À Tort

○ Aspirante

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C'était étrange de constater que sa patte, ou à tout le moins, ses griffes, contre le pommier, s'étaient comme aggrandies depuis la dernière fois qu'elle avait étendue sa maque. Elle ne savait pas quelle longueur devait être cette-dernière. Elle ne connaissait pas les dimensions, les proportions vis à vis les griffes à sa vie, mais tant qu'on ne la disputait pas, Lune se disait qu'elle suivait les normes de la tribu. Et puis, tout ce qu'il lui fallait faire était de suivre l'exemple de ses soeurs. Elles avaient le même âge, signifiant qu'elles partageaient toutes la même longueur de marque - normal, quoi.

Pourtant, une part d'elle griffa plus longtemps qu'il ne fallut la nouvelle marque, la faisant une demie-griffe plus longue que celle de Pie.

Héhéhé... C'est comme si elle gagnait la course! C'était un peu stupide - d'entre toutes trois, la plus à même de gagner une course, c'était Araignée. C'était elle qui était la plus rapide d'entre les trois, car c'était elle qui s'enfuyait le plus. Lune n'était... pas lente, bien sûr, mais Pie était paresseuse et se traînait les pieds en arrière, la laissant prendre les devants. Ou... Ou elle la laissait prendre les devants pour ne plus avoir rien à voir avec elle...

Son oreille tiqua. Lune retomba sur ses quatre pattes, se posant malencontreusement la patte dans l'argile humide destinée à marquer l'écorce. Elle la secoua vigoureusement en grimaçant, et c'est alors que le Pommier voisin du sien lui fit de l’œil et constater l'étampe de la marque du nouveau coureur.

La queue de Lune battit au sol.

Ses joues se gonflèrent.

Après un court repérage pour s'assurer que personne n'était dans les parages, la jeune bengale se hissa au pied du Pommier voisin et flanqua une gerbe d'argile contre l'écorce, couvrant la marque du gamin.

Bien fait! se dit-elle en soufflant du nez.

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Sujet: Re: À Tort 31.07.24 22:38

La grande feuille du pommier descend, descend et descend encore, virevolte un peu en suspension, de gauche à droite. De ses yeux, assis dans l'herbe encore fraîche de la rosée matinale, Sirocco suit son paresseux mouvement. Délicatement, la feuille se dépose sur son museau alors qu'il tord son cou vers l'intérieur, comme s'il cherchait à absorber sa propre tête. Ça sent la pomme. Mais l'odeur semble vieille, poussiéreuse, sans doute parce que la feuille a jaunit.
D'un éternuement, il la chasse de ses naseaux et la laisse retomber, sans bouger, devant ses yeux. L'irrésistible envie de la chasser le prend tout à coup et, à l'instant même où il lève sa patte pour le faire, son attention est happée par autre chose.
Là, à quelques pas de là, il remarque une chatte de la Tribu affairée à gratter le tronc d'un pommier. De sa griffe, elle élargit une marque similaire à celle qu'on lui a demandé de faire, quelques temps plus tôt, durant son « baptême ».
Il penche un instant la tête de côté ; c'est qui cette fille, déjà ? Quelques secondes, il cherche sincèrement à la remettre mais rien ne lui vient – il faut dire qu'en vérité, cette demoiselle ne l'a pas aidé puisqu'elle ne s'est jamais présentée à lui, mais même ça il ne l'avait pas remarqué. Alors il laisse tomber, tout simplement.

Sa pleine attention retombe sur la feuille entre ses pattes qu'il agrippe du bout d'une griffe pour la jeter vers le ciel, l'obligeant ainsi à recommencer son petit manège. Longuement, Sirocco s'amuse à la pourchasser, à l'attraper, la rejeter, avec pour seule règle de ne pas la laisser toucher le sol. C'est qu'il perdrait la partie, sinon !
Le jeune chat sautille, court et pirouette en tous sens, vif et souple, sous l’œil rouge, lointain mais attentif, d’Écarlate. Lorsqu'il se rend compte qu'il est observé, Sirocco retombe sur ses pattes et la fixe en retour, mais la chatte disparaît derrière un bosquet. Elle part chasser ? Il n'en sait trop rien. Mais cette inattention lui coûte chère puisqu'il n'a pas le temps de rattraper son jouet : la feuille est déjà par terre.

