Flamme volante - avec Petite Luciole - abandon

Il ne faisait pas très beau, à vrai dire il pleuvait et seuls les plus courageux s'aventuraient dans le camp. Enfin, plutôt que du courage, il serait judicieux de parler de devoir puisque la plupart de ces chats-là n'étaient ni plus ni moins que des guerriers ou des apprentis, conviés à diverses patrouilles comme si le temps ne devait pas arrêter cet éternel cycle.

Le reste, soit les reines et leurs marmots ne devaient pas tomber malade à cause de pauvres gouttes. La santé des chatons était encore bien trop fragile, et une fois qu'un petit était atteint : presque toute la pouponnière y passait.

Ceci expliquant cela, Petite Coccinelle fut bien évidemment invitée à rester cloîtrée, de même pour le reste des chatons qui dormaient tous auprès de leur mère. Avec une météo pareille, ce n'était pas très étonnant. Ce qui l'était soit que quelques-uns de ces chatons restent éveillés, comme l'albinos qui débordait toujours d'énergie.
Sous l'œil attentif de sa mère qui lui avait demandé de ne pas réveiller les autres, elle s'approcha de sa sœur, Petite Luciole, elle aussi debout. « Pssssst ! Psst ! Luluuu ! » chuchota-t-elle un poil trop bruyamment avant de l'interpeller de plus belle : « J'ai une bou-boule de mousse, tu veux jouer avec moi ? », toute fière qu'un guerrier généreux lui ait offert ce cadeau. C'était SA boule de mousse, mais elle la partagerait volontiers avec ses sœurs.

Si au départ, l'albinos avait pu douté de la motivation de Petite Luciole qui somnolait, ses réflexions furent balayées d'un revers de queue puisqu'à la mention de l'objet tant chéri par les chatons : la bicolore bondit sur ses quatre pattes, évidemment pressée de s'amuser. Elle entama alors un petit discours chaleureux sur la solitude et la boule de mousse, ce qui était très honorable. Mais Petite Coccinelle ne s'empêcha pas de penser à quel point sa sœur était trop gentille pour le monde extérieur, et si elle continuait ainsi : elle devrait la protéger coûte que coûte. Ils auraient vite fait de rencontrer des chats malveillants à leur apprentissage, et Petite Luciole ne devrait en aucun cas en pâtir.

Quoiqu'il en soit, celle qui ressemblait en tout point à leur mère, ne lui laissa pas le luxe d'attendre que ses promesses soient bien définies. Non, elle préféra bien évidemment lui bondir dessus, à tenter de récupérer l'objet si précieux. « On aurait dû t'appeler Petite Plume ! » gloussa le fantôme, mentionnant par là à quel point elle était légère et par conséquent : qu'elle ne lui faisait pas mal. Cependant, malgré son sourire des plus ravageurs, la plus petite s'était emparée de la boule de mousse dans son inattention, faisant alors naître un certain esprit de compétition en elle.

Bien entendu, elle ne fit pas plus attention que son adelphe quant à la tranquillité des autres, puisqu'elle sembla raser tout sur son passage, à pourchasser la détentrice du jeu. « J'vais t'avoir !! » clama-t-elle avant de bondir sur l'objet et y planter ses griffes. De cette manière, elle perdit l'équilibre et roula avec la pauvre boule, ramassant quelques plumes dans sa bouche, qui traînaient dans les nids.

L'amusement n'étant pas terminé, elle recracha tout son butin, ses yeux rosâtres à la recherche de leur source de joie. Malheureusement, par ce combo de chute et d'inattention : la boule de mousse en avait roulé jusqu'à l'extérieur, sous la pluie. « Ah zut... » miaula la chatonne, avant de couler un regard discret vers sa mère.
Malgré tout ce boucan, celle-ci semblait piquer un léger somme : ce qui ne pu que la ravir dans l'instant. « J'ai une idée ! » chuchota-t-elle discrètement à Petite Luciole avant de continuer toujours aussi bas : « La première qui la récupère sans se faire remarquer, est la meilleure de la pouponnière ! », un léger sourire sur la face.

L'idée en soit était très mauvaise pour des chatons aussi jeunes. Mais à un tel âge, le danger était source d'amusement, et avec une mère endormie : tout semblait permis. Or, le charmant sourire de Petite Luciole fit bien vite comprendre à sa sœur, à quel point ce jeu l'émerveillait. Toute guillerette de satisfaire les attentes de son adelphe, elle fit une fois de plus peu attention à la rapidité de la rousse et blanche. Dans un petit mot de compétition, celle-ci se hissa à l'entrée de la pouponnière, sans attendre Petite Coccinelle, toujours autant surprise par cette pile électrique. « Attends-moi ! » chuchota-t-elle tout en peinant à la suivre, alors que cette dernière s'extirpait déjà à l'extérieur de la tanière afin de récupérer son dû.

Un poil en retard, le visage de l'albinos fit irruption à l'entrée, fixant sa sœur avec curiosité. Petite Luciole semblait étonnement indécise entre la boule de mousse et autre chose, mais sans savoir de quoi il s'agissait. Voyant là sa chance d'être la meilleure, elle fit irruption dans le camp, soudainement gênée par la pluie qui s'insinuait dans son pelage : et c'était loin d'être agréable.

Ressemblant plus qu'autre chose à une ancienne avec ses vieilles grimaces, Petite Coccinelle fut interrompue dans la récupération de la boule de mousse, lorsque le portrait craché d'Aigrette Huppée l'interpella. Faisant de gros yeux face à ses piaillements, elle s'approcha de cette étrange flaque qui titillait l'intérêt de Petite Luciole. Ainsi, elle assista au spectacle : celui où l'eau de pluie se mélangeait avec l'eau déjà contenue dans cette sorte de pataugeoire. « Wah c'est rigolo ! Il pleut dans la flaque ! » clama-t-elle, tout à fait surprise par cette découverte. « Mais elles passent où les gouttes ?! Tu crois que la flaque les mange ? » miaula-t-elle une seconde fois, son cerveau tout à fait en ébullition avant de répondre suite à ces questionnements : « Ça veut dire elle chasse ! Comme les guerriers ! Comme papa et maman ! », persuadée d'avoir face à elle, une valeureuse combattante.