[BLIZZARD] you're gonna lose your soul // prio trash - end

Trash se mit à parler de Coeur Fleuri.
C'était une riche idée de sa part, après tout. Nuage d'Albatros se tourna d'un coup, l'oeil interrogateur. Alors comme ça, il connaissait sa tante ? Elle ne se doutait pas que la guérisseuse de son Clan sympathisait avec des solitaires, mais néanmoins, l'albinos se trouvait mal placée pour la juger sur ce côté là. De plus, elle était soigneuse, donc elle aurait pu récupérer Trash en lambeaux après une de ses batailles. Le mâle était fort et encaissait les coups, mais son manque de précision lui était réellement handicapant. Elle se souvenait soudainement de leur première rencontre et de sa victoire, et l'envie de s'en vanter comme un paon lui vint. Elle se souvenait aussi qu'elle pissait le sang de la bouche et qu'elle était dans un état de santé critique. Trash pouvait l'aider, bien qu'elle se comportait en douce et délicieuse connasse avec lui, sans aucun état d'âme ni aucun problème. Nuage d'Albatros aurait été ce genre de gamine à foutre sous verrous assez tôt pour éviter qu'elle ne cause de tords aux gens biens et respectueux. Dommage. Son enfance avait été douce et elle l'estimait torturée. Au diable les malaises adolescents et leur dramatisation.

« Coeur Fleuri ? Tu connais ma tante ? »

On s'en foutait de son état, il connaissait Coeur Fleuri. Ses yeux devenaient deux fentes. Est – ce qu'il voulait lui aussi, comme Nuage d'Alcidés l'avait fait, lui voler sa place ? Cette idée lui brisait le cœur. Passer en deuxième pour la guérisseuse était déjà dur à ses yeux, alors en troisième ? Et si Trash n'était qu'un rival après tout ? C'était son ami, mais elle ne parvenait pas à lui faire confiance, sa xénophobie masquant les bons sentiments. Elle n'avait pas spécialement mal, elle se sentait juste incroyablement faible. C'était de ce constat qu'elle jugeait que son état de santé n'était pas inquiétant, car Nuage d'Albatros ne basait sa capacité que sur la douleur ou non.

« Y'a trop d'incomprenansse entre nos deux modes de vie. Mais si tu m'expliques les Clans peut-être je pourrais mieux t'expliquer là-d'où-je-viens ? »

Très riche idée. Étrangement, Nuage d'Albatros n'avait nullement envie de laisser passer l'occasion de mieux comprendre Trash. Mais elle voulait s'assurer d'une chose. Elle fronça les sourcils, tandis que chaque mot semblait l'essouffler à chaque fois. Tant pis. Il fallait qu'elle rende honneur au Vent, au Clan de son cœur, à sa Vie.

« Clairement. Mais dans ce cas je suis pas une demeurée hein. »

Qu'elle était rancunière. Son visage s'obscurcit d'un coup, tandis que les mots de Trash lui revenait en tête. Il connaissait Toucan, l'appelait Dad. Bien qu'elle ne savait pas ce que signifiait Dad, elle sentait que c'était un surnom individuel, qu'à lui. Maintenant, c'était Coeur Fleuri.

« Tu la connais beaucoup, ma tante ? »

Clairement. Mais dans ce cas je suis pas une demeurée hein.

Je la regarde.
Je me laisse tomber sur le ventre. Je suis couché comme le Sfinx à cause que comme ça je la regarde.
De haut, je suis plus grand qu'elle - et de toute façon elle est ramassée par terre - et son regard est dur et le mien aussi.
Je fais comme Mom.

Quand elle voulait m'expliquer la vie. Au début, elle me frappait pas, elle essayait de m'expliquer pour quoi et elle se mettait comme ça. Je m'en souviens encore de cette image à cause que ses yeux verts clairs qui me regardent et qui me jugent, cette putain d'image bah je l'oublierai jamais.

Et là je juge le Fantôme.
Je suis le Sfinx.

Don't give a fuck de ta tante. Jm'en fous, c'est juste une vielle femelle qui soigne les gens. je dis.