Le mâle pousse un « mmph » de contrariété. Tout en posant ses fesses en un « pouf » tout aussi contrarié.
Sauf qu'il ne s'attarde pas plus que cela sur l'événement, puisqu'un bruit sec, éclaboussant, lui fait tiquer l'oreille et tourner la tête. C'est la fille de tout à l'heure qui s'amuse maintenant à jeter de la terre sur un autre pommier. Sirocco plisse les yeux, parce qu'il se demande bien ce qui lui prend. Et puis... cet arbre précisément lui dit bien quelque chose mais il ne sait plus trop quoi, d'ailleurs.
M'enfin. Un grand bâillement lui prend les mâchoires tandis qu'il se met debout, s'ébroue, puis tire longuement sur ses pattes.

Il hésite quand à la suite de sa matinée. Est-ce qu'il devrait attendre tranquillement le réveil de Molly pour sa leçon, ou plutôt ignorer cet engagement de la veille pour plutôt partir à l'aventure un peu plus loin encore ? Ou rejoindre l’œil rouge peut-être ? Ça, c'est une question des plus difficile...

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Siro-qui? Siro-quoi? En tout cas si on lui demandait Siro-où elle répondrait qu'elle ne savait pas, tiens!

La gerbe était épaisse, dégoulinante, et masquait la forme de sa patte. Même si la sienne était humide et incriminante, personne ne trouverait le responsable! Quelque part, si la force du coup avait été super galvanisante, Lune se sentait maintenant comme vidée, déçue, comme si elle venait de mettre une claque au mauvais responsable...

Elle secoua sa tête et tourna les talons, puis, brusquement, souleva son dos en le hérissant car il était là! Le nez ailleurs, vers une feuille, ou vers au loin, ou non, non, elle faisait erreur, c'est vers elle qu'il regardait, c'est qu'elle se faisait prendre la patte en plein dans la pile de gibier en fait!

Si elle eut le réflexe de vouloir cacher sa patte derrière l'autre, Lune ronfla du nez et dodelina de son large cou pour relever le port de sa tête et toiser Sirocco de haut.

— ...Je m'excuse pas!

En plus d'avoir souillé leur beau pommier de sa sale patte, Sirocco s'était accaparé toutes les couleurs de la nature, dans son poil. Lune lui jalousa sa rousseur et ses pattes sombres, ainsi que que ses mouchetures auburn s'accrochant au contour de ses yeux, le protégeant assurément des rayons du soleil.

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Sujet: Re: À Tort 31.07.24 23:46

Un tonitruant ronflement de nez lui fait tourner brutalement la tête vers sa gauche, secouer ses oreilles et ses joues pleines de poils, ainsi que ses longues mèches blondes de mignonnet. Son visage figé – sur lequel on distingue seulement un écart légèrement plus grand qu'à l'accoutumé sur la paupière supérieure – tombe sur... bah, la fille, là ! Son dos est aussi tendu que si elle était tombée nez à nez avec une vipère, elle dresse sa tête bien haut et elle tient l'une de ses antérieures derrière l'autre, ce qui la coince dans une position étrange et dénaturée. Elle est bien plus imposante que ne l'est l'élancé Sirocco, tout comme sa voix qui tonne tout à coup :

« - … Je m'excuse pas ! »

La surprise passe rapidement et la lueur de ses pupilles devient interrogatrice. Sirocco baisse sa tête vers l'avant, vers elle, accentuant la différence de hauteur entre leur deux regards.
Il ouvre la gueule, comme s'il allait répondre, mais rien ne sort, parce qu'il réfléchit encore à ce qu'elle a essayé de lui dire. Pourtant, sur ce coup-là, il lui semble bien avoir comprit les mots. Ce qu'il ne comprends pas, c'est pourquoi la fille lui dit ça.
Mais rapidement, ça le lasse un peu. Alors il lâche, désabusé :

« - Ok ? »

HRP:

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Lune était prête à tout. Une joute verbale, des moqueries, une engueulade, même, surtout si elles en venaient aux pattes - elle savait les siennes plus que suffisantes pour défendre son action. Elle était prête à tout, sauf à de l'indifférence.

