Hunt or be hunted

ft Brasier Caniculaire

Les oiseaux chantaient déjà, lorsque les yeux d'une chatte au poil touffu, s'ouvrirent. Esquissant un long bâillement qui témoignait d'une longue période de sommeil, la rousse, finit par s'étirer, non sans laisser s'échapper quelques grognements de satisfaction à cette action. Le réveil, était toujours un rituel si doux, qu'il ressemblait à la texture des pétales de fleur que la minette aimait parfois effleurer du bout de la truffe.
Restant couchée quelques instants, le temps de faire s'échapper son esprit des tumultes brumes de la rêverie, Belle Abeille, avait déjà hâte de démarrer la journée. La plupart du temps, la guerrière réalisait toujours ses tâches avec précision et optimisme, quelque soit la finalité de la chose. Sa mère, lui avait toujours enseigné de donner le meilleur de soi-même afin de s'en sortir le mieux possible.
La mention de sa génitrice dans ses réflexions, la convainquit de sortir de ce nid douillet, dans lequel elle viendrait se jeter avec joie le soir même, comme à son habitude.
Une patte après l'autre, veillant à ne pas réveiller les chats restants, ses prunelles vertes, observèrent le camps dès le moment où son museau fut dehors. Le chant des oiseaux, éveilla son ouïe, l'odeur de la nourriture et de ses camarades, titilla son odorat, le vent, faible et léger, chatouilla son pelage, la faisant frémir dans un premier temps.
Le ciel, était rosé, témoignant du début de la matinée qui commençait, et qui disait début de la journée, disait la plupart du temps, chasse afin de pouvoir nourrir reines, chatons et anciens. Trottinant jusqu'au centre du camps, la chatte redressa les poils de son poitrail qui se tordaient ridiculement. Il fallait tout de même être présentable, même si la rousse n'allait pas de son plein gré vers les autres si elles ne les connaissaient pas personnellement.
S'asseyant sagement, sans piper mot, elle écouta les ordres donnés, avec attention et sérieux. On ne pouvait pas forcément dire qu'elle avait l'image du parfait petit guerrier, au contraire, sa timidité gâchait en général tout, ne la faisant pas prendre d'initiatives trop risquées qui la mettrait bien trop en avant à son goût.
Après quelques minutes d'ordres et de chats qui disparaissaient illico presto pour exécuter les consignes, son nom retentit dans la gueule de son lieutenant Grassette Tremblante, et, redressant la tête, elle prêta une oreille attentive.
Sur ce coup, son intuition avait été bonne, elle irait chasser dans les marais, en compagnie d'un chat qu'elle trouvait assez spécial mais pas pour autant repoussant: Brasier Caniculaire.
Jetant un coup d'oeil furtif en direction du guerrier, Belle Abeille put remarquer le chat tirait une sale gueule. Avait-elle seulement vu le matou sourire une fois ? Aucun de ses souvenirs relatait cela avec précision, et, la minette finit par imaginer sa gueule mouvée et tordue en un faciès réjoui.
Frissonnant, elle se dit que, peut être que le roux devrait garder son attitude aigrie, ce qui lui allait finalement, à la perfection.
Gênée qu'il ait pu potentiellement apercevoir ses poils se hérisser légèrement sous son imagination débordante, la minette s'approcha donc de lui, se contentant d'un simple signe de tête en guise de salutation, et d'un mouvement de queue pour signaler qu'elle était prête à partir si cela lui convenait.
Les deux félins, partirent donc en direction des marais, lieu assez sympathique quand on appréciait les grenouilles et autres batraciens, mais qui n'en restait pas moins dangereux lorsqu'on ne prenait pas garde à l'endroit où l'on mettait les pattes.

Le chemin fut réalisé dans un silence si pesant, que Belle Abeille, se contenta d'observer les alentours.
Les couches d'eau, stagnantes et peu profondes, avaient, une place importante dans le paysage. L'eau qui s'y trouvait, était différente à chaque passage: parfois trouble lorsqu'une pluie trop forte frappait les "flaques", elle pouvait tout aussi bien être transparente lorsqu'aucun passage ne venait troubler le calme de ce liquide.
Ce que préférait la guerrière, était la végétation qui poussait tout autour et au fond: les grands roseaux aux couleurs beiges la faisait toujours sourire, les joncs fleurie en cette période, la faisait souvent rêver de romance et d'aventures, et les nénuphars lui donnait faim car elle les associait la plupart du temps aux grenouilles, l'un de ses mets placé dans le top de son classement des proies.
Quelques arbres ici et là, concluait la vue qu'observait actuellement celle qui verrait son pelage emmêlé et boueux d'ici quelques instants.

Jusque là absorbée par le paysage environnant, elle se permit d'effleurer la silhouette plutôt imposante de Brasier Caniculaire.
Toutes les femelles du clan de l'Ombre pourrait être d'accord sur une chose: le guerrier n'était pas à plaindre en terme de beauté physique: La mâchoire carrée, ses traits de visage très creusés et abrupts, faisait de lui, un mâle impressionnant, qui ne donnait nullement envie à Belle Abeille de l'affronter en duel, quand bien même elle affectionnait la compétitivité.
Les cicatrices ornant son visage, le rendait encore plus hypnotisant à regarder, et, son clan avait cette coutume d'être fier des marques de combat qui pouvait se trouver sur les corps de ces guerriers vu comme froids et sans coeur.
Le pelage du matou, était impeccable, donnant l'impression à la rousse, que l'imperturbable, visait la perfection sans forcément le faire intentionnellement.
En bref, le chat, était sans nul doute, un fantasme pour beaucoup de femelles. Etait-ce le cas de la minette qui l'accompagnait ce matin ? Eh bien, il était effectivement plaisant à observer dans les moindres détails, mais la chatte s'attarderait surtout sur le caractère s'il fallait avoir un compagnon, et concernant Brasier Caniculaire... Il fallait dire qu'il n'avait pas forcément l'air très accessible, et que sa gueule, faisait comprendre à qui voulait le voir, qu'il ne fallait pas le faire chier.
Pourtant, il faudrait bien communiquer lors de leur traque de proie. Avançant au rythme assez rapide du roux, elle tenta alors d'ouvrir la discussion, et l'on pourrait voir avec évidence, dans ses yeux et sur son museau, que la femelle, n'était guère à l'aise à l'idée de faire le premier pas:

"M-maintenant qu'on est arrivés, j-je suppose que tu as une habitude de p-procéder pour ramener un maximum de nourriture au camps ?"

Le bégaiement, était l'un des défauts oraux de Belle Abeille quand elle ne savait pas ce que pensait son interlocuteur d'elle. Agacée la plupart du temps par ce tic de langage, son faciès se tordait la plupart du temps légèrement, marquant un manque de confiance en soit.
Ralentissant le pas, la guerrière, était prête à recevoir les instructions du chat au passé lourd, qui l'intimidait tant.