[BLIZZARD] you're gonna lose your soul // prio trash - end

Elle comprenait plus grand chose. La raison était simple : le froid semblait l'avoir suffisamment paralysée pour qu'elle ne puisse plus penser, plus réfléchir, ni voir, ni rien entendre. Elle était dans un noir complet, sans vraiment pouvoir se dégager de là. Remballez votre lyrisme, elle n'était pas consciente de cet état, elle ne voguait pas dans une immensité de noirceur ou quoique ce soit. Elle ne comprenait pas, pour changer, et c'était peut – être mieux comme ça. Elle entendait vaguement des cris dans de l'eau autour d'elle, tandis que le contact de la neige semblait l'avoir anesthésié. Elle sentait des brûlures au fur et à mesure du voyage, ne lui arrachant pas encore de grimaces. Elle ne sentait plus rien, elle était dans du coton. Elle a l'impression d'être sur le dos de sa mère, tandis qu'elle ne contrôle plus ses mouvements. Elle se met à se demander où elle va, mais elle n'arrive pas à canaliser ses pensées. Nuage d'Albatros n'est sûre que d'une chose : l'odeur de la neige lui fout la nausée, et si elle avait la force, elle se mettrait à dégueuler la haine qu'elle avait pour cette saloperie, là, tout de suite, maintenant, sur le dos qui la portait. Fermant les yeux, elle tentait d'oublier le froid et la douleur de la faim.

Ils arrivent, on ne sait pas où. Au Verger, c'est ça ? Elle ne sait pas, elle ne sait rien, Alby, de toute façon. Tandis que ses esprits reviennent tout doucement, elle entend une première phrase inaudible et se contente de miauler vaguement quelque chose en guise de réponse. Elle ne sait pas ce qu'elle dit. Elle n'est qu'ignorance. Alors que sa vue revenait doucement, elle entend une seconde phrase, plus distinctement.

« T'es dans ma cabane et t'es pas morte. »

Ah ouais ? C'était donc comme ça, sa cabane ? Elle jeta un regard circulaire autour d'elle. Partout, il avait son odeur. Celle de Toucan. Elle sentit son cœur s'emballer. Toucan avait été là, quelque part. C'était là, qu'il dormait. C'était là, qu'ils dormaient, tous les deux. Elle était vivante, et ce constat l'étonnait. Pendant quelques heures, elle avait été persuadée d'être morte, congelée sur place. Etonnée par sa survie, elle en venait à oublier la faim qui lui tiraillait le ventre. S'étirant doucement, elle leva les yeux vers Trash. Il l'avait sauvé, alors qu'elle lui avait déchiré la tronche lors de leur dernière rencontre. C'était illogique. Pourquoi il avait fait ça ?
Putain.

« T'aurais pu me tuer, t'aurais bouffer du chat ... »

Elle était profondément émue, et ça l'emmerdait. Elle ne s'attendait pas à un élan de bonté de la part d'un autre chat, et certainement pas d'un solitaire. Ils étaient décrits comme étant des êtres sans foi ni loi. Et si la réalité était tout autre ? Et si Trash avait des sensations et sentiments comme elle ? Et si Trash était un égal des claniques ? L'idée lui parut absurde. Un clanique ne l'aurait pas sauvé. Elle même ne l'aurait pas sauvé. Elle se serait contentée de le livrer en ennemi politique ou bien de cacher son cadavre quelque part. Clairement, y avait un truc qui clochait.

« Tu ne comptes pas me manger après, hein ? » Elle ricana d'un air insupportable et nerveux. « Parce que, c'est quand même pas commun ce type de sauvetage. Je veux dire … C'est même bizarre. T'avais rien qui t'obligeait à me ramener ici, et pourtant tu l'as fais. Si t'as un truc à me demander, fais le maintenant, au moins je serais moins angoissée aha … Il fait chaud ici ... »

Pendant de longues minutes, elle continuait à causer bêtement de tout et de rien, noyant son stress dans ses kyrielles. L'échine dressée, elle était pleine de doute. Et si Trash l'avait emmené ici pour mieux l'égorger ? Et si Trash s'apprêtait à l'enfermer ici pour toujours et de la livrer au Vent en guise d'otage politique ? Qui sait, il était peut – être comme elle.