— Ok ? lui dit Siroqui se prend pour qui.

Ok?

Ok???

Mais non quel idiot, il n'y avait rien "d'Ok" dans son geste! Qu'est-ce qui lui prenait, à ce garçon, de refuser de voir son insulte pour ce qu'elle était? Lune réajusta sa position, ne serait-ce qu'en sortant les griffes histoire de se redresser.

— Peuh. Tu prends tes grands airs, mais j'parie que t'es dévasté, en fait! Je le serais aussi.

Mais ça n'y était pas. La méchanceté perdait sa saveur sitôt qu'elle sortait de sa bouche. Lune tiqua d'une babine, qu'elle releva, soulevant les commissures d'un pastiche de sourire de Pie mal-assuré. La subtilité n'était pas son meilleur atout, mieux valait être directe:

— Siro-qui-veut-rien-dire!!

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HRP:

Sujet: Re: À Tort 01.08.24 17:15

Il lui semble apercevoir, comme un mouvement électrique dans son pelage. Sirocco descend de son regard vers ses pattes, décortiquant le corps face à lui et voilà ; il aperçoit ses griffes sortant de leur fourreau, malaxant le sol. Eh bien, de plus en plus fort. Sa tête se penche un peu plus, sur le côté.

« - Peuh, lui crache-t-elle, faisant remonter son regard indifférent et papillonnant dans le sien. Tu prends tes grands airs, mais j'parie que t'es dévasté, en fait ! Je le serais aussi. »

En fait pas du tout ; il s'analyse l'espace d'une petite seconde et non, définitivement il peut affirmer avec certitude qu'il n'est aucunement « dévasté » ou quoi que ce soit de ce genre. Elle va continuer encore longtemps son manège bizarre ?
Un sourire tout aussi étrange, qui ne lui va pas vraiment, se dessine sur ses lèvres et la voilà, moqueuse, articulant plus que nécessaire :

« - Siro-qui-veut-rien-dire !! »

Mouais.
Décidément, elle est trop bizarre. Sirocco a conscience qu'avec ses difficultés de langage, c'est peut-être lui qui est à côté de la plaque depuis le début de cette « discussion »... mais son instinct ne fait que lui souffler le contraire. Est-ce que c'était une moquerie de son nom, à l'instant ? Ou bien une phrase tout a fait sensée dont il n'arrive, en vérité, pas à attraper le sens ?
Quoi qu'il en soit, elle l'ennuie un peu là tout de suite. C'est qu'il a des choses à faire, en fait, ce garçon là ! L'image d’Écarlate traverse un instant son esprit. Ce qui est amusant avec l'imposante œil rouge, c'est qu'elle est souvent mal à l'aise et, quand ça arrive, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour se faire toute petite et disparaître aussi loin que possible de ce qui l'embête.
Alors, très naturellement, le jeune mâle imite l'attitude de la chatte qui l'a recueillit – bien que lui ne ressente aucun malaise, seulement une forte envie d'aller voir ailleurs. Sans plus de cérémonie, il détourne son regard de celui de la fille, redresse sa tête à l'expression terriblement impassible et, à petites foulées aériennes, il lui passe à côté en un détour poli, en direction des pommiers. En direction du monde, loin du camp.

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Pas même une réplique cinglante ou d'yeux gros ou même de larmes... C'était à n'y rien comprendre - pourtant ça marchait toujours avec Araignée! S'était-elle trompée de cible? Avait-elle cru à tort que s'attaquer à n'importe qui d'autre qu'Araignée aboutirait à la même fin? En plus de sa colère sans nom, lui étreignant le coeur sous ses couches de gras, Lune s'échauffa d'embarras vite comme une flèche depuis ses coussinets.

Vivement la tombée de la neige, pensa-t-elle pour la première fois de sa vie.

Ceci dit, il se faisait la malle le roquet, et en suis-moi de je te fuis Lune se tourna sur sa queue pour dévisager à gros yeux le gamin qui lui tournait désormais le dos, quatre pattes croustillant le tapis de feuilles de pommier.

— ...Pourquoi ça te fait rien??? Peut-être qu'il était vraiment plus idiot qu'elle le pensait, alors elle pressa le pas à sa suite, grommelant de devoir ainsi faire la leçon au plus jeune. Tu comprends pas? J'ai couvert ta patte! Ça veut dire que tu vas devoir la refaire! Mais que tu ne l'auras jamais aussi petite!

Donc qu'elle ne serait jamais plus la même.

...La patte.

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Sujet: Re: À Tort 01.08.24 20:30

Sous ses pattes, les feuilles se craquellent en un son agréable qui lui donne envie de continuer. Molly lui avait apprit les saisons, quelques jours plus tôt, et elle l'avait prévenu que celle qui s'installait était « l'automne ». On la reconnaît facilement, lui expliquait-elle, en observant les feuilles : elles jaunissent, roussissent puis tombent une à une mettant à nu les arbres. Le nez vers le ciel, Sirocco peut maintenant admirer, au-delà des mots de sa professeure, l'impact de l'automne. C'est plutôt joli, elles sont belles toutes ces couleurs qui transforment le monde !

« - … Pourquoi ça te fait rien ??? »

Ah ! Encore elle ! Sirocco pousse un soupir las ; elle se rapproche, il entend des craquements dans son dos qui ne sont pas ceux de ses coussinets à lui, sur le tapis de feuilles. Son oreille la suit un instant alors qu'elle apparaît, trottant à sa hauteur à droite, puis s'en retourne sur le devant de sa tête. Sirocco presse un peu le pas, sa démarche devient plus souple et plus élancée encore qu'à l'accoutumé, la tête bien haute, l’œil vif et réceptif à tout ce qui peut se passer autours. Mais elle tient bon, reste à ses côtés.

« - Tu comprends pas ? J'ai couvert ta patte ! Ça veut dire que tu vas devoir la refaire ! Mais que tu ne l'auras jamais aussi petite ! »

Le jeune mâle lui jette une œillade furtive pour constater qu'elle a toujours l'air excédée, si ce n'est plus encore. Et lui commence finalement à faire les liens : elle ne s'amusait pas à peindre un arbre avec de l'argile, elle cherchait à couvrir la trace qu'il y a fait il y a peu – c'était pour ça, que cet arbre lui disait quelque chose ! Mais pour autant, Sirocco ne comprend toujours pas pourquoi elle est dans un tel état pour ça. Qu'elle fasse ce qu'elle veut de cette marque, après tout il ne l'a fait que pour faire plaisir à la vieille noire et blanche.
Devant eux une roche crève la surface du sol entre les troncs de deux pommiers. Sans prévenir, Sirocco bondit dessus et, bas sur ses appuis, il braque sur elle son regard vairon.

« - C'pas grave, assure-t-il de sa voix d'oiseau. Rentre. »

D'un mot il donne cet ordre tout en se détournant, disparaissant de l'autre côté du rocher.

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Rien! Rien! Il ne lui répondit rien que lorsqu'il bondit sur une roche pour se retourner et la regarder en plein dans les yeux! L'embarras lui étreignit la gorge et lui chauffa ses joues rabougries. Tout d'un coup, Lune était toute petite. Pas comme un chaton à sa maman mais comme une souris entre ses griffes.

— C'pas grave, lui dit le roquet, la multiplication de ses syllabes faisant entendre à Lune le timbre si singulier de sa voix. Rentre.

Portée à répondre aux ordres, Lune "rentra"... légèrement son menton dans le gras de son cou, rondissant les yeux face au gamin qui alla une fois encore à son encontre.

— A- attends!

Qu'est-ce qu'il y avait de si important pour lui qu'il pouvait se permettre de l'ignorer comme ça? Genre qu'il allait "vaquer" ailleurs! Lune se remit en marche, au trot, au galop maintenant, se donnant l'élan d'un petit saut pataud pour escalader la roche et se retrouver de l'autre côté... toute seule. Comme la fois où elle avait faussée compagnie à Oreille Rigolote.

