« Chasse gardée » | W/ Fleur Noire - end

Haut le soleil, haut. Fort le vent, fort. Idéal pour aller attraper de quoi nourrir le Clan. Cœur de Coyote, levé de mauvais poil, avait décidé de s'isoler un peu plus que d'habitude. Alors que les corvées matinales l'avaient obligé à se rendre en patrouille de frontière, le matou n'avait pas trouvé d'autre activités d'ordre clanique à pratiquer l'après-midi. Alors, plutôt que de traîner ou d'aller entraîner Nuage d'Ortie, le guerrier s'en alla sur loin des sentiers battus. A la recherche de techniques idéales pour traquer n'importe quel gibier, Cœur de Coyote marchait un peu à l'aveugle et ne faisait pas très attention de l'endroit où il posait ses pattes. Il s'enfonçait dans la forêt, c'était tout. Alors qu'il commençait à savoir de quoi il pourrai parler à son apprenti durant son premier entraînement de chasse, le guerrier aux épaules massives se rendit compte qu'il arrivait bientôt au bout de la forêt, de sa forêt. Il se fit plus silencieux et pointa son museau dans la direction du vent.

Piètre chasseur, le mâle ne faisait pas très attention à l'endroit où il posait les pattes. C'est pourquoi il faisait un fracas à faire s'enfuir même les monstres du Chemin du Tonnerre. Ce n'est qu'une fois avoir écrasé trois brindilles qu'il se rappela que faire du bruit ne faisait pas venir les proies, bien au contraire. Se trouvant très stupide, pour ne pas dire demeuré, le mâle décida de se planquer dans un buisson histoire de surveiller les environs. Et ce n'est qu'après de longues minutes qu'enfin, il aperçut quelque chose... Une souris ! Le rongeur trafiquait on-ne-sait quoi dans un tas de feuille. Sans réfléchir plus d'une seconde et demi, le guerrier bondit hors de sa cachette. Sans surprise, la souris se mit à courir plus vite que le vent. Le félin n'était cependant pas guerrier à abandonner si vite. Alors qu'il rattrapait la proie, les effluves du Chemin du Tonnerre lui parvinrent au museau. Le matou granit pensa à repousser le rongeur vers l'autre côté de la forêt mais... il pouvait l'attraper avant que le Chemin du Tonnerre ne se présente, non ? Les deux animaux déboulèrent tout à coup sur le côté du Chemin du Tonnerre. Le mâle poussa un cri rageur : ils étaient bien plus près du Chemin du Tonnerre qu'il ne l'avait prévu.

La pauvre proie bondit sur le Chemin du Tonnerre sans prendre garde au monstre qui se présentait là. N'écoutant rien d'autre que son ventre, le mâle bondit à sa suite sur l'asphalte. Par chance, le monstre qui se présentait n'était encore que très loin. Arrivé de l'autre côté du Chemin du Tonnerre, la souris pris de l'avance sur le mâle qui avait perdu de la vitesse en réfléchissant trop. De toute manière, réfléchir c'est la mauvaise chose à faire dans l’immédiat, gronda intérieurement le mâle. S'asseyant pour reprendre un peu de souffle, le guerrier se rendit bien vite compte de son erreur. En plus de n'avoir rien attrapé, il était maintenant en territoire ennemi.

- Me voilà bien, ricana amèrement Cœur de Coyote.

Le guerrier réfléchissait à toute allure. Et si une patrouille de grenouilles du Clan de l'Ombre déboulait maintenant ? Qu'allait-il faire, face à plusieurs de ces chats sans cœurs ? Le guerrier du Clan du Tonnerre respira à fond et s'apprêtait maintenant à faire demi-tour le plus vite possible pour ce sortir de ce bourbier. Il marchait à reculons, l'oreille tendue pour savoir quand un monstre pointait le bout de son étrange museau. Regard braqué sur le territoire inconnu, le matou ne pouvait s'empêcher de se poser des questions sur les étranges voisins du Clan du Tonnerre...

Alors que Cœur de Coyote sentait presque le bitume sous ses pattes, un éclair de fourrure brune jaillit des buissons. Surpris, le mâle n'eut guère le temps de se préparer à l'assaut dont il était victime. Bien que déjà sur ses gardes, il ne pu parer l'attaque du félin, ou de la féline, qui l'assaillait. Le guerrier du Clan du Tonnerre poussa un feulement de surprise lorsque la femelle (maintenant qu'elle était assez proche de lui, il avait senti son odeur) lui entailla méchamment l'épaule. Alors que la féline reculait, le guerrier grisâtre la dévisageait, le pelage plus gonflé qu'un nuage d'orage.

- Saleté de grenouille ! T'as bien failli me crever un œil ! Tu n'paie rien pour attendre, rejeton de crapaud...

Le mâle cracha au sol et galvanisé par la haine mêlée à l’excitation du combat, il fonça sur le féline en feulant, toutes griffes dehors. Le mâle avait noté l'épaisse fourrure de l'Ombreuse, qui cachait certainement une montagne de muscles. Et bien qu'il ne fut pas mince non plus, le rayé ne tenta pas une approche directe, de poitrail à poitrail. Il s'arrêta avant de la percuter de plein fouet et envoya une patte couvert de griffes contre son museau. L'entaille n'était pas très profonde et pas très longue non plus. Peut-être Cœur de Coyote aurait-il pu s'avancer un peu plus finalement... Irrité d'avoir fait une pareille erreur, le mâle se mit en position défensive, prêt à encaisser les attaques de la femelle.

- Œil pour œil, dent pour dent ! T'as ma joue, j'ai ton museau. Est-ce que ça n'est là que la force des corbeaux des marais ? Je suis un peu déçu, minauda le guerrier, le pelage en bataille et la mine furibonde.