A cause que je sens qu'elle va faire comme quand j'ai parlé de Toucan. Je vois quand ça fait mal en regardant les yeux. Et là je vois dans ses yeux rouges qu'elle est blessée.
Mais peut-être j'en ai trop fait pour montrer que Coeur Fleuri elle est pas importante pour moi. ( Mais c'est vrai je la connais pas putain ) Probablement qu'elle va mal le prendre si j'insulte sa tante alors je change de sujet.

[bTu peux pas rentrer dans ton Clan avec le putain de blizzard et le fait que tu vas mourir.[/b] je dis.

Je trouve qu'on a trop parlé. Et je suis frustré de rien savoir de plus sur son Clan. J'en sais moins que le plus con des chatons de la forêt pour vous dire. Alors je me lève et je la prends par la peau du cou. Je marmonne qu'elle doit pas résister et je la tire jsuqu'à la litière en mousse de Toucan.

Tu peux dormir là et tu rentreras quand tu pourras... D'accord ?

La litière de Toucan est confortable et propre. De toute façon je lui prêterai pas la mienne.
Je suis gentil de la laisser squatter ici.
A cause que ça sert à quoi si je la sauve si c'est pour l'envoyer mourir dans l'Enfer Blanc ensuite ?
?

« Don't give a fuck de ta tante. Jm'en fous, c'est juste une vielle femelle qui soigne les gens. 
- Ah ah ah … » 

Mais putain qu'est – ce qu'il raconte, encore. Sourire hypocrite aux lèvres, elle tentait désespérément de sauver les meubles. Ils avaient possibilité d'en apprendre un peu plus l'un sur l'autre, et souhaitant honorer sa dette, Alby se sentait contrainte d'obéir aux envies de Trash. Le soucis étant que la communication était complexe. En effet, Trash était étrange, et l'albinos profondément stupide quand il s'agissait de saisir les coutumes d'autrui. Le souci, c'était que le solitaire venait de la qualifier de vieille femelle qui soigne les gens. Coeur Fleuri était une femelle qui soignait les gens, d'accord, mais le « vieille » l'agaçait. Au delà de l'insulte, ce qui révolta soudainement l'albatros était ce putain de « juste ». Non. Pour l'apprentie, Coeur Fleuri, c'était autre chose. Elle lui donnait presque une importance christique, c'était une femelle intouchable, une sauveuse, l'incarnation même de la douceur. Ces valeurs ne vieillissaient jamais, et c'était naïvement que l'albinos voyait en sa tante une force immortelle, qui allait lui permettre de vivre longtemps et à travers tout. Coeur Fleuri n'était pas « juste une vieille femelle qui soigne les gens », et cette phrase fit s'enclencher un feu dans le cœur de l'apprentie.

« Eh, tu parles pas de ma tante comme ça, elle a plus de valeur que nous deux réunis ! »

Cela dit, elle était étrangement rassurée. Il lui prêtait très peu attention au moins. Elle se surprit à préférer le mépris à l'adoration, là où au moins, elle ne se sentait pas en danger. Trash n'allait pas tenter de lui voler l'attention de Coeur Fleuri, comme Nuage d'Alcidés l'avait fait plus tôt. Ce constat la rassurait, et c'est aussitôt qu'elle se sentait sale de penser comme ça.

Elle se retient, par principe, de lui écorcher le visage. Elle se souvient, par principe, qu'elle est au sol. Elle s'abstient, par principe, de faire une connerie.

Il lui dit qu'elle ne peut pas rentrer chez elle, mais elle s'en bat la ratte. Elle a envie de rentrer, juste pour la provocation. Elle rit en entendant son inquiétude, parce que l'inquiétude d'un solitaire ça compte pour du beurre. Elle se redresse sur ses faibles épaules et se recasse la gueule dans un gémissement. Elle a pas envie de compter combien de neurones il lui reste, 'paraît qu'on en perd quand on se tombe. Elle finit par se dire que c'est peut – être ça qui la rend bête. Déjà, pour se mettre dans un pétrin pareil, faut être bête. Elle est même très bête, trop certainement. Les albinos, ça meurt pas, et elle a envie d'y croire, à cette connerie.

