Le soleil s'est levé, je sens ses rayons qui traversent la tanière des Guerriers. Je papillone des yeux un instant avant de me lever. Cela ne fait que quelques jours que je suis une Guerrière à part entière et j'ai un peu de mal à trouver mes marques. Ne pas me faire réveiller par la voix de Brume du Matin qui m'enjoie à le rejoindre pour perfectionner mes talents de chasseuse ou tenter d'améliorer mes piètres capacités de combattante. J'avoue que j'admire mon mentor de n'avoir jamais baissé les pattes. Jusqu'au dernier jour il a tenté de faire de moi une combattante potable. Oui, je ne me fais pas d'illusion, je n'aurais jamais pu être excellente dans ce domaine. Bon au moins j'ai assimilé la défense, c'est toujours ça de pris. Je me désole de ne pas être parfaite partout, mais bon... Il y a bien une raison pour que tous ceux que j'apprécie s'en vont loin de moi, je ne les méritais pas.

Je m'étire longuement, baille un grand coup avant de sortir de la tanière. Le soleil est à peine levé, mais il fait encore bon. Pas trop chaud pour la saison. Je ne suis pas de patrouille, alors je me décide de partir chasser. Mes capacités de chasseuse sont un cran plus haut que mes talents (inexistants) de combattante. J'espère ne pas me louper, car rentrer bredouille serait une honte absolu. Tant pis, je ne rentrerai ni ne mangerai tant que je n'aurais pas ramené un nombre de proies suffisant! Après ce défi à moi même, je sors du camp, direction les marais. Inutile de revoir la toilette de mon pelage, je vais de toute manière revenir boueuse. Mais ce n'est pas grave, avec un peu de chance je trouverai suffisamment de grenouilles pour remplir le tas de gibier!

J'arrive bientôt à destination alors que le soleil est désormais haut dans le ciel. A partir de ce moment-là, je ralentis l'allure et laisse mes sens me guider. Je sens une odeur de grenouille, mais elle date un peu et je doute que la proie soit restée à m'attendre bien gentiment. J'avance, puis, avisant une flaque de boue, je m'en approche avec reluctance. Tant pis, il faut ce qu'il faut. Je me roule avec dégout dans la boue, brunissant mon pelage bien trop clair pour chasser convenablement. Une fois cela fait je continue mes recherches, longeant le sol pour ne pas avertir toutes les potentielles proies des environs. Puis un croassement bruyant me fait presque sursauter et je tourne la tête vers l'oiseau noir. il me tourne le dos, ne semble pas m'avoir vu et a l'air plus intéressé par le sol que par une potentielle menace. J'hésite un instant, car je suis plus habituée à chasser grenouilles et lézards, mais je ne peux pas laisser passer cette occasion.

Je m'aplatis encore plus au sol, plaquant mes oreilles sur mon crane. Et la traque commence. J'avance doucement, attentive à m'immobiliser lorsque le corbeau relève la tête. Encore un peu. Juste un peu. Pitié, clan des étoiles, faites qu'il ne s'envole pas. Faites qu'aucune brindille, caillasse ne vienne ruiner ma chasse. Et ma prière semble entendue. Je suis tout près, vraiment tout près. J'évalue la distance, je pense pouvoir y arriver. Non je sais que je peux y arriver. Je me prépare à sauter, vérifiant une dernière fois qu'il est occupé à fouiller le sol. Et je m'élance. D'un saut je me retrouve sur l'oiseau. Je m'accroche alors qu'il se débat, avant d'infliger la morsure fatale. Et me voilà pantelante, avec cette proie à ramener. Je ne ramènerai pas une multitude de grenouilles, mais ce corbeau est déjà un trophée intéressant. Je peine à reprendre mon souffle et m'autorise à me poser juste à côté. La journée commence bien. Après avoir ramené ma proie, je pourrais repartir et espérer ramener encore plus. Je servirai mon clan avec mes maigres moyens.

Un léger bruit me fait tiquer l'oreille et je rouvre les yeux, cherchant l'origine de ce bruit, dans les alentours. Je me tends légèrement, me demandant si je vais avoir affaire à un ennemi, voire pire, un prédateur, mais l'odeur de l'Ombre me rassure.