Les bêtises [PV Petit Chardon] - end

Pour se venger, Petit Chardon lui envoya une petite baie et ça fit bien rire Petite Morsure qui observa son pelage un peu salit. Elle voulait s’amuser encore plus et prit son élan pour sauter sur les baies. Si elle les éclatait suffisamment fort, son frère serait aussi aspergé de jus de baies.

La petite avait prit assez d’élan. Elle commença sa course vers les baies quand des pas retirent dans l’antre. Leur nourrice entra dans la tanière, prit une grande inspiration avant d’hausser le ton.

- Que faites-vous ici ? Vous êtes dans un état !

Surprise, Petite Morsure glissa et finit le derrière dans le tas de baies, éclaboussée de jus. Le visage de sa nourrice se décomposa et elle soupira d’agacement. Sa queue tapait le sol, tandis qu’elle s’assit toisant les deux chatons.

- Venez ici. Toi ! Elle toisa Petite Morsure du regard. Je t’avais consignée à la pouponnière pour la matinée. Midi est pourtant encore loin. Quant à toi ! Elle toisa Petit Chardon cette fois-ci. Je te croyais plus sage à ne pas faire ce genre de bêtise. Je suis très déçue de vous deux. Sortez d’ici. Je vous trouverais une punition exemplaire.
- Non ! Punis pas Petit Chardon ! C’est mon idée !
- Il aurait dût dire non ! Il est aussi responsable que toi !

Tête basse, Petit Morsure s’approcha de l’entrée tout en jetant un regard désolé à son frère.

Ça n'avait pas manqué.

Alors que Petite Morsure allait répliquer, ignorant complétement la requête de Petit Chardon de ne pas trop se salir histoire de ne pas s'attirer trop d'ennuis, une voix retenti dans la tanière, figeant les deux chatons.

Visiblement, leur nourrice du jour en avait eu marre de regarder Petit Poulpe roupiller et était venu voir ce qu'ils faisaient... Et, évidement, ce qu'ils faisaient, c'était quelque chose d'interdit. Déjà que Petite Morsure n'était même pas censé avoir le droit de sortir de la pouponnière... D'ailleurs, elle le lui rappela, l'air furieux. Les oreilles aplaties sur le crâne, Chardon essayait de se faire tout petit. Il n'était pas puni, lui, techniquement, donc... C'était moins grave, non?

Raté. La nourrice se tourna vers lui et il se prit une bonne pelletée de reproches à son tour. Courroucé, le chaton avait envie de lâcher un gros 'c'est pas juste!', retenu par l'envie de ne pas faire de scène. Mais, vraiment, c'était pas juste. C'était même pas son idée !

Comme si elle avait lu dans ses pensées, Morsure se mit entre leur tutrice et lui, plaidant pour qu'il échappe à la punition. Parce que c'était son idée à elle. Et elle avait l'air drôlement embêté. L’agacement de Petit Chardon disparu tout d'un coup. Ça changeait tout, ça. Pas question que Morsure prenne toute la responsabilité dans l'histoire. Évitant tout de même de trop regarder la chatte en colère dans les yeux, parce qu'il n'aimait pas se faire disputer, le chaton grommela :

"Non, mais c'est bon, c'est ma faute aussi." Et, de mauvaise foi, "Pardon."

Il alla retrouver Morsure à l'entrée de la tanière, faisant de son mieux pour lui sourire, même si ses babines refusaient de coopérer, encore trop frustré de s'être fait engueuler. Mais il voulait quand même que Morsure sente qu'il ne lui en voulait pas. Pour le temps que ça avait duré, ils s'étaient quand même bien amusés. Tant pis si ils devaient passer la journée cloitrés dans la pouponnière pour ça...

Assise devant la tanière du guérisseur, Petite Morsure regardait devant elle, les yeux humides. Même si elle avait dit que Chardon serait puni avec elle et que ce serait rigolo, c’était pas drôle du tout que son frère soit puni pour sa bêtise. Elle parle toujours avant de réfléchir. Mais elle n’a jamais aucune mauvaise pensée ni intention. Elle avait juste voulu s’amuser avec son frère.

La reine mis un temps avant de sortir, peut-être pour organisé un peu le bazar que les chatons avaient mis. La femelle fini quand même par ressortir avec une petite boule de mousse en gueule et passant devant les chatons en les ignorant et se dirigea vers le petit coin. Petite Morsure s’agita dans la poussière, ne supportant pas de devoir rester assise sans rien faire à part attendre.

