'Amour. Je les aimais toutes les deux mais là, j'avais besoin d'une pause. Heureusement, la fourrure blanche et noire de ma sœur me confirma l'absence de ces deux dernières. Je soupirai, rassuré, et remarquais qu'elle était seule également. Je remuai mes moustaches, hésitant un court moment, avant de décider d'aller la rejoindre. Parler d'autre chose avec ma petite sœur me fera du bien. Je trottai et la hélai d'un ton que je voulu détressé.

" Hé, S'ourc'e de S'ecret ! Bonjour ! "

Deux trois pas, et me voilà près d'elle, et de son odeur fleurie. C'était nouveau d'ailleurs, une demie lune qu'elle sentait ainsi. Pourquoi pas. Je me bouclais les moustaches, elle se roulait dans les fleurs. Chacun sa manière de se rendre plus charmant. Je souris, quoique cela ne camoufla pas ma mine fatiguée.

" Quoi de neuf p'tite s'oeur ? On n'a pas pu trop parler au dîner.. Et ç'a fait un moment que je n'ai pas vu tes beaux' yeux bleus ! "

Yeux bleus qui... lorsque je m'y plongeais un moment, semblaient fatigués, eux aussi...

Quand est-ce que le soleil était devenu aussi aveuglant ? Source de Secrets se réveilla, comme à son habitude, lorsque les premiers rayons du soleil commencèrent à se frayer un chemin entre les branches épaisses et feuillues de la forêt. En temps normal, elle s’étirait, commençait une toilette rapide mais quasi stratégique pour avoir le plus beau pelage possible, passait quelques coups de pattes dans ses joues pour y faire rebondir les poils et se mettait en route pour une toute nouvelle journée. Mais aujourd’hui, à peine fut-elle debout que, quand le soleil éclaira ses yeux, elle eut un mouvement de recul. Son masque blanc et ses yeux bleus ne devaient pas l’aider, mais c’était surtout le stress et le manque de sommeil qui les rendaient si sensibles à la lumière.
Tant pis, il faudrait faire avec. Elle avait encore un peu le temps, tant que tout le monde dormait, pour aller vérifier que tout allait bien du côté de ses parents. Elle se mit en route, tête baissée pour éviter l’éclat du jour qui se faisait de plus en plus présent. Heureusement que la bicolore connaissait la route; elle ne passerait pas des heures à chercher son chemin en regardant la terre défiler sous ses pattes.

Source de Secrets s’arrêta.
Elle connaissait la route, son odeur, ses bruits d’oiseaux habituels — mais il y avait quelque chose qui n’avait rien à faire ici ? La suivait-on ? Si on la voyait aux côtés de deux cadavres, celui du chef du Tonnerre et d’une guerrière de la Rivière, elle aurait des problèmes. Non, pire. L’avait-on déjà percée à jour ? Savaient-ils pour la renardière ? Attendaient-ile qu’elle soit enfin seule pour lui tendre un piège, et lui ôter la vie à leur tour ? S’ils avaient fait des conclusions hâtives et pensaient qu’elle était la meurtrière... et qui étaient-ils d’ailleurs ? Des guerriers de son Clan ? Du Clan de la Rivière ? Des Solitaires ? Discrètement, elle banda ses muscles et sorti la pointe de ses griffes, prête à se défendre. Qui sait à qui elle aurait à faire, si ce n’était le Clan des Étoiles lui-même ?
L’origine du bruit lui faisait dos, alors lentement, sans aucun geste brusque, elle se retourna et—

— Hé, S'ourc'e de S'ecret ! Bonjour !
— Bec Croisé ! répondit-elle avec un faux enthousiasme et un faux sourire.

Elle aimait son frère, mais il ne tombait vraiment pas au bon moment. Enfin bon, au moins, ce n’était que lui, et pas un attroupement de guerriers venus venger leur défunt chef. Son cœur battait encore la chamade dans sa poitrine, mais elle rangea ses griffes, s’efforça de se détendre, et passa un coup de langue sur son épaule pour encourager ses muscles à cesser leur caprice.

— Quoi de neuf p'tite s'oeur ? On n'a pas pu trop parler au dîner.. Et ç'a fait un moment que je n'ai pas vu tes beaux' yeux bleus !

La guerrière était vraiment désolée pour son frère, mais il fallait qu’elle s’en débarrasse, et de préférence, sans qu’il ne se doute de rien. Le temps pressait, les autres se réveilleraient bientôt et organiseraient les patrouilles. Si elle voulait s’assurer que le secret reste bien gardé alors—

— Oh, rien que tu n’aies pas déjà entendu... j’allais chercher quelques fleurs, et toi ? Tu es bien matinal aujourd’hui !