Stop, rupture. Trash la sortit de ses pensées en l'attrapant par la nuque. Par exemple, Nuage d'Albatros sortit les griffes et se débat pour sortir de cette emprise. Sa mère lui faisait ça quand elle lui causait trop de tort, car Alby était définitivement petite pour son âge. C'était le problème majeur : Trash était trop grand, et elle était trop petite. A force d'extrême, de blanc et de noir, elle finit par trouver leur ébauche d'amitié belle.

« Tu peux dormir là et tu rentreras quand tu pourras... D'accord ? 
- ... M'ci. »

Elle eut l'impression que ce merci, avalé et étouffé, lui raclait la gorge. Son cœur s'arrêta soudainement.
Il reprend, il bat, il s'arrête, fait la roue des pirouettes se casse la gueule vole fait le marathon de Paris tombe à new york pour destination finale inexistence renaissance putain de phénix.

C'est la couche de Toucan.

« C'est la couche de Toucan ? »

C'est la couche de Toucan. C'est la couche de Toucan. C'est la couche de Toucan.
C'est sa couche, à lui. Toucan dormait ici. Toucan était ici tous les soirs.

Elle plongea sa tête dans ce lit, respirant à plein poumon comme on reniflait un air divin. Tremblante, elle se sentait telle une religieuse face au corps du Christ. Son cœur était définitivement accéléré, et l'idée de revenir au Vent lui paraissait secondaire. Elle adorait Trash, désormais. Il lui avait ouvert les portes de l'intimité de son mentor spirituel, et en bonne croyante, elle souhaitait effectuer son pèlerinage.
Elle réalisa soudainement qu'elle savait où il habitait, désormais. Elle savait où il était, comment le trouver. Elle allait pouvoir le garder en vue. Jamais il n'arriverait à la semer.
Elle serait là.
Toujours.

« En fait. C'est bien que je reste. On a toute la nuit pour faire connaissance. »

Un sourire se peigna sur son visage. Les sous entendus étaient involontaires, elle souhaitait parler de clans tandis que penser au Christ rendait lubrique.

Spoiler:

_ ... M'ci. elle marmonne. Sérieux??
Sois tu dis merci sois tu l'dis pas. je dis, philosofique.

Personnellement je le dis jamais du fait que je veux rien devoir à personne. Mais c'est pas si facile de pas avoir de dettes envers personne en réalité.
Alors bon, je comprends que ce putain de merci lui arrache la gorge et lui brûle l'égo.

Et puis son comportement change quand elle se rend compte que ça pue la sale odeur de Toucan ici. Je rabbats mes oreilles en arrière à cause que je me demande si je vais devoir encaisser une sale averse de reproches.
Non.
Elle a l'air
..
putain de ravie.

..Pourtant .. Beh j'imagine qu'elle peut pas se permettre de faire la difficile à cause que j'ai du mal avec la patience et que les coups partent tous seuls des fois.

Ouais ouais, c'est la couche qui pue de Toucan. je dis. Peut-être il va rentrer bientôt et il sera pas trop franchement ravi je crois. je dis.

Putain tu dégeulasse tout de sang partout. Peut-être Toucan il aura de la bouffe.

Je réfléchis à voix haute. C'est peut-être relou alors j'arrête pour reporter mon attention sur le Fantôme ravi. Je me couche contre elle pour bénéficier d'un peu de chaleur. Mais elle est glacée alors je romps le contact.

Tu vas dormir ? je demande. Comment tu le connais Daa..oucan ? je demande.

Trash est agacé, mais elle s'en fout un peu au fond.
Nuage d'Albatros était profondément concentrée sur le fait qu'elle était chez son mentor spirituel, et Trash se mit à compter pour du beurre. Confortablement installée dans sa couche, elle oublierait presque qu'elle était en train de mettre du sang de partout. En effet, l'albinos, plus fragile, avait tendance à avoir un corps frêle qui saignait à chaque choc.

