Alors comme ça, on est une apprentie ?

La petite chatte sentit quelque chose de dur, et de moitié détérioré rebondir sur sa tête et s'écraser au sol. Elle baissa les yeux sur la chose qui était, d'ailleurs, nul autre qu'un gland. Le fruit, de moitié pourri et mangé par les insectes paraissait bien misérable, tout petit comparé au reste. Puis, un autre fruit rebondit au sol, frôlant le pelage de l'apprentie. Un autre, un autre et encore d'autres. Une pluie de glands tombait sur Nuage de la Coccinelle. Ne doutant, de l’identité de ce coup puéril la rouquine sourit intérieurement ; que les chatons pouvaient êtres idiots, quand ils s'y mettaient, de vrais gamins. Mais si le petit chaton pensait qu'elle n'était qu'une moins que rien, une vulgaire femelle il se trompait. Erreur, grosse erreur même. Pourquoi jugeait - il les gens avant d’appendre à les connaître ? La réponse n'était pas très loin, il ne s'en donnait pas la peine, considérant cela comme une perte de temps.

« Hahaha ! Tu l'avais pas vu venir celle là ! Tu m'étonnes que t'es pas d'amis, tu parles à personne. »

Petit Champignon avait bondit au sol avant de prononcer ces paroles avec une moquerie palpable, tordu par un méchant petit rire. Champignon vénéneux ou comestible ? L'apprentie aurait penché pour le côté vénéneux. Bien qu'elle essayait de trouver des qualités chez chacun ce jeune mâle lui donnait du fil à retordre. Mais le petite femelle ne se désespérait pas, et bien qu'elle ne l'aimait pas elle était sûre qu'il avait lui aussi un bond fond ... Avec les autres du moins.
Elle lui sourit gentiment, plantant son regard dans celui ambré qui lui faisait face, comme pour lui signifier que quoi qu'il dise cela lui était bien égal, et lui passait bien au dessus de la tête, ne la touchant aucunement. Oui, souvent, bien trop souvent elle jouait la carte de l’innocence, de l’oppressée. Loin de moi l'idée de dire que cela lui plaisait mais quand elle voyait le comportement de certains de ces camarades elle n'avait aucune envie de sympathiser, préférant rester dans son petit monde privé, où personne ne débarquerait avec ses mots pour lui dire ce qu'il pensait de l'apprentie, aussi rêveuse rêveuse et distante soit - elle.

« C'est sûr, des amis comme toi, on s'en passerait. »

« Oh oui bien sûr, mais en attendant, tu dis n'importe quoi, car j'ai bien plus d'amis que toi. Ce qui prouve que je peux faire un bien meilleur copain qui tu ne peux l'être ! Et puis moi, je passe pas mes journées à ruminer dans ma tanière comme un vieux renard affamé. »

Méchant, encore et toujours. C'est écœurant. Et il la fixait avec orgueil, comme si ces petites paroles, ces mots jetés en l'air pouvait avoir la moindre importance. Elle se fichait bien de ce qu'il pouvait penser, ce n'était qu'un chaton. Poussière dans ce monde si vaste. Comme elle. Comme tout le monde. Il pensait peut être pouvoir soulever des montagnes et vaincre une armée de guerriers de l'Ombre alors qu'en fait il n'en faisait rien. Il parlait, il parlait mais face à l'action, la vraie, il n'était capable de rien. Incapable. Oui c'est gentil, oui c'est mignon un chaton. Tss ... Tout ça c'est du blabla. Pourquoi emploient - ils des mots si compliqués pour leur petit âge. Si ça se trouve ils n'en savent même pas la signification. Pauvre petit.
Peut - être plus tard, un autre jour, dans une autre vie Petit Champignon changera. Peut - être se rendra - t - il compte de la absurdité de ses dires, peut - être un jour sera - t -il ... Ouvert ?
Hum, non que dis - je. Ce jour là, les moineaux auront des dents.

« Tu comptes tes amis, toi ? Oh, tu vas me dire un de plus un de moins ça va pas changer ton importante existence, hum ? Par contre, sans Petit Astre ... C'est une autre affaire. Elle au moins est plus amicale que certain. Tss. Et après que dis - tu ? Un renard affamé ? Héhé. Ça mange les chatons les renards, non ? »

Elle coula un regard insistant au chaton et entreprit de se lécher une patte avec désintérêt. C'était vrai quoi. Que croyait - il qu'elle faisait quand elle passait " ses journées à ruminer dans sa tanière comme un vieux renard affamé " ? Parfois elle rêvassait, certes, mais sinon, elle observait. Et la novice n'avait pas loupé l'air important que se le tigré en présence de la chatonne nommée Petit Astre, ni les regards en coin qu'il lui lançait. Et puis, depuis quand comptait - on le nombre d'amis que l'on avait ? Ce sont des êtres, pas des objets.
C'était le monde à l'envers quoi .

Il bomba un peu plus le torse. On aurait pus croire qu’il allait exploser. Quelle arrogance, que de vanités, que d’illusions, en somme. Peu amical envers elle, ça la rouquine le savait mieux que personne mais cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Je me répète je pense ? Mais c’est vrai, alors autant insister, n’es ce pas ? Elle avait l’habitude qu’on l’ignore, l’habitude que certain ne l’apprécie pas parce qu’elle était soit disant constamment ailleurs, dans les nuages oui. Mais était – ce sa faute si elle aimait cela. Sa solitude lui plaisait, elle avait le droit non ? Les gens ont cette fâcheuse habitude de ne pas vous aimer car vous êtes vous-même. Frustant.

« Moi d'abord je n'ai même pas peur des renards ! Quand je serais un guerrier, je protégerai tellement bien mon Clan qu'aucun prédateur n'osera s'attaquer à nous ! »

Il était convaincu, c’était certain. Buté, indécrottable. Quel mule quand il voulait. Comme si sa parole était la sagesse et raison incarnée, n’importe quoi. Pourtant malgré tout les mots blessants qui avaient pus franchir sa petite bouche Nuage de la Coccinelle l’admirait quelque peu. Toujours sûr de lui, il avait de l’assurance, peut – être un peu trop … Mais il l’avait, cette rage de vaincre, contrairement à la petite reine. Lorsque le chaton déambulait dans l’enceinte du camp on voyait danser dans son regard cette lueur brulante qu’est la conviction, l’ôra qui émanait du futur novice embaumait la confiance, la maitrise de soi. Un tout, un avantage que la rouquine n’avait jamais eut le loisir d’exprimer.
Petit Champignon ajouta quelque chose à propos de Petit Astre, il me semble, quelque chose comme quoi elle était à lui et que personne d’autre n’avait le droit d’y toucher … Mais la féline ne l’écouta qu’à moitié fixant un point que seule elle pouvait voir, dans le lointain, la patte qu’elle s’était léchée peu de temps auparavant légèrement en l’air, frolant le sol, comme suspendue par un fil invisible.

« Je n’en doute pas Petit Champignon, si tu veux … »

Son ton était rêveur, comme bien des fois. L'esprit de la petite chatte était encore parti vivre sa vie dans son incroyable imagination. Oui, il s’était caché dans un monde fantastique, endroit où Nuage de la Coccinelle était pleine d’assurance, sa réserve mise de côté, lieu inaccessible aux âmes trop peu compréhensives qui se contentent de juger avant d’apprendre à regarder l’autre d’un autre regard.