Pousse toi de là (Moustique)

Nuage du Corbeau jette un dernier coup d'œil anxieux vers sa mentor. Celle-ci la salue d'un geste encourageant et elle remue par réflexe la queue en retour. La guerrière est bien trop indulgente et gentille envers elle. La novice au poil foncé le sait. Deuxième entrainement terminé et la sensation de ne pas être à la hauteur. la sensation d'être une ratée et qu'elle n'aurait pas du être mise au monde. D'accord elle exagère peut-être un peu. Belle Abeille lui remonte le moral avec son comportement chaleureux et naturel, elle a une présence rassurante et lui lance des sourires éclatants qui contraste dramatiquement avec les œillades rebutées que sa mère lui a lancé toute sa jeunesse. quand elle se donnait la peine de la regarder.

Mais ce n'est, pour l'instant elle l'espère, pas suffisant pour la sortir de l'inconfort et la sensation d'illégitimité qui lui colle à la peau depuis sa nomination. A cause de la dispute avec sa mère. Et parce que cela devait de toute façon couver depuis trop longtemps. elle s'était sentie si insouciante quand elle était à la pouponnière. maintenant qu'elle avait grandit elle réalisait qu'elle n'avait fait qu'enterrer de manière continue tous les ressentiments que son cœur essuyait tant bien que mal. Pas étonnant qu'elle ait finit par hurler et feuler. Pas très glorieux comme épisode quand elle y repensait. Elle grimaça, chassant le souvenir encore douloureux car bien trop récent et vif dans sa mémoire à son goût.

la chatte sombre rayée cessa de marcher en arrivant devant la tanière des novices. prenant garde à ne pas gêner la sortie et l'entrée dans l'antre du repos, elle s'assit en décalé. Après avoir lâché un discret soupir, elle orienta son attention vers la source de ses ennuis du soir. Elle grimaça à nouveau en constatant l'étendu des dégâts. Sa fourrure était emmêlée dans tous les sens, elle apercevait ce qui semblait être de la bourre et des choses? non identifiées? à certains endroits. Il allait lui falloir nettoyer tout ça. C'était l'ordre de Belle Abeille. Tout cet amas gonflé de poils lui avait causé des problèmes toute la journée pour chasser. Il était grand temps de s'y mesurer et d'y mettre un terme. Elle refusait de se retrouver dans ses situations humiliantes comme elle avait pu en avoir aujourd'hui, l'arrière-train bloqué dans des buissons, la tête agrippée par des branches trop basses et elle en passait. Non vraiment, hors de question.

Pousse toi de là !
Feat. ◊ Nuage du Corbeau

L'apprentissage ne dure qu'un temps. Une poignée de lunes par lesquelles tout le monde devait passer. Il y avait plein de jeunes qui s'en tirait avec moins d'une dizaine de lunes, ce serait probablement la même chose pour lui. Tout ce qu'il avait à faire c'était de respirer un bon coup et de tenir bon. Personne ne choisissait son mentor. Lui avait eu de faux espoirs, ainsi allait la vie et il devait simplement s'y faire. Ce n'était pas nouveau de toute manière, que la réalité n'était jamais aussi belle que ce que l'on désirait avoir. Grassette Tremblante laissait souvent place à Brasier, et puis quoi ? Que pourrait-il y faire de toute manière ?

Rien.

Il n'y avait absolument rien qu'il puisse faire pour changer les choses. Rien d'autre que de garder la tête haute, de serrer les crocs et d'encaisser. Et de ne pas laisser voir que quoi que ce soit puisse l'atteindre. Il ne ferait ce plaisir à personne. Et encore moins à son professeur remplaçant. Seulement, cela ne l'empêchait pas d'être d'une humeur massacrante et ce surtout une fois ses activités terminées. Et lorsqu'il rentrait vers la tanière assignée aux Nuages, la dernière chose dont il avait besoin - et encore moins l'envie - était de se retrouver avec une sauvageonne incapable de propreté face à lui.

Nuage du Corbeau était de la même génération que lui. Ils étaient contraints de partager l'antre des apprentis et au vue de leurs âges proches, nul doute qu'ils y passeraient les longues lunes de l'apprentissage ensemble. Ou tout du moins, une grande partie de ces dernières. « Les choses ne seraient pas comme ça si tu avais eu un minimum de respect. Que ce soit pour ta personne ou pour ton entourage. » Lança Nuage de Moustique, froid et piquant comme à son habitude. Et il n'avait besoin d'aucune feinte pour afficher l'air de dégoût qu'il arborait sur le moment. « Mais je te demanderai d'avoir l'amabilité de faire cela ailleurs que devant notre tanière. J'apprécierait pouvoir me reposer dans un endroit sain. » Il marqua une pause avant de détailler la chatte sombre des pattes jusqu'à la tête. « Enfin. Autant que cela se peut, évidemment. »

Nuage du Corbeau observa avec une certaine satisfaction sa queue qui était déjà bien plus propre que précédemment. Elle était parvenue à en ôter toutes les brindilles qui s'y était agrippée et elle allait pouvoir désormais attaquer le gros du travail c'est à dire sa fourrure. Elle avait essayé de s'ébrouer mais rien ne bougeait car les poils étaient trop emmêlés. Elle prit une grande inspiration afin de trouver el courage de se lancer.

Au même moment Nuage de Moustique débarqua de nul part. en fait si elle avait prêté attention à ce qu'il se passait autour d'elle probable qu'elle l'aurait entendu s'approcher. Mais elle était bien trop occupée avec son nettoyage de printemps pour y prêter l'oreille. Il faisait parti des apprentis qu'elle ne connaissait pas bien et dont l'attitude ne lui donnait pas spécialement envie d'en apprendre davantage. Dès qu'il ouvrit la gueule cela lui confirma son impression.

« Les choses ne seraient pas comme ça si tu avais eu un minimum de respect. Que ce soit pour ta personne ou pour ton entourage. Mais je te demanderai d'avoir l'amabilité de faire cela ailleurs que devant notre tanière. J'apprécierait pouvoir me reposer dans un endroit sain. Enfin. Autant que cela se peut, évidemment. »

D'abord estomaquée par le ton cinglant et l'audace du félin qui avait à peine plus que son âge et se sentit ensuite submergée par la colère. Il y avait probablement un peu de honte aussi derrière tout ça. le fait que son attitude rebelle qu'elle estimait la rendre fière et provoquante soit perçue par un pair comme juste : être sale. C'était très vexant et humiliant. Mais c'était surtout le manque de tact et le sentiment de supériorité qu'elle percevait dans sa voix qui lui déplaisait au plus haut point. Elle aurait cru entendre sa mère. Son museau se fronça immédiatement.

Je ne crois pas t'avoir demandé ton avis. Siffla-t-elle en retour. Si ça te gêne tant que ça t'as qu'à m'aider à tout nettoyer. Plus vite ça sera fait, moins tu auras à le voir. Ajouta-t-elle d'un air moqueur.

Pour en rajouter une couche elle agita le bout de sa queue qui trainait à nouveau dans la poussière vers lui, un sourire en coin.