« Merci, en tout cas. » C'était la moindre des choses, déjà.

Spoiler:

 T'aurais pu me tuer, t'aurais bouffer du chat ... 


 Oui. je dis à cause que c'est vrai.

Mais je sais pas je m'imagine pas trop la bouffer à moitié morte dans la neige. Après qu'elle m'est pas attaqué. Mais plutôt supplié. C'est pas ça que font les braves.

Et puis je sens sa peur.
Sa peur qu'elle essaie de couvrir avec ses mots. Et je me dis que c'est peut-être pour ça qu'elle parle autant. A cause qu'elle veut pas qu'on devine ce qu'elle pense. Elle enterre tout sous des couches de phrases et je vois pas ses émotions, j'entends pas ses pensées. Est-ce-qu'elle en a pas ? Est-ce-que ses mots c'est pour combler son vide à l'intérieur ?
Elle est vide à l'intérieur ?

Et puis
Ferme-là.

J'ai besoin qu'elle se taise. Je me laisse tomber par terre.
Je me sens idiot.
Manipulé.

_ Merci, en tout cas.
Ferme-là. je répète.

Ses mots de tout à l'heure, c'était pas vrai. C'était pour remplir le vide.
A cause qu'elle a vu la tête horrible de Grim Reaper et qu'elle s'est mis à parler parler parler pour que je la sauve. Et moi comme un putain de demeuré je l'ai crue.

Je l'ai crue quand elle m'a vendu ses rêves de violence, de droits spéciaux et d'amitié.
Putain de demeuré.
Je me couche sur le ventre.
Même plus l'énergie d'être énervé.
Même plus la force de lui crier dessus.
Juste je suis fatigué.

Je crois que je regrette de t'avoir sauvé. je dis.
Je regarde ses yeux rouges pour tenter de voir si y'a putain de quelque chose dedans. Et bizarrement je peux pas soutenir ce regard plus de quelques secondes alors je repique par terre.
Je comprends pas non plus.
GRLRLRLRL.

Et de pas t'avoir bouffé.

Des « ferme la » à la pelle. Nuage d'Albatros grimaçait à chaque insulte, comme si Trash la lapidait à coup de fronde. Elle ne comprenait pas, une nouvelle fois, et ce constat la déboussolait. Elle voulait réellement comprendre ce que voulait dire le solitaire, comprendre son essence et ses réactions. Néanmoins, ce dernier semblait obéir à aucune loi logique, linguistique.

« Je crois que je regrette de t'avoir sauvé. Et de pas t'avoir bouffé. »

L'incompréhension était totale et complète. Nuage d'Albatros se sentait piteuse, soudainement. Après tout, elle aurait regretté à sa place aussi. Elle l'aurait peut – être bouffé, mit ses tabous de cannibalisme de côté, dans l'unique but de se nourrir, elle et personne d'autre. La gamine était égoïste, c'était pas une nouvelle. Le soucis, c'est que Trash évoquait le regret. Trash évoquait les remords. Trash avait – il, comme Toucan, des sentiments ? Trash était – il alors un félin comme elle ? L'idée lui paraissait absurde, c'était bien connu que les solitaires n'étaient pas réellement des chats, des esclaves claniques destinés à être des parias et des chassés toute leur vie. L'idée que le chaton, avec presque son âge, ait lui aussi des pensées et des rancoeurs la perturbait réellement. Impossible.
Et bordel, pourquoi il faisait la gueule, celui là ? C'était quoi, son problème ? Il l'avait sauvé, et il pouvait toujours revenir en arrière. Avec un rire rauque, l'apprentie sourit en le regardant.