Finalement, la nourrice revint se mettre devant eux et les regarda de toute sa hauteur. Elle ne dit rien dans l’immédiat et la femelle bleue était suspendue à ses lèvres. Elle ne supportait plus l’attente et voulait connaître sa punition afin d’en finir une bonne fois pour toute.

- En fait, je ne vais pas vous punir. Enfin pas complètement. Vous êtes libre de vous balader dans le camp ou de rester à la pouponnière. Par contre, interdiction de vous laver.
- Mais c’est pas une punition…
- Laisse-moi finir. Interdiction de vous laver et quand quelqu’un vous demandera pourquoi vous êtes si sales, vous serez obligés de lui expliquer ce que vous avez fait pour finir comme ça. Peut-être que cela vous fera réfléchir à votre comportement. Allez, filez. Mais n’oubliez pas que je vous surveille.

La reine repartit et alla s’allonger sur le seuil de la pouponnière. Un peu dubitative, Morsure se tourna vers son frère, la confusion brillant dans son regard.

- Du coup, on est punis ou pas ? Ça a pas l’air. Tu veux qu’on aille demander une histoire aux anciens ?

'Pas de punition', la tutrice avait dit. En fait, c'était pire que ça. De devoir trainer dans le camp sous le regard des autres, et de devoir expliqué pourquoi ils étaient dans un tel état... C'était terrible ! Petit Chardon fronça le nez, ravalant les protestations qui menaçaient de s'échapper de sa gueule. Enfin, mais quelle punition stupide ! Il aurait bien aimé pouvoir dire qu'il s'en plaindrait à Étoile Déchirée, d'être traité aussi durement, mais... Eh bien, pas question d'avouer à sa mère qu'il s'était laissé trainé dans cette aventure dans la tanière du guérisseur. Même si, fatalement, elle finirait bien par l'apprendre.

Ah, quelle mauvaise idée...

Au moins, ils allaient s'épargner une longue toilette frustrante et pleine de reproches, c'était déjà ça.

Comme à son habitude, Petite Morsure n'avait pas l'air d'avoir enregistré ce qui s'était passé, lui demandant si il voulait aller voir les anciens, comme ils n'étaient pas punis, finalement. Petit Chardon soupira.

"Si on va voir les anciens maintenant, ils vont drôlement nous disputer parce qu'on sera allé chez Feuille de Saule et qu'on sera obligé de leur dire..."

Le chaton désigna un petit coin près des roseaux d'un mouvement de la tête. C'était dans le champ de vision de leur nourrice, mais aussi dans une partie un peu plus reculée et calme du camp. Avec un peu de chance, peut-être que personne ne viendrait les embêter, si ils se tenaient à carreaux là bas.

Enfin. Être discrète, c'était pas forcément le point fort de Morsure. Ça valait quand même la peine d'essayer.

"Viens, on va là bas plutôt."

Et puis, il y avait de l'eau, près des roseaux. Si par le plus grand des hasards un des chatons finissait mouillé, ça ne compterait pas comme faire sa toilette, non...?

Petite Morsure ne comprenait pas. Ils n’avaient pas l’air punis, pourtant, Petit Chardon avait l’air de faire la tête. Il n’y avait pas de raisons ! Puisqu’ils n’étaient pas punis du tout. Mais la petite ne voulait pas abandonner son frère alors qu’elle l’avait entraîné dans ses bêtises. Elle le suivis jusqu’à un petit coin dans les roseaux.

Elle eût faim au bout d’un moment et alla chercher un poisson à partager avec son frère. En chemin, elle croisa Plume de Neige qui l’a regarda avec des yeux ronds, lui demandant pourquoi elle était dans cet état. Suivant les ordres de sa nourrice, la chatonne raconta sa bêtise. La reine soupira avant de remuer les moustaches, déçue.

- Si j’avais su que tu ferais une telle bêtise, je n’aurais pas levé ta punition. Je te pensais plus réfléchie.

La femelle baissa les yeux mais alla quand même choisir un poisson qu’elle rapporta à son frère. Ils le partagent et la chatonne comprends vraiment qu’elle a fait une bêtise quand elle retraverse le camp pour aller au petit coin. Elle avait sentit le regard des autres sur elle, elle avait entendu quelques murmures. Et quand la petite revint vers son frère, elle avait la tête et les oreilles basses.

- On a fait une grosse bêtise, hein ? Et je t’ai entraîné dedans… Désolée Chardon…

Encore contrarié de s'être fait attrapé et punir, Petit Chardon suivit d'un œil distrait la progression de sa sœur dans le camp tandis qu'elle allait chercher quelque chose à manger. Le chemin de Petite Morsure finit par croiser celui de Plume de Neige. Même si il n'arrivait pas à les entendre depuis son petit coin de roseaux, Petit Chardon frissonna. Elle avait l'air fâché, Plume de Neige. Super. Ils allaient finir par se faire disputer par tout le camp, avec cette punition idiote...

L'air penaud de Petite Morsure quand elle revint vers lui avec un poisson et des excuses l'aida cependant à relativiser. Déjà, parce qu'il avait faim, alors ce petit repas tombait à pique. Ensuite, parce qu'il n'aimait pas voir sa sœur d'habitude si enjouée avec cette moue désolée. Alors même si c'était elle qui l'avait trainé dans cette histoire, pas question de lui en vouloir !

"Bah, ça aurait pu être pire... Imagine si c'était Feuille de Saule qui nous était tombé dessus ! Il nous aurait peut-être forcé à ranger toute sa tanière pleine de feuilles puantes !"

Comme toujours, Chardon n'avait pas l'air très enjoué, mais il fronça quand même le nez d'un air espiègle, comme si il pouvait vraiment sentir toutes les bizarreries odorantes de la tanière du guérisseur. Enfin. Le parfum des baies était toujours collé à son poil, mais au moins ça ne puait pas vraiment. Il aurait quand même bien aimé pouvoir faire sa toilette...

Jetant un coup d’œil à l'eau derrière eux, Petit Chardon chuchota :

"Dis, tu crois qu'elle serait très en colère si on se mouillait un peu...? Mes poils collent, ça m'énerve."

Petit Chardon n'aimait pas trop l'eau, mais il valait mieux être mouillé que couvert de jus de baie incriminant. Peut-être qu'ils échapperaient aux remontrances du reste du clan, comme ça. Même si, à bien y réfléchir, leur nourrice trouverait sûrement quelque chose à redire sur cette façon de contourner son interdiction...

Chardon ne lui en voulait vraiment pas et Petite Morsure lui fit un sourire timide. Visiblement, son frère s’était amusé comme elle. Il lui fit même imaginer s’ils avaient été trouvés par Feuille de Saule et la femelle grimaça. Beurk ! Ranger les remèdes. Elle rangeait déjà pas son nid. Ça aurait été encore plus le bazar.

Elle vit son frère jeter un coup d’œil dans son dos et suivit son regard. Il regardait la mare derrière eux. La femelle semblait avoir la même idée. Elle voulait sauter dans la flaque. Ça la démangeais. On peut même la voir se frotter le derrière au sol, un petit ricanement plein de malice qui lui échappe.

"Dis, tu crois qu'elle serait très en colère si on se mouillait un peu...? Mes poils collent, ça m'énerve."
- Han ! J’ai une idée. Viens prêt de la mare. Encore plus prêt.

Leur nourrice ouvrit un œil, les surveillant, avant de se lever en constatant qu’ils étaient proches d’un point d’eau. Sans y prendre garde, Petite Morsure prit de l’élan , courut et sauta dans la flaque, soulevant une gerbe d’eau pour éclabousser son frère. Elle s’amusa à lui envoyer de l’eau sur le torse, essayant de ne pas viser son visage. Elle savait que son frère avait peur de l’eau.

Des bruits de pas retentirent derrière eux et Petite Morsure se tourna vers la nourrice, un petit sourire au visage. Elle avait encore fait une énième bêtise et sa nourrice soupira lourdement. Elle sembla agacée. On pouvait le voir à sa queue agitée. Elle prit la petite par la peau du coup et la secoua pour la gronder avant de la lâcher.

- Qu’est-ce qui te prends aujourd’hui, Petite Morsure ? Tu es imbuvable ! Tu m’énerve !

Au moins, Petite Morsure comprenait vite quand il s'agissait de désobéir encore. Elle mena Petit Chardon vers l'eau, et, sans hésiter, y plongea. Petit Chardon crachota alors que la vague soulevée par sa sœur l'éclaboussait. Pour une fois, il n'était pas mécontent de finir mouillé, satisfait de sentir l'eau le débarrasser du jus de baie et de la poussière.

Une bonne chose de faite.

Bien entendu, leur nourrice avait vu clair dans leur petit manège, et elle vint les trouver aussi sec, courroucée. Petit Morsure avait beau lui faire son plus beau sourire, elle ne se laissait pas attendrir. Histoire de tirer sur la corde un dernier coup, Petit Chardon osa une remarque :

"Elle a glissé."

C'était faux, bien sûr, et il faudrait être complétement idiot pour gober ça. N'importe quel chat connaissant un tant soit peu Petite Morsure pourrait l'affirmer - elle avait sauté dans l'eau de son plein grès, parce que c'était ce qu'elle faisait toujours. Mais bon, le mal était fait, et autant tenter le tout pour le tout... Le chaton essaya lui aussi de sourire, ses babines toujours peu coopératives quand il s'agissait de se dérider :

"Est-ce qu'on peut faire notre toilette juste pour se sécher, maintenant? On va attraper froid sinon." Se secouant un peu pour que l'eau perlant de sa fourrure donne plus de poids à son argument, il ajouta, "S'il te plait?"

Petite Morsure avait lâché un petit cri, plus d’indignité que de douleur quand sa nourrice la secoua, espérant lui faire rentrer du plomb dans la cervelle. La reine était fatiguée de ces chatons tous turbulent, à part Petit Poulpe qui ne faisait vraiment que dormir. Et quand Petit Chardon lui donne une piètre excuse, elle lui lança un regard noir. Elle ni croyais pas un mot, lui non plus, pas plus que Petite Morsure. Pourtant, la nourrice céda, soupirant.

- Faites comme vous voulez, je m’en fiche bien. Mais si vous êtes incapables d’écouter de simples consignes et de ne pas faire de bêtises à votre âge, j’ai bien peur que votre avenir au sein du Clan soit pauvre.

La nourrice n’en pensait pas un mot. Elle trouvait les chatons prometteurs, malgré leur défaut. Malheureusement, elle savait aussi que s’ils n’étaient pas recadrés correctement, ils n’apprendraient jamais les limites du bien et du mal et ce serait dommage pour eux. Elle les aimait bien, ces petits. Aussi la nourrice avait touché un point sensible.

Blessée par les paroles de la reine, Petite Morsure avait les joues gonflées et les yeux pleins de larmes. Sa nourrice n’était pas gentille de dire de telles choses. C’était gratuit et méchant. C’étaient justes quelques désobéissances qui ne faisait de mal à personne. Vexé comme un pou, la chatonne se redressa pour crier à sa nourrice :

- C’est pas vrai, tu mens !! Maman dit qu’on a des compétences et Papa il le pensait aussi !! T’es méchante ! Je t’aime plus !

Pauvre contre-argument, mais elle n’avait jamais été forte pour ça. Sans demander son reste, la chatonne fila vers la pouponnière. Elle se roula en boule dans son nid et se mit à pleurer, plus blessée par les paroles de la nourrice que par ses punitions de la matinée.

Même si il l'avait bien cherché, Petit Chardon ne pût s'empêcher de se ratatiner sur le sol quand les reproches de sa nourrice vinrent siffler dans ses oreilles. C'était dur à entendre. Parce que, quelque part, c'était un peu ce qu'il se disait depuis quelques temps. Et si il faisait tout de travers, quand il serait apprenti, et ne devenait jamais l'élément important à son clan que sa mère voulait qu'il soit? Le chaton sentait la frustration serrer son cœur, et il évita soigneusement de regarder à nouveau la chatte qui les avait sermonnés.

Et puis, mince, elle en faisait des histoires pour une toute petite bêtise ! C'était injuste de leur faire penser qu'ils n'auraient aucun avenir dans le clan juste pour une bête histoire comme ça. Toujours plus vive que lui, Petite Morsure ne se gêna pas de miauler toute sa frustration, avant de fuir la scène, visiblement tout aussi remuée que lui après s'être fait enguirlandée.

Petit Chardon en aurait bien fait autant - parce que c'était pas juste, parce que c'était faux et qu'ils étaient capables d'écouter les consignes, d'habitude - mais la boule dans sa gorge n'avait pas disparue, et il fût bien incapable de lever le museau vers sa nourrice. Au lieu de ça, il opta pour imiter sa sœur, reprenant le chemin de la pouponnière d'un pas lent, la queue trainant dans la poussière.

Sale journée.

Mais bon, au moins il allait pouvoir ronchonner sur ce traitement injuste à la pouponnière, et Morsure ne serait sûrement pas en reste pour se plaindre. Au moins, il ne serait pas seul...

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