Bulle de bonheur | Ft. Petit Loup, Petit Lucane & Petit Lait

Bulle de bonheur
Feat. ◊ Petit Loup, Petit Lucane & Petit Lait

Si Chauve-Souris avait attendu presque toute sa vie pour enfin être mère de famille, elle n'avait jamais pensé que ça pouvait être si difficile par la suite. Et ce n'était même pas à cause des chatons en eux-mêmes. Ils n'avaient même pas réellement commencé à être des petits monstres qu'elle voyait déjà des problèmes. Elle était tout simplement épuisée. Et elle regrettait de ne pas pouvoir passer plus de temps dans la pouponnière. A la place de cela, elle devait encore rester une bonne partie de ses journées dans la tanière de la guérisseuse. Elle avait bien compris ce que Vol de Papillon avait dit. Elle avait faillit mourir. Elle était passée à un rien de se retrouver dans le même état que Fleur de Chardon. Elle aurait alors laissée derrière elle bien du petit monde.

Et Petite Aile, sa petite fille décédée, était bien la preuve des difficultés de sa grossesse. Pourtant, la nouvelle reine se fichait bien de sa fatigue et de tout cela. Elle voulait simplement rester uniquement avec ses bébés. Avec sa famille. Et elle s'inquiétait pour eux aussi. Et pour lui. Il était si semblable à sa compagne. Petit Lait, avec son beau poil tout blanc et ses yeux qui avaient déjà pris leur couleur rouge. Elle craignait qu'il fasse les mêmes erreurs que sa deuxième maman. Qu'il ne fasse pas assez attention au soleil. Que ses belles oreilles de bébés deviennent comme celles de Belle Coccinelle.

Et puis, quoi qu'en dise la soigneuse, rien ne pourrait lui faire plus de bien que de rester avec ses bébés. Et puis, techniquement elle était pour le moment déchargée de ses responsabilités. Après une discussion avec son meneur et une assemblée de ce dernier, Colère du Feu allait la remplacer jusqu'à ce qu'elle se sente plus en forme et que ses petits soient plus grand. Mais à quoi bon avoir du temps libre si c'était pour être loin d'eux ? Alors rien n'empêchait et rien n'empêcherait la jeune mère de les rejoindre dès qu'elle le souhaitait. Pas même les recommandations de Papillon.

Et c'est avec un regard fatigué, malgré ce qu'elle pouvait bien vouloir laisser paraître, qu'elle avait pénétré dans la pouponnière pour finalement couver un regard attendri vers ses enfants. Rien que leur vue la faisait ronronner. « Mes b-bébés. » Miaula-t-elle doucement, le coeur plein d'émotions. Entre le bonheur et des larmes d'émerveillements qu'elle contenait à grande peine. Une belle et grande famille. Comme elle en avait rêvée depuis qu'elle était à peine plus grande que ses bébés.

Petite Souris n'était jamais là. 

Petit Lucane tournait en rond sur son lit de mousse, il n'arrivait pas vraiment à s'endormir et l'envie de miauler comme un loup solitaire lui était très forte, trop forte pour renier cette idée. Alors il cria de sa voix faible de jeune enfant. Parfois il entendait les autres dire à quels points ils étaient beaux, c'était qui ils ? Et pourquoi lui il ne voyait rien ? Il y avait des moments comme ça, où il pouvait entrevoir la fourrure blanche de Petit Lait.. d'ailleurs, peut-être devrait-il se coller à lui pour mieux dormir ? Non, ça ne menait à rien. Peut-être.. Peut-être Petit Oiseau ? Pareillement, il avait beau se coller, monter sur le dos de sa sœur, il n'y trouva aucun réconfort. Dernier espoir : Petit Loup... Il crut un instant qu'il était le bon coussin, mais encore une fois, ce n'était pas assez. Il se remit à crier, laissant mollement tomber sa tête sur le sol. 

En fait, il voulait Petite Souris. Il pourrait d'ailleurs l'appeler normalement, parler, communiquer, mais.. crier lui semblait plus adéquat. Le jeune chaton dirigea sa tête vers ce qu'il pensait être l'entrée de leur tanière (là où la lumière passait et le vent s'infiltrait) et il constata une ombre, puis une voix plus douce qu'une brise légère. C'était leur Petite Souris. Le chaton beige se releva du mieux qu'il put sur ses pattes chétives et tenta de s'approcher de la nouvelle arrivante. Nombreuses fut ses chutes, et Petit Lucane décida d'abandonner à mi-chemin, trop fatigué pour continuer. 

De toute façon, elle viendrait vers lui, sans doute. Alors il lâcha un petit cri, court, rapide, presque pathétique.

BULLE DE BONHEUR

ft. Chauve-Souris & la Famille

Petit Lait n'en pouvait plus.

Il était né il n'y avait pas si longtemps de ça, et pourtant, il était déjà à bout. Chaque jour, son frère, qu'il comprenait être nommé "Lucane", se plaignait à en percer les tympans. Leur mère, qui elle était nommée "Chauve-Souris", était loin d'être très présente. Ils passaient leur journée dans les pattes des nourrices, à être échangés de reine en reine pour leur lait. Seul "Grand Koudou", leur père, était constamment là. Ils n'étaient pas tout seuls, il y avait aussi leur sœur, Oiseau, et visiblement ce qu'il semblait être leur autre frère.. ou était-ce leur cousin? Il ne comprenait pas encore ces termes, c'était trop vague pour lui. Il y avait un autre chat, en tout cas, dans cette petite troupe. Loup.

Petit Lait, quant à lui, était allongé sur le dos. Il sentait son frère se se tortiller à côté de lui, avant de lâcher une autre plainte. Lui, fixait le plafond. En fait, il réfléchissait. Avec le peu de capacité que son cerveau encore jeune lui offrait. Il n'arrivait pas encore à comprendre ce qui l'entourait, mais il ressentait quelque chose de bizarre à chaque fois qu'il croisait le regard de sa vraie mère. Comme s'il se sentait lourd, vide, comme si un poids lui tordait l'estomac. Ce qu'il ne comprenait pas encore, c'était la tristesse du regard de sa si tendre mère. Tout ce que lui comprenait, c'est qu'à chaque fois qu'elle le fixait dans les yeux, il avait envie de disparaître, de fuir.

La seule qui ne le regardait pas avec cet air, c'était Belle Coccinelle, celle qui serait aussi sa mère de ce qu'il avait comprit. Elle avait un regard éteint, qui semblait foncièrement fatigué, et plutôt désintéressé. Il ne comprenait pas son regard, et il ne pouvait s'empêcher de le fuir. Cela le mettait mal à l'aise, bien plus que quand c'était Chauve-Souris qui le regardait. Cette chatte entièrement blanche avec des yeux décolorés, dont seul le centre semblait teinté d'un rouge pâle, le faisait frissonner. Son regard était tellement lourd et pesant, il voulait fuir, encore bien plus que face à Chauve-Souris. Alors, souvent, il se recroquevillait.

Enfin, il y avait Grand Koudou. On lui avait dit que c'était son père, le seul contre qui il se sentait un tant soit peu à l'aise. Il n'y connaissait rien en biologie, et semblait parfaitement accepter la logique d'avoir un père et deux mères différentes. C'était des plus cohérent pour lui; Chauve-Souris lui avait offert ses oreilles bizarres, Belle Coccinelle lui avait offert son pelage aussi blanc que la lune, et Grand Koudou lui avait offert les crinières qui pointaient déjà sur son torse et sa nuque.

Il fut sorti de ses pensées par Lucane, qui venait de s'écraser contre lui. Un regard sur le côté, il ne broncha même pas, toujours les yeux rivés au plafond. Son frère à la mèche rebelle semblait incapable de trouver une position qui lui plaisait assez. Il hurlait, encore et encore, de ce bruit qui perçait les tympans de Petit Lait. Et finalement, ce fut un concert qui s'élevait autour de lui. Lucane avait visiblement réveillé Loup, qui signalait son mécontentement en hurlant à son tour. Petit Lait ne disait rien. La fourmilière commençait à grouiller autour de lui au fur et à mesure que sa fratrie se réveillait les uns et les autres.

Mais d'un seul coup, le silence s'installa. Plus aucune plainte, plus aucun cri, plus aucun pleur. Baissant son regard carmin, il pouvait détailler avec difficultés la silhouette de sa tendre mère, Chauve-Souris. La lumière qui provenait de l'entrée de la pouponnière lui brûlait les yeux. Se retournant, il remit finalement ses quatre pattes au sol, et releva un regard plissé mais attentif vers la nouvelle venue. Lucane commençait déjà à marcher, non, ramper vers la féline. Il fut bien vite rejoint par Loup, les deux se traînaient presque vers Chauve-Souris.

Petit Lait, lui, ne bougeait pas.

Bulle de bonheur
Feat. ◊ Petit Loup, Petit Lucane & Petit Lait

Les petits. Ses petits étaient là. Elle les regardait tour a tour avec émotions. Ils paillaient et criaient de leur petite voix encore aiguë. Chauve-Souris se faufila et s'approcha des quatre enfants. Petit Lucane et Petit Loup s'étaient approchés dans sa direction et elle combla la distance qui les séparaient encore. Petit Oiseau semblait toujours endormie, comme si le bruit de ses frères ne l'avaient que peu atteint.

La petite calico se coucha sur le côté, laissant ses fils se lover contre elle. Elle donna un coup de langue sur la mèche rebelle de Petit Lucane, puis s'appliqua a essayer de lui dégager les yeux, avant d'embrasser de la même façon son fils adoptif. Petit Loup était le neveu de Grand Koudou. Mais la soeur de ce dernier ayant rejoint la Toison Argentée, Chauve-Souris avait fait la promesse de s'en occuper comme s'il était la chair de sa chair. Petit Oiseau dormait et ne restait alors que Petit Lait. Silencieux et immobile. Qui regardait simplement dans leur direction. Alors la jeune lieutenante pencha doucement la tête sur le côté, l'encourageant d'un petit mouvement à les rejoindre. « Tu p-peux ve..venir P-Petit Lait. C-ca va a-aller. »

Elle ronronnait doucement, appréciant le contact avec ses enfants. Petit Lait n'avait pas l'air à l'aise. Il n'avait pas le même comportement que ses frères. Plus discret, plus réservé, plus silencieux. Peut-être que les choses seraient différentes si elle pouvait être là plus souvent. Si elle n'était pas bloquée entre les pattes de Vol de Papillon. Si elle avait mieux vécu la mise bas et qu'elle avait pu être une maman normale.

La petite Souris s'était rapprochée, se couchant au sol pour permettre à ses enfants de se lover contre elle. Encore un petit effort, et il pourrait enfin téter. Elle pourrait faire un petit effort pour aller plus vite, tout de même, car le Lucane avait tout le temps faim et la petite Souris se devait de le nourrir tout le temps. C'était son rôle, après tout !

Une léchouille sur le front pour lui dégager ses yeux fermés, Petit Lucane lâcha un cri lorsque la lumière apparut soudainement. Il n'avait pas été ébloui et ses yeux ne lui faisaient pas mal, mais c'est comme ça que Petit Lucane était : toujours à crier pour un rien. Il se calma une fois bien collée à la fourrure de sa mère. Il l'aimait bien au fond, cette petite souris.

Commença alors la bataille, posant ses pattes avant sur le ventre de la Petite Souris, Petit Lucane pressa la peau pour réclamer son dû : son lait, sa nourriture. Il fallait manger, et vite, avant que les autres ne le rattrapent.