Arrogance et conséquences | Ft. Arc-en-Ciel - end

Arrogance et conséquences
Feat. ◊ Arc-en-Ciel

Le moins que l'on puisse dire c'était qu'il ne l'avait pas vu venir. S'il avait été surpris par le mentor qui lui avait été assigné, il avait rapidement été satisfait de ce dernier. Si elle n'était pas Aile de Jais, Grassette Tremblante était une femelle respectable et intelligente qui avait tout pour lui enseigner tout ce dont il avait besoin de savoir. Mais cette assignation presque parfaite devait forcément cacher quelque chose. Visiblement, les choses ne pouvaient jamais se passer comme elles étaient prévues. Et Nuage de Moustique fulminait. Parce que la lieutenante du clan était visiblement toujours trop occupée pour s'occuper de lui et exclusivement de lui. Si ses devoirs envers le clan aurait pu être une bonne excuse, la mission qu'elle s'était donnée de s'occuper de Nuage de Crapaud le faisait bouillir de rancœur et de jalousie.

Depuis leur naissance, il n'y en avait que pour Nuage de Crapaud. Petit Crapaud ressemblait tant à Joli Brouillard, le grand amour de Branche Pâle. Alors leur mère l'avait toujours préféré. Petit Crapaud était attachant et affectueux, malgré le sang de la traîtresse qui coulait en ses veines, nombreux étaient ceux qui l'appréciaient. Nuage de Crapaud était tellement merveilleux, que sa propre mentor préférait passer du temps avec lui plutôt qu'avec son propre apprenti. Et non contente de simplement l'abandonner, il fallait qu'elle l'abandonne à Brasier. Elle le confiait au pire matou du clan pour aller voir ailleurs. Et cela était certainement la goutte d'eau qui suffisait à le faire d'autant plus enrager.

Raison pour laquelle le jeune novice avait quitté le camp sans prendre la peine de prévenir ni sa professeure, ni son babysitter. Il se fichait de leur avis. Il se fichait de s'occuper de Nuage de Pigeon et de Nuage de Crapaud. Il s'en fichait de l'avis du clan. Il était énervé. Et il ne pouvait pas se permettre d'afficher un tel ressentiment en face des autres. La meilleure chose à faire était encore de s'éclipser le temps de retrouver sa tempérance.

En soit, il aimait ses frères. Ils étaient sa dernière famille. Ils étaient plus important que tout. Mais il n'y pouvait rien. Lorsqu'il voyait toute l'affection que récoltait Nuage de Crapaud, il ne pouvait rien faire d'autre que de subir l'explosion de jalousie qui s'imposait à lui. Crapaud était toujours choisi pour tout et par tout le monde quand lui était totalement délaissé. Délaissé par Branche Pâle. Délaissé par Pigeon qui avait décidé qu'il n'était plus son frère, délaissé par sa mentor. Et il ne comprenait pas pourquoi. Il faisait pourtant tout pour se montrer digne du clan et de son héritage.

Alors pourquoi rien ne fonctionnait ?

Ses pattes encore incertaines dans leur connaissance du territoire le menèrent jusqu'à ce qu'il reconnu comme étant les Quatre Chênes. S'il n'y était jamais allé, les descriptions qu'il avait pu entendre suffisaient à lui faire reconnaître l'endroit. Après tout, le lieu ne pouvait pas mieux coller à son nom. De toute évidence, il s'était éloigné plus que ce qu'il pensait. Mais qu'importe, il était loin de s'être totalement calmé, une visite du lieu l'aiderait peut être à finir de s'apaiser.

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Plein de ses réflexions, de ses incompréhensions et, pire encore, de ses ressentiments tout autant que de son incompétence juvénile, Nuage de Moustique n'entendit pas plus qu'il ne sentit la présence dans son dos avant que cette dernière n'éclate, le faisant se retourner dans un bond effrayé. Pour se retrouver face à une guerrière bien remontée qui était tout sauf de son propre clan. Quant à savoir duquel elle provenait, c'était une autre histoire. Mais le novice n'en avait pas grand chose à faire. Les insultes le piquèrent avec force alors même que la combattante adverse avait fait savoir qu'elle l'avait prise pour quelqu'un d'autre.

Le poil le long de l'échine du jeune mâle s'était dressé, le rendant plus ébouriffé qu'il l'était - au plus grand désespoir de l'apprenti - naturellement. Mais la chatte tricolore était déjà en train de passer à autre chose et commençait à tourner les talons, abandonnant Nuage de Moustique. Peut-être qu'en d'autres circonstances il aurait laissé coulé, ce n'était qu'une erreur. Mais en d'autres circonstances il n'aurait pas été là non plus. Et puis quoi ? Il n'était pas assez bien pour mériter qu'on s'adresse à lui normalement ? « Même pas capable de reconnaître ceux de son propre clan ? Et ça se dit guerrier, hein ? » Son ton était moqueur et l'énervement pointait sérieusement dans sa voix.

« Je comprends ton apprenti d'avoir fui cela dit. Qui voudrait d'un professeur incapable de prononcer une phrase correcte et de parler normalement ? » Brasier aussi était incapable de parler normalement. Sa langue mutilée le faisait siffler et zozoter. Quant à la grande Etoile de l'Ombre ? C'était à peine s'il était capable de dire deux mots dans une phrase. Grassette Tremblante savait s'exprimer. Elle faisait de belles phrases. Mais Grassette Tremblante préférait s'occuper de Nuage de Crapaud plutôt que de lui. « Mais après tout, peut-être que vous êtes tous comme ça dans votre clan. Des brutes sans aucune capacité intellectuelle. » Comme Brasier, comme Feulement. Il les détestait. Son meneur, son mentor par interim, elle qui lui avait fait peur et qui se permettait maintenant de l'ignorer.

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Ce n'avait jamais été un secret pour personne de son clan que Nuage de Moustique avait tendance à être acide avec les autres. Avec ses frères pour commencer. Il n'avait pas eu sa langue dans sa poche lorsqu'il avait été question d'aborder Brasier pour la première fois non plus. Et c'était à peine s'il se retenait de cracher son ressentiment au visage de Feulement. Pourtant, il avait toujours eu suffisamment de jugeote pour ne pas s'exposer à la colère des uns et des autres. Et il avait toujours été suffisamment malin pour savoir choisir ses combats et ses paroles.

Cela ne lui ressemblait pas de provoquer n'importe qui sans réfléchir. Provoquer, insulter, il le faisait. Mais pas lorsqu'il était question de se mettre soi même en danger. Et c'était pourtant bien ce qu'il venait de faire face à la guerrière du clan du Tonnerre. Il était en colère. Il était blessé. Il était jeune et plein d'incompréhension. Et il venait de faire une erreur. La guerrière adverse l'avait plus encore énervé, elle l'avait à peine considéré. N'était il vraiment rien ?

Il n'avait pas été capable de l'encaisser.

Il méritait mieux que cela. Il méritait de la considération. Il méritait qu'on le voit lui aussi. On ne voyait que Nuage de Crapaud. Tout n'était que pour Nuage de Crapaud. Tout n'avait toujours été que pour Nuage de Crapaud. Il était le plus beau, le plus ressemblant à Joli Brouillard. Il était le petit prince de Branche Pâle. Il était le plus rigolo. Ses jeux étaient amusant. Lynx Nacré l'aimait bien. Il avait un mentor qu'il fallait surveiller. Grassette Tremblante préférait les surveiller. Grassette préférait être avec son frère plutôt qu'avec lui. Lui se retrouvait avec Brasier. Avec ses serpents. Avec son tique de langage. Il voulait être vu.

Il voulait exister. Etait-ce trop demander ?

Lui qui se vantait si souvent auprès de ses frères de savoir se tenir. De se comporter avec prestance et noblesse. D'être droit et de faire honneur à feu leur mère. Il venait de se vautrer aussi bas que les autres. Et ses paroles avaient fait mouche. L'adulte s'était retournée, hargneuse. Elle qui était déjà plus imposante que lui de part leur différence d'âge se montrait plus menaçante que jamais, sa pelisse gonflé semblant avoir fait doubler sa taille. Elle n'avait pas laissé l'occasion au novice de rebondir une nouvelle fois sur sa manie de parler d'elle à la troisième personne, elle jeté ses griffes dans l'épaule du plus jeune le griffant jusqu'au flanc, lui faisant cracher un cri douloureux.

Il avait voulu faire un bond sur le côté, il avait voulu se jeter en avant, ses griffes sorties, il avait voulu sauter sur la guerrière et lui rendre la pareille. Se prouver qu'il valait autant que les autres. Prouver à son ennemie qu'il ne fallait pas le sous estimer. Prouver à sa mère dans les étoiles qu'elle pouvait être fière de lui même s'il n'était pas son frère. Prouver aux autres étoiles qu'il était digne de son clan. Digne d'exister.

Mais peut-être ne l'était-il tout simplement pas.

Il n'avait pas prit en compte la douleur qui lançait à la fois son épaule et ses flancs. Son saut s'était achevé dans une chute alors qu'un grognement guttural sortait de sa gorge. Il avait mal. Il avait mal et il avait échoué. Cela ne l'avait pas empêché de se relever pour autant aussi vite qu'il l'avait pu. Ravalant les larmes de rages et de détresses qui menaçaient de se montrer, il se contenta de cracher, les crocs serrés. Il se fichait de qui était face à lui. Il voulait juste blesser de la seule façon qui semblait finalement fonctionner. « Et vous on ne vous apprend pas à parler. Je ne vois pas lequel est le pire. » Un sifflement rageur. Un sifflement de serpent.

Il détestait les serpents.

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L'ennemie n'avait pas répondu verbalement à la dernière provocation du plus jeune. Probablement qu'il aurait préféré. Son arme à lui était les mots. Les piques. Son venin. Il avait beau dire haïr les serpents, il ne se rendait même pas compte qu'il se comportait comme l'un d'eux. A la différence qu'il était, de toute évidence, loin d'être aussi menaçant et dangereux. Son venin attaquait à la fierté. Pas à la santé.

Et une fierté blessée demande toujours réparation. La provocation n'avait pas mené à une nouvelle. Elle avait amené à plus de violence. Et c'était bien dans la violence que l'adversaire du novice comptait bien trouver réparation. Après un regard plus froid que la mauvaise saison, elle s'était de nouveau jetée sur lui, refermant sa mâchoire rageuse sur son dos, faisant de nouveau glapir l'apprenti brun qui se mit à se débattre comme un beau diable pour essayer de se défaire de son emprise.

Il avait alors tenté de répondre. De bouger. De donner des coups de griffes. De morde. Mais rien n'y faisait. Aucune de ses attaques ne parvenait à son but. Et le désespoir pointait de plus en plus. N'était-il vraiment qu'un bon à rien ? Il ne pouvait simplement rien faire.

Il prenait des coups. Il souffrait. Et il était incapable de rendre ces derniers. Qu'importe tout l'effort qu'il y mettait.

Il en était incapable.

Il n'avait pas recraché une autre phrase. Tout à son désespoir, il continuait vainement d'essayer de faire mouche.