[EVENT INONDATION] Rivière en Crue

RIVIERE EN CRUE - EVENT - Lune 39 - Age 69 L.


" FUYEZ LE CAMP !! "

Qui aurait pensé que je crierai ces paroles un jour. Moi, Étoile Déchirée, jamais je ne délogerai les fiers membres de la rivière de leurs maisons, même si nous étions envahis par moult ennemis. Mais là, nous n’en avions qu’une, et une de taille.

La rivière voulait nous déloger de chez nous.

Des pluies, on en avait vues plein. Et ce n’était pas parce que celle là était plus grosse que les autres qu’il fallait en avoir peur. Le lendemain, nous apprîmes que si, il aurait fallu la craindre. " Pourquoi le clan des Étoiles ne nous a pas prévenu ? " pensais-je, eux sensés être tout puissants et omniscients. Ou alors la catastrophe avait-elle été si vive que même les chats des cieux n’avaient rien vu venir ? Papa, toi qui t’appelle Pluie Battante, pourquoi n’as-tu pas prévenue que ton homologue allait tous nous priver de notre maison ?

Plus de maison oui, l’eau était partout. Et si nous étions majoritairement tous bons nageurs, cette vague d’eau là était meurtrière. Il suffisait de voir comment les buis et les arbustes étaient emportés. Moi, chêne du clan, bien sûr que j’y survivrai. Mais tous mes protégés, des chatons aux anciens passant par mes guerriers, eux, non. Nous devions battre retraite. Où ? Nous aviserons avec Chardon Marbré. Amenons tout le monde dans un endroit sûr avant.

Tout le monde, je faisais le recensement de mes camarades au fur et à mesure. Nuage d’Eclipse qui poussait son frère à accélérer, Feuille de Saule qui guidait les anciens, mes enfants sauf Ȍ̸̭r̵͍͒ě̵̘ì̶͚l̷͖̃l̷͕̆é̵͈ ̵̨̛Ȑ̶̪i̵͈͑g̷̡̈́õ̵̲l̶͕̐o̴̜̍t̷̥̿ê̸̯ étaient aussi à portée de vue… donc ma famille est en sécurité. Quasiment … Famille… Mes petits avaient une cousine, handicapée en plus. .. Attends. NOM D’UN POISSON-CHAT. ELLE ÉTAIT OÙ ?

Je me retournai d’un coup, pile au moment où il me semblait voir une fourrure grise et noire disparaître dans les eaux. Elle n’avait pas suivi les anciens assez vite, logique. Pourquoi on n’avait pas fait attention ? Non, pas le temps des question. Elle était à l’eau et .. j’avais promis.

" Sangsue Cendrée, ta fille sera en sécurité avec moi, promis. "

L’eau glacée me saisit dès que mon corps fut complètement immergé. Horrible, mais supportable pour moi bien sûr. Le corps de la guerrière-ancienne était déjà loin, c’était un grand chat aussi, grand calibre, et fourrure gonflée de liquide, elle coulait. Je nageais de toutes mes forces pour la rattraper, et dès que j’étais à portée, l’attraper par la peau du cou entre mes crocs, et hhaaaannnnngggg punnnaaaaaiiiise. Je mis un effort considérable -mais possible car moi- pour nous ramener toutes les deux à la surface.

" KEUF HHHRRUF VITE, QUELQU’un, faites la res-pirer… vit..e "

Que ?

Nous étions arrivées à la surface pourtant ? Toutes les deux ? Pourquoi ?

Pourquoi

je

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.
.
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La pluie n'avait pas le même son en tintant sur les branches de saule qu'elle en avait sur le plafond de roseaux tissés de la tanière où il avait passé tous les cycles de sa vie. Pas le même son, et les nids, la litière qu'on lui avait faite, qu'on lui avait décorée était... Trop... Grande.

La Tanière des Guerriers était trop grande - jamais Nu-



...Jamais Grand Gris n'aurait pu s'imaginer quelque chose d'aussi... D'aussi, drôle, mais un drôle jaune et collant comme du tarte sur les dents.

Il avait essayé de creuser un coin au fond de la tanière. L'un de ces tunnels dans lesquels son corps étroit se désarticulait pour sortir comme un ver à la surface.

Et les vers sortaient à la pluie.

Mais lorsqu'il tenta de rentrer tout son long museau dans sa sortie d'infortune, elle le recracha. Puis, elle lui cracha de l'eau. Puis, la paroi du fond de la tanière s'arracha dans un capharnaüm de craquements de roseaux. La rivière gronda comme une bête et dehors, la pluie se battait comme des flots. Leur saule, source de calme et protection fouettait la surface endiablée de percussions semblables à celles de leurs chutes d'eau. On criait. On donnait des ordres. On évacuait. Pas besoin de lui dire deux fois - bien qu'assourdi, le grand, très grand appren





...Très grand guerrier prit les pattes à son cou et galoppa sans grâce en disapraissant dans la masse.

