Jeux d'enfants ▲ PV Mataï - end

Toucan filait dans le vent, c’était une petite ombre grise au sein de la nuit. Dans l’obscurité verdâtre de la lisière de la forêt, il chassait une dernière proie avant de dormir – la faim l’emportait toujours sur le sommeil avec lui. De toute manière, il appréciait la sensation de fatigue, elle lui faisait pleinement ressentir qu’il était vivant, dans la moindre parcelle de sa chair, dans le dernier de ses muscles.

L’oiseau de nuit qu’il poursuivait avait cessé de voler, il s’était posé sur une branche basse, presque au ras du sol. Sur la point des pattes, ses pas faits de velours, Toucan s’approcha doucement de la boule de plumes, bien décidé à la capturer. Un deux trois il le touchait presque, quatre cinq…

La proie s’envola, alertée par le vacarme que faisait un jeune chat. Un matou qu’il connaissait. Le petit minet domestique.

Mataï.

J'avais fait un tour assez long cette journée là, je n'étais rentré chez moi qu'à la nuit tombée. Et pourtant, je ne ressentais pas la fatigue. Bon. J'avais passé une partie de ma sortie à dormir mais j'avais également, d'une part égale, fait une course poursuite avec diverses proies, qui à mon grand regret, m'ont échappé. Je me retournais lentement dans ma litière, me retrouvant ainsi sur le dos.
Après un long moment à fixer le plafond blanc fissuré du logis, je me décidais à me lever. Ma journée ne semblait pas se terminer.. Il faisait peut être nuit mais les aventures m'attendaient encore. Je m'étirais donc avant de monter jusqu'à la fenêtre qui se trouvait entrouverte. Je me glissais sans trop de difficulté dehors. Glissant sur l'arbre métallique nommé gouttière. Je me retrouvais rapidement au sol. Avec un grand sourire sur le faciès, je m'élançais dans la ville.

Je n'étais pas du genre prudent et c'est sans grande surprise que je me retrouvais sur les terres neutre des clans. Je passais bien près des frontières également, en faisant tout un tintamarre. C'était puéril, mais j'avais envie de réveiller tout le monde, pour que je ne sois pas le seul à être réveiller. Je ressentais peut être de la solitude. Je n'allais pas l'admettre à haute voix, mais c'était peut être ça le problème. Je soupirais longuement une fois arrivée aux Quatre Chênes. Je m'ennuyais de patte ferme. Dans un élan de bouffonnerie, je choutais comme il se doit dans un caillou qui traînait là. J'entendais un oiseau s'envolait non loin. Je me retournais donc, découvrant au passage un autre chat. J'arquais un cil, m'approchant prudemment avant de reconnaître Toucan. Je levais les yeux au ciel avant de m'approcher du minet. Je me sentais bien seul.. Pourquoi ne pas lui parler ? On est pas ami mais ça passera toujours le temps en cette nuit claire. Je miaulais donc d'une voix neutre :

"-Tiens.. Mais quel surprise de te croiser en pleine nuit."

HRP:

C’était bien lui donc. Super. Rien de mieux en cette période. Rien de mieux quand il avait faim.

"Tiens... Mais quelle surprise de te croiser en pleine nuit."

Toucan le jaugea du regard, l’air sarcastique. Oui, toujours le même. Clairement, la vie de Domestique avait des avantages, il avait l’air bien nourri, le poil soyeux – pas cet air d’épouvantail décharné que se tapait le petit galet. Toucan soupira.

« Tiens, mais quelle surprise de te voir me niquer une proie. »

L’oiseau était loin maintenant, et son ventre toujours creux. Il commençait à sentir les rouages de la colère cliqueter dans sa tête. C’était toujours ça : il faisait les choses à la perfection, puis un élément perturbateur venait tout foutre en l’air. En l’occurrence, le minet avait déjà croisé sa route. Une raison de plus pour qu’il lui tape sur les nerfs. Toucan n’aimait pas les échecs, et n’aimait pas ceux qui les causaient. Le revoir après une première rencontre désastreuse n’était pas la meilleure idée que l’on puisse avoir.

« Qu’est ce que tu fais encore ici, la vie dans ta baraque est tellement dure que tu viens manger les proies des honnêtes chats, ici, dans la forêt ? »

J'avais un peu exagérer ma réaction. Je ne pensais pas le croiser, certes. La solitude parlait peut être à ma place. Je ne savais pas trop quoi dire d'autres. Je voulais simplement débuter une conversation pour ne pas être seul. J'étais qu'un gamin qui avait besoin de compagnie. Toucan me scrutait du regard avant de répondre en soupirant :

"-Tiens, mais quelle surprise de te voir me niquer une proie."

Je me sentais aucunement désolée pour la proie que j'avais fait fuir. Ce n'était pas fait exprès mais si j'avais pu le mettre sur les nerfs c'était déjà un point pour moi. Toucan restait un instant silencieux avant de reprendre :

"-Qu’est ce que tu fais encore ici, la vie dans ta baraque est tellement dure que tu viens manger les proies des honnêtes chats, ici, dans la forêt ?"

Je laissais mon regard divagué ici et là. Je m'étais retrouvée au milieu des terres claniques. C'était les Quatre Chênes si je n'avais pas oublié mon cours de clanique. Je n'allais pas lui dire que je m'étais perdu. J'avais un minimum de fierté et si, en passant, je pouvais faire d'avantage que casser les pattes à Toucan. C'était toujours bénéfique pour moi. Je me secouais un instant pour me réchauffer avant de finir par lui répondre, attendant bien deux minutes avant d'ouvrir la gueule et de laisser le premier son sortir de ma gorge :

"-Pas spécialement. Je m'ennuyais tellement.. Tiens. Si tu veux, je connais un endroit sympa pour la chasse. Enfin si t'aimes les souris bien sur.."

"Pas spécialement. Je m'ennuyais tellement.. Tiens. Si tu veux, je connais un endroit sympa pour la chasse. Enfin si t'aimes les souris bien sur.."

Ça c'était étrange. Toucan s'attendait à une quelconque réaction agressive face à son hostilité ouverte, mais le chat argenté réagissait de manière surprenante. Pire, il lui proposait de l'aide - enfin, c'est comme ça que l'on pouvait l'interpréter. Un peu décontenancé, il regardait le Domestique avec des yeux ronds, inquisiteurs. Sans se départir de son ironie, il cracha par terre et planta son regard dans celui de Mataï.

"Tu connais des chats qui n'aiment pas les souris gamin ? Enfin, parle moi de ce coin, ça a l'air sympa oui."

Il pensait alors à l'arrivée imminente de l'hiver, il pensait à la faim qui le tiraillait sans relâche, il pensait à ses côtes qui commençaient à saillir. Un vivier serait un plus bien apprécié.

Je ne lui avais pas proposer cela pour être gentil.. Enfin peut être un peu. Je n'arrivais pas trop à décrypter mes sentiments envers le matou. Un coup je l'aimais bien et le lendemain il me faisait sortir de mes gonds. Je voulais simplement m'excuser.. Enfin, en quelques sortes. Je connaissais bien ce coin dont je parlais et je pouvais lui faire découvrir. Je chassais souvent dans ce coin, c'était une vieille maison avec une grange abandonnée. Il n'y avait pas grands monde qui la connaissait et elle était souvent abondante. C'est d'ailleurs pour cela que j'avais si bonne allure, niveau poids. Je ne mangeais pas de nourriture de bipède comme il devait le prétendre. J'en avais mangé dans ma jeunesse, je ne peux pas le nier.. Mais j'avais arrêté depuis que j'avais goûté à un vrai gibier. Toucan me jetait un regard suspicieux avant de demandait :

"-Tu connais des chats qui n'aiment pas les souris gamin ? Enfin, parle moi de ce coin, ça a l'air sympa oui."

Je faisais un petit sourire sincère, sans mesquineries avant de reprendre tout en secouant mes pattes pour faire tomber la neige qui s'accumulait dans mes poils :

"-C'est pas très loin de la ville. C'est une vieille bâtisse abandonnée. Dans la maison on peut trouver surtout des araignées et quelques musaraignes mais dans la grange qui est assez grande, il y a des souris en nombre. Tu veux que je t'y emmène ? J'ai pas mangé ce matin.. J'ai un petit creux."

Vraiment chelou ce jeune chat. Il ne devait pas savoir ce qu'il voulait : un jour il venait taper sur le système de Toucan, un jour il venait jouer les mères Thérésa au rabais pour petits galets. Avec son sourire mi faux-cul mi stupidement sincère - le Solitaire n'avait pas encore délibérer sur ce point - il se dandinait pour chasser la neige, et miaula en sa direction :

"-C'est pas très loin de la ville. C'est une vieille bâtisse abandonnée. Dans la maison on peut trouver surtout des araignées et quelques musaraignes mais dans la grange qui est assez grande, il y a des souris en nombre. Tu veux que je t'y emmène ? J'ai pas mangé ce matin.. J'ai un petit creux."

Il devait parler du Vieux Moulin. Une grande bâtisse à l'abandon, des araignées... Il pouvait encore entendre le bois craquer dans ses souvenirs, et le visage sanguinolent de Nuage d'Albatros lui arriver sur la gueule. Bon ou mauvais morceau de mémoire, il n'était pas fixé.

Décidément, il n'était pas fixé sur grand chose aujourd'hui.

"Ok chaton, je te suis, mène le chemin, je te suis."

J'avais peur de la réaction du solitaire.. On s'était déjà rencontré et ce n'était pas dans de bonnes conditions. Nous n'étions nullement amis, et je ne sais si cela serait possible à l'avenir. Je voulais simplement un peu de compagnie.. Je m'ouvrais un peu au félin en quelques sortes. Je laissais ma carapace de côté pour parler sincèrement, sans mesquineries ou coup bas. J'avais peur d'un refus mais aussi de laisser mon armure de côté.. Après un moment conséquent de réflexion, Toucan finissait par répondre à ma proposition :

"-Ok chaton, je te suis, mène le chemin, je te suis."

J'hochais doucement la tête, heureux de ne pas me faire rejeter. Je me redressais d'un bond me mettant en route, oubliant presque mon 'ami de galère'. Une fois le chemin bien entamé, je jetais un regard vers le matou qui était derrière moi. Nous arrivions bien vite dans la ville. Je prenais le chemin pour rentrer chez moi avant de bifurqué à droite. J'attendais Toucan au tournant avant de grimper sur une poubelle assez haute, invitant le solitaire à faire de même. Je m'aventurais ensuite dans une petite ruelle sombre. Débouchant par la suite sur une grande maison abandonnée avec un jardin plutôt grand. Je m'arrêtais donc, lui montrant le lieu en lâchant 'voilà' tout en pointant du bout de la griffe le vieux bâtiment en ruine.

HRP:

Il retournait encore en Ville, à croire qu'il ne pouvait se défaire de son empreinte. Derrière Mataï, Toucan regardait les ombres se former ans le paysage urbain, venir lécher l'encadrement d'une fenêtre, pénétrer dans les rues sombres, s'échapper des portes ouvertes. Oui, il aimait cette atmosphère - même s'il ne regrettait pas d'être parti. Les deux chats gris escaladèrent une poubelle et sautèrent dans une ruelle, avant de déboucher dans un vaste jardin. AU fond, une vieille bâtisse en ruines. Cette présence était étrange, il ne pensait pas trouver de si vieilles pierres au sein de la Ville. Enfin, il devait y avoir des souris dodues à pourchasser. Ni une ni deux, il s'approcha du bâtiment, et pénétra à l'intérieur, les sens à l'affut. Des petits couinements lui indiquèrent la présence de rongeurs. Il s’aplatit au sol, faisant porter son poids sur ses pattes arrières, et se déplaça le plus doucement qu'il put jusqu'à un des foyers du bruit. Un, deux, un cadavre dans la gueule il sortit des décombres.

"Je pensais pas te le dire un jour, mais merci pour l'info."

Je faisais un léger sourire, me sentant bizarre.. C'était peut être le fait d'aider Toucan. J'enfouissais au profondément cette émotion, reprenant une attitude neutre. Je jetais un regard au solitaire, attendant qu'il commence à chasser pour partir en faire de même de mon côté. Le mâle au pelage semblable au mien, se mettait presque sans attendre en chasse. Il s'approchait furtivement du bâtiment. Je le regardais avancer avec une certaine élégance, restant sur place, hypnotisé. Quelques instants plus tard, le félin ressortait en miaulant, une souris coincé entre ses crocs :

"-Je pensais pas te le dire un jour, mais merci pour l'info."

Un nouveau sourire se dessinait sur mon visage avant de s'effacer. Je lâchais un petit de rien en hochant la tête avant de partir à mon tour dans la vieille bâtisse en ruine. Rapidement, une souris pointait le bout de sa truffe. Tout en me léchant les babines, je la pourchassais. Je l'attrapais de justesse avant qu'elle puisse s'évaporer dans un trou. Je me retournais, sortant à mon tour au côté du solitaire. Je déposais ma souris au sol, prenant une bouchée puis une seconde avant de lui demander :

"-Tu n'étais jamais venu dans le coin ?"