Ma petite sœur, quelle famille. (lune 68)


La bicolore sursauta, j'avais du m'approcher trop discrètement. Je lui fis un petit mouvement de sourcil qui traduisait "Je s'uis dés'olé !" Je ronronnai néanmoins, contente d'être près de la présence rassurante de ma soeur. Nous étions les deux qui s'entendaient le mieux avec notre père donc ça rapprochait l'air de rien. Les deux à s'inquiéter pour lui et à se concerter à ce sujet. Mais on ne parlait pas que de lui, bien sûr. Là, ça me ferait bien de parler d'elle, d'autre chose que ma vie, ou, juste la paternité. Il sembla qu'elle n'avait pas trop de nouvelles à me donner. Dommage. Elle parlait tout de même de fleurs, ce qui me fit redresser les oreilles. Oh pourquoi pas ! Des fleurs, de la cueillette, se faire beau, ça me ferait du bien je pense.

" Tu vas chercher des fleurs ? C"est bien de prendre s'oin de s'oi ! C'ela t'embête s'i je t'y accompagne ? Après tout, s'entir bon est toujours agréable ! Puis ç'a mettrait mes' yeux en valeur tu ne trouves pas ? "

Et là je lui fis des petites poses de chat modèle, le regard charmeur et un clin d'œil exagéré qui fini sur un rire. Je noyais un peu la raison de pourquoi j'étais si matinal. Je fis quelques pas vers une plaine de notre territoire.

" On y va S'ourc'ette ? "

MA PETITE SOEUR, QUELLE FAMILLE - Lune 61 (avec l'ellipse inversée yes) - Age 33 L.


La bicolore regarda de plus en plus nerveusement autour d'elle tandis que j'insistai pour la voir. Elle me remballait. Je m'étais déjà pris des râteaux d'autres chats -et je ne draguais pas ma soeur, bande d'esprits mal tournés-, donc je savais bien quand on me repoussait, même gentiment. La distraction que sa compagnie devait m'offrir s'échappa. Une légère inquiétude prit place, surtout face à ses réponses sèches. Elle avait hérité du parler de Léopapard, chanteur et joueur, donc ce ton était bizarre. Et se rattrapa, je souris un peu crispé. Je tournai mes oreilles totalement vers elle, illustrant mon envie de l'aider.

" Tu es s'ûre de vouloir y aller... peu importe où, s'eule ? Ca s'emble de s'tres's'er. Je s'uis ton grand frère tu s'ais, tu peux me demander c'e que tu veux, promis. "

Et je lui souris, posant ma patte sur la sienne, sans me douter que j'étais en train de jouer avec le feu de ses tourmentes.

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J'avais insisté un peu trop. Pourtant je le savais, que comme elle me l'hurlait dessus, que non c'était non. Je l'ai bien appris au cours de mes diverses conquêtes. Mais comme là je ne voulais rien conquérir du tout, juste aider, je ne m'étais pas rendu compte que je poussais pas ma petite sœur à se délester de ses soucis, mais que je l'enfonçais d'avantage dans sa peur ? Source de Secrets était grande, et j'étais vraiment petit. Mais la voir crier sur moi, son pelage la rendant deux fois plus grosse, ses crocs clairement au-dessus de ma tête, mon sang ne fit qu'un tour. Je me ramassais sur moi-même, les griffes enfoncées dans la terre, prêt à déguerpir. Ma petite soeur, toute jolie, qui sentait les fleurs, que Léopapard adorait, et je l'avais fâchée. Elle était fachée car ses parents étaient morts, mais... mais pas Coup de Foudre ? Que ? Je ne comprenais plus grand chose à la situation, alors que je voulais juste aider. Je me mis à paniquer, encore plus que lorsqu'on m'a annoncé la double grossesse. Je me mis à respirer difficilement, toujours replié en boule sur moi-même, me soumettant à la dominance de la colère de la bicolore.

" Je.. hhhh.. je ne voulais pas te fâcher je.... je s'- s'avais pas, tu as rais'on... hhh.. Je ne s'ais même pas bien aider ma petite s'-.. s'oeur. P-pardon, pardon... "

Minuscule brune boule que j'étais devenu.

" Je ne veux pas t'embêter, je... je veux jus'te... être loin du camp, de Belle Chataigne et Flocon d'Amour.... J'ai peur... Elles vont m'arracher les' oreilles quand elles vont voir les bébés moches q-que je leur ai donnés. "

Je me morfondais en excuse depuis cinq bonnes minutes peut-être, mais il n'y avait plus aucun chat pour m'écouter. Source de Secrets avait fuit dès qu'elle avait failli prononcer le nom d'Etoile Masquée. Mais trop abasourdi par le choc de m'être fait hurler dessus, et trop apeuré de retourner au camp, la seule chose que ma tête acceptait de faire était de chouiner seul.. au milieu des bois.

J'étais nul. Un frère nul, et bientôt un papa nul.

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