Leçons et Morale | Ft. Petit Pigeon - abandon

Leçons et Morale
Feat. ◊ Petit Pigeon

Qelques lunes s'étaient écoulées depuis l'affreux départ de Branche Pâle et le temps poursuivait son cours. Comme il le faisait toujours, sans attendre ceux qui n'en avaient pas eut suffisamment avec les gens qu'ils aiment. Et les jours étaient difficiles. Le cœur de Petit Moustique se serrait toujours aussi douloureusement lorsqu'il regardait la pouponnière vide de la présence de sa mère. Si sa présence n'avait jamais été des plus chaleureuses ni même des plus réconfortantes, elle lui manquait. Elle lui manquait terriblement et il avait tout le mal du monde à passer à travers cette épreuve.

Il se sentait plus que jamais seul. Abandonné. Il y avait bien Grenouille et Crocs Féroces. Ils passaient souvent, ils s'occupaient d'eux. La guerrière leur avait même apporté du poisson. C'était étrange. C'était étranger. Mais c'était une bonne intention. Et elles étaient rares. Et il avait ses frères aussi. Mais il avait conscience que Petit Crapaud et Petit Pigeon préféraient largement la présence de l'un et de l'autre plutôt que la sienne. Et qui pourrait les blâmer ? Petit Moustique était un insupportable petit arrogant. Il avait entendu les adultes parler de la sorte. Mais ses frères comprendraient un jour. N'est-ce pas ? Ils devaient comprendre que ce n'était pas l'entière vérité. Que s'ils faisaient ça, c'était pour eux avant tout. Pas pour lui. Pour eux. Et pour Branche Pâle qui était dans le ciel...

« Petit Pigeon. » Sa voix avait claquée, sèche et sévère. Comme elle l'était de plus en plus lorsqu'il s'adressait à sa fratrie. Sa langue avait claqué dans un tic agacé. « Tiens toi droit un peu. Tu ne ressembles à rien comme ça. » Ce n'était pas la première fois qu'il faisait pareilles remarques. Sur les plus infimes détails. Mais les détails étaient importants. Surtout lorsqu'il était question de perfection.

Leçons et Morale
Feat. ◊ Petit Pigeon

Non seulement Petit Pigeon n'avait pas écouté l'ordre lancé par son frère, finissant de mâchouiller il ne savait quoi, mais il avait même fait tout l'inverse. Faisant légèrement gonfler le pelage de l'aîné. Il ne supportait pas qu'on ne l'écoute pas. Pire, qu'on se moque de lui. Et le rire de son frère alors qu'il venait de lui cracher un morceau.. d'écorce ? Au visage.

Le jeune mâle cligna des yeux un instant, son esprit devant se faire à l'idée que ce qui venait de tomber devant ses pattes était un morceau de bois plein de la bave de son cadet. Un air purement dégoûté s'était dessiné sur ses traits alors qu'il semblait tout a fait estomaqué. La colère monta à une vitesse folle dans ses veines lorsqu'il reprit enfin ses esprits. « Et tu es fier de toi en plus. » Sa voix était tranchante. Glaciale. Une colère froide et piquante. Il n'était pas du genre à éclater dans des colères violentes et bruyantes. Non, il restait calme. Mais si un regard pouvait foudroyer, nul doute que son frère se serait prit la colère du ciel sur le coin du museau.

« J'imagine que ça te fait plaisir de savoir que tu obliges notre mère à observer pareille action. » Il claquait. Piquait. La perte de Branche Pâle était aussi douloureuse pour chacun d'entre eux. Lui le premier. Pourtant, il ne pouvait qu'imaginer ce que feu la reine devait bien penser en voyant ses enfants faire preuve d'un tel irrespect. Et pire que cela, il détestait savoir qu'elle était témoin de son propre échec à faire de ses frères des chats respectables.

Leçons et Morale
Feat. ◊ Petit Pigeon

Le rire de gris ne faisant que renforcer l'agacement de l'aîné vint appuyer sur ladite fierté du premier. Pourtant, la pique acérée que Petit Moustique venait de lui asséner sembla stopper ses rires en un temps record. Les oreilles de Petit Pigeon s'étaient plaquées sur son crâne et sa réponse fut envoyée à une vitesse folle également dans un ton aussi méchant et menaçant que celui de son aîné. Petit Pigeon était blessé. Et il eut tôt fait de se défendre de la seule manière qu'ils avaient toujours apprit, en blessant à son tour.

« Des âneries ? » Les sourcils du brun s'étaient haussés dans une expression hautaine et frustrée. A l'image de celles de son cadet, ses longues oreilles s'étaient à son tour plaquées contre sa tête, preuve de sa colère. Son menton s'était relevé dans une attitude dédaigneuse alors qu'il reprenait : « Parce que tu appelles cela des âneries. Je me demande comment tu qualifies ton comportement alors. Certainement de quelque chose de génial, hum ? » Un rictus mauvais avait prit place sur ses babines l'espace d'un instant en même temps qu'un léger rire froid s'était échappé de sa gueule. « Ca ne t'as jamais effleuré l'esprit que ta bêtise soit la raison pour laquelle elle préférait Petit Crapaud ? » Elle préférait Petit Crapaud à toi également. Il tacha maladroitement d'ignorer la petite voix qui lui soufflait la cruelle vérité à ses oreilles. Il était méchant et injuste. Il n'en avait cure. Parce que Petit Pigeon venait de lui renvoyer en pleine face toute son incapacité à être celui qu'il voulait être. Et celui qui voudrait prouver à Branche Pâle ses capacités.

Alors il voulait que son frère regrette ses paroles. Et qu'il comprenne qu'il devait l'écouter s'il voulait que les choses s'améliore. Pour que, du ciel, leur mère soit enfin fière de ses fils. Et tant pis s'il devait passer par là pour que cela arrive. Parce qu'il comprendrait plus tard.

Leçons et Morale
Feat. ◊ Petit Pigeon

Petit Pigeon ne semble pas prêt à se laisser abattre. Tout comme aucun des deux frères ne semble prêt à discuter avec calme et rationalité. Non, les reproches, les insultes, les piques s'enchaînent et le petit gris est décidé à être tout aussi agressif que son aîné. Et les mots sont durs, crus, et plus coupants que s'ils s'étaient l'un et l'autre lancés dans une bataille explosive.

Et Petit Moustique reçoit de plein fouet les reproches lancés par son frère. Petit Crapaud et sa découverte du corps de leur mère. Petit Crapaud le préféré pour sa façon d'être. Et lui, le mal aimé. Ses crocs se serrent. Son frère ne lui ayant pas laissé l'occasion d'en caller une pendant la tornade. La pelisse du brun est hérissée, pourtant, sa voix reste calme. Son ton est froid, assassin. Mais il ne lève pas le ton plus que de mesure. « Parce que Petit Crapaud ne découvrant pas le corps de notre mère aurait changé quelque chose à sa mort ? Oh, allez Petit Pigeon, réfléchit un peu. » Il aurait du l'empêcher de sortir de la pouponnière. Il avait échoué. C'était pourtant véridique.

« Mais tu as certainement raison Petit Pigeon. C'est d'ailleurs pour ça que toi aussi elle t'adorais, hein ? Oh, non pardon, il y a erreur. Tu n'étais personne pour elle. Quel dommage, essayes encore. » Son air calme lui permet de ne pas s'essouffler contrairement à son frère qui déblatère ses attaques à une vitesse folle. « Ou peut-être qu'elle te détesterais encore plus parce que tu es incapable d'être autre chose qu'un copieur. Mais regardez tous, c'est Petit Pigeon. Celui qui ne sait rien faire par lui-même. » L'ombre de Petit Crapaud. Un chat sans aucune personnalité. Petit Moustique refusait de le voir devenir comme ça. « Et franchement Petit Pigeon. Tu espères faire croire ça à qui ? Branche Pâle était loin d'être intéressée par la bêtise. Même toi tu devrais comprendre ça. » Branche Pâle était bien mieux que ça. Et quand bien même Petit Crapaud soit son préféré, quand bien même elle ait délaissés ses deux autres fils sans le moindre remord, il était plus que certain que ce n'était pas la bêtise de leur frère qui avait fait de lui son élu.

Leçons et Morale
Feat. ◊ Petit Pigeon

Petit Moustique arqua un sourcil lorsque l'attitude de son frère sembla changer. S'il transpirait encore la colère, sa posture se transforma. Voilà qu'il avait peut-être enfin entendu raison. Il ne fallut pourtant pas bien longtemps avant que la vérité ne se donne à voir. Non, Petit Pigeon n'en avait pas terminé. Il ne comptait pas en rester là et attaqua de nouveau. Pourtant, sa stratégie était belle et bien toute autre. Délaissant ses répliques violentes et insultantes, voilà qu'il prenait un ton plus calme. Presque à l'image de ce que faisait son aîné depuis le début de leur conversation.

Et le mâle gris avait commencé à lui tourner autour alors qu'il reprenait, son ton se refaisant déjà plus acerbe, lui crachant les mots à la figure jusqu'à ce qu'il se mette pleinement à rugir que de toute manière Branche Pâle n'était pas sa mère. Et s'il avait visé juste concernant le désir - et besoin - de reconnaissance de son frère, sa conclusion sembla résonner un temps dans le crâne de ce dernier. Il lui fallut une poignée de secondes pour revenir à lui, sortir de son incompréhension. En aucun cas il s'était attendu à une telle remarque de son frère. Qu'il remette en doute sa place à donner des ordres, sa place de frère même, il l'aurait saisit, comprit, placé dans le contexte de leur dispute. Mais qu'il en vienne à refuser la maternité de Branche Pâle, ça il ne l'avait pas vu venir.

Lorsqu'il se reprit, il s'avança de quelques pas, plantant son regard devenu presque haineux dans celui de son frère. « Vraiment, alors qui est-ce hum ? Grenouille peut être ? » Après tout, Petit Crapaud avait tendance à voir la guerrière comme une mère de substitution. « Pour ça aussi tu te sens obligé de copier notre frère ? » En réalité, il n'avait rien contre Grenouille. La guerrière était gentille. Un peu bête, pas la plus mature ou encore apte à s'occuper d'enfants. Mais elle faisait de son mieux. Petit Moustique refusait simplement de la considérer autrement que ce qu'elle était : une simple guerrière du clan comme il y en avait d'autres. Elle n'était sûrement pas leur mère.

Un nouveau ricanement froid - bien que nerveux par certain aspect - s'arracha de nouveau de ses lèvres alors qu'il reprenait, assassin. « Pourtant il me semblait t'avoir entendu l'appeler Maman tout à l'heure. Tu ne sembles pas très sûr de toi Petit Pigeon. Alors quoi ? C'est ta mère oui ou non ? »