« Tu sais, je suis encore suffisamment faible pour servir de festin. Tu préfères commencer par quoi ? Ma tête ou mes pattes ? Mon ventre peut – être ? Tu peux y aller, y a pas grand chose sur mon corps après tout. A vrai dire, pas sûre que mon petit corps te suffise à te nourrir. »

Elle tenta de s'étirer mais ses muscles semblaient immobilisés par le froid. Bien que le refuge de Trash soit plus chaud qu'à l'extérieur, la température ambiante restait glaciale, et l'albinos peinait à survivre aux températures extrêmes. Alby n'était clairement pas faite pour vivre en extérieur, de toute manière. Baillant aux corneilles avec une vulgarité digne de la gamine, elle se replia sur elle même pour se rouler en boule, posant sa tête sur sa cuisse afin de regarder Trash. Il avait l'air vraiment perdu, mais elle ignorait la raison. En faisant l'arbre des possibilités, elle ne trouvait que des raisons absurdes. Trash était – il fondamentalement absurde, après tout ? Il ne parlait pas comme elle, ni eux, ni personne. Il ne devait certainement pas penser comme tout le monde. Et s'il était blessé pour une raison x ou y ?
N'empêche qu'il l'avait sauvé, en faisant preuve d'un honneur rare, et pour un solitaire, Nuage d'Albatros devait admettre être impressionnée. Il avait décidément plus de respect qu'elle, et elle se mit à imaginer un monde utopiste où les solitaires avaient leur propre terre. Peut – être qu'ils seraient moins agressifs ? A se mettre à leur place, devoir voler des proies ne devaient pas être très gratifiant.

« Je te comprends pas, Trash. »

Elle avait balancé la phrase comme une goutte d'eau sur de la glace, et elle s'attendait à que chacun de ses mots se cristallisent de manière anarchique et laide quelque part. Elle soupira. Cette ambiance tendue l'agaçait, elle avait réellement envie de comprendre, et l'idée d'être dans du coton et vulnérable la paniquait.

« Non, sérieusement, je te comprends pas. C'est quoi ton problème ? Pourquoi tu me dis de la fermer et que tu regrettes de m'avoir sauvé ? » lança – t – elle, pleine d'incompréhension.

Elle marqua une pause, réfléchissant. Il fallait se sortir de cette situation, de toute manière. Cette atmosphère était trop tendue, et Trash était en position de force. Il pourrait la dégommer s'il le voulait. Il fallait vendre son honneur pour se racheter une dignité, et c'est plus ou moins ce qu'elle choisit de faire.

« Si t'es énervé après moi, frappe moi. Je le mérite. Sinon, je te suis redevable, je te dois la vie, après tout. Qu'est – ce que tu veux, Trash ? » Elle ne savait pas ce qu'elle méritait, ni son problème, mais par honnêteté et amour de l'ultraviolence, elle prostituait son sang.

 Je te comprends pas, Trash. 

J'avoue que moi non plus. Je comprends pas.
Je suis un mystère trop mystérieux pour me résoudre aussi.
Je lève ma tête de sur mes pattes avant pour la regarder.
Je sais qu'elle a peur à cause qu'elle se remet à parler. Et elle parle encore de violence.

MAIS JE VAIS PAS TE FRAPPER PUTAIN ! je hurle en la secouant ce qui doit lui faire penser le contraire. POURQUOI JE TE SAUVERAI LA PEAU POUR TE MARAVER LA GUEULE OU TE BOUFFER APRES HEIN ??

Et puis à nouveau cet accés de colère m'a consumé et je me senS fatigué. Je repose mes pattes sur le sol. Je lâche ce corps mou, froid et sans résistance, ce corps malade qui sent la peur et je regarde plus ces yeux rouges qui teintent l'imcompréhension.


C'est juste que .. je commence.

Et mettre des mots sur ses sentiments c'est difficile. C'est con les mots.
C'est les mêmes pour tout le monde.
Et on est tous différents.

C'est vrai quand t'as dit que je serais spécial ? Que j'aurais des droits de clémensse et tout ? je dis et mes yeux verts sont plein d'espoir.

Elle me rapelle un peu Mess.
En blanche.
En plus drôle.
Je sais que Mess se servait de moi aussi.
Mais si le Fantôme me manipule, j'en ai pas l'impression. J'ai l'impression de faire ça de mon plein gré. Un peu comme quand j'aide Toucan.
A cause que je me suis attachée à elle aussi ? Même si c'est que la deuxième putain de fois que je la rencontre et qu'elle a encore essayé de me buter, quand même je lui ai sauvé la vie, elle a une dette de vie envers moi alors c'est pas n'importe qui.

Est-ce-que t'es mon amie ? je dis. J'ai jamais eu d'ami avant.

Spoiler:

Elle comprenait pas tout. Néanmoins, peu à peu, son esprit se désembuait, en fonction des explications du solitaire. Il la secouait, tandis que la gamine, encore faible, émettait des bruits de douleur. Elle n'aimait pas être remuée, que ce soit figurativement ou à proprement parler. L'essentiel, c'était qu'il ne voulait pas la dévorer. Trash n'était pas cannibale, contrairement à ce que les clichés de l'apprentie criait. Trash était visiblement assez respectable, et étrangement, Nuage d'Albatros aurait presque préféré donner sa patte en repas. Elle n'aurait pas été redevable et n'aurait pas eu à remodeler sa personnalité sur cette nouvelle information : les solitaires sont des chats comme les claniques. Encore étonnée de cette constatation, elle préférait penser à autre chose.

« Est-ce-que t'es mon amie ? J'ai jamais eu d'ami avant. »

Hein? Nuage d'Albatros sursauta à l'intérieur d'elle même. Elle s'attendait réellement à un déluge d'ultraviolence de la part de Trash, et le voilà en train de quémander l'amitié. Elle sourit timidement. Elle lui avait promit ce qu'il voulait. L'albinos lui devait la vie, et il demandait juste de la considération, un peu de joie et un peu de partage. C'était peu cher payé. Cette requête mettait l'apprentie à mal. Elle ne connaissait pas réellement le solitaire, et c'était étrange pour elle de se retrouver à devoir se lier d'amitié avec un inconnu. Elle savait qu'il avait une forte mâchoire, de part sa patte qu'il avait à moitié brisée entre ses crocs. Elle pouvait se souvenir de sa force, comment elle valsait à chaque coup qu'il pouvait mettre, tandis qu'elle filait entre ses griffes. Réellement, elle ne le connaissait pas, sauf si elle voulait parler de sa force.
Et elle devait être son amie ?

La perspective lui paraissait drôle. C'était bien sûr qu'elle allait accepter. Elle ne pouvait pas réellement lui refuser ce privilège, après tout. Peut – être obtiendrait qu'il évite de fréquenter ses terres ? En effet, elle ne se voyait pas dégager un ami constamment de son territoire, et son amitié avec Toucan la mettait déjà en danger dans la politique pro-sang pur et xénophobe de son Clan. Elle ne voulait pas devenir la sorte de personne sur qui il était sympathique de tomber au cas où. Elle se devait de rester combative, qui sait, elle pourrait perdre de sa force. Elle avait déjà failli claquer, après tout.

« Trash … Je ... »

Elle marqua une pause en soupirant. Nuage d'Albatros commençait décidément bien, avec son talent d'orateur de folie. Grognant après elle même, elle voulut reprendre, bégayant de manière particulièrement ridicule. Adieu ta réputation de terreur, ragea – t – elle contre elle même.

« Je te dois ça, clairement. Puis je t'aime bien, on aime tous les deux se taper dessus, après tout. Mais, je remarque que je ne te connais pas trop trop, pour un ami … Et si tu me parlais un peu de toi ? C'est ce que les amis font ! Si tu veux, je te parlerais un peu de moi, pour pas que tu te sentes seul ! »

Coincée sur le sol dans ce moulin, elle ne pouvait que ça après tout. Tremblotante, elle tenta de se relever, et c'était au prix de quelques efforts qu'elle réussit à se mettre assise sur le sol boisé. Balançant la tête de droite à gauche, elle réactivait ses cervicales, faisait sortir et rentrer ses griffes, étirait sa colonne vertébrale, se dégourdissait les pattes dans le moulin. Dans un coin, elle crut apercevoir deux litières. Son cœur s'emballa. L'une des deux devait être celle de Toucan.
Elle s'en voulut de penser ça. Elle ne savait pas pourquoi elle pensait à lui comme ça, directement. C'était un connard de solitaire qui la frappait continuellement, et ses épaules se souvenaient de leur combat avant le blizzard. En effet, de vilaines cicatrices parcouraient son corps à cause de lui. Elle s'était mis en tête de le haïr, comme ça, par hasard, mais chaque énonciation du mot solitaire le rapportait à lui.
Ça craignait.

Soudainement, une réflexion lui vint en tête. « Je n'ai jamais eu d'ami ». C'était bizarre. Il vivait pourtant avec Toucan, et il ne le considérait pas comme un ami ? Cette situation lui parut absurde, et nonchalante sur ses pattes d'arlequin, l'albinos se retourna vers son nouveau compère.

« Toucan n'est pas ton ami ? Vous vivez ensemble, pourtant. »

Spoiler:

Super ! je dis maintenant qu'elle est d'accord.
C'était peut-être pas faux tout ce qu'elle disait quand elle pensait mourir alors.
En plus le Verger c'est juste à côté de chez toi, tu pourras plus rien dire quand j'viendrais dormir dans les hautes herbes heheeh.

A cause que y'a pas à dire, c'est le meilleur endroit pour faire la sieste. Mais y'a pas beaucoup de baston du fait que c'est grand la Lande et il faut une proprabilité incroyable pour tomber sur quelqu'un.
Et apparemment avec le Fantôme, on a pas le même concept de l'amitié. Pour moi un ami c'est quelqu'un qu'est sympa avec moi.
C'est pas grave si je connais pas son nom.

Toucan ? C'est Dad', c'est pas pareil. je dis.

Un ami ? Je sais pas. Il est trop vieux et c'est plus un figure paternelle pour moi. Le genre de père qu'on admire et qu'on veut devenir pareil plus tard.

Mais il m'a sauvé la vie et on partage la viande alors j'imagine que ça fait de lui un ami ! je dis.

Et puis ça me rapelle des souvenirs de mon voyage jusqu'ici. Ici ou c'est différent de là-d'où-je-viens. Ici où les gens se partagent la Forêt et on ils sont pas comme une meute où les plus forts dominent les plus faibles, mais plus comme une organisassion soudée où ils veillent les uns sur les autres.

De là-ou-je-viens, on avait pas besoin d'amis. je dis. Fallait juste être le plus fort, écrasé les autres ou être écrasé. je raconte,
même si c'est moi qui écrasait les autres que pas grand monde m'aimait à cause de ça. Je suis content d'être parti. T'imagine tous les gamins qui veulent plus avoir à obéir à cause qu'ils veulent juste faire ce qu'ils veulent toute la journée ? Eh bah c'est ça ma vie huhihuihhi !
Ouais, je suis content d'être parti.

« En plus le Verger c'est juste à côté de chez toi, tu pourras plus rien dire quand j'viendrais dormir dans les hautes herbes heheeh. 
- AHAHA... Hors de question. »

Elle aurait eu envie de se bouffer la patte au lieu d'être aussi froide avec Trash. Elle était dans l'embarras le plus complet. Tiraillée entre son devoir clanique et sa dette, elle sourit et l'envie de s'enfuir était à son paroxysme. Par ailleurs, en temps normal, c'est ce qu'elle aurait fait. Le problème était qu'elle était très faible, et elle n'avait qu'à affronter Trash et ses envies d'amitié. Après tout, ce n'était pas le changement drastique de leur relation qui la dérangeait. Passer d'ennemi juré et rival à ami ne la dérangeait pas. C'était drôle, pour tout dire. Il fallait désormais dealer avec le fait d'être loyal envers le Vent et, surtout, Etoile de Sable, et devoir sa vie au solitaire.
Plot twist, c'était complexe.

« Non. Je veux dire. C'est un peu compliqué, Trash … Si tu es réellement mon ami, évite de venir sur mes terres. Tu comprends, mon Clan s'est battu pour les obtenir, et si tu viens, je … Je risque d'avoir vraiment, vraiment de gros problèmes. Si je tombe sur toi, si tu veux, on pourra aller sur une terre libre à tous, genre à deux, patte dans la patte même si tu veux. Mais on peut pas rester sur mes terres, vraiment. Comprends ça, s'il te plait, Trash ... »

Et il continuait avec ses mots étranges, à base de Dad et de sobriquets obscurs. Elle fronça les sourcils. Elle n'avait, réellement, aucune foutue idée de ce que le mot « Dad » signifiait. C'était pas pareil qu'être ami, mais alors, s'ils n'étaient pas amis, qu'est – ce qu'ils étaient ? Son échine se dressa quand elle entrevit la possibilité qu'ils soient amants. Toucan avait – il un problème existentiel avec les relations sexuelles sur chaton ? Le douloureux souvenir de leur première rencontre vint se heurter dans sa tête comme un train en pleine gueule. Non. La nausée dans la gorge, elle économisait chacun de ses mouvements, le visage creusé et les yeux cernés. Elle était plus laide que jamais, avec du sang qui coulait de sa bouche. Elle avait du se heurter à quelque chose pendant le transport ou en tombant au sol. Elle articula un distingué et néanmoins élégant « Fais chier » et se passa la patte sur la gueule pour essuyer le sang. Elle avait l'air sincèrement malade, et son teint blafard n'arrangeait rien.

« Je comprends pas ce que tu dis, Trash ... »

Elle était réellement fatiguée, elle tremblait, et elle était prête à tomber d'une seconde à l'autre. Pour éviter la chute, elle s'allongeait à nouveau au sol, sur le flanc. Elle allait certainement crever aujourd'hui, donc pourquoi parler de frontière à Trash ? Elle avait été, depuis son plus jeune âge, entraînée à l'idée de mourir. C'est ainsi que le blizzard arrivant, elle avait cette peur de la mort, mais l'acceptait. Elle voyait cette destinée comme quelque chose de logique et d'en rien révoltant.

« Ca veut dire quoi, Dad ? Ca ressemble à addition, donc tu veux dire que … Toi et Toucan … Vous … Vous êtes … Amants …? »

L'idée lui donnait envie de vomir. L'idée d'avoir deux mâles ensemble heurtait son esprit de conservatrice comme jamais. De plus, Trash était un mâle imposant, tandis que Toucan était petit, sec et nerveux. Les images se mêlaient dans sa tête, et la femelle eut un haut-le-coeur. Dégoûtée, elle dut se concentrer pour éviter de vomir de fatigue et d’écœurement.

« Si c'est le cas, je veux rien savoir, Trash ... »

Tremblante, elle ferma les yeux un moment pour éviter de réellement vomir. C'était peut – être la dernière chose à faire devant un ami, après tout. Comment allait – t – elle se justifier ensuite ? « Coucou Trash, imaginer un coït entre toi et Toucan me fout la gerbe ». Une bonne relation en perspective. Le solitaire lui racontait ensuite sa vie dans son ancien Clan. Enfin … Clan … Elle ne comprenait encore pas dans quel genre de groupe avait été Trash, d'où il venait. Lui même ne semblait pas au clair sur ces questions, et très rapidement, le solitaire devenait une source de perplexité pour la femelle. Il était réellement étrange, étranger aux autres. Elle se disait que l'avoir en ami ne pouvait qu'être enrichissant, peut – être apprendrait des choses sur le fonctionnement d'autres cultures.
Comme si elle en avait quelque chose à branler.

« T'as bien fais d'être parti … Mais … Je comprends pas … C'était une sorte de Clan ? C'était à Cerfblanc ? Tu avais de la famille ? »

Pour .. quoi ! je gueule à cause qu'elle fout par terre mes rêves de sieste et de prairie.



C'est stupide ! je dis ( ça veut dire que je comprends pas. )Elle est à tout le monde la Lande ? .. ! J'ai le droit d'aller où je veux !

Et puis elle aussi elle pige pas et elle s'évanouit un peu alors je me couche aussi pour être au même niveau qu'elle.
Elle est malade je vais bien.
Elle est blanche je suis noir.
Elle est dans un Clan je dois rien à personne.
Entre nous deux un abime d'incomprenansse.

Ca veut dire quoi, Dad ? Ca ressemble à addition, donc tu veux dire que … Toi et Toucan … Vous … Vous êtes … Amants …?

Amant ? Ca veut dire quoi ? J'ouvre la gueule pour demander puis la phrase qu'elle ajoute et son air de ravaler son vomi me font comprendre tout d'un coup ce qu'amant veut dire.

POOOUAAH ! NOON JAMAIS DE LA VIE. Je suis pas pédé moi !! Toucan il est pédé ?? Ca s'attrape ??

Là c'est à mon tour de ravaler mon vomi. Il va falloir que je parle avec Toucan et que je lui demande ce qu'il putain de fait de ses journées.
Et je me lève et je tourne sur moi même pour voir si tout va bien et tout va bien, ok je suis pas contaminé j'espère, les maladies elles m'aiment pas en général.
Et puis y'a une autre question que j'ai pas posé aussi au Fantôme qui à l'air prête de mourir sur mon parquet.

Et toi t'es contagieuse ?? je dis. Je vais devenir blanc et pédé ?????

J'essaie de me calmer mais je m'agite dans tous les sens à cause que je me sens encerclé par des virus que je peux pas voir. Mais ça devrait aller, mon corps à combattu plein de virus, alors ça doit pas être différent, je flippe pas facilement d'habitude mais là j'espère qu'elle a une réponse.

Et aussi :

J'ai flemme de t'expliquer à cause que t'as l'air d'une demeurée avec tes questions et j'aime pas faire des phrases longues, ça me fait mal à la tête.

Spoiler:

Trash était en colère, et Nuage d'Albatros l'aurait été aussi. Consciente de ne pas honorer sa promesse d'amitié, elle considérait, en bonne égocentrique, qu'elle avait essayé de mixer son devoir d'apprentie et sa dette de sauvée. Il gueulait, et elle n'avait qu'une envie : de lui sortir un ferme ta gueule, mais Alby est lâche. Donc Alby ne le fera pas. Quand il eut envie de vomir à l'idée de coucher avec Trash, l'apprentie eut un petit sourire. D'accord, ils n'étaient donc pas amants. Parfait. Elle pouvait désormais les imaginer habiter dans ce moulin sans sordides images en tête, ni la peur de marcher sur une parcelle de terre ayant été souillée. Parfait parfait.

« Et toi t'es contagieuse ? Je vais devenir blanc et pédé ? »

La gueule de Trash en blanc ne lui revenait pas. Il avait, dans sa noirceur, entretenu sa musculature imposante. Le blanc allait masquer tous ses nerfs, et c'était mauvais. Quant à son orientation sexuelle, elle ne le voyait pas avec un mâle. A vrai dire, elle ne voyait aucun mâle avec d'autres mâles, et aucune femelle avec une autre femelle. Non pas que la vision la dégoûtait -quoiqu'un peu si-, elle n'en voyait pas l'intérêt. Elle voyait en l'amour quelque chose visant à l'obsession d'avoir des enfants. Deux chats ne pouvant pas avoir d'enfants étaient des poids morts pour elle, mais sans doute était – ce son enseignement clanique qui avait tendance à hiérarchiser l'utile en haut de l'agréable. Elle voyait la dimension utile, et ignorante qu'elle était, n'en voyait pas l'agréable.

« J'espère pas … Tu serais bizarre, en blanc. Ca te va bien, le noir. »

Trash commençait à s'activer, à bouger dans tous les sens. Sentant la nausée restée au fond de sa gorge, Alby ferma les yeux pour éviter de le voir. Elle maugréa un « arrête de bouger, tu me files le tournis » mais sûrement que l'autre ne l'avait pas entendu. Nuage d'Albatros avait un don pour ne pas exprimer clairement ses pensées, préférant le reproche à la sincérité.

Et là, on la traita de demeurée. L'albinos souffla d'un coup et ouvrit les yeux. Demeurée, incapable. Trash la jugeait, et elle n'aimait pas ça. Elle qui aurait voulu en savoir plus sur sa vie, elle se voyait mise à l'écart avec le charmant sobriquet de demeurée. Elle soupira et le fixa un moment avec ses yeux rouges, devenues des billes froides. Réellement, c'était ce que Trash pensait d'elle ? La drama queen qu'elle était commençait à rugir, et c'était froidement qu'elle lança un :

« Si je suis une demeurée, t'es plus mon ami, alors. »

Elle tenta de se lever et se cassa la gueule à nouveau. Cette fois, elle se mit à tousser de plus belle. Un putain de déchet.

« Franchement, ça m'intéressait ta vie réellement, je t'aime bien, tu dis ça mais t'es incapable de comprendre les Clans. Je vois pas d'où tu te permets de l'ouvrir alors, Trash. » Elle fronça les sourcils. « J'espère que tu traites pas tous tes amis comme ça, quand même. »

Je vous présente Nuage d'Albatros, le temple de la victimisation et de la pirouette malhonnêteté.

Spoiler:

Elle a pas l'air d'en savoir plus que moi sur l'homosexualité et sur la contagassion ou non de sa putain de maladie.
Je suis moyen rassuré.
Et j'ai pas trop envie d'essuyer ses états-d'âme.

Si je suis une demeurée, t'es plus mon ami, alors.

Bah j'crois que j'arriverai à faire sans. je dis.

Son regard de petite chose malade a changé, elle me regarde mal.
Je lui fais mon regard méchant aussi, et le lui montre les crocs. Et comme pour répondre, elle tousse, elle tient pas debout et j'avais pas remarqué mais elle pisse le sang.

Eh ! Arrête de saigner sur mon parquet !! je dis.

Je veux pas de sang ici ! Il faut agir vite avant qu'il y ait un lac de sang par terre. Je mets ma grosse patte pleine de neige sur la plaie, mais ça marche pas bien. Qu'est-ce-que ferait Coeur Fleuri dans cette situation ?

Avale ton sang. Ca a un goût sucré c'est pas mauvais.

Et aussi :

Faut que t'ailles voir la femelle qui soigne dans ton Clan, elle m'a soigné une fois !

A cause que là clairement, je vais me retrouver avec un cadavre et du sang partout et bof bof, ça me tente pas trop. Mais c'est con de laisser passer l'occassion de comprendre les Clans.

Y'a trop d'incomprenansse entre nos deux modes de vie. Mais si tu m'expliques les Clans peut-être je pourrais mieux t'expliquer là-d'où-je-viens ?