C'était...

C'était vraiment à n'y rien comprendre.

Oh -- non, le voilà qui s'éloignait.

— Hey! T... Toi, rentre! C'est MON chez-moi ici, toi t'es juste, toi t'es juste...

Ils acceptaient tout le monde dans la tribu, à condition qu'ils soient déjà adultes. La tribu était bien plus cool que les Clans, mais que ce gamin, avec son nom bizarre, ne vienne la perturber avec ses grands yeux ses longs cils m'as-tu-vu lui laissait un os au travers de la gorge.

— T'es juste un ver de pomme!

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Sujet: Re: À Tort 01.08.24 23:06

« - A-attend ! »

De l'autre côté du rocher, il entend geindre la fille. Mais Sirocco n'en a cure, il s'en va vers l'aventure et elle pourra faire tout ce qu'elle veut pour l'arrêter ça ne changera rien. Parce qu'il est aussi effronté qu'il est nonchalant, qu'il est têtu, qu'il est libre comme le vent dont il porte si bien le nom.
Au-devant se montre une pente large, s'étendant de toute part, et dénudée de tout arbres. Elle plonge droit sur la rivière scintillante sous les doux rayons mielleux de l'automne. Sirocco connaît bien cet endroit, il est déjà passé plusieurs fois. Avec assurance, il poursuit son chemin sur sa droite, longeant le rive en faisant cliqueter les galets sur son passage. Ça le change des feuilles mortes, bien que ça soit moins agréable pour ses coussinets.
Très vite, il arrive au repère visuel qu'il cherchait : un grand bouleau, tout seul, de l'autre côté de la rivière. Et le jeune chat sait qu'autrefois, il n'était pas seul. Puisque près de lui restent les vestiges de son voisin, en une souche craquelée. L'arbre en question est juste à côté, dans sa chute il a formé un pont naturel qui a permit plus d'une fois au garçon d'aller de l'autre côté. Il prend son élan et, en un bond, le voilà sur l'écorce humide du bouleau.

« - Hey ! »

L'apostrophe à le mérite de le surprendre – il ne pensait pas que la fille le suivrait, il l'imaginait déjà repartie vers le camp de la Tribu. Et sur le coup, la patte de Sirocco ripe sur la surface lisse, manquant de le faire chavirer. Juste à temps, il parvient à se rattraper de ses griffes, se maintenant à flot.

« - T... Toi, rentre ! Qu'elle lui rétorque, parce qu'elle en est restée sur ce qu'il lui a dit quelques minutes plus tôt. C'est MON chez-moi ici, toi t'es juste, toi t'es juste... »

Un peu replié sur lui-même le temps de se remettre en équilibre – c'est qu'il n'a pas de longue queue, lui, pour faire balancier – Sirocco lui jette un œil muet d'émotion.

« - T'es juste un ver de pomme ! »

C'est une insulte, pour les gens de la Tribu du Soleil ? Sincèrement, il n'en sait trop rien, mais au vu de la façon dont elle lui jette ces mots à la figure, c'était l'intention, ou l'impression, qu'elle voulait donner.
Que lui veut-elle à la fin ? Qu'est-ce qu'elle imagine ? Elle a raison après tout, elle est chez elle. Et lui et bien... aujourd'hui il dort au même endroit, c'est tout. Avec Écarlate, Lavande, les oreilles rigolotes et puis Molly.
Parfaitement remis et comme si rien ne s'était passé, choisissant d'ignorer le fait que c'est un peu de sa faute si il a trébuché, Sirocco se dresse à nouveau fièrement sur ses quatre membres.

« - Ok. »

L'un de ses mots préférés, il l'a apprit très tôt. Passe partout, permet de faire comprendre qu'on a entendu ce qui a été dit sans avoir besoin de faire beaucoup d'effort de prononciation, ne créer aucun engagement ; bref, idéal.
Il continue néanmoins, pour la prévenir et la rebuter :

« - Ça glisse. Rentre. »

Juste un peu plus insistant. Lui faisant dos une nouvelle fois, Sirocco trotte habilement le long du tronc.

HRP: