Sous l'oeil de Lyssa, ou comment allumer une torche [avec Petite Tempête, Petite Bécasse et Lycaon]

Sous l'œil de Lyssa...
Feat. ◊ Petite Feuille & Petite Tempête

Petite Bécasse avait fini par fermer les yeux. Elle n'avait même pas eu l'occasion de voir si son cri avait changé quelque chose. Elle avait fermé les yeux parce que peut-être que si elle ne voyait plus, les choses n'existeraient plus. Que toute cette journée et tout ce mauvais moment disparaitraient. Elle aurait voulu pouvoir se boucher les oreilles aussi. Elle tremblotait piteusement. Elle ne voulait plus voir. Plus être là. Elle voulait s'enfuir mais son corps tremblant semblait empêcher toute tentative de fuite.

Finalement elle n'entendait plus que les faibles paroles de Petite Feuille. Mais la Bécasse ne rouvrit pas les yeux pour autant. Non. Il ne fallait plus rien voir. Plus rien entendre. Et tout oublier. A défaut de s'enfuir avec ses pattes, elle voulait s'enfuir dans sa tête. Puis finalement ce fut une autre voix qu'elle entendit. Ni celle de Petite Feuille. Ni celle de Petite Tempête. Ce n'était pas celle de papa Lézard non plus. Elle entrouvrit prudemment les yeux pour finalement reconnaître la pelisse tricolore de Lycaon. Il venait de séparer les deux autres jeunes. Et Petite Bécasse l'observait comme on observait un superhéros. Le matou s'appliquait désormais à calmer la panique de la petite rouquine.

Lycaon était arrivé. Lycaon avait arrêté la bagarre. Lycaon allait arranger les choses. Et puis, il venait justement de l'affirmer. C'était fini. Alors la petite brunette rouvrit pleinement les yeux. Elle n'osait rien dire. Demander si Petite Feuille allait bien. Il y avait eu du sang. Et est-ce que son frère allait bien aussi ? Elle n'osait rien demander. Et alors que Lycaon demandait s'ils avaient mal et qu'ils devaient aller voir le guérisseur, Petite Bécasse ne réagit même pas. Habituellement elle s'y serait opposé. Tout comme elle avait promit à Petite Glycine qu'il ne fallait jamais y aller parce que ce dernier était trop bizarre, elle avait promit qu'elle empêcherait sa famille d'y aller un jour. Mais là. Elle se contenta de lever ses yeux effrayé vers l'adulte. « Du sang. Il y avait du sang Lycaon. Du sang. Ca saignait. C'est pas bien de saigner. La dernière fois Petite Tempête avait saigné et maintenant il a des traces. Est-ce qu'il va y avoir des traces là aussi ? »

Sa voix était loin d'être aussi enjoué qu'elle l'était habituellement. Non, elle avait réellement peur que son frère et Petite Feuille se soient vraiment fait mal. Comme quand Petite Glycine avait fait mal à Petite Tempête. Et, le regard vide de l'autre petite femelle se reposa sur son ennemi. Elle lui demandait pourquoi ce dernier lui avait crié dessus. Petite Tempête savait qu'il ne fallait pas crier avec Petite Feuille. Elle ne voulait pas que cette question ne réenflamme la dispute. Elle voulait pas que ça recommence. Elle ne voulait pas que Petite Tempête explique pourquoi, qu'il s'énerve. Elle avait peur que Petite Feuille se retransforme en bête violente. Elle voulait sa maman et son papa.

« C'est bon c'est fini. »

Petite Tempête ignora pourquoi, mais la voix qu'il entendit le déçu.

Et le poids de Petit Feuille quittant son corps le fit grimacer. Il n'avait plus envie de se battre - n'en avait jamais vraiment eut envie - mais il regrettait un peu d'avoir écouter Petite Bécasse. Il aurait put se débrouiller seul, battre Feuille sans effort.

La douleur était trop vive dans ses tempes pour qu'il puisse, de toute façon réellement y songer. Il se redressa, un peu tremblant, tout nerveux de cette soudaine agression. Il observa celui qui les avait séparer, reconnu Lycaon... Comment l'appelait Etoile Foudroyante, déjà ?

Il ne le savait plus.

Tempête n'avait rien, rien du tout. Quelques bleus, peut-être oui, rien de grave. Il se contenta de ne rien dire, esquissant à peine un geste de la tête pour faire non. Il entendit sa sœur, il ne dit rien, se contenta de garder la tête basse, les yeux rivés sur la petite feuille tremblante entre les pattes de Lycaon.

« Du sang. Il y avait du sang Lycaon. Du sang. Ca saignait. C'est pas bien de saigner. La dernière fois Petite Tempête avait saigné et maintenant il a des traces. Est-ce qu'il va y avoir des traces là aussi ? » Des traces, non, bien sûr que non.

Pas de traces.

« Pourquoi tu m'as crié dessus ? Pourquoi tu m'as crié dessus ? » Il la fixait tellement qu'il oublia de l'écouter, la première fois. Elle répéta, alors Tempête cligna des yeux pour comprendre sa question. C'est vrai ça, pourquoi ?

Elle lui arracha un grimace dégoûtée. Lycaon voulait savoir ce qu'il s'était passé ? Qu'il apprenne par leur conversation décousu. Il n'y avait rien de bien exceptionnel à la situation, au fond. Petite Tempête sentit son poil se hérisser de rage, gonfla, alors qu'il plaqua les oreilles en arrière.
Mais c'est d'un ton calme, méprisant, qu'il crache ses maux :

« Pourquoi je t'ai crié dessus ? Parce que t'as été méchante, voilà pourquoi. Injuste et méchante. Tu voulais tellement être la victime que ça m'a agacé. Alors voilà, je t'ai fait un super cadeau, non ? Je t'ai offert la place que tu veux absolument avoir, victime.

Maintenant vas-y, chouine, j'en ai rien à faire. Si ça t'fait plaisir, j'vois pas pourquoi ça me toucherait... En fait, j'espère juste que t'auras compris qu'avec moi, c'est hyper simple, en fait. Si tu sème le vent, bah tu récolte juste la Tempête. » Et il souffla du nez, les yeux plissés.

Il n'était pas la personne qu'ils souhaitaient voir, pas celle qui pouvait leur offrir un réel soutien, leur permettre d'être réellement rassuré. Il en avait conscience, et cela ne pouvait que lui renvoyait son inutilité dans le museau. Ne pas être assez, c'était un peu l'histoire de sa vie quand on y pensait. Même dans son rôle de 'reine', c'était chose récurrente, chose logique qu'il ne pouvait s'empêcher de remarquer, sans cesse, à chaque regard déçu, chaque geste prononçant 'ce n'est que toi' et qu'il avait appris à balayer d'un battement de queue, à chaque fois plus lent, plus las. Parce que c'était normal et justifié. Parce que cette personne, ces personnes lui faisaient confiance. Parce que ne pas être assez, sous-entendait qu'on était quand même quelque chose.
Pas vrai?

Lycaon était déjà plus rassuré au sujet de Tempête. Des chatons avaient parfois tendance à minimiser leurs blessures pour faire les fiers, d'autres à les exagérer, mais ce n'était pas le cas de son neveu, et il le savait pensant facilement honnête sur le sujet. Feuille, cela dit était une autre histoire.

« Du sang. Il y avait du sang Lycaon. Du sang. Ca saignait. C'est pas bien de saigner. La dernière fois Petite Tempête avait saigné et maintenant il a des traces. Est-ce qu'il va y avoir des traces là aussi ? »

En réponse à ce regard éploré, ce fut Petite Bécasse qu'il entoura cette fois-ci de sa queue, lui répondant d'un ton doux, brisant le lien de cause à effet.

"Non, ne t'inquiètes, il ne suffit pas de sang pour laisser des traces, il faut aussi que le blessure soit profonde, ce qui n'est pas le cas ici."

Il n'était pas sur que la précision anatomique soit nécessaire (voire peut-être contre-productive?), mais il avait parfois du mal aux mots rassurants sans sens, et répondait systématiques aux pourquoi qu'il aurait prononcé plus jeune.

L'incident n'avait cependant pas l'air de vouloir se terminer.

« - Pourquoi tu m'as crié dessus ? Pourquoi tu m'as crié dessus ? »

Oh, il avait donc bien compris la situation. Et le déroulement de tout l'événement était maintenant clair dans sa tête. Restait maintenant plus que le déclencheur.


« Pourquoi je t'ai crié dessus ? Parce que t'as été méchante, voilà pourquoi. Injuste et méchante. Tu voulais tellement être la victime que ça m'a agacé. Alors voilà, je t'ai fait un super cadeau, non ? Je t'ai offert la place que tu veux absolument avoir, victime.

Maintenant vas-y, chouine, j'en ai rien à faire. Si ça t'fait plaisir, j'vois pas pourquoi ça me toucherait... En fait, j'espère juste que t'auras compris qu'avec moi, c'est hyper simple, en fait. Si tu sème le vent, bah tu récolte juste la Tempête. »

Et le voici donc.

Il planta sa patte entre les deux. il n'appréciait guère les derniers mots de Tempête, ce qui l'aurait facilement antagonisé s'il ne savait pas que Feuille avait lâché les premiers coups et s'il n'ignorait pas les premiers mots. Il avait le schéma général, pas tout le contexte, même s'il était à présent franchement devinable tout comme son point de départ, sous-entendu -Glycine. Ce même point était en défaveur de son neveu, une nouvelle fois, vu son refus précédent de le genrer correctement (Lycaon ne comprenait pas non plus, lui qui n'y voyait qu'un c'est comme ça comme un autre, mais s'il avait pour quelqu'un qu'il ne poserait pas de question c'était pour l'un de ces enfants. Parce que la tendresse et l'affection le saisissant à leur vue n'avait aucune justification, l'acceptation n'en avait pas plus besoin.), mais c'était un chaton, c'était tous des chatons et il avait bien vu les dommages de jouer aux favoris sur sa propre fratrie.

"Il suffit. J'ai demandé une explication, pas une reconstitution. Il poussa un soupir."Mais je vois bien que vous n'êtes pas dans l'état de m'en donner une, tant pis, vous la donnerez à vos parents, et ils décideront des conséquences."

Il connaissait la logique suite, mais il la rebutait.

"Je ne vous forcerais pas à vous m'excuser l'un à l'autre car vous n'en penserez pas un mot et vous aurez assez d'échanges non sincères dans votre vie pour ça. Mais j'espère que vous vous rendez au moins compte des conséquences de vos actions. Par des mots, par un cri puis par des coups. Je sais déjà que Tu n'imaginais pas les conséquences de ce dernier" dit-il en se tournant cette fois-ci vers Tempête, ferme et sévère sans être accusateur, lui offrant une explication sans excuse , que tu l'a vécu comme une véritable agression et agit en retour, tel un reflexe de défense en attaquant Tempête . Cette fois-ci son regard était dans celui vide de Feuille. mais le mal est fait et vous êtes blessés l'un l'autre -et je ne parle pas que des coups- deux membres du même clan et Petite Bécasse en prime. Elle aussi mérite des excuses. Il se savait un peu retord sur ces derniers mots, car il voulait rentrer la leçon dans leur tête. Et là où avoir fait du mal à leur adversaire ne leur procurerait pas grande culpabilité, donc aucune attache au sermon, clan et Bécasse laisseraient potentiellement leur trace.

"Vous vous expliquerez plus tard si vous en êtes capables, calmement, et si c'est impossible, ignorez-vous." Il n'était là que pour l'arbitrage, le jugement reviendrait à leurs parents. Il posa une dernière léchouille sur la tête de Bécasse, avant de se lever. Fixant le museau de la rousse, il reprit, ton maintenant neutre,

"Feuille, on va aller voir tout ça chez Hirsute. dit-il en l'invitant du bout de la queue. "Après j'irai parler à vos parents"

Sous l'œil de Lyssa...
Feat. ◊ Petite Feuille & Petite Tempête

Tout à sa panique, sa voix était montée dans les aiguës et son débit s'était accéléré. Mais Lycaon avait tenté de la calmer, l'encerclant de sa queue et la rassurant sur le fait que la petite blessure n'était pas grand chose et ne laisserait aucune trace derrière. Ce qui eut tout de même l'effet de légèrement calmer la petite chatte brune. Mais son frère aîné avait reprit la parole, sifflant certains mots avec hargne qui fit que la Bécasse eut envie de s'écraser et de disparaître.

Elle n'aimait pas les conflits. Pis que cela, elle ne comprenait pas pourquoi il y en avait tant. Elle aurait simplement voulu que tout se passe bien. Mais ce n'était certainement pas le cas. Lycaon avait reprit le contrôle des choses, interrompant ce qui aurait pu de nouveau se tourner en bagarre, même si elle aurait été plus verbale que physique. Il faisait par de sa compréhension pour ces réactions quand bien même il ne les acceptait pas et Petite Bécasse, qui était pourtant toujours un tel moulin à parole, n'ouvrait plus la bouche et se contentait d'observer la scène avec de grands yeux aussi attristés qu'effrayés.

Finalement, le matou tricolore lui donna un petit coup de langue sur le haut de la tête avant d'enjoindre Petite Feuille à le suivre jusqu'à chez le guérisseur. Petite Bécasse voulait juste partir. Disparaître et tout oublier. Alors elle avait profité du mouvement des deux chats pour se carapater aussi vite qu'elle le pouvait. Elle avait filée tout droit chez les anciens. Elle aimait bien les anciens. Parfois elle les ennuyait un peu avec toutes ses paroles, mais là, elle voulait simplement être à un endroit où on ne la trouverait pas tout de suite et elle pourrait peut être se calmer en écoutant quelques histoires et leçons de morales que ces derniers savaient retransmettre mieux que personne.


HRP : Très court ici, mais je n'avais pas grand chose à redire c:
Merci pour ce RP et out pour Bécasse