"Dépêchez-vous," La foudre déchira le ciel, et sa lumière saisit Grand Gris au coeur. Mais sa peur se détourna bientôt de ses maigres os et

— On sort ! Ne laissez personne derrière ! Les mentors, prenez vos apprentis, on recompte les petits, les guér—

Les guérisseurs.

Leurs blessés.

Corail.

Toute l'effroi lui fit ployer ses longues échasses. Grand Gris, le regard hanté par la destruction si facile du quotidien dont ils s'étaient saignés les palmes à construire, vit l'eau remuer à gros remouds. Leur grande cheffe se dépêtra de la vase en tirant du bout des gencives le corps détrempé de Corail sur la berge. Leur Grande Étoile Déchirée toussait, crachait, les griffes fermement recourbées au rebord.

— KEUF HHHRRUF VITE, QUELQU’un, faites la res-pirer… vit..e

Et puis la violence de ce contre-courant la happa du monde.

Tout près, Chardon Marbré, son fils qu'elle avait choisi lieutenant, venait d'assiter à la même horreur. Sans s'étrangler sur les noms qu'il avait hélé il s'était tu, statue d'épines mouillées devant le monstre vrombissant qui lui avait pris sa mère.

Mais au lieu de se résigner, Chardon Marbré hurla à nouveau:

Crabe ! Océan Sauvage ! Avec moi !

Et en abandonant Corail à son sort, il disparut sous la surface.

Saule?

Grand Gris se tordit le cou à s'en craquer. Pas trace de saule.

Il se le tordit en se déhanchant brusquement de l'autre côté, scannant le chaos à la recherche de l'apprenti-guérisseur et de ses remèdes ses cataplames en priant l'irruption de sa présence calme aux oreilles et dos flasques--

Poulpe?!

Pas trace de Poulpe.

La queue entre les cuisses, Grand Gris ne respirait plus, se noyant dans la confusion et la peur comme si le Clan du Vent était venu les achever.

Ses velus sourcils noirs se froncèrent dans son faciès.

Son coeur serré lui faisait mal à en geindre mais il n'était pas question de lui, en ce moment. Tout du haut de ses interminables pattes en roseau, le guerrier se cabra et bondit comme un cerf par-dessus les flaques en se catastrophant au chevet de son amie.

Il piétina des pattes, hésitant quant à la suite des choses, mais bon, mais bon, MAIS BON-- s'excusant sans la moindre mot de sa gorge, Grand Gris s'emporta de violence et saisit de toutes ses forces la nuque de Corail afin de la tracter sur le dos et la sortir de sa torpeur.

Non.

C'était la mauvaise position. Elle risquerait de s'étouffer - avec les pattes, Grand Gris la repoussa sur le côté, glissant immédiatement tout son cou de giraffe dessous la joue de l'handicappée afin de lui soulever la tête. Son nez ne quittait plus la violence de l'eau où il avait vu Chardon Marbré y plonger.

Il comptait les battements - les siens, ceux de Corail, et ceux séparait la dernière bouffée d'air de leur Lieutenant.

— Ck'-- Rrr'--

Pas de voyelles aujourd'hui, mais ce n'est pas comme si les intempéries ne se déchainaient pas plus fort que lui.

Plutôt qu'avec les mots, il s'adressa à Corail à l'aide des vibrations de son mutisme.

— Ck'-- Rrr', gronda-t-il tout contre elle. T'V' Ck'R--ver  Ck'--Rr'--, FFF'Qu'T' T'Ré'vv--

HRP:

Rivière en Crue
EVENT. ◊ Clan de la Rivière

Le clan de la Rivière avait toujours eu une réputation de poisson-chat. Et si les poissons qui portaient ce nom partageaient avec les félins leurs moustaches, les chats de la Rivière avaient emprunté leur aisance - plus ou moins présente - avec l'eau.

Avoir le pelage trempé ne les avait jamais dérangés. Mettre les pattes dans la Rivière encore moins. Même plonger la tête la première sous l'eau ne faisait pas peur à la majorité des matous de ce clan. Et même avec son accident, Corail n'avait jamais eu peur de la Rivière. Elle avait chuté dans l'eau lorsque la balle l'avait mordue. Mais elle n'avait pas peur de patauger dans l'eau. Elle ne plongeait plus. Pas plus qu'elle ne pêchait. Mais elle n'avait jamais craint d'aller se mettre dans l'eau.

Mais aujourd'hui. Elle avait eu peur.

Les pluies et l'orage fracassaient la terre et la Rivière, si bonne compagne des chats du clan qui avait pris son nom s'était changé en un monstre terrible. Elle emportait tout sur son passage. Elle avait quitté son lit et débordait de toute part. Et si depuis le temps, ses pattes arrières n'étaient devenues plus qu'un poids à traîner, qu'elle savait très bien se déplacer avec. Elle n'avait rien pu faire lorsque l'eau était venue la happer sous son ventre. Que son arrière-train l'avait emporté vers le fond. Elle avait essayé de batailler de ses pattes avant, de prendre une grande inspiration. Mais avant que l'air ne puisse entrer dans sa trachée, l'eau avait déjà submerger sa gueule, la faisant toussoter des bulles sous les flots furieux.

Elle se souvenait. De quand elle était petite. De quand elle avait compris tout le sens d'avoir été confié par sa maman au clan de la Rivière. De sa volonté d'être aussi forte que les puissants guerriers du clan. D'être un chat des eaux. Elle avait toujours adoré l'eau.

L'anguille et Lueur d'Espoir lui revinrent comme un flash. Les premiers entraînements de nage et de pêche. Sa première vraie prise avec Nuage de Chardon. Ses parties de pêches avec lui. Ses jeux dans l'eau avec Morsure... Non, Oreille Rigolote. Alors pourquoi ?

Pourquoi la Rivière voulait l'avaler de la sorte ?

Elle avait peur. Et elle avait mal ? Ou pas ? Elle ne savait plus vraiment. Elle avait froid aussi ? Tout était confus.

Est-ce que si elle se mettait à pleurer, l'eau deviendrait salée ? Ses yeux piquaient. Et elle ne vit qu'à peine la silhouette massive qui se projetait vers elle. Tout autant qu'elle ne réalisa qu'à peine lorsque les crocs de la forme se refermèrent sur la peau de son cou pour la tracter vers la surface. Et, lointaine, la voix qui s'éleva ressemblait à une voix qu'elle connaissait. Sa maman ? Non, elle ne se souvenait même pas de sa voix. Cœur de Murène alors ? Non, ce n'était pas celle-là. Est-ce qu'elle allait bien ? Son esprit engourdi se perdit l'espace de quelques instants vers la famille de son ancienne mentor. Murène et Espoir étaient doués. Ils savaient bien nager. Et nul doute que Nuage d'Anguille partageait les mêmes capacités.

Mais alors. Cette voix ? Oreille Rigolote n'était plus là. Mais la voix lui ressemblait un petit peu. Est-ce qu'Oreille Rigolote avait eu des problèmes avec l'eau, là où elle était maintenant ? Est-ce que la Rivière avait été en colère contre elle aussi ? Ou bien s'était elle simplement mise à haïr les chats qui portaient encore son nom ?

Tout n'était que sensations étranges. Elle était là. Et pas totalement. Et tous ses sens étaient comme mélangés. Comme ses mots quand elle se mettait à parler. Plus rien n'avait d'ordre.

Son corps avait été tiré davantage, avant d'être repoussé dans une autre position, aidant à dégager ses poumons. Les sons inarticulés et les vagues syllabes vibrantes qui s'ajoutèrent aidèrent son esprit à retrouver le bon chemin. Et finalement, son corps se mit à tressauter alors que des spasmes la saisissaient. Elle s'était mise à crachoter de l'eau en même temps que quelques ricanements nerveux muets s'échouaient. Étoile Déchirée. Une voix qu'elle connaissait bien. Une voix qui ressemblait quelque part un peu à celle de sa cousine. Étoile Déchirée. C'était elle qui l'avait sortie de l'eau. C'était elle qui l'avait arrachée aux griffes de la Rivière en furie.

Ses yeux humides se dévoilèrent légèrement alors qu'elle les faisaient frénétiquement balayer ce qu'elle pouvait voir devant elle. Elle ne la voyait pas. Il y avait Grand Gris. C'était lui qui avait pris le relais. Alors qu'elle tentait de se redresser sur ses antérieurs, ses pattes s'étaient mise à trembler tout de concert avec le reste de son corps. Elle essayait de trouver le regard de son ami. Elle ouvrit la gueule. Étoile Déchirée avait-elle voulu dire. Mais elle ne parvint qu'à crachoter qu'un pauvre son rauque.

La voix de Chardon Marbré claqua. Ils s'en allaient. Le clan s'en allait. La Rivière avait avalé leur maison. Mais Étoile Déchirée n'était pas là. Était-elle plus loin ? Elle ne pouvait pas avoir été avalée par la Rivière, pas vrai ?

Parce que si tel était le cas. Cela serait de sa faute.

« Et-Krffr. Oile.... ? Hrrf D'chi..rrrrée... ? »