« Putain tu dégeulasse tout de sang partout. Peut-être Toucan il aura de la bouffe. »

Elle releva la tête, oreilles dressées sur son crâne. A manger. Elle était presque en train d'oublier que son ventre était creusé à cause de la fin, et cette nouvelle apparaissait comme quelque chose de grandiose pour elle. Néanmoins, elle voyait mal Toucan chasser pendant une telle tempête. Etrangement, elle ne se faisait pas de soucis pour Trash, plus massif et résistant malgré son jeune âge. Toucan était petit, frêle, et il n'était clairement pas l'incarnation de la vigueur pour Nuage d'Albatros. Elle ouvrit la gueule car elle sentit Trash s'installer contre elle. Instinctivement, elle eut un mouvement de dégagement. Bien qu'elle soit trop jeune pour comprendre toutes les subtilités des actions des uns et des autres, elle avait conscience que c'était son papa et sa maman qui dormaient comme ça.
Or, Alby et Trash n'étaient pas papa et maman ensemble. Jamais.
Heureusement, il se décolle, et la gamine est contente.

« Tu penses vraiment qu'il aura de la bouf...
- Tu vas dormir ? je demande. Comment tu le connais Daa..oucan ? »

Trash la stressait à l'appeler Dad. Elle n'avait aucune idée de quelle relation ça incluait, et elle ne voulait pas que son mentor à elle le soit aussi pour les autres. Elle voulait être spéciale, définitivement. Apprendre déjà que Toucan connaissaient d'autres chats de son âge l'avait dégoûté. Elle se mit presque à être contente que Trash soit un gars sympa, il manquerait plus que ce soit une raclure. Pour un solitaire, c'était un type avec de l'honneur, et bien plus qu'elle en tout cas. Ce constat l'agaçait, mais elle devait s'y faire.

« J'espère dormir ouais. Mais il fait froid j'ai l'impression que je vais perdre mes pattes pendant la nuit ou que mon estomac va être si creux qu'il va me percer les poumons. Ou que mes os vont sortir et me percer la peau. Ou quelque chose comme ça, du perçage. »

Tremblotante, elle se roula en boule dans la couche de Toucan, et constata une nouvelle fois sa différence de gabarit avec Trash. Même si elle avait grandit, ce dernier avait subit une croissance encore plus spectaculaire. Comme ça, on pouvait estimer que deux Alby égalait un Trash en taille. C'était chiant pour cette dernière, mais elle finit par se dire qu'être petite pouvait avoir ses avantages, après tout.

« Puis Toucan, je le connais parce qu'il était venu sur mes terres quand j'étais chaton. Je m'étais faite passer pour un fantôme et je l'avais insulté, il a pas trop aimé et m'avait cassé la tête au sens propre du terme. »

Bien que ce souvenir lui paraissait tout à fait normal, elle était dans un profond déni actuellement. Toucan l'avait maltraitée lors de cette rencontre, l'avait menacé d'agressions sexuelles alors que c'était un chaton. Dans sa tête, c'était clairement elle, le souci. Elle avait peut – être été un peu agressive, elle avait peut – être été un peu chiante, mais Toucan n'avait rien à se reprocher, à ses yeux. Il avait agi comme il le fallait, pour la faire taire. C'était de ce constat qu'on pouvait remarquer comment le solitaire gangrenait lentement son esprit. Elle n'avait plus réellement d'esprit critique. Elle n'avait plus réellement de convictions. Elle était une chienne de garde, attendant les ordres de la part de Toucan.

« Puis il aimait bien la violence et moi aussi. Donc on se tape dessus depuis. C'est mon mentor spirituel, j'aimerais bien être comme lui plus grande, tu vois ? Genre forte, admirable, belle, élégante, terrifiante, attiser le respect et pas la pitié, valoir quelque chose. Comme lui. Du coup je pense qu'il peut m'aider. Je l'aime beaucoup, c'est réellement un … Un modèle, oui. »

Bien qu'actuellement, elle commençait à s'inquiéter de sa relation avec Toucan, elle préférait se dire qu'il n'était qu'un sale modèle à suivre. C'était plus sain pour sa situation d'apprentie. C'était moins dangereux.

« Et toi du coup ? Tu l'appelles Dad du coup, je sais pas trop ce que ça veut dire je t'avouerais … Dans mon clan on a quelques rangs, comme chef, lieutenant, père, mère, père adoptif, mère adoptive, frères, sœurs, amis, ennemis … Y a les guerriers qui chassent et se battent, par exemple, et ils enseignent aux apprentis leurs techniques pour qu'ils deviennent grands et forts. Y a les guérisseurs aussi, qui parlent avec les morts et nous soignent. Du coup, Dad, c'est quoi ? C'est un rang, comme dans mon Clan ? Ou c'est un rang plus … Affectif ? »

Je arque un .. ce qui me fait office de sourcil vous voyez. A cause que le Fantôme est en train de se plaindre de froid et de perçage.
Putain. Qu'est-ce-qui lui fait penser que j'en ai quelque chose à foutre de ses histoires de perçage ??

En tant normal, les forts vivent et les faibles crèvent. Ceux qui une épaisse fourrure noire passent le blizzard sans problème et ceux qui sont des femelles malades crèvent lamentablement dans la neige.
C'est pour ça que je l'inviterai pas à rejoindre le Cercle.
Elle servirait à rien.
Mais elle aime se battre, sa mérite bien de sauver toute cette énergie combative. Heureusement j'étais là.

Puis j'écoute son histoire sur Toucan qui la tapait quand elle était petite et puis qui est devenu son modèle.

.. Je trouve pas ça très cool de taper les enfants. je commente. C'est carrément bizarre que vous soyez devenus amis comme ça.

Ouais, en tant que gamin je tapais les gamins aussi. Et puis c'est pas comme si j'avais une sorte de liste des gens que je suis autorisé à taper. Mais y'en a qui le méritent pas. Et y'en a où y'a rien de bien de les taper. Aucun plaisir de taper ceux qui sont dégoûtants et qui valent rien comme adversaire.
Leur donner un coup pour les calmer je dis pas.
Mais leur maraver la gueule c'est pas glorieux.
Je devine que Toucan lui a fait ça petite. C'est un bad boy tordu.

Mais je comprends. Toucan il dégage un truc spécial,
il fait cet effet là que tu l'admires comme un modèle.

La hiérarchie de son Clan est putain de compliquée ce qui fait que j'écoute sans comprendre mais en faisant comme si. Mais elle pose une question sur ça et ..

Je connais pas le mot normal pour Dad. je dis Mais je t'ai expliqué qu'il m'a sauvé la peau quand j'étais gosse ? Il est un peu comme le seul parent que j'ai jamais eu tu vois. On a une espèce d'alliance de protection mutuelle même si on fait chacun notre vie de notre côté en même temps.
Et je suis pas son amande.

Beeurk.

Pendant que je parle, je me traine vers ma litière et y laisse tomber mon gros corps. Je me roule en boule, ma queue trop courte pour être posée sur mon museau et braque mon regard sur Fantôme.

D'autres questions ?

Trash lui sort que c'est pas gentil de taper les enfants, comme il dit. Nuage d'Albatros hausse les épaules avec une certaine douleur. Elle s'en fiche un peu, elle croit un peu. Elle affaisse doucement les oreilles, c'était pas sympa de la part de Toucan. Elle serait naïve de le penser. C'était justement pour ça qu'elle pensait qu'elle le méritait. Elle méritait pertinemment ce mauvais traitement. Elle traitait les autres comme de la merde, donc elle se reprenait un juste retour des choses. Après tout, c'était logique, et il fallait bénir Toucan pour garder l'égalité entre tous. Il lui accorda une dose de mauvais traitement égale au malheur qu'elle répandait, et cette vision lui parut honteusement acceptable.

« Eh Trash, comment on est devenus amis, nous ? Y a quelques semaines, je voulais que tu crèves, j'aurais même pas fais semblant de chialer, et maintenant je te considère comme un ami. C'est pas bizarre aussi ? »

Néanmoins, le chat noir comprenait, et c'était étrangement rassurée qu'Alby accueillait la nouvelle. Alby faisait semblant de s'en battre la ratte, mais un jugement de « bizarre » l'aurait ébranlée. Elle ne voulait pas être traitée comme la petite chose bizarre, et là où, gamine, elle voyait son albinisme comme une force, elle ne le supportait plus en grandissant. Toucan avait nié sa condition de femme en la jugeant spéciale, et elle se demandait si quelque part, un jour, quelqu'un allait lui donner sa véritable condition de femelle.

« Je connais pas le mot normal pour Dad. Mais je t'ai expliqué qu'il m'a sauvé la peau quand j'étais gosse ? Il est un peu comme le seul parent que j'ai jamais eu tu vois. On a une espèce d'alliance de protection mutuelle même si on fait chacun notre vie de notre côté en même temps.
Et je suis pas son amande. »

Oh … Je vois, pensa – t – elle. D'accord, c'était donc ça. Il n'était en rien son amant, et l'esprit clanico-centré d'Alby tendait à qualifier Toucan de père adoptif pour Trash. C'était donc pour ça qu'ils étaient dans la même tanière, peut – être ? Pas de relations étranges. Pas de relations à faire gerber les albinos. Non. Ils étaient fils et père. C'était plus rassurant. Ils veillaient tous les deux les uns sur les autres, et c'était assez bien.

« Cool. »

C'était aussi qu'elle n'était pas totalement la priorité dans la vie de Toucan ? Cette idée lui parut étrange, bien qu'insupportable. Elle voulait être la personne la plus importante de sa vie, qu'il soit malheureux à l'idée de perdre son apprentie spirituelle. Là où il semblait n'en avoir que faire d'elle, Alby se voyait affreusement remplaçable. Trash pouvait faire le travail d'amie à sa place, c'était dérangeant.
D'autres questions ?
Qu'est – ce qu'elle pouvait lui demander ? Elle le connaissait pas plus qu'avant, si ce n'était que c'était un chat chouette et que ça lui foutait les boules à elle parce que Trash c'était un chat sympa et pas elle donc c'était une raclure de solitaire avec de l'honneur et pour la chatonne pardon la gamine c'était un peu compliqué de l'avouer mais.
Pas grave.
Elle allait s'y faire.

« Merrrci. » dit – t – elle en prenant soin d'articuler chaque lettre.

Son honneur partait en fumée avec chaque lettre, qui lui raclait la gorge comme le R de merci. C'était pas grave. Elle allait s'y faire. Combien même Trash était un gars respectable et que ça la saoulait plus que tout.

« Dors bien, Trash. Je partirais demain, je vais pas te faire chier plus longtemps. C'est déjà sympa que tu m'héberges pour cette nuit. »

Elle eut un soudain sursaut. Cette nuit, sa famille allait paniquer. Si elle ne rentrait pas, Coeur Fleuri -et dans sa tête, de manière anecdotique, Coeur Vaillant et Force de l'Ours- allait être morte d'inquiétude ! Téméraire, l'albinos se releva pour s'extraire de la couche avant de se faire rapidement une raison : elle ne pouvait pas marcher. Elle était trop fatiguée.
Se roulant en boule dans la couche de TOUCAN, elle posa sa queue sur son museau et ses yeux. Elle ne voulait pas voir qu'elle avait été sauvée par un solitaire. C'était perturbant pour elle. Un sourire s'esquissait sur ses lèvres, entraînant avec lui un rictus.

Elle était dans la couche de TOUCAN.

Spoiler:

C'est vrai. La violence ça crée des amitiés.
Mais c'est parce qu'elle est différente, et que j'suis un peu bizarre qu'on aime bien tous les deux la violence.
A cause que n'importe qui d'autre aurait pas aimé se faire latter la gueule.

Je baille en découvrant mes crocs jaunes et tordus.
Vous comprenez c'est fatiguant de porter quelqu'un à travers un temps comme celui-ci.
Mais son merrrci m'échappe pas.

Est-ce-qu'elle se moque de moi ? J'ai plus trop d'énergie à rediriger pour analyser ce merrrci alors je réponds juste un :

De rrrrrien.

Je la vois qui se roule en boule avec un putain de sourire sur le visage.
Vous savez certains personnes quand elles sourient ont un air malsain.
Bah je crois qu'elle en fait partie.
Son rire aussi fait flipper.

J'ai pas trop le temps de m'interroger sur ma gueule quand je souris aussi à cause que ma tête tombe sur ma litière de mousse.

Nohnne 'nhii. je marmonne avant de sombrer dans le sommeil.

Spoiler: