J’ai des mensonges tellement beaux tu voudras plus jamais croire la vérité || Clan du Tonnerre - abandon

J'AI DES MENSONGES TELLEMENT BEAUX TU VOUDRAS PLUS JAMAIS CROIRE LA VERITE -
Lune 73 (0) - Age 40 L.


Alors que je pensais que ma plus grosse inquiétude ces temps-ci, ça devait être mes quatre filles qui étaient devenues apprenties.

Alors que je pensais qu'après le départ des Prophètes qui avaient voulu se jouer de nous et qui avaient engendrés des pertes chez nos voisins nageurs, le Clan du Tonnerre n'aurait qu'à s'inquiéter du nom qu'allait prendre peut-être prochainement Coup de Foudre.

Alors que je pensais que ce jour-ci, au fond, serait banal. Chasse, manger, patrouille, dodo, tout ce que j'espérais de mon quotidien, plat et serein.

C'était sans compter l'attroupement de chats, devant le promontoire, sur lequel se situait ma petite sœur Source de Secrets. Naïvement je me demandais ce qu'elle y faisait, tentant de me rappeler quels évènements s'étaient passés récemment. De sa voix tremblante, elle cita Nuage de Rossignol. J'aplatis mes oreilles contre mon crane. Ah oui, l'accident qui nous avait secoué de notre côté. Il m'avait marqué de façon à ce que je me fasse un sang d'encre quand mes quatre Nuages allaient près de la route. Mais la bicolore expliqua ce qu'elle avait sur le cœur concernant sa feue apprentie. Je baissais un peu la tête, honteux de ne pas avoir vu ce mal qui la rongeait alors que j'avais toujours été là pour ma famille, j'étais trop obnubilé par les chatonnes plus-si-chatonnes depuis leur naissance. Et à vrai dire, elles occupaient tant mes pensées que j'avais oublié cette chose si importante que ma sœur m'avait confié (ou plutôt crié) lorsque moi j'étais stressé de devenir papa.

C'était pas ma soeur.

Enfin, si dans mon coeur, toujours, d'où le fait qu'avec mes occupations, j'ai continué mes "habitudes" et rien n'avait changé entre elle et moi.

Mais ce n'était pas le cas avec elle-même, ce n'avait pas été le cas avec son apprentie, qui a foncé sur le chemin du Tonnerre après cette révélation et...

Ce ne sera pas le cas de l'entièreté du clan du Tonnerre, qui venait d'être mis au courant par la concernée.

Il y avait les cris de la dernière portée "maudite", qui n'avaient jamais fini d'en recevoir plein les dents. Le silence offusqué de vétérans, trahis par leur ancien chef et cette jeune guerrière qu'ils pensaient juste maudite, mais la voilà mêlée. Les griffes d'Arc-en-Ciel qui s'abattent sur celle qui avait été (et resterait) sa grande soeur, qui fauchent Louve des Bois qui tentait de les sauver toutes les deux, Coeur Brisé démolit, Lycaon et la portée de Source de Secrets qui devaient se terrer quelque part.

Et Coup de Foudre absent d'un énième drama qu'on va lui mettre sur le dos.

Reste juste son fils ainé, moi, pétrifié au milieu de la foule. J'aurais voulu me jeter dans la fourrure de la masquée pour la protéger, car elle restait ma soeur, peu importe combien de fois elle me relancera qu'on n'avait aucun lien de sang. Mais les coups qui se perdaient me pétrifiait. Cette famille que j'avais toujours vu comme bulle de sureté m'effrayait en ce moment même.

Et dans un élan de survie, ses courtes pattes ayant toujours couru loin du danger, je sortis du camp, sûrement pour monter dans un arbre et me répéter que tout ira bien... peut-être..

_{Bec Croisé}
#663300
Présentation-Carnet


Merci Couleuvre ! *Q*

On l'avait invité à prendre part autour d'une proie. On l'avait invité, et pour une fois, ce n'était pas ses enfants ou sa famille qui requérait sa présence, mais quelques guerriers du Clan avec qui il avait patrouillé le crépuscule dernier (une bande de pelages sombres, mais quelques pelages clairs s'étaient aussi joints à la communion). Le premier réflexe de Coup de Foudre fut de se moquer. "[Ils] ne croyaient pas que sa présence allait gâcher le goût des proies? Intéressant" - mais on lui dit "[d']arrête[r] [s]es conneries", et une pareille franchise firent se redresser ses oreilles au bengal, qui accepta l'offre en haussant les épaules.

La discussion fut insignifiante - tout le monde savait que les guerriers du Tonnerre étaient friands de rumeurs - mais c'est précisément ce qu'il apprécia. Il prit quelques battements à les laisser parler, écoutant leur échange en silence, avant de s'y joindre en jetant des branches sur le feu de leur curiosité. Il avait l'habitude d'être dévisagé - que ce soit à cause de sa notoriété ou des chats qui souhaitaient pas-si-secrètement partager la chaleur de son corps - mais la montée de rires qui suivit son intervention lui parut complètement insensée. On lui donna un coup de patte et ses yeux devinrent noirs à la mydriase de ses pupilles, comprenant à latence, entre les rires et les contacts, que ce n'était pas une attaque, mais un geste de camaraderie. Il gloussa prudemment dans sa barbe, motivé à en dire plus, et pendant un repas, personne ne lui parla d'aller chercher ses Vies, des Étoiles, de sa Réputation ou de son parcours cahoteux dans la Paternité. Enfin, presque.

Barbe Blanche fit une remarque ou deux, car il voulait parler de femelles, car il prétendait que Coup de Foudre serait le meilleur pour les conseiller en la matière, mais un autre l'avait stoppé pour rappeler à Barbe Blanche que Coup de Foudre aimait les mâles, et la discussion trébucha sur elle-même venue cette nouvelle variable. Ce fut au tour de Coup de Foudre de les dévisager, gentiment toutefois, chippant son repas à l'un d'eux pour prendre une bouchée dedans et innocement demander s'ils ne craignaient pas qu'il les séduise. On tenta de s'excuser du repas et Coup de Foudre se mit à rire, se moquant des un ou deux fuyards de croire qu'ils étaient dans sa ligue. Et puis on rit plus fort - certes certains ne comprenaient pas complètement sa bisexualité ("Mais t'aimes les femelles aussi quand même, hein?" "Bien sûr, leur dos est confortable" "Fiou" et puis d'ajouter, l'oeil pétillant de malice "...Mais le mien l'est aussi, tu comprends?") il semblait si léger à partager que c'était facile de complètement s'en foutre. C'était même vraiment facile de complètement s'en foutre, de se vanter entre ... "camarades" de Clans, de manger, d'échanger des techniques de chasse et des histoires de patrouille.

Et puis une voix vint depuis le promontoire, et Coup de Foudre n'y prêta pas d'attention, se parant du bonheur que lui conférait cet échange. Pas exactement la même dopamine que quelques moments intimes, mais tout aussi addictif; il en était à narrer une de ses histoires de vadrouille (celle de la grenouille et de la Trompe L'Oeil, il n'en avait jamais vraiment parlé) qu'un feulement l'irrita et lui fit pivoter une oreille vers le campement, se tournant pour dévisager la scène qui se déroulait.

Ni une ni deux il se retrouva sur quatre pattes - il entendit les mots. Tous les mots que pleurait Source de Secrets à bon entendeur dans tout le Clan. "Eh mais ce serait pas ta fille?" "Attends mais en fait c'est pas ta fille?!" Et aussi vite s'était-il empreint de bonheur, que les guerriers avait qui il riait si gentiment changèrent de tenue pour le toiser de regards accusateurs. Arc-en-Ciel se jeta sur Source; Puma fuit la scène; Coeur Brisé bondit au centre mais pas aussi vite que l'avait fait Louve des Bois en se prenant les griffes de Ciel pour les épargner à Source.

Un chat, Masque de Serpent, galoppa vers Louve pour s'enquérir de son état, mais le mal était fait. Déjà, les murmures se soulevaient, comme une masse, comme son propre Chat qui s'exprima d'une seule voix:

"Étoile Masquée a eu une fille avec une guerrière de la Rivière?!" "Étoile Masquée est un traitre?!" et en plus des convives avec qui il avait partagé un repas, les autres chats avoisinnants ainsi que ceux du campement braquèrent leur regard sur le bengal qui s'était levé mais qui ne bougeait pas, même pas trahi par sa queue à la hauteur de ses jarrets.

On entendait déjà des "je le savais" et de "on aurait du s'y attendre" et des "je te parie que Coup de Foudre était dans le coup". Et brusquement on se tut car Coup de Foudre rendit à toute cette frénésie son intensité en s'arc-boutant sur ses quatre pattes, son échine raidie comme une ligne de tension, survoltée, crépitante.

On se tut, car on entendit, d'une voix lasse, ennuyée, le chat sous les projecteurs qui haussa haut ses sourcils sur un air carrément désabusé:

« Et  alors. »

Il pencha la tête et sourit son plus joli sourire, et quelques guerriers qui savaient ce qu'une réaction pareille signifiait eurent un tressaut du dos comme s'ils venaient d'être zappés.

— J'ai adopté Source dans   ma   famille, qu'est ce que ça change que Raton-Laveur ait couché à la Rivière? Coup de Foudre laissa son regard passer sur la masse, sans la toiser, sans l'accuser. Tempête de Suie et ses frères et soeurs sont les gosses à Waffle et je ne les vois pas se suicider sur le chemin du Tonnerre.
— Q-quoi?...

Coup de Foudre haussa les épaules, ignorant les yeux implorants de l'interpellé:

— Ce qui l'a tuée, Rossignol, ce ne sont pas les mots de ma fille, mais votre obsession sur la pureté du Clan ou je ne sais quelles conneries; la conséquence de sa mort est directement liée au climat que   vous   instaurez.

Et puis il ne souriait plus. Il s'avança, et sauf quelques chats frappés de stupeur, immobiles, certains s'étaient reculés comme s'ils craignaient la venue d'un coup. Ce fut à son tour de s'adresser à bon entendeur:

— Regardez comment vous réagissez et soyez francs: ça vous donne envie d'être honnête? On s'apprêtait à protester - que le Code du Guerrier disait que - Maintenant taisez vous. ...Vous voyez bien que mes filles ont besoin d'assistance.

Il quitta le cercle de repas pour trottiner, sans hâte, vers le tumulte au centre du campement, au pied du promontoire où s'était agglutinée sa famille. Aucun poil sur son dos ne s'était levé et si on lui feula dessus lorsqu'il s'approcha trop près de guerriers qui désaprouvaient son comportement, il ne prit même pas la peine d'y répondre. Il rejoint Masque de Serpent qu'il bouscula de l'épaule pour se pencher au-dessus de Source, couchée sur le sol, son poil noir hérrissé lui faisant bien paraître le double de sa taille habituelle.

« Source, tu vas bien? »   Et par la même occasion, après un coup de langue sur son front, il se tourna vers Louve à qui il donna un coup de front sur l'épaule, outrepassa Brisé à qui il passa toute sa queue sur la longueur de son dos, s'arrêtant au-dessus d'Arc-en-Ciel et de toute la furie qui l'avait habité.   « Ciel, rien de cassé? »

Note:

HRP:

Ça recommençait - ça recommençait, voilà encore une situation publique que Source des Secrets tentait d'esquiver. Qu'elle ne croit pas qu'il ne la voyait pas tenter de fuir la scène, avec le front rougi par sa blessure et son pas claudiquant. Coup de Foudre plissa les paupières et assigna Brisé à Ciel d'un lancé du menton.

À Louve:

— Va me chercher Amour en Cage, et après quoi un roulé des épaules l'amena galopper pour barrer sa route à sa fille blessée et se coller contre elle et l'entourer d'une hanche à l'autre de sa longue queue sombre.

— Hé-là hé-là hé-là, où-est ce que tu vas encore? De lui demander, le ton doux. Tu ne m'a pas répondu, tu n'es pas cohérente, tu es encore sous le choc, viens qu'on s'asseoit, je suis là.

Respire avec moi, Source.

Nouveau coup de langue à son front - tout ce qu'il voulait c'était l'effacer, effacer cette blessure, cette attaque directe contre sa fille, mais à chaque fois, à chaque fois qu'il y passait la langue il lui semblait que la marque devenait plus nette, indélibile: une marque qui lui scindait le visage en deux comme un certain chat rayé au masque en face. Mais tant pis - tant pis, au même titre que Puma ne pouvait être Raton, il s'interdisait de donner le titre à source. Qu'est-ce qu'il en avait assez de projeter des morts chez les vivants. Qu'est-ce qu'il en avait assez de ces sales secrets motus-et-bouche-cousue pour la sensibilité du Clan.

— Pleure, je suis là.

J’ai des mensonges tellement beaux tu voudras plus jamais croire la vérité

Le temps aurait pu s'arrêter, tout se figer et lui être là, mais le seul figé en vérité, s'était lui justement. Tout autour ça parlait, il percevait des gestes, ressentit même un contact mais ... Mais dans sa tête, il revoyait en boucle Source qui parlait, ses mots qui l'atteignait lui et les autres, et l'attaque de Ciel. Il avait perçu la douleur tant dans la voix de Source, évidente, elle souffrait, était comme casser et il s'en rendait seulement compte, que la douleur aussi de Ciel. Plus prévisible pour lui qui avait partager ses premières lunes - et pas que - coller à la chatte. Se partageant leurs expériences, leurs jeux ...

Et depuis qu'il avait feuler, impuissant, il ne bougeait plus. c'est à peine s'il clignait des yeux, à peine si il senti Masque de Serpent non loin, et moins encore son propre père, intervenant seulement. Passant de l'une à l'autre. Il vit biens Source tenter de partir, mais lui, lui ne réagissait pas. Il ne remarqua donc pas la demande de son père d'aller voir Ciel. en avait il seulement envie d'ailleurs ? Ne voulait il pas lui aussi courir après Source, se coller à elle et ... Et quoi ? Lui dire que rien ne changeait, qu'ils n'étaient plus à ça près que ? Il manquait de mots. De souffle aussi.

BABOUM, BABOUM, BABOUM BABOUM, BABOUM, BABOUM BABOUM, BABOUM, BABOUM BABOUM, BABOUM, BABOUM BABOUM, BABOUM, BABOUM BABOUM, BABOUM, BABOUM BABOUM, BABOUM, BABOUM

Son cœur, voilà la première chose qu'il capta réellement. Son propre cœur s'emballant, tambour battant à en faire bourdonner ses oreilles, à lui remplir le crâne d'ne ruche entière d'abeilles, de frelons, de presque tout ce qui pouvaient bourdonner. A contrario ses poumons peinaient à se remplir, il suffoquait presque, cherchant son air, inspirant à grand peine. Il avait chaud, trop chaud et en même temps, comme si ça ne suffisait pas, comme si ce trop plein de chaleur dans ses veines ne suffisait pas, sa tête elle se gelait. Sa vision se brouillait, à chaque seconde un peu plus. Et un instant, il songea à Rossignol, à ce qu'elle avait du ressentir à ce moment là quand le monstre lui était arrivé dessus. A Firmament quand les crocs s'étaient enfoncés dans sa chair pour la tailler en pièces. il pensa a elles car il avait l'impression de les rejoindre. Incapable de verser une larme, de dire un mot. Il tremblait.

Et puis tout s'assombris autour du jeune guerrier qui s'effondra subitement.

La mort ne viendrait pas le ceuillir pourtant, juste l'inconscience, juste le contre-coup du choc, juste le trop-plein s'évacuant brutalement ... le laissant inerte, mais permettant à son souffle de revenir doucement, régulièrement, et au reste de s'apaiser aussi. Un bon gros somme forcé ... sauf qu'une nouvelle plaie s'était gravé dans son cœur, ce Cœur Brisé dont il portait